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mercredi 16 octobre 2024

En vidéo, “Le deuxième acte”



Quentin Dupieux fait partie des meilleurs cinéastes au monde. Il a tout compris au fonctionnement de ce divertissement, et de la frontière entre réalité et fiction.

Le deuxième acte est tout simplement génial et sa sortie en vidéo chez Diaphana permettra à tous ceux qui l’ont raté sur grand écran de bénéficier de cette master classe. Il y est question de paraître, d’intelligence artificielle, de superficialité, de travelling et d’arrogance.

Une histoire basique : un homme demande à son meilleur ami de séduire la femme qui le désire, en présence de son père, se déroulant dans un petit restaurant en bord de route. Les comédiens (Léa Drucker, Vincent Lindon, Louis Garrel, Raphaël Quenard et Manuel Guillot) réalisent des acrobaties périlleuses pour jongler entre fiction, réalité et un entre-deux, typique des films du réalisateur.

dimanche 4 août 2024

Cinéma - “Pourquoi tu souris ?” la comédie des contraires

Tout les oppose. Wisi (Jean-Pascal Zadi) est noir, peu sûr de lui, gentil et timide. Jérôme est blanc, vindicatif, un peu arrogant, très fainéant. Leur seul point commun : ils sont tous les deux SDF dans les rues de Bordeaux.

Le premier espérait faire de la figuration dans un opéra. Refusé car il a trop de présence, quel paradoxe. Le second vient d’enterrer sa mère et perd ainsi le toit qui l’abritait depuis son enfance. Ils vont croiser la route de Marina (Emmanuelle Devos), permanente d’une association d’aide aux migrants, clochards et autres exclus de la société.

Wisi, bien que né à Sarcelles et détenteur de papiers français, se fait passer pour un migrant ivoirien pour que Marina accepte de l’héberger chez elle pour une nuit. Trop sympa, il se laisse embobiner par Jérôme (Raphaël Quenard) et ils se retrouvent à trois dans le petit appartement.

Ce film écrit et réalisé par Christine Paillard et Chad Chenouga, tout en abordant un thème grave et dramatique, offre une bonne dose de comédie. On est rapidement conquis par ces deux paumés au grand cœur, opposés de caractères, mais prêts à presque tout pour s’en sortir. Notamment Jérôme, qui se prétend handicapé, souffrant d’une maladie orpheline qui le rend allergique au travail. Pourtant il est intelligent et pas si méchant.

Et comme souvent dans la vie, face à l’adversité, l’union permet de surmonter bien des difficultés. C’est l’enseignement que l’on retient de cette comédie estivale qui devrait redonner du tonus aux dépressifs grâce à un duo comique d’une belle efficacité.

Comédie sociale de Christine Paillard et Chad Chenouga avec Jean-Pascal Zadi, Emmanuelle Devos, Raphaël Quenard.

jeudi 10 août 2023

Cinéma - “Yannick”, petite pépite d’humour à la Quentin Dupieux

Tourné en six jours et en salles depuis le 2 août, « Yannick », le nouveau film de Quentin Dupieux est une déflagration d’humour intelligent.

Méfiez-vous de l’effet miroir. Si vous allez voir Yannick au cinéma à partir de ce mercredi (on ne peut que vous le conseiller !), attendez-vous à vous retrouver dans une salle remplie de rires. Mais pas forcément là où vous allez rigoler. C’est la force de Quentin Dupieux : son cinéma est tellement original et imprévisible que tout le monde peut y trouver de quoi se gondoler à tout moment. Le miroir serait qu’un spectateur se lève et interrompe la projection. Mais ne rêvons pas, des situations aussi improbables il n’y en a que dans les films de ce réalisateur iconoclaste.

Tout en étant dans une salle de théâtre, le spectateur de Yannick se retrouve également au théâtre. Sur scène, Pio Marmaï et Blanche Gardin tentent de donner un peu de rythme à un vaudeville poussif. Une pièce intitulée Le cocu, avec le beau Pio dans le rôle principal (mais rendu ridicule avec une moustache de beauf et une mèche bouclée indomptable) et la caustique Blanche dans celui de la traîtresse. Le public, clairsemé, ne rit pas beaucoup malgré l’abattage du Cocu.

Rien que ce début est captivant. Les deux comédiens parviennent à mal interpréter leur texte avec une dextérité qui en dit long sur leur talent. Tout bascule quand Yannick (Raphaël Quenard), spectateur, se lève et proteste. Il ne trouve pas cela drôle. Or il est venu de Melun pour se distraire, oublier ses soucis de gardien de nuit. Cette pièce lui file carrément le bourdon.
Alors, pour ne pas gâcher sa soirée de congé, il demande gentiment aux comédiens d’arrêter cette idiotie et d’interpréter à la place une autre pièce. Ce dialogue, surréaliste, est porté par un Raphaël Quenard au sommet de sa coolitude. Son débit traînant et populaire apporte un degré de réalisme rarement atteint. Sur scène, les comédiens ne comprennent pas. C’est une première pour eux et ils mettront de longues minutes à se débarrasser de cet olibrius qui n’a que peu de respect pour leur travail. Mais ce n’est que le début de la confrontation entre des artistes et leur public. Et cela va saigner.

Ce projet secret de Quentin Dupieux, mené en six jours seulement, est sans doute son meilleur film. Écriture au cordeau, interprètes géniaux, ellipses vertigineuses (le public devient auteur, les comédiens ne jouent plus…), laissez-vous gagner par la folie à la Yannick.

Film de Quentin Dupieux avec Raphaël Quenard, Pio Marmaï, Blanche Gardin

 

dimanche 30 juillet 2023

Cinéma - La Justice devient folle dans “Sur la branche”

Une avocate zinzin s’associe à un avocat dépressif. Un tandem explosif au menu de cette comédie déjantée de Marie Garel-Weiss portant sur la folie ordinaire.


Mimi (Daphné Patakia) souffre d’une maladie psychiatrique grave. C’est la version politiquement correcte. En réalité, Mimi est complètement zinzin. Pas folle à lier, mais sacrément dérangée. Sur l’autoroute, elle roule à 50 km/h pour ne pas risquer de se laisser griser par la vitesse. Quand elle est trop émue, immanquablement, elle en vient à penser au sexe. Une seule solution pour s’en sortir : céder à la tentation. Elle aime ranger les choses, s’oublier dans des tâches répétitives et croire qu’elle tombe amoureuse au moindre coup de téléphone d’un inconnu.

Mimi vient tout juste de sortir d’un long séjour en clinique psy. Normalement, elle aurait dû faire un stage d’insertion aux espaces verts d’un parc de la ville. Mais comme elle est avocate (même si elle n’a jamais eu l’occasion d’exercer…), elle postule dans un cabinet. Maître Claire Bloch (Agnès Jaoui) voudrait s’en débarrasser, mais son étrangeté lui donne l’idée de l’utiliser pour récupérer un dossier important chez son associé et ancien mari, Paul (Benoît Poelvoorde). Ce dernier, en plein burn-out, ne veut plus sortir de chez lui. Et ne plus voir personne. Il risque une radiation du barreau, après avoir escroqué quelques clients. Il a pourtant longtemps été un grand avocat, capable de faire « pleurer un procureur ». Contre toute attente, Mimi parvient à récupérer le dossier et se retrouve presque embauchée. Elle va devenir l’assistante officieuse de Paul, dénichant une affaire de vol de livre rare au fin fond de la Bretagne profonde.

Une comédie avec du fond 

Sur la branche, second long-métrage de Marie Garel-Weiss après La fête est finie, débute sur les chapeaux de roues. Le personnage de Mimi, déjanté, charmant et parfois inquiétant, apporte tout son sel à cette réalisation qui semble être une pure comédie. L’arrivée de Benoît Poelvoorde change un peu la donne. Blessé moralement, déprimé, il apporte un peu de profondeur dans un film qui, finalement, parle essentiellement de folie et de notre perception des différences des autres.


La suite, entre enquête policière, film d’action, et grande évasion surprend. Mais, reste Mimi dans toute sa folie et démesure, parfaitement incarnée par une Daphné Patakia (déjà vue dans la série OVNI(s) sur Canal + et le film Benedetta de Paul Verhoeven) particulièrement douée.

Film de Marie Garel-Weiss avec Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde, Agnès Jaoui, Raphaël Quenard