jeudi 24 novembre 2022

Jeunesse - La petite Cornebidouille et la soupe de Pierre

La sorcière Cornebidouille est devenue une des héroïnes préférées des petits Français. Ses aventures, écrites par Pierre Bertrand et dessinées par Magalie Bonniol sont devenues des classiques, se déclinant sous forme d’album grand format, de livres de poches et de nombreux jeux. 

Dans cette nouveauté, les deux auteurs font d’incroyables révélations sur l’enfance de la terrible sorcière. Petite fille, Cornebidouille était contre toute attente une adorable princesse qui obtenait tout de ses parents. Mais une malédiction de sa tante Cracrabidouiulle la transforme à son tour en sorcière. 

Elle va terroriser les enfants. Tous ont peur et mangent leur soupe. Sauf Pierre. C’est cette première rencontre savoureuse qui est racontée dans cet album de 48 pages.

« Quand Cornebidouille était petite », L’École des Loisirs, 14 €

Beau livre - Vin et château d’exception


De tous les vins du Bordelais, celui de Sauternes est le plus délicat. Ce superbe livre sur le Château de Fargues raconte « la folle ambition des Lur Saluces à Sauternes ». Histoire d’un cru, d’une famille, d’un domaine et d’une vinification : on trouve tout cela dans ces pages signées Hélène Farnault, richement illustrées de photos de François Poincet. Véritable nectar des dieux, le sauternes, dont les raisins sont cueillis grain par grain à la main, reste le plus grand des vins liquoreux. Vous pouvez le déguster pour les fêtes ou l’accommoder dans les recettes présentées dans l’ouvrage. Elles sont signées, entre autres, par Guy Savoy ou Eric Briffard.

« Château de Fargues », Glénat, 39,95 €  

mercredi 23 novembre 2022

Cinéma - L’âpreté de la justice dans “Saint Omer”

Ce film d’Alice Diop est la reconstitution méticuleuse et parfois glaciale du procès d’un infanticide. 

Gusladie Malanda, époustouflante dans le rôle très compliqué de Laurence, la mère meurtrière.  Laurent Le Crabe

Avant de se lancer dans la réalisation de son premier long-métrage de fiction, Alice Diop a beaucoup tourné de documentaires. La cinéaste a donc tous les codes pour retranscrire la réalité avec une acuité absolue. On retrouve cette dextérité dans toutes les scènes du procès, constituant une grosse moitié de Saint Omer, film revenu primé de la Mostra de Venise et qui représentera la France aux prochains Oscars. 

Tiré d’un véritable fait divers, cette histoire d’infanticide a secoué la France en 2013. Le procès qui a suivi a, lui aussi, fait les grands titres. Une jeune femme noire s’est rendue sur une plage de la mer du Nord et a abandonné son bébé de 18 mois sur le sable. La fillette est morte, noyée par la marée montante. Un fait divers qui interpelle, après les déclarations de la mère aux enquêteurs. Elle a abandonné son bébé, car « c’était plus simple comme ça ». Une décision longuement réfléchie par cette jeune Sénégalaise, brillante étudiante en philosophie, vivant avec un artiste beaucoup plus âgé qu’elle. 

Tel un miroir

Toute l’âpreté du procès est reconstituée, avec des comédiens qui ne jouent pas, mais incarnent les véritables personnages et paroles. Une partie poignante, avec la froideur de la mère (Gusladie Malanda), l’empathie de la présidente (Valérie Dréville) et la combativité et l’humanité de l’avocate (Aurélia Petit). En contrepoint de cette réalité connue, Alice Diop raconte comment Rama (Kayije Kagame), jeune chercheuse et romancière, assiste à ce procès, découvrant toutes les résonances à ce drame dans sa situation personnelle. Elle aussi vit avec un Blanc, elle aussi est brillante intellectuellement, elle aussi attend un bébé… Pourquoi se passionner pour ce fait divers ? Quel miroir de sa propre histoire croit-elle deviner dans ce procès, ce crime, cet abandon ? Saint Omer ne donne pas de solutions, d’explications toutes faites, comme autant de bonnes paroles pour excuser ou condamner. C’est au spectateur de se forger une opinion, un avis, de tenter de comprendre, avec son propre vécu, cet enchaînement de faits. Là réside sans doute la plus grande force de ce film dont personne ne peut sortir indemne. Car en filmant, tel un documentaire, cette histoire en partie romancée (on retrouve Marie Ndiaye au scénario), Alice Diop nous donne les clés pour appréhender la grande violence de notre société. Violence, mais aussi humanité et rédemption. 

Film d’Alice Diop avec Kayije Kagame, Guslagie Malanda, Valérie Dréville




Art - Le liège, matière noble du Pays catalan

Très présent en Vallespir et dans les Albères, le chêne-liège a longtemps été une des richesses de l’agriculture catalane. De ce liège, on faisait des bouchons célèbres dans le monde entier. Une matière noble, vivante, qui en plus de protéger les meilleurs vins, offrait une plasticité, une finesse, parfaite pour permettre à des artistes de s’exprimer. Une tradition picturale qui fait l’objet d’un beau livre édité aux éditions Trabucaire. Sculptures en liège en Pays Catalan est coordonné par Alain Pottier qui se définit comme un vigneron poète. Un ouvrage de 160 pages illustré de dizaines de photographies signées Michel Castillo. Un cadeau parfait pour découvrir le petit monde des patots, kanyataps et autres ninots des sculpteurs Claude Massé, Pere Figueres ou Bibi. 

Le précurseur dans cet art si particulier de la sculpture sur liège a pour nom Joaquim Vicens Gironella. Ce Catalan, arrivé en France en 1939, a voulu en travaillant cette matière, retrouver un peu de son pays d’origine. Il venait de l’Emporda et avait travaillé dans le secteur du liège dans sa jeunesse. Un artiste emblématique de l’art brut, le plus représentatif de Catalogne. Pour parler du travail de Claude Massé, Alain Pottier a demandé à Serge Bonnery, le plus grand spécialiste de cet artiste disparu en 2017. On y apprend d’où viennent ses patots, petits personnages tout en hauteur. Claude Massé qui a inspiré Pascal Comelade ainsi que Pere Figueres. Ce dernier a inventé les kanyataps fabriqués à partir de bouchons. Ce n’est pas le liège brut que ce chanteur et poète catalan subjugue, mais ces cylindres qu’il sculpte et assemble pour en faire de véritables petites œuvres vivantes. Enfin une grande partie du livre est consacrée aux créations de Bibi dit Ferguson. Un univers un peu plus fantastique et loufoque, plus contemporain. Il s’agit cette fois de ninots. Un ouvrage artistique mais aussi instructif avec des chapitres sur la culture du liège et sa transformation en bouchon.

« Sculptures en liège en pays Catalan », Trabucaire, 20 €

mardi 22 novembre 2022

Cinéma - Jafar Panahi tente de se filmer dans “Aucun ours”


Emprisonné en Iran, depuis juillet dernier, Jafar Panahi n’a pu se rendre à la Mostra de Venise pour présenter son dernier film, Aucun Ours

Comme ses précédentes créations, ce long-métrage montre ses difficultés pour raconter librement ses histoires dans une dictature religieuse.  Son dernier projet porte sur la fuite, en France, d’un couple de comédiens iraniens. Le tournage se déroule en Turquie. Lui, a pris ses quartiers dans un petit village, à quelques kilomètres de la frontière. Il refuse de quitter son pays et supervise le tournage, grâce à de très aléatoires liaisons internet. Aucun Ours montre les deux réalités parallèles. 

Le tournage, dans un pays presque libre, ou du moins tolérant, face à une équipe de tournage et sa réalité dans ce village où les traditions sont encore très fortes. Jafar Panahi va se retrouver pris dans une violente querelle. Un homme, à qui une femme a été promise, à sa naissance, découvre qu’elle est amoureuse d’un rival. Et Jafar aurait photographié le couple dans le village. Le chef de village va exiger du cinéaste, de plus en plus suspect aux yeux des locaux, de lui remettre cette photo. 

Pris au piège, il va devoir passer plus de temps à régler ce problème qu’à réaliser, à distance, son film. Et face au danger, il devra fuir, retourner à Téhéran, se faire repérer par les autorités. La suite on la connaît, depuis juillet. Son film, ne la montre pas, mais tout laisse deviner cette arrestation et cet emprisonnement, pour un créateur trop libre pour le régime.

Film de et avec Jafar Panahi avec également Naser Hashemi, Vahid Mobasheri


Beau livre - Toute la beauté de l'Occitanie dans des tableaux remarquables


Personne ne doute de la beauté des paysages d’Occitanie. Une richesse picturale que l’on retrouve dans ce livre coordonné par Audrey Marty, diplômée d’histoire de l’art. Elle a sélectionné les plus beaux tableaux « inspirés par la beauté et la douceur de sa région. » Après une petite présentation générale sur cette région récemment créée après la fusion de Midi-Pyrénées et du Languedoc-Roussillon, la spécialiste découpe l’ouvrage par départements. L’Aude, « terre de légendes », fait aussi la part belle à l’agriculture, notamment avec les œuvres de Paul Sibra, le peintre du Lauragais. On ne peut qu’être admiratif devant sa toile datant de 1929 et exposée au musée du Pays de Cocagne à Lavaur. Pour les Pyrénées-Orientales, Collioure s’impose, de même que la côte Vermeille comme ce tableau de Rémy Peyranne, sur la baie de Paulilles, repris en couverture de l’ouvrage.

« Peintres et couleurs d’Occitanie » d’Audrey Marty, Le Papillon Rouge éditeur, 26 €

Découverte - Chloé Nabédian explore "Les grands mystères de la nature"


Connue pour présenter la météo sur France 2, Chloé Nabédian est curieuse. Elle part à la recherche de solutions à plusieurs « phénomènes naturels mystérieux aux quatre coins de la planète ». Cela donne ce joli livre très instructif. Comme ces pierres qui bougent toutes seules dans la vallée de la mort. Après avoir évoqué quantité de solutions (des extraterrestres à la CIA…), l’autrice révèle au final, démonstration à l’appui, comment ces blocs de plus de 200 kg peuvent bouger sans l’aide de rien ni de personne. 

« Les grands mystères de la nature », Éditions du Rocher, 22,90 €

lundi 21 novembre 2022

BD- Berlin, nid d’espions


Le Blake et Mortimer de cette fin d’année est très « guerre froide ». Écrit par José-Louis Bocquet et Jean-Luc Fromental, ce 29e tome des héros imaginés par Jacobs se déroule en grande partie dans le Berlin de 1963 récemment coupé en deux par les Soviétiques. 

Les premières pages se déroulent dans l’Oural (avec Mortimer) et en Suisse (avec Blake). Ils vont de rejoindre à Berlin, pour un événement de grande importance sur lequel plane la menace d’une opération russe machiavélique. 

Dessiné par Antoine Aubin, parfait dans le respect du graphisme originel, ce long récit, entre fantastique et réécriture de l’Histoire, permet aussi à quelques méchants de faire leur grand retour.

« Blake et Mortimer » (tome 29), Blake et Mortimer, 16,50 € (parution le 25 novembre)


Fantastique - "Les habitants du mirage" chez Callidor


Il y a 90 ans, Abraham Merritt publiait ce roman, considéré comme le premier du genre de l’heroic fantasy. Une édition collector, avec les superbes et très modernes illustrations d’époque de Virgil Finlay permet à tous les fans du genre de redécouvrir ce texte à l’imagination féconde. Leif, au cœur des neiges éternelles de l’Alaska, rencontre la belle Evalie ainsi qu’une sorcière qui voit en lui la réincarnation du roi du temps jadis, Dwayanu. Un important cahier en fin d’ouvrage recontextualise ce roman dans son époque. 

« Les habitants du mirage », Callidor, 25 €


dimanche 20 novembre 2022

BD - Tueurs idéaux

Il n’existe pas un crime parfait, mais une multitude de morts dont personne ne soupçonne que ce sont des rimes. Sur ce concept, cher au roman policier, une dizaine d’auteurs de BD proposent des histoires courtes d’une dizaine de pages. 

Une anthologie criminelle qui débute par la danse de Ginette, fille de joie du Paris de la fin du XIXe siècle. Elle va se débarrasser de son maquereau, Momo la main lourde, avec une facilité déconcertante. Une première mise en bouche signée Gess. 

On trouve ensuite des récits de Moynot, Guérineau, Chabouté ou De Metter. La palme revient cependant à Rabaté qui imagine un étrange récit familial dans un train. Histoire qui finit mal… 

À noter à la fin de chaque histoire, la biographie du mort par Anaïs Bon.

« Le crime parfait », Philéas, 19,90 €