mercredi 30 mars 2022

BD - "Lord Gravestone", un formidable chasseur de vampire


Dans la famille Gravestone, on chasse les démons depuis des générations. John, le dernier de la lignée, a juré de venger son père tué par un vampire. Il vit en Angleterre en 1823 et file le parfait amour avec Mary. 


Il décide de rejoindre Rome et son oncle, inquisiteur au Vatican, pour enfin éliminer la redoutable Camilla. Mais c’est sans compter sur de nombreuses péripéties qui vont le conduire près des portes de l’enfer. Une série fantastique prévue en trois tomes écrite par Jérôme Le Gris et dessinée par un surdoué des ambiances sombres et gothiques : Nicolas Siner.

« Lord Gravestone » (tome 1), Glénat, 14,95 €

Biographie - Avocat hors normes

Il est des hommes qui ne passent jamais inaperçus. Stephen Hecquet est de cette trempe. Cet avocat, mort à 40 ans, a obtenu la grâce présidentielle d’un condamné à mort qui, sous le nom de José Giovanni, deviendra un grand cinéaste. Ami de Roger Nimier mais aussi de Jean Genet, il a également été journaliste et écrivain. 

Un polémiste, doublé d’un pamphlétaire raconté sans jugement par Frédéric Casotti. Homosexuel revendiqué, il a toujours été très dur avec les femmes. En tant qu’avocat il a demandé à ce que ses consœurs soient congédiées et retournent à leur cuisine. Et dans la foulée publie son fameux Faut-il réduire les femmes en esclavage ? Tout sauf du politiquement correct ! 

« Stephen Hecquet, vie et trépas d’un maudit » de Frédéric Casotti, Séguier, 19 €

mardi 29 mars 2022

Cinéma - “Azuro” ou le grand plongeon dans la chaleur des vacances

Valérie Donzelli, mère qui doute.  Paname

Adapté d’un roman de Marguerite Duras, Azuro, premier film de Matthieu Rozé, est comme un rayon de soleil estival avant l’heure. Il y fait chaud et c’est assez chaud entre les différents protagonistes de cette chronique de vacances tendance farniente et plage. Un groupe d’amis partage des locations dans un petit village en bord de mer Méditerranée. Deux couples : Sara et Pierre (Valérie Donzelli et Yannick Choirat), Vadim et Gina (Thomas Scimeca et Maya Sansa) et une célibataire presque alcoolique, Margaux (Florence Loiret-Caille). Une bande, qui s’apprécie, mange tout le temps ensemble, se baigne et refait le monde. 

Un bel équilibre, des vacances parfaites (malgré des tensions dans les couples et la solitude de Margaux), bousculé par l’arrivée d’un homme (Nuno Lopes), beau et séduisant, qui vit sur un bateau ancré dans la calanque ensoleillée. Il va s’immiscer dans le groupe, subir les remarques salaces de Margaux et finalement se retrouver attiré par Sara. 

Un film intimiste, porté par un groupe d’acteurs qui a trouvé une entente parfaite. Valérie Donzelli est lumineuse de désir ; Nuno Lopes, craquant ; Florence Loiret-Caille, hilarante ; et Thomas Scimeca, parfait, entre pitreries et tirades durassiennes.

Film français de Matthieu Rozé avec Valérie Donzelli , Thomas Scimeca , Yannick Choirat, Maya Sansa, Nuno Lopes, Florence Loiret-Caille



BD - Enfance en deuil


Joli album sur le deuil chez les enfants superbement dessiné par Elodie Garcia. Le scénario est de Xavier Bétaucourt qui prouve la diversité de ses inspirations. Nao a 10 ans. En vacances chez son grand-père, ce dernier meurt subitement d’une crise cardiaque. 


La maman de Nao tente de le consoler en lui racontant comment elle a surmonté la perte de sa sœur jumelle quand elle était enfant. Un voyage onirique au pays de l’ombre, où elle a affronté des spectres pour retrouver un peu de lumière dans sa vie.

« Le silence de l’ombre », Jungle, 15,95 €

BD - Indémodable Jules Verne


Nouvelle adaptation d’un roman d’aventures signé Jules Verne. Après Deux ans de vacances, Brrémaud signe le scénario d’Un capitaine de 15 ans. C’est Picaud qui se charge de la transcription graphique de ce récit se déroulant essentiellement sur un petit voilier. 


Partant de Nouvelle-Zélande, le Pilgrim doit rejoindre Boston en passant par le cap de Bonne-Espérance. Mais une fortune de mer fait qu’il ne reste à bord que les passagers, un chien, le cuistot et le mousse, Dick Sand, 15 ans. C’est lui qui est désigné capitaine pour tenter de rejoindre les côtes africaines. Le grand large et l’aventure ont rendez-vous au large des côtes de l’Angola.  

« Un capitaine de quinze ans » (tome 1), Vents d’Ouest, 14,50 €

lundi 28 mars 2022

BD - Flic rancunier et "Last detective"


Un comics chilien publié chez Drakoo. L’édition BD sait s’adapter pour donner une chance à un album de qualité. 

The last détective de Borges et Alvarez est une histoire complète se déroulant en New Amazonia dans un futur lointain. 

La police est renforcée par des humanoïdes. Et de nouvelles drogues font des ravages. C’est dans ce cadre que Joe Santos, ancien flic retiré dans la jungle, reprend du service pour tenter de coffrer, 20 ans après une vaine tentative, un dealer d’une extrême dangerosité.

« The last détective, Drakoo, 15,90 € 

BD - L’autre Quasimodo


Ambitieuse série historique écrite par Philippe Pelaez et dessinée par Eric Stalner. Le Bossu de Montfaucon imagine la suite des aventures de Quasimodo. Dans la France très divisée de Charles VIII, le « presque roi », un certain Pierre d’Armagnac, noble déchu, se rend au gibet de Montfaucon et sauve d’une mort certaine le bossu imaginé par Victor Hugo. 


Le duo, quelques années plus tard, se mettra au service de Louis d’Orléans pour tenter de récupérer le trône de France. La trouvaille de la série est de se faire croiser Quasimodo et Jeanne la Boiteuse, épouse de Louis d’Orléans. Le monstre et la paria. Tout pour une histoire d’amour peu ordinaire. 

« Le bossu de Montfaucon » (tome 1), Bamboo, 14,90 €

dimanche 27 mars 2022

Thriller - Cauchemar sur l'île d'Oléron

Les romans de Jérôme Camut et Nathalie Hug explorent depuis de nombreuses années les côtés les plus sombres de l’âme humaine. Dans leur dernière histoire, Nos âmes au diable, le couple va encore plus loin dans l’abomination. Une histoire de petite fille enlevée, mais vue par le prisme de la souffrance de la mère.

Sur l’île d’Oléron, en juillet, Sixtine se prépare à aller faire de la voile en compagnie de son ami Jérémy. Sixtine a dix ans et avant de rejoindre le club de voile, elle décide d’aller une nouvelle fois se faire peur, seule, en tentant d’explorer ces bunkers abandonnés près des plages de l’île charentaise. Quelques heures plus tard, Jeanne, la mère de Sixtine, en pleine réunion de travail à Paris (elle est rédactrice dans une agence de publicité), reçoit un appel de son mari : « Sixtine a disparu ». Fugue, accident ou enlèvement ? Les premières heures, racontées avec détail par les auteurs, plonge le lecteur dans ce cauchemar absolu pour une maman. Sans nouvelles de sa fille, elle imagine le pire. Puis reprend espoir. Et rechute. Le lecteur, lui, sait que Sixtine est vivante car entre les chapitres où Jeanne raconte à la première personne son calvaire, des textes très courts racontent le quotidien de la petite fille, enfermée dans une pièce obscure, affamée, terrorisée. Des passages où les deux romanciers ont poussé très loin le curseur de l’horreur. Qu’y a-t-il de pire que la détresse d’une fillette persuadée qu’elle ne reverra plus jamais ses parents et qu’un ogre va lui faire du mal ?   

Un mince espoir

Une première partie très déstabilisante, oppressante, captivante aussi. Et puis tout bascule. Le short ensanglanté de Sixtine est retrouvé près de la maison un ancien délinquant sexuel. Il avoue son crime, explique avoir jeté le corps de Sixtine à la mer… Désespérée, Jeanne tente de retrouver une vie normale. Retourne au travail, constate que ses collègues ont changé d’attitude : « J’en ai vu se précipiter aux toilettes pour éviter d’avoir à me croiser, d’autres répondre à des coups de fil imaginaires, ou s’enfermer dans leur bureau. C’est dur à affronter, le chagrin des autres. Face à lui, on est démuni, on est lâche. Souvent. Presque toujours. » La vie de Jeanne part à vau-l’eau. Elle démissionne, divorce, trouve un peu de réconfort auprès d’une association de famille de victimes. 

Mais l’espoir n’est plus là. Même si le corps de Sixtine n’a jamais été retrouvé. Jusqu’à ce jour de Noël où Jeanne reçoit un dessin de sa petite fille. En quelques lignes, les auteurs remettent toute l’affaire à plat, le lecteur tente de comprendre avec Jeanne qui s’accroche à cette piste. Le thriller devient polar. Jusqu’à un nouveau rebondissement qui éprouve un peu plus les nerfs de Jeanne. Un roman dur, sans rémission, multipliant les coups de théâtre pour une fin indicible.  

« Nos âmes au diable » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Fleuve Noir, 19,90 €


Roman - Jean-Noël Pancrazi de retour au pays redouté

Une plaie d’enfance met toujours plus de temps à se refermer. Pour Jean-Noël Pancrazi, il lui a fallu des décennies pour raconter ces quelques années passées dans les Pyrénées-Orientales. Il les a rebaptisées Les années manquantes, comme s’il avait en partie cessé d’exister durant cette période bouleversée. 

Dans ces années 60, les parents du petit Jean-Noël, après avoir quitté l’Algérie, décident d’y retourner. Mais par prudence décident de laisser leur fils en métropole. Pas dans la famille corse du père mais celle, catalane de la mère, « le côté catalan l’emportait déjà - ce côté rêche, plus sévère, plus dur, comme s’il fallait toujours lutter contre la tramontane, résister à ses rafales, avec les corps comme forgés pour dominer le vent, la sécheresse orgueilleuse des traits pareille à celle des ceps de vigne, dressés, nus, impeccables, l’hiver. » Jean-Noël découvre alors l’immense et silencieuse maison de sa grand-mère Joséphine. 

A Thuir, pas loin de cet asile des fous qui va marquer la famille. La première partie du roman est un long portrait de Joséphine, femme très pieuse, comme figée dans un passé, incapable d’aimer ce petit-fils venu d’Algérie et qu’elle découvre. Paradoxalement, ce portrait au vitriol d’une femme aux mains dévorées par l’eczéma, se révèle être un superbe hommage. Et une fois morte, le petit Jean-Noël la regrettera. Encore plus quand il devra vivre les cris et les pleurs du divorce de ses parents dans un appartement de Perpignan. Un second traumatisme associé à ce département, cette ville qui fait écrire au romancier : « Il me faudrait des années et des années avant de revenir à Perpignan. » Depuis, les relations se sont apaisées et ce livre, à l’écriture fulgurante, prouve que les pires épreuves peuvent se transformer en œuvre d’art.

« Les années manquantes » de Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, 12,50 € 

samedi 26 mars 2022

Thriller - La secte danoise

Nombre d’horreurs sont commises au nom de Dieu. La preuve une nouvelle fois dans ce thriller nordique de Michael Katz Krefeld. L’auteur danois propose un 3e roman autour de son personnage récurant de flic déchu. Ravn a basculé dans la presque folie quand un cambriolage a mal tourné. Sa compagne a été tuée. Depuis il a quitté la police de Copenhague et vivote sur son bateau à mener de petites enquêtes pour un ami avocat. 

Quand un grand patron le contacte pour qu’il retrouve son fils, il voudrait décliner mais les problèmes financiers le poussent à accepter. Il va se retrouver plongé dans un monde abominable. Car le fils du millionnaire est devenu grand maître d’une secte particulièrement sordide.

« La secte » de Michael Katz Krefeld, Actes Sud, 23 €