vendredi 24 juin 2011

BD - Kador, le toutou des Bidochon en intégrale chez Fluide Glacial


Avant de dessiner les incroyables déboires des Bidochon, Binet s'était essayé à la BD animalière. Enfin, façon de parler puisque son héros, Kador, le chien des fameux Bidochon, était un érudit, placide, aimant lire Kant et s'interroger sur le sens de la vie. 

Le contraste avec ses maîtres, Robert et Raymonde, fait un effet bœuf. Ces histoires complètes parues à la fin des années 70 dans Fluide Glacial sont reprises dans une intégrale petit format de 200 pages réunissant les quatre albums parus précédemment. On peut y découvrir un Binet au trait très minutieux, détaillant plus les personnages et décors qu'il simplifie au fil des années, leur donnant une force caricaturale exponentielle. 

Une redécouverte à ne pas manquer, surtout si l'esprit « bidochonesque » vous est cher.

« Kador » (intégrale), Fluide Glacial, 14 € 

jeudi 23 juin 2011

BD - Des poulets déplumés dans "La faute aux Chinois" de Ducoudray et Ravard


De la chronique sociale dans les premières pages, « La faute aux Chinois », bascule dans le polar antisocial assez rapidement.

Louis Meunier est un ouvrier discret et discipliné. Il travaille sur une chaîne d'abattage de poulets. Tuer, à longueur de journée, dans l'odeur du sang, tel est son quotidien. Seul rayon de soleil, les moments partagés avec Suzette, une secrétaire de l'entreprise. Louis et Suzette.


Une belle histoire d'amour, un peu compliquée en raison de la présence envahissante de Jean-Claude, le frère de la fiancée. Jean-Claude le débrouillard qui va accepter que Louis devienne son beau-frère à condition qu'il se diversifie un peu. Couper le cou à un poulet ou à un homme, la différence est parfois ténue.

Aurélien Ducoudray signe un récit implacable, sombre et sans pitié. François Ravard a dessiné ces 150 pages nerveuses dans un style très comparable à celui d'Etienne Davodeau.

« La faute aux Chinois », Futuropolis, 21 € 

mercredi 22 juin 2011

BD - Jour J : et si l'imagination avait pris le pouvoir après mai 68 ?


Mai 68, grande bouffée de liberté, s'est achevé par une sévère reprise en main des institutions. Mais si... Jean-Pierre Pécau et Fred Duval ont imaginé une autre version de l'Histoire. Finalement, après deux années de guerre civile provoquée par la mort de de Gaulle dans le crash de son hélicoptère, un gouvernement d'union nationale ramène la paix, avec trois hommes clés : François Mitterrand, Daniel Cohn-Bendit et Jacques Chirac. Dans un Paris en pleine reconstruction, les intrigues battent leur plein. Pour pimenter le tout, les scénaristes imaginent qu'un petit commando a dérobé 200 millions de francs pendant les émeutes et qu'un des exécutants, après trois années enfermées dans un asile psychiatrique, vient demander des comptes.

Mr Fab, au dessin, ne force pas trop les caricatures des hommes politiques connus mais s'éclate visiblement en imaginant un Paris psychédélique, moderne et très coloré.

« Jour J » (tome 6), Delcourt, 14,95 € 

mardi 21 juin 2011

BD - "Vigilantes" de Gaudin et Crosa chez Soleil : enfants justiciers

La culture des super-héros est très importante aux USA. Chaque adolescent se rêve en justicier doté de pouvoirs extraordinaires. « Vigilantes » de Gaudin (dessinée par Crosa) est une série reprenant ce fait de société. Quatre copains, au cours de leurs vacances, sont devenus les membres de ce groupe œuvrant pour la justice. Devenus adultes, ils ont perdus leurs pouvoirs. Mais la réapparition d'un homme, symbole du Mal qu'ils ont autrefois combattu, les pousse à se reformer. Mais que reste-t-il de leur enthousiasme ? Les vicissitudes de la vie les ont éloignés les uns des autres, ont modifié leurs mentalités.

Ces retrouvailles d'hommes ordinaires au passé exceptionnel sont prévues en quatre tomes. Le premier plante le décor sans donner trop de réponse. Une entrée psychologique très prometteuse pour une histoire ayant un petit air de « Ça », le best-seller de Stephen King.

« Vigilantes » (tome 1), Soleil, 13,50 € 

lundi 20 juin 2011

BD - "Alter Ego" : feuilleton sur une vaste manipulation mondiale


Deux scénaristes (Renders et Lapière), quatre dessinateurs, six tomes en moins d'une année : « Alter ego » fait partie de ces séries à suspense idéales pour les impatients. L'originalité de ce thriller futuriste réside dans le fait que chaque titre est indépendant, tout en racontant la même intrigue générale. 

Les deux premiers, dessinés par Reynès et Benèteau, le troisième par Efa et Erbetta, donnent une idée générale du concept. Six personnages permettent de comprendre les tenants et les aboutissants de cette manipulation mondiale. Des recherches en parapsychologie ont démontré l'existence de liens entre différentes personnes. Un lien de vie. Si l'un meurt, les autres aussi. Sous couvert d'association caritative, un grand groupe met en place un système de surveillance pour « vendre » une longue vie aux plus riches.

« Alter ego », Dupuis, 11,95 € chaque volume 

dimanche 19 juin 2011

BD - "Le perroquet des Batignolles" : un feuilleton radio illustré par Stanislas


Feuilleton radiophonique imaginé par Tardi et Boujut, « Le perroquet des Batignolles » est désormais adapté en BD. C'est Stanislas qui signe cette version très fidèle de l'émission qui a passionné les auditeurs de France Inter en 1997 et 1998. Le premier tome vient de paraître quelques jours après la disparition de Michel Boujut, grand critique de cinéma. De perroquet, il n'en est pas question dans ces 56 premières pages. Par contre le héros, Oscar Moulinet, preneur de sons, voit des canards par tout. Des boites à musique contenant des morceaux de bandes magnétiques. Un puzzle sonore, sorte de testament d'Emil Schmutz, faussaire.

Bourré de rebondissements, cet hommage au genre a un délicieux air rétro amplifié par la ligne (très) claire de Stanislas.

« Le perroquet des Batignolles » (tome 1), Dargaud, 13,95 € 

jeudi 16 juin 2011

BD - L'héritier des ténèbres, la royauté revisitée par L'Hermenier et Cossu chez Drugstore


Les Royalistes vont adorer cette BD. Car l'idée de base serait une belle vengeance pour eux. Alors que son père et sa mère viennent d'être guillotinés, Louis, le Dauphin, héritier de la couronne de France, croupit dans une prison. Il y fait alors une étrange rencontre. Un démon (leur maître exactement, Baphomet), lui propose d'entrer à son service pour se venger des hommes. Louis n'hésite pas très longtemps.

Cette série fantastique écrite par L'Hermenier et dessinée par Brice Cossu se poursuit ensuite de nos jours. Louis, toujours jeune homme, est devenu immortel. Il se nourrit des âmes malfaisantes. Comment est-il revenu sur terre, comment supportera-t-il son immortalité, sa vengeance est-elle sans fin ? Ces questions sont encore en suspens, donnant l'occasion aux auteurs de développer cette séduisante idée de roi démoniaque.

Cossu, au dessin, illustre à merveille cette BD grand spectacle, en costumes, puis en Chine actuelle et aussi dans les bas-fonds du Paris contemporain.

« Le Dauphin » (tome 1), Drugstore, 13,50 € 

mercredi 15 juin 2011

BD - Parcours de survivants dans "Havre" de Bauthian et Ott chez Ankama


Catastrophe nucléaire au Japon oblige, les récits post-apocalyptiques vont de nouveau être très prisés. « Havre » d'Isabelle Bauthian (scénario) et Anne-Catherine Ott (dessin) entre tout à fait dans ce genre. Mais on ne peut pas accuser les auteurs de surfer sur la vague puisqu'il s'agit du tome 2, le premier étant paru depuis un an. Dans un pays imaginaire, du jour au lendemain, 95 % de la population meurt en une seconde. Les survivants se sont regroupés dans des communautés vivant en autarcie.

Le récit suit le parcours de trois d'entre eux : un nécromancien, une sorcière et un pistolero. Ils reviennent dans une ville où deux groupes s'affrontent : les Illuminés et les Solaires. Les premiers croient à une explication scientifique, les autres à la volonté du dieu Soleil. La seconde partie de cette trilogie détaille plus spécialement la personnalité du Pistolero. Cet ancien journaliste retrouve sa petite amie. Mais la fête est de courte durée. La sorcière est bien décidée à se venger.

Le monde imaginé par Isabelle Bauthian est implacable de logique et de violence. Quelles que soient les circonstances, l'homme cherchera toujours le pouvoir. A de rares exceptions près, cependant.

« Havre » (tome 2), Ankama, 14,90 € 

mardi 14 juin 2011

BD - "Les petites histoires viriles" de Jéromeuh : le couple au masculin


Raconter sa vie en BD est toujours un peu délicat. Il faut savoir quoi dessiner pour intéresser le lecteur et trouver le ton juste. Un exercice encore plus compliqué quand on entend y dévoiler son quotidien de couple ... homosexuel. Jéromeuh, dans son premier album, s'en tire avec les honneurs. Sa force : l'humour et l'auto-dérision.

Car on peut être gay et romantique, voire fleur bleue. Le héros, oreilles décollées, petite barbe bien taillée, gros sourcils et sourire ravageur, a tendance a être soit expéditif, soit possessif. Le problème, ses compagnons aussi, et pas toujours à l'unisson. Il raconte ses plans drague, ses nuits agitées et ses petits matins joyeux, entre doux câlins et chant des oiseaux.

Des gags en une ou deux planches s'attaquant aussi au quotidien, entre salle de bain et cuisine en désordre. Une bonne part est faite aussi aux amies, ces filles elles aussi romantiques osant se confier à Jéromeuh, ce gay qui leur ressemble tellement. Et au final, le dessin rond et coloré de Jéromeuh renforce l'impression que cette BD, tout en étant ouvertement gay, s'adresse paradoxalement aux femmes...

« Les petites histoires viriles », Delcourt, 13,50 € 

lundi 13 juin 2011

Thriller - ADN haine dans "Gataca" de Franck Thilliez

Les secrets de l'ADN sont au cœur de « Gataca », thriller de Franck Thilliez et suite très attendue du « Syndrome E ».

La recette pour un obtenir un bon roman policier est assez simple : une solide intrigue, des rebondissements et des personnages ayant un minimum de relief. Franck Thilliez, dans « Gataca », a soigné ces trois bases, particulièrement le dernier ingrédient.

Suite du « Syndrome E », il reprend donc ses deux flics quasiment où il les avait laissés. Sharko, le commissaire parisien et Lucie, la Lilloise. Lucie détruite dans les dernières pages car on venait d'enlever ses deux petites filles, des jumelles. Les premières pages de « Gataca » sont sombres. Très sombres. Carnot, le kidnappeur, a tué Clara. Brulée vive. Juliette est retrouvée vivante. Lucie a quitte la police et tente de bien élever la survivante. Sharko, de son côté, a abandonné ses responsabilités pour redevenir simple inspecteur, au plus près du terrain, de la fange humaine.

Les « amants maudits »

Le roman montre dans un premier temps le quotidien de ces deux « amants maudits ». Tout bascule quand Sharko doit enquêter sur la mort d'une étudiante, Eva Louts. Elle semble avoir été tuée par un chimpanzé dans un centre d'études des primates qui l'employait. Au même moment, Lucie apprend que Carnot s'est suicidé dans sa cellule : « Il a réussi à s'arracher une artère de la gorge avec les doigts » lui apprend un ancien collègue. Lucie, comme pour faire un deuil véritable, décide d'aller aux obsèques de Carnot.

Sharko poursuit son enquête et explore le passé d'Eva Louts. Après avoir fait de rapides voyages au Mexique et au Brésil, elle a entrepris le tour des prisons françaises pour rencontrer des détenus. Leur point commun : ils sont gauchers et violents. Parmi eux, Carnot.

Au cimetière, Sharko et Lucie vont se retrouver. Le flic, encore très perturbé par l'enlèvement des jumelles dont il est persuadé être le responsable, va entraîner Lucie dans son enquête. Elle va se rendre dans les Alpes, toujours sur les traces d'Eva. Là-bas, elle tombera sur une scène de crime vieille de plusieurs milliers d'années. Un homme de Cro-Magnon a sauvagement assassiné toute une famille de néandertaliens. Sharko, lui explorera le passé de Carnot.

Les secrets cachés de l'ADN

A des centaines de kilomètres de distance et des siècles d'écart, ils vont trouver une même piste, un embryon d'explication, dans « le symbole représentant la structure en double hélice de l'ADN » des tueurs. « Lucie se rappelait vaguement ses cours de biologie de terminale, notamment les noms des quatre types de barreaux de cette gigantesque échelle hélicoïdale, barreaux formés des lettres G, A, T, C : guanine, adénine, thymine, cytosine. Quatre bases azotées, communes à tous les êtres vivants, et dont les combinaisons alambiquées, formant entre autres les gènes et les chromosomes, donnaient des yeux bleus, le sexe féminin ou les maladies génétiques. » L'enquête policière trouvera un prolongement dans ces considérations scientifiques, parfaitement vulgarisées par Franck Thilliez.

Thriller ambitieux par son thème, il l'est aussi par la description des personnalités très complexes des deux héros. Sharko et Lucie, leur obsession et obstination, donnent un air encore plus dramatique à « Gataca », roman sur l'ADN, la violence et la haine.

« Gataca » de Franck Thilliez, Fleuve Noir, 20,90 €


 




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