jeudi 11 mai 2023

BD - Les dernières aventures de Yoko Tsuno


Avec Yoko Tsuno, pas de surprise. Roger Leloup maîtrise parfaitement les codes des mondes qu’il a patiemment imaginés au fil des ans. On retrouve la jeune électronicienne dans ses trois dernières aventures parues et réunies dans le 10
e tome de la collection intégrale classique de chez Dupuis.


Yoko et ses complices Pol et Vic, vont régulièrement sur Vinéa, la planète où vivent des humanoïdes à la peau bleue. Dotés d’une technologie très avancée, les Vinéens ont donné l’occasion à Roger Leloup d’exceller en invention d’engins spatiaux et autres robots performants.

Mais il y a aussi des Vinéens sur Terre, réfugiés dans les profondeurs de la planète. Ce sont eux qui sont au centre du premier récit de cette intégrale, Le temple des immortels. A plus de 80 ans, le dessinateur qui a débuté dans le studio d’Hergé, notamment en dessinant les plans de l’avion apparus dans Vol 714 pour Sydney, a mis un point final aux exploits de la toujours jeune Japonaise dans Les gémeaux de Saturne.

Cette intégrale offre, en plus des récits originaux, quantité d’esquisses et crayonnés de l’auteur, le tout commenté par l’héroïne en personne.

« Yoko Tsuno » (intégrale, tome 10), Dupuis, 27,95 €

mercredi 10 mai 2023

BD - Explorez les superbes paysages de Mortesève


Une imagination sans limites, riche visuellement et pleine de sens transforme le premier tome de la nouvelle série Mortesève signée Quentin Rigaud en petit chef-d'œuvre graphique.

La première partie de cette histoire de fantasy nous emmène sur un monde qui ressemble à la Terre mais c’est très trompeur. La nature y est encore préservée, prépondérante dans la vie des humains qui vivent en harmonie avec la faune et la flore.


Les deux personnages principaux en sont Avine et Kahl. Ils sont la fille et le fils d’un couple d’artisans verriers. Encore adolescents, ils vont rejoindre une ville moyenne pour y vendre leur production. C’est jour de fête car comme tous les dix ans Hang va faire une halte. Hang est une sorte de dinosaure géant (plus de 100 mètres de haut), appelé localement instrument, qui se déplace toujours selon le même chemin et qui apporte fertilité et prospérité. Hang, instrument plus qu’être vivant, est sous la surveillance et la protection de gardiens, sortes de prêtres chargés d’assurer sa sécurité. Avine et Kahl rêvent de devenir Gardiens.

On les retrouve 20 années plus tard. Avine travaille avec ses parents, Kahl est devenu Gardien. Alors que Hang est annoncé, Avine est contaminée par une étrange sève. Elle va devenir le témoin d’une véritable tragédie : toute la population de la ville meurt d’un coup et Hang quitte son chemin habituel. Est-ce la fin du monde ?

Cette BD, remarquable d’inventivité, devient rapidement passionnante. On cherche à comprendre ce qu’est Hang, comment Avine va survivre et que va devenir ce monde à l’équilibre finalement très fragile. Une des plus belles surprises de ce début d’année 2023.

« Mortesève », Casterman, 22 €

mardi 9 mai 2023

Cinéma - L’amitié est-elle soluble sous le soleil de “Hawaii” ? 

Un groupe d’amis français passe une semaine de vacances à Hawaii. Mais la belle entente va-t-elle survivre à l’arrivée massive de vérités cachées ?


Faut-il tout dire à ses amis ? Cette interrogation sert de fil rouge à Hawaii, film de Mélissa Drigeard. L’histoire d’une bande de potes qui, malgré les années continue à s’amuser et partager de bons moments. Notamment chaque été quand ils rejoignent tous, pour une semaine de vacances bien méritées, l’hôtel de Manu Payet à Hawaii.

Ce dernier est le plus fragile de tous. Il y a quelques années, après avoir rompu avec Bérénice Bejo, il a tenté de se suicider. Il a depuis remonté la pente. Mais pas abandonné l’affaire. Et cet été encore, il se dit que cette semaine va être celle de la reconquête du cœur de la belle.

Mais la comédienne est passée à autre chose. Sur l’île américaine il y a aussi Pierre Deladonchamps et Émilie Caen, un psy et son épouse psycho rigide, Élodie Bouchez et Thomas Scimeca, deux artistes conceptuels riches à millions, William Lebghil, frimeur et célibataire, Nicolas Duvauchelle, meilleur ami de Manu Payet et Eye Haïdara, une ex de Pierre Deladonchamps. Sans oublier les trois ados des deux couples.

Fausse alerte, vraies révélations 

Mais dès le premier jour, une fausse alerte à l’attaque de missiles nucléaires nord-coréens va semer la panique. Et délier les langues alors que tous croient leur dernier moment venu. Les amis de toujours vont donc se lâcher, dire leurs quatre vérités aux uns et aux autres. Une véritable boucherie. Hawaii débute comme une comédie survoltée, avec bons mots, scènes épiques et répliques sanglantes. Le vernis des vacances au soleil s’écaille sous les assauts des sirènes d’alerte.


Un début tonitruant, permettant de bien comprendre les mentalités véritables, mais la suite est beaucoup plus profonde. L’angoisse évacuée, il faudrait profiter des vacances comme si de rien n’était. Il va falloir tenter de se rabibocher, de se pardonner. De retrouver la belle entente d’antan. Pas évident. D’autant qu’un dernier secret à propos de Manu Payet et de son copain Nicolas Duvauchelle, à peine esquissé, reste en latence. Une ultime révélation qui pourrait avoir des conséquences pires qu’un missile nucléaire sur le groupe d’amis.

Un très bon film sur l’amitié, ses limites, sa force. Un plaidoyer aussi pour la vérité, même si parfois, mieux vaut cacher certaines évidences. Mélissa Drigeard, pour sa 3e réalisation, trouve le parfait équilibre entre rire et émotion.

Film de Melissa Drigeard avec Bérénice Bejo, Élodie Bouchez, Émilie Caen, Nicolas Duvauchelle, Manu Payet, Pierre Deladonchamps

 

lundi 8 mai 2023

Une biographie - Le cinéma de Tarantino


Immense cinéaste américain, Quentin Tarantino se livre avec beaucoup de franchise dans cette très grosse biographie intitulée Cinéma Spéculation. Il ne raconte pas sa vie, mais explique comment il est devenu passionné de 7e art et pourquoi il a décidé de révolutionner le genre. Il parle indirectement de son œuvre en commentant ses propres chocs comme Taxi Driver, La taverne de l’enfer ou Délivrance. 

Mais il se met à nu aussi quand il affirme à propos des décideurs dans l’industrie cinématographique : « Je n’ai jamais laissé ces gens m’empêcher de faire quoi que ce soit. Les spectateurs peuvent accepter mon travail ou le rejeter. Mais j’ai toujours approché mon cinéma avec intrépidité, sans me soucier de l’accueil qui lui serait réservé. »

« Cinéma spéculations » de Quentin Tarantino, Flammarion, 25 €

dimanche 7 mai 2023

Un poche - Vie « Consumée »


Une fille, issue d’une petite ville de Californie, commence des études de littérature. Elle est avide de fric facile et de speed. Quoi de plus simple quand on n’est pas trop mal fichue, que devenir strip-teaseuse. Problème, 20 ans après, elle n’a toujours pas son diplôme. Un récit dérangeant. Assez dégueulasse. Mais surtout, jamais elle ne remet en question l’addiction des hommes au sexe. 

Elle ne parle que de son point de vue, même si tout à la fin, elle remet en cause la manière dont on traite « les spécialistes du sexe ». « J’ai quarante ans et je continue de me désaper ou de faire des branlettes pour payer mon loyer. Je n’ai aucune idée de la manière dont on quitte l’industrie du sexe pour entrer dans le monde du travail. C’est ça, mon monde du travail ». 

À l’arrivée, on n’arrive même plus à la plaindre.

« Consumée », Antonia Crane, 10/18, 8,60 €


samedi 6 mai 2023

Un essai - Le parti de l’anarchie

Le parti communiste a eu son manifeste, pourquoi pas le parti anarchiste ? Cette interrogation est à la base de la rédaction de ce petit livre édifiant signé Léo Scheer. L’éditeur explique immédiatement qu’il n’y a pas de parti anarchiste. Car « l’anarchisme, c’est d’abord une chose vécue par un individu depuis l’intériorité de sa propre histoire. » 

Léo Scheer a compris l’anarchisme en 1968. Tout en explorant le prisme politique, il retrace dans ce texte les grandes étapes de la vie de sa famille et de ses engagements multiples et variés. 

Ce n’est le manifeste d’un parti mais le parcours de vie d’un homme dans son siècle.

« Le manifeste du parti anarchiste » de Léo Scheer, éditions Léo Scheer, 17 €

jeudi 4 mai 2023

BD - Deux détectives immortels : Harry Dickson et Sherlock Holmes

Sherlock Holmes, prototype du détective anglais, est le pur produit de l’imagination de Sir Conan Doyle. Il revient pour de nouvelles aventures inédites dans une série écrite par Pécau et dessinée par Suro. Le locataire de Baker Street qui a plus qu’inspiré Jean Ray quand il a signé ses romans populaires ayant pour vedette Harry Dickson. Une œuvre romanesque de nouveau adaptée sous forme graphique.

Certains héros de la littérature mondiale semblent immortels. Des personnages qui n’en finissent pas de vivre de nouvelles aventures. La reprise est à la mode et Sherlock Holmes tout comme Harry Dickson ne sont pas épargnés. Pour le plus grand plaisir des amateurs du genre feuilletonesque et policier.

Harry Dickson est présenté comme le Sherlock Holmes américain. Un détective privé à la personnalité directement inspirée par le héros anglais. En réalité, quand Jean Ray, écrivain belge, lance de personnage dans les années 30, il ne fait que traduire des romans de gare allemands. De fausses aventures de Sherlock Holmes. On retrouve dans les ingrédients de ces petits romans tout l’univers de Conan Doyle : un détective très sûr de lui, un disciple, une femme de ménage, un policier un peu bêta… 


Seule différence, là où la logique permettait de résoudre des affaires très terre à terre, le fantastique fait une entrée remarquée.. Car lassé de traduire de mauvais textes, Jean Ray décide de prendre son héros en main et se lance dans des histoires mouvementées et pleines de rebondissements, parfois improbables

 La redécouverte de ces romans dans les années 60 a redonné une seconde vie à Harry Dickson. Déjà adapté en BD, il revient cette fois dans une collection dédiée, sur des textes de Doug Headline et Luana Vergari et des dessins d’Onofrio Catacchio. Premier titre paru : Mysteras, tout un programme. Du haut de sa tour, Delphina Cruyshank, romancière à succès, surveille la prison de Hammersmith. Elle assiste à l’exécution d’un condamné à mort dans un prototype de chaise électrique.

Quelques jours après elle disparaît et le mort est revenu à la vie, a assassiné le médecin légiste et pris la fuite. Un mystère pour Harry Dickson et son ami et disciple, le jeune Tom Wills. L’enquête le conduira en Écosse, dans un manoir hanté. L’intrigue, multipliant les chausse-trapes, permet au détective de presque triompher à la fin. Il a démasqué Mysteras, le voleur assassin, mais ce dernier parvient à prendre la fuite. Les deux se retrouveront dans un an pour le second tome de la série intitulé La cour d’épouvante. Le scénario, fidèle au récit initial, permet à Catacchio de fournir des planches d’un grand classicisme. Une ligne claire très élégante digne de Jacobs.


Sherlock Holmes aussi est de retour sous forme de bande dessinée. Des histoires originales imaginées par Jean-Pierre Pécau et qui se déroulent à Londres. La noyée d ela Tamise débute par la découverte, à marée basse, du corps d’une fillette. Elle a les yeux et bouche cousue, un masque en bois sur le visage. La police suspecte les Jamaïcains et leur vaudou, mais selon Sherlock Holmes, appelé à la rescousse par Lestrade, ils n’y sont pour rien. Un détective qui avoue son manque de connaissance en masques anciens.

Il décide dès lors de solliciter le plus grand spécialiste connu de l’époque, un Français, Félix Fénéon. Problème, cet anarchiste est en prison. Il est suspecté d’avoir posé une bombe dans un restaurant. Holmes témoigne et le fait acquitter. Ensemble ils vont rejoindre la capitale anglaise et tenter de comprendre ce qui se trame la nuit dans les faubourgs. Car un second cadavre est découvert. Toujours une jeune fille. Dessinée par Michel Suro, la première partie de cette enquête permet au lecteur de découvrir le milieu anarchiste français en exil outre-Manche.

«Harry Dickson» (tome 1), Dupuis, 15,95 €
«Sherlock Holmes et les mystères de Londres» (tome 1), Soleil, 15,50 €

mercredi 3 mai 2023

Littérature - « Extinction des feux » pour le journaliste cloîtré imaginé par Olivier Chantraine

Le repli sur soi frappe le narrateur du roman d’Olivier Chantraine. Ce reporter de guerre n’ose plus sortir de chez lui depuis que sa femme a disparu.


Serge est un reporter de guerre qui a de plus publié quelques romans avec un relatif succès. Un talent reconnu par la profession. Mais depuis quelques années, la disparition de sa femme, Laura, exactement, il n’arrive plus à sortir de chez lui. Un repli sur soi synonyme de bidonnage de ses reportages. Extinction des feux, roman d’Olivier Chantraine aurait aussi pu s’appeler, La guerre racontée de mon salon. Cependant les malheurs du monde, s’ils permettent à Serge de conserver son salaire au prix de mensonges de plus en plus compliqués, ne sont que peu présents dans ce récit. Le narrateur s’apitoie surtout sur son sort, son impossibilité à être tranquille, à ruminer l’absence inexpliquée de sa dulcinée.

Serge vit toujours avec son fils, Matthieu, 25 ans. Et reçoit quasiment tous les jours la visite de Cynthia, sa voisine. Une attachée de direction à mi-temps qui lui saute dessus tous les après-midi le transformant en amant contre son gré. Juste pour le maintenir en vie selon elle.

« Se préparer à ramper tôt ou tard devant une femme »

Sur cette situation qui aurait pu se transformer en pièce de théâtre, l’auteur greffe une intrigue écologique (l’eau du robinet apporte des maladies, c’est une hécatombe en ville) et aborde indirectement plusieurs thèmes actuels. Sur la violence de notre société : « La violence sous-jacente qui a inondé notre société s’est infiltrée dans chaque interstice de la vie de la cité. La planète est à bout, le monde est à cran ». La relation avec les enfants : « J’aime terriblement mon fils, je l’admire, je redoute son départ, la perspective de son absence me terrifie, et pourtant j’ai hâte de me confronter à ce vide. » Sur l’image que l’on donne à ses enfants, cette réflexion (imaginaire) de Matthieu : « Pourquoi certains auraient le droit d’avoir des pères comptables alors que le mien ne saurait se définir autrement que comme ex-reporter de guerre, usurpateur en chef, éleveur de poules de garage, gamer amateur spécialisé en Call of Duty, alcoolique notoire, paumé célèbre, reclus volontaire, handicapé manuel, phobique. »
Il a enfin cette réflexion, que tout homme devrait méditer, à propos des amours naissantes et compliquées de son fils avec une altermondialiste radicalisée : « N’importe quel homme sensé doit se préparer à ramper tôt ou tard devant une femme si elle en vaut la peine. Les autres sont des imbéciles. »

Un roman brillant sur cette folie qui nous guette tous face à un événement imprévu (là, la disparition totalement inexpliquée de Laura, l’épouse vénérée). Une histoire qui met aussi en exergue l’importance des animaux de compagnie dans notre vie de tous les jours. Si Serge ne supporte plus les Humains en général, il ne peut se passer de sa chienne Tess et, à un moindre niveau, de ses poules pondeuses vivant dans son garage.

« Extinction des feux » d’Olivier Chantraine, Gallimard, 21 €

mardi 2 mai 2023

De choses et d’autres - Bataille de sacs à main

Ils ne savent plus quoi inventer pour faire oublier la séquence réforme des retraites. Alors que le président Macron, après des semaines d’hibernation, repart à la conquête des Français (et de leurs casseroles) et que Bruno Le Maire fait une sortie bien nauséabonde pour remettre l’immigration au centre du débat, la palme de l’originalité revient à Marlène Schiappa.


Après sa couverture du dernier numéro de Playboy, elle est parvenue à faire mieux en lançant une énième polémique qui va faire parler dans les foyers. Une coproduction, exactement, avec une autre membre du gouvernement, Isabelle Rome. Cette dernière est ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes.

À ce titre, elle s’était permis de critiquer sa collègue et les photos illustrant l’interview dans le magazine de charme. Mais avec Marlène Schiappa, mieux vaut se méfier.

La réponse est venue d’un SMS, pour le moins abrupt, dans lequel elle accusait Isabelle Rome de « ne pas avoir de tripes » et la traitait de « sac à main de seconde main ». Une insulte un peu trop genrée mais qui dans la bouche d’une ministre (au bout de ses doigts exactement, c’est un SMS), fait mal. Le SMS a fuité (comme par hasard…) et depuis, tout le monde tombe sur la secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative.

Non seulement ça ressemble à une querelle de cour de récréation avec insulte approximative mais en plus, c’est particulièrement dénigrant pour toute la filière de la seconde main et du recyclage, pourtant essentielle dans notre société trop consumériste.

Mais en attendant, l’effet est immédiat : on parle (un peu) moins de la réforme des retraites !

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 21 avril 2023

lundi 1 mai 2023

Cinéma - “Pour l’honneur” des valeurs du rugby


Le rugby comme facteur d’intégration dans la société française, tel est le thème central du nouveau film de Philippe Guillard avec Olivier Marchal et Mathieu Madénian.

Ancien joueur, ancien commentateur, Philippe Guillard a finalement trouvé sa voie en devenant réalisateur. Un premier succès, Le fils à Joe, et quelques comédies plus tard, il revient à son sujet de prédilection : le rugby de village. Pour l’honneur raconte la rivalité entre deux villages : Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains. Dans cette Corrèze rugueuse et en voie de désertification c’est la lutte des classes qui fait des heures supplémentaires. Trocpont est plutôt bourgeoise, Tourtour plus prolétaire.

Marco Bianchoni (Olivier Marchal), patron du bistrot et entraîneur de Tourtour ne sait plus comment faire pour remporter le derby. Car la riche Trocpont, sponsorisée par les salaisons Lalanne, attire d’anciennes gloires du ballon ovale. Quand la préfecture décide de placer une dizaine de demandeurs d’asile à Tourtour, dans l’ancien hôtel de Marco, c’est un choc pour ce petit village très (trop…) Français.

Mais le fils d’immigré italien sait d’où il vient et va tenter une intégration des congolais, Afghans et autres Africains en les enrôlant dans son équipe. Un petit jeune a une botte redoutable, un autre au gabarit impressionnant capte les balles en touche et un lutteur afghan déménage en mêlée. Reste à leur expliquer les règles de ce sport. Ce n’est pas gagné d’avance, d’autant que Marco est sous pression : ce derby il veut le gagner.

Hilarant Mathieu Madénian 

On aurait pu craindre que le fond de l’histoire sur l’intégration fasse un peu trop bisounours, mais le scénario de Philippe Guillard et Éric Fourniols évite aisément les gros pièges. Au contraire, il apporte une vision assez juste de la fracture de la société française. Tout en restant résolument optimiste. Et souvent très comique.

Olivier Marchal assure une performance majeure quand il harangue ses troupes. Le meilleur du rire à gorge déployée reste quand même le Catalan de la distribution : Mathieu Madénian. Son personnage d’adjoint, taillé comme une crevette mais qui ne peut pas s’empêcher de chambrer les armoires à glace, affublé d’une casquette et d’une moustache ridicule, mériterait presque une suite uniquement consacrée à son humour dévastateur.

Comédie française de Philippe Guillard avec Olivier Marchal, Olivia Bonamy, Mathieu Madenian.