mardi 6 août 2024

Une épopée chantée - Canso


Félix Jousserand a travaillé des années à la traduction de Canso, poème occitan racontant l’invasion du Pays d’Oc par les croisés francs. Une épopée chantée dans ce petit livre disque qui retrace, selon l’auteur, « la première aventure coloniale de la couronne de France ».

Un texte longtemps oublié, qui raconte crûment ces massacres orchestrés par le sinistre Simon de Montfort : « Des centaines d’hérétiques sont traînés au bûcher, mis au feu comme des chiens, corps tordus par les flammes aux membres calcinés puis réduits en poussière, enfin on jette les restes dans les fosses à purin pour qu’il n’en reste rien, on les fait disparaître. »

« Canso », Au Diable Vauvert, 144 pages, 25 €

Un document - Quand les champions étaient des dieux

Depuis quelques jours, les Jeux Olympiques cannibalisent l’actualité. Avant de céder aux sirènes de l’exploit sportif, plongez dans ce livre instructif et inédit sur les premières olympiades, du temps des Grecs et des Romains, avant Pierre de Coubertin.

Pascal Charvet et Annie Collognat reviennent sur ces jeux particuliers et les champions, déjà adulés par les foules tels des dieux. Comme Mélankomas de Carie, pugiliste, champion car expert en esquive. Ses adversaires, lassés de frapper dans le vide, ont tous abandonné avant le fin du combat.

« Quand les champions étaient des dieux », Libretto, 272 pages, 10,50 €

Un album jeunesse - Hercule, petit héros en devenir

Les demi-dieux aussi ont fréquenté l’école. Mais pas n’importe laquelle : l’école des héros. Fabien Clavel raconte les cours assez originaux de cet établissement imaginaire où Hercule côtoie Médée ou Orphée.



Hercule, le petit héros, casquette vissée sur la tête, va affronter malgré les remontrances de sa maîtresse, Mme Aphrodite, Typhon et ses frères Titans. Illustré par Mathieu Demore, ce petit roman, bourré de références et d’humour, donne un premier aperçu de la mythologie aux plus jeunes.

« L’école des héros » (tome 1), Splash ! Jungle, 48 pages, 8,95 €

lundi 5 août 2024

BD - Pluies dévastatrices sur la vallée de la Roya

 

Du reportage dessiné subjectif. Alain Bujak et Laurent Bonneau ont passé quelques jours dans la vallée de La Roya. Une zone montagneuse des Hautes-Alpes, ravagée en octobre 2020 par les trombes de pluie de la tempête Alex. Des ponts, des routes, des maisons emportées par les flots en furie.

Des villages coupés du monde. Quelques années plus tard, les blessures sont toujours visibles, il ne reste plus que Le bruit de l’eau qui donne son titre à la BD. Les deux bédéastes ont rencontré les témoins et victimes de l’époque. Ce gros album, entre reportage dessiné précis et planches sublimes, comme des tableaux gavés de couleurs de cette nature hallucinée.

Alain Bujak, photographe, assure le scénario. Laurent Bonneau, carnet de dessins en main, multiplie les croquis, des personnes interrogées, mais aussi des deux auteurs dans la nature, sur des routes sinueuses, perdus dans le lit d’un torrent ou en train de siroter un café avec un berger isolé dans les sommets. Il y est question de dérèglement climatique, d’attaques de loups, d’abandon des zones rurales par l’Etat, de chômage et de survie de plus en plus compliquée dans cette région de France.

Loin de vouloir imposer leurs réponses, leur vérité, les auteurs écoutent, laissent parler. C’est factuel et beau.

« Le bruit de l’eau », Futuropolis, 144 pages, 21 €

BD - L’énigme du docteur Godard au centre de "Disparus"

 

La collection Docu BD des éditions Petit à Petit, après quelques titres très didactiques et généralistes, a proposé un premier titre sur un fait divers retentissant, l’affaire Dupont de Ligonnès.

Un premier succès qui devrait se confirmer avec cet album consacré à la disparition de la famille du docteur Godard fin 1999.

Disparus est basé sur un scénario de Pascal Bresson avec des dessins de Samuel Figuière et des rappels documentaires de Béatrice Merdrignan. Un trio pour un travail sans faille, plongeant le lecteur dans un suspense qui a tenu en haleine durant de longues années la France.

Découpé en chapitres compacts, avec reconstitution de certaines scènes qui n’ont jamais été prouvées mais semblent très plausibles, la BD s’appuie surtout sur l’enquête des gendarmes. Comment la disparition du docteur Godard, sa femme et ses deux enfants a été signalée, où le voilier ayant servi à la fuite a été contrôlé par la douane, comment des ossements de Camille, la fille, ont été pris dans les filets d’un pêcheur dans la Manche.

Un récapitulatif exhaustif mais toujours pas de réponse incontestable sur l’auteur des crimes. Cette affaire reste toujours, un quart de siècle plus tard, un mystère complet.

« Disparus », Petit à Petit, 176 pages, 19,90 €

dimanche 4 août 2024

Cinéma - “Pourquoi tu souris ?” la comédie des contraires

Tout les oppose. Wisi (Jean-Pascal Zadi) est noir, peu sûr de lui, gentil et timide. Jérôme est blanc, vindicatif, un peu arrogant, très fainéant. Leur seul point commun : ils sont tous les deux SDF dans les rues de Bordeaux.

Le premier espérait faire de la figuration dans un opéra. Refusé car il a trop de présence, quel paradoxe. Le second vient d’enterrer sa mère et perd ainsi le toit qui l’abritait depuis son enfance. Ils vont croiser la route de Marina (Emmanuelle Devos), permanente d’une association d’aide aux migrants, clochards et autres exclus de la société.

Wisi, bien que né à Sarcelles et détenteur de papiers français, se fait passer pour un migrant ivoirien pour que Marina accepte de l’héberger chez elle pour une nuit. Trop sympa, il se laisse embobiner par Jérôme (Raphaël Quenard) et ils se retrouvent à trois dans le petit appartement.

Ce film écrit et réalisé par Christine Paillard et Chad Chenouga, tout en abordant un thème grave et dramatique, offre une bonne dose de comédie. On est rapidement conquis par ces deux paumés au grand cœur, opposés de caractères, mais prêts à presque tout pour s’en sortir. Notamment Jérôme, qui se prétend handicapé, souffrant d’une maladie orpheline qui le rend allergique au travail. Pourtant il est intelligent et pas si méchant.

Et comme souvent dans la vie, face à l’adversité, l’union permet de surmonter bien des difficultés. C’est l’enseignement que l’on retient de cette comédie estivale qui devrait redonner du tonus aux dépressifs grâce à un duo comique d’une belle efficacité.

Comédie sociale de Christine Paillard et Chad Chenouga avec Jean-Pascal Zadi, Emmanuelle Devos, Raphaël Quenard.

Littérature étrangère - La résurrection des mille femmes blanches

Jim Fergus donne une suite à sa trilogie des « Mille femmes blanches ». Un court conte fantastique, optimiste et positif, qui enchante le lecteur, heureux de retrouver Molly et ses amies. 

Notre monde, violent et injuste, n’est qu’une facette de l’univers. Jim Fergus se plaît à imaginer dans ce court roman, entre fable et conte fantastique, l’existence d’un « monde véritable derrière le nôtre. » Ce sont les rescapées des mille femmes blanches, héroïnes d’une trilogie sur la fin de la civilisation indienne. C’est Molly McGill Hawk qui raconte cet événement incroyable.

En pleine tempête, elle, les autres femmes, leurs maris indiens et des enfants, ont quitté un monde de violence pour se retrouver dans une autre version de l’Amérique, véritable paradis, où les armes n’existent pas et où toutes les races cohabitent pacifiquement.

Même avec les animaux la fusion est parfaite. Le mari de Molly, Hawk, Indien un peu taciturne, peut se transformer en faucon et voler, avec son épouse sur le dos. Tous se sont installés un « village situé sur une butte qui domine la rivière, assez haute pour nous protéger des crues qu’occasionnera la fonte des neiges. Notre camp se trouve assez près d’un ruisseau pour que, par les nuits de pleine lune, nous entendions les truites monter à la surface et se gaver d’insectes. A l’aube, les oiseaux entonnent leurs chants dans les buissons de saules. » Un bonheur remis en cause par l’arrivée d’une autre Molly venue du futur, descendante de la narratrice.

Elle prévient la tribu de l’arrivée imminente d’une bande de méchants déterminée à piller le monde véritable. Mais comment se défendre quand on est non-violent et sans arme ?

Le texte de Jim Fergus, entre utopie écologique et traité pacifique, apporte un formidable espoir aux lecteurs. Qu’il serait agréable de transformer notre triste quotidien en « monde véritable » !


« Le monde véritable » de Jim Fergus, Le Cherche Midi, 160 pages, 16,50 €

samedi 3 août 2024

Une étude historique - La Catalogne médiévale entre Orient et Occident

Pierre-Vincent Claverie propose dans ce nouvel ouvrage la compilation de plusieurs articles parus ces dernières années. Il se focalise sur cette période du Moyen Age au cours de laquelle la Catalogne joue un rôle essentiel de liaison entre l’Orient et l’Occident.
Des considérations générales mais également des exemples précis comme cette fameuse affaire dite du monastère d’Alexandrie. 

Des Juifs, en Egypte, auraient profané un monastère copte. Trois marchands juifs, à leur arrivée en Catalogne, furent dénoncés, emprisonnés et torturés. Sans la moindre preuve. Finalement, justice leur fut rendue grâce à une contre-enquête initiée par la municipalité de Barcelone.

« La Catalogne médiévale entre Orient et Occident », Trabucaire, 276 pages, 22 €

vendredi 2 août 2024

Un guide nature - Fleurs des prairies

Envie de nature ? Partez à la découverte des fleurs de prairies, très présentes en ce début d’été. Et pour ne rien rater des floraisons des hélianthèmes, pimprenelles et autres scabieuses, n’oubliez pas d’emporter dans votre randonnée ce petit livre richement illustré des aquarelles de Philippe Marie.

Vous pourrez ainsi « reconnaître les fleurs et les herbes des prairies par la couleur ». La classification se fait d’ailleurs par couleur, des blanches, si discrètes aux roses si originales en passant par les bleues, les jaunes et les vertes, expertes en camouflage.

« Fleurs des prairies », Salamandre, 72 pages, 6,90 €

jeudi 1 août 2024

Jeunesse - Eusèbe, le chat devenu célèbre

La petite collection d’album jeunesse inventée par Séverine de la Croix et Pauline Roland ne cesse de grossir. Si Pauline Roland dessine les aventures d’une sirène qui n’aimait pas chanter, Séverine de la Croix imagine les aventures de la mascotte de la collection, Eusèbe, un chat qui rêve de devenir Viking.

Eusèbe découvre que sa cachette secrète à sandwich est gardée par un taureau. Comment faire fuir l’importun ? Il découvre grâce à un exposé de Théo que les Vikings étaient terrifiants. Il va donc se déguiser en terrible guerrier nordique pour récupérer son bien.

Dernier personnage en date qui n’aime pas, une sirène. Elle voudrait pouvoir chanter en toute tranquillité sans faire naufrager les humains ou attirer toutes les créatures marines. Un album écrit par Jean Tartine où l’on retrouve Eusèbe caché dans une des illustrations de ce délicieux petit album.

« Eusèbe, le chat qui rêvait de devenir Viking » et « La sirène qui n’aimait pas chanter », Jungle Splash !, 40 pages, 8,95 €