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dimanche 30 juillet 2023

Cinéma - La Justice devient folle dans “Sur la branche”

Une avocate zinzin s’associe à un avocat dépressif. Un tandem explosif au menu de cette comédie déjantée de Marie Garel-Weiss portant sur la folie ordinaire.


Mimi (Daphné Patakia) souffre d’une maladie psychiatrique grave. C’est la version politiquement correcte. En réalité, Mimi est complètement zinzin. Pas folle à lier, mais sacrément dérangée. Sur l’autoroute, elle roule à 50 km/h pour ne pas risquer de se laisser griser par la vitesse. Quand elle est trop émue, immanquablement, elle en vient à penser au sexe. Une seule solution pour s’en sortir : céder à la tentation. Elle aime ranger les choses, s’oublier dans des tâches répétitives et croire qu’elle tombe amoureuse au moindre coup de téléphone d’un inconnu.

Mimi vient tout juste de sortir d’un long séjour en clinique psy. Normalement, elle aurait dû faire un stage d’insertion aux espaces verts d’un parc de la ville. Mais comme elle est avocate (même si elle n’a jamais eu l’occasion d’exercer…), elle postule dans un cabinet. Maître Claire Bloch (Agnès Jaoui) voudrait s’en débarrasser, mais son étrangeté lui donne l’idée de l’utiliser pour récupérer un dossier important chez son associé et ancien mari, Paul (Benoît Poelvoorde). Ce dernier, en plein burn-out, ne veut plus sortir de chez lui. Et ne plus voir personne. Il risque une radiation du barreau, après avoir escroqué quelques clients. Il a pourtant longtemps été un grand avocat, capable de faire « pleurer un procureur ». Contre toute attente, Mimi parvient à récupérer le dossier et se retrouve presque embauchée. Elle va devenir l’assistante officieuse de Paul, dénichant une affaire de vol de livre rare au fin fond de la Bretagne profonde.

Une comédie avec du fond 

Sur la branche, second long-métrage de Marie Garel-Weiss après La fête est finie, débute sur les chapeaux de roues. Le personnage de Mimi, déjanté, charmant et parfois inquiétant, apporte tout son sel à cette réalisation qui semble être une pure comédie. L’arrivée de Benoît Poelvoorde change un peu la donne. Blessé moralement, déprimé, il apporte un peu de profondeur dans un film qui, finalement, parle essentiellement de folie et de notre perception des différences des autres.


La suite, entre enquête policière, film d’action, et grande évasion surprend. Mais, reste Mimi dans toute sa folie et démesure, parfaitement incarnée par une Daphné Patakia (déjà vue dans la série OVNI(s) sur Canal + et le film Benedetta de Paul Verhoeven) particulièrement douée.

Film de Marie Garel-Weiss avec Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde, Agnès Jaoui, Raphaël Quenard
 

mercredi 31 août 2022

Cinéma - “Les volets verts” avec Gérard Depardieu ou le crépuscule d’une star

Jean-Loup Dabadie au scénario d’après un roman de Simenon : le film de Jean Becker met Depardieu en vedette.


En acceptant son âge et ses ennuis de santé, Gérard Depardieu, au fil des films, est en train d’acquérir une nouvelle dimension. Déjà au sommet (et ce depuis des années), il a lentement mais sûrement endossé les habits d’un doyen qui a tout vu et tout vécu. Il est devenu le Gabin des années 2000.

Logiquement il se retrouve en tête d’affiche de ce film qui a des airs de succès des années 70-80. Jean Becker (84 ans) réalise Les volets verts sur un scénario de Jean-Loup Dabadie (mort à 81 ans en 2020) d’après un roman de Simenon paru en 1950 (72 ans déjà…). Amateurs d’effets spéciaux, de wokisme ou de résilience, passez votre chemin.

Cœur brisé 

Dans les années 70, Jules Maugin, acteur vieillissant, est encore très populaire. Tous les soirs, le théâtre est complet. Il fait aussi des films et même des publicités pour la bière sans alcool. Paradoxe pour cet homme qui carbure uniquement à la vodka.

Maugin qui ne se remet pas de sa rupture avec Jeanne Swann (Fanny Ardant), autre vedette qui lui donne la réplique tous les soirs sur les planches. Le film (comme le roman de l’époque), est le portrait d’un homme au cœur brisé, dans tous les sens du terme. Malheureux en amour, mais aussi en piètre condition physique. Son médecin est formel : Maugin doit arrêter l’alcool. Il n’essaie même pas.

Par contre pour soigner son blues, il va se prendre d’affection pour Alice (Stefi Celma), charmante et jeune souffleuse. Il va même se transformer en protecteur de cette mère célibataire et vivre les joies simples d’être un grand-père de substitution pour sa fillette de 5 ans. La partie la plus bucolique et apaisée du film, quand ils trouvent refuge tous les trois dans la grande villa d’Antibes aux volets verts.

Ce film, réalisé par un vétéran du cinéma français, est subtilement éclairé par Yves Angelo. Ce directeur de la photographie sait amener une ambiance vintage sur la pellicule. On lui doit le Maigret de Patrice Leconte, déjà avec Depardieu. La reconstitution de Paris la nuit, notamment au Bœuf sur le toit, « cantine » du célèbre comédien, est criante de vérité. En opposition, la luminosité des scènes tournées en Provence apporte vie et espoir au crépuscule de la vie de cette star. Un message qu’on ne peut que transposer à l’acteur principal d’un film qui prend des airs de testament artistique.

Film de Jean Becker avec Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Benoît Poelvoorde, Stefi Celma