Affichage des articles dont le libellé est pancrazi. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est pancrazi. Afficher tous les articles

jeudi 13 mars 2025

Récit - Jean-Noël Pancrazi pleure sa sœur


Retour à Perpignan pour Jean-Noël Pancrazi. L'écrivain semble inexorablement attiré par la ville de son enfance. Cette fois il quitte Paris pour soutenir sa sœur, Isabelle, qu'il aime tant. Elle a préféré rester dans la région et vit toujours au Moulin-à-Vent. Mais plus pour longtemps : un cancer est en train de tuer à petit feu. 

Ce sont ces derniers instants, dans la dignité et la force, que l'écrivain couche sur le papier. Il se souvient de leur enfance en Algérie, des combats de sa sœur, de sa vie si active dans le département. Cela donne quelques jolis passages sur la vitalité du cinéma Castillet, « le plus beau cinéma d'art et d'essai dont la programmation l'emportait sur tous les autres » ou les rencontres littéraires organisées dans la nouvelle librairie de Port-Vendres. 

Un texte tendre et charnel, universel face à la mort. 

« Quand s'arrêtent les larmes », Jean-Noël Pancrazi, 128 pages, 17 €

lundi 19 août 2024

Roman français - Le « manque » perpignanais de Jean-Noël Pancrazi


L’arrivée des rapatriés d’Algérie est une étape importante dans l’histoire de la région. Beaucoup de romanciers (ou de cinéastes) ont profité de cette matière pour signer des œuvres importantes. Dans Les années manquantes qui viennent de sortir en poche, Jean-Noël Pancrazi rajoute une bonne dose d’autobiographie.

Il raconte Perpignan et ce Roussillon que le jeune Algérien découvre, contraint et forcé dans les années 60. Il a rebaptisé ces souvenirs Les années manquantes, comme s’il avait en partie cessé d’exister durant cette période bouleversée. Dans ces années 60, les parents du petit Jean-Noël, après avoir quitté l’Algérie, décident d’y retourner. Mais par prudence décident de laisser leur fils en métropole.

Pas dans la famille corse du père mais celle, catalane, de la mère. Jean- Noël découvre alors l’immense et silencieuse maison de sa grand-mère Joséphine. À Thuir, pas loin de cet asile des fous qui va marquer la famille. La première partie du roman est un long portrait de Joséphine, femme très pieuse, comme figée dans un passé, incapable d’aimer ce petit-fils. Un second traumatisme associé à ce département : le divorce de ses parents.

Ce livre, à l’écriture fulgurante, prouve que les pires épreuves peuvent se transformer en œuvre d’art.

« Les années manquantes », Folio, 128 pages, 6,90 €

dimanche 27 mars 2022

Roman - Jean-Noël Pancrazi de retour au pays redouté

Une plaie d’enfance met toujours plus de temps à se refermer. Pour Jean-Noël Pancrazi, il lui a fallu des décennies pour raconter ces quelques années passées dans les Pyrénées-Orientales. Il les a rebaptisées Les années manquantes, comme s’il avait en partie cessé d’exister durant cette période bouleversée. 

Dans ces années 60, les parents du petit Jean-Noël, après avoir quitté l’Algérie, décident d’y retourner. Mais par prudence décident de laisser leur fils en métropole. Pas dans la famille corse du père mais celle, catalane de la mère, « le côté catalan l’emportait déjà - ce côté rêche, plus sévère, plus dur, comme s’il fallait toujours lutter contre la tramontane, résister à ses rafales, avec les corps comme forgés pour dominer le vent, la sécheresse orgueilleuse des traits pareille à celle des ceps de vigne, dressés, nus, impeccables, l’hiver. » Jean-Noël découvre alors l’immense et silencieuse maison de sa grand-mère Joséphine. 

A Thuir, pas loin de cet asile des fous qui va marquer la famille. La première partie du roman est un long portrait de Joséphine, femme très pieuse, comme figée dans un passé, incapable d’aimer ce petit-fils venu d’Algérie et qu’elle découvre. Paradoxalement, ce portrait au vitriol d’une femme aux mains dévorées par l’eczéma, se révèle être un superbe hommage. Et une fois morte, le petit Jean-Noël la regrettera. Encore plus quand il devra vivre les cris et les pleurs du divorce de ses parents dans un appartement de Perpignan. Un second traumatisme associé à ce département, cette ville qui fait écrire au romancier : « Il me faudrait des années et des années avant de revenir à Perpignan. » Depuis, les relations se sont apaisées et ce livre, à l’écriture fulgurante, prouve que les pires épreuves peuvent se transformer en œuvre d’art.

« Les années manquantes » de Jean-Noël Pancrazi, Gallimard, 12,50 €