samedi 21 mars 2020

BD - Sengo ou le Japon après la guerre


Le Japon vient de perdre la guerre contre les Etats-Unis. Deux soldats récemment démobilisés tentent de survivre dans un pays en ruines. 
Kadomatsu, gros ours barbu, n’a plus un sou. Il tente de dérober de la nourriture sur une échoppe. Mais il est pris et risque gros. Par chance le propriétaire de la gargote est son ancien chef, Kawashima. 

Ces retrouvailles de deux hommes qui ont vécu des horreurs est le lien de ce manga de Sansuke Yamada. L’un boit pour oublier, l’autre se bat pour fuir ses cauchemars. 
Une BD en noir et blanc, très proche d’une BD réaliste européenne, qui donne une vision peu habituelle du Japon, quand il n’y avait que des vaincus chez les locaux et que les Américains paradaient. 

« Sengo » (tomes 1 et 2),Casterman, 9,45 € le volume. 

Série télé - Poupée immortelle sur Netflix


Ce long confinement qui s’annonce va donner l’occasion aux amateurs de série de découvrir ce qui se fait de mieux sur les services de streaming. Et si la mesure dure plus de 6 semaines, on passera au pire… Pour l’instant, jetons un œil sur « Russian Doll », série Netflix créée par Natacha Lyonne (photo) qui s’est octroyé le premier rôle. 
Diane est une jeune femme fêtarde et peu responsable. Ingénieure en informatique, elle s’accommode de sa vie dissolue. Dans le début du premier épisode elle va à un anniversaire, boit comme un trou, sort avec un inconnu et rentre chez elle. Se trouvant sans cigarettes, elle ressort pour en acheter (l’action se déroule à New York) et se fait renverser par une voiture. Tuée sur le coup. Morte, mais juste 5 secondes, car dans la foulée elle se réveille dans les toilettes de l’appartement où elle fêtait l’anniversaire quelques heures auparavant. Le temps a fait machine arrière. Quelques heures plus tard, elle se fait de nouveau tuer. Et revient dans les toilettes…
 Ce principe de soirée qui se répète à l’infini est parfaitement mené, avec son lot de rebondissements et de nouveaux personnages. Un peu comme nous actuellement, chaque journée de confinement ressemblant un peu trop à la précédente. Mais il n’y a que 8 épisodes à la saison 1…

DVD et VOD - Les Municipaux vont enfin pouvoir se la couler douce


Heureux employés municipaux de Port-Vendres. Du moins ceux de la série de films interprétés par les Chevaliers du Fiel. Si le premier, tiré des spectacles, a bien fonctionné au box-office, le second, « Les Municipaux, trop c’est trop » (M6 Vidéo et sur toutes les plateformes de VOD) a connu un relatif échec condamnant la mise en chantier d’un troisième opus qui de toute manière n’était pas dans les cartons d’Éric Carrière, le scénariste et moitié du duo comique sudiste. Pourtant cette suite valait au moins autant le détour que la première.


Le scénario était un poil plus élaboré et surtout donnait de jolis rôles aux personnages secondaires. Francis Ginibre et Eric Carrière étant irréprochables comme d’habitude dans leurs caricatures de rois des fainéants, il fallait trouver un autre ressort pour relancer l’intérêt des spectateurs. Le mariage d’un des Municipaux avec une femme-monstre était l’occasion rêvée.
Dans le rôle de Véro, la mangeuse d’hommes, Angélique Panchéri en fait des tonnes. Avec succès. Car quand il faut faire rire, parfois, plus c’est gros, plus c’est plaisant. Ses mimiques de nymphomane affamée (alors qu’elle n’a pas spécialement un physique avantageux) ont de quoi faire paniquer tout mâle qui redoute de quitter les jupons de sa maman (en l’occurrence Marthe Villalonga, infatigable actrice de la région).
 En ces jours peu réjouissants, une bonne tranche de rigolade au premier degré ne peut pas faire de mal. Alors merci les Municipaux, merci les Chevaliers du Fiel. 

vendredi 20 mars 2020

Avec Izneo, vous lisez vos BD sur tablette ou ordinateur


S’il est un produit culturel dont la forme importe, c’est bien l’album de BD. Couverture cartonnée, grandes pages où la mise en page de toutes les vignettes a une grande importance… lire une BD c’est physique.
Pourtant depuis des années il existe un service sur le net qui permet d’acheter ses BD en virtuel. Izneo a vu le jour en 2012. Douze des principaux éditeurs de bande dessinée en France et en Belgique ont investi dans cette plateforme permettant d e lire toutes les nouveautés d’un simple clic, sans se déplacer en magasin. Et bien sûr pour un prix moindre, la partie fabrication, distribution et vente disparaissant des coûts généraux. 

Mais si le catalogue d’Izneo est conséquent (pas moins de 30 000 albums disponibles), les ventes n’ont jamais véritablement décollé. La faute à la façon de lire de la BD… Seuls les mangas, destinés aux plus jeunes rencontrent un succès non négligeable. Mais ça, c’était avant, avant le grand confinement et l’impossibilité de sortir de chez soi pour déambuler dans les rayons d’une librairie à la recherche d’un titre qui pourrait nous intéresser. Aujourd’hui, comme par miracle, Izneo attire notre attention et on se dit que finalement, la lecture sur écran, peut avoir quelques avantages.

Sans chercher à vous convaincre, force est de constater que les amateurs de dessins léchés et autres scrutateurs des détails infimes vont prendre leur pied. Car avec Izneo, on a la possibilité d’agrandir les planches. Au point de zoomer sur une seule case, découvrant ainsi le mouvement du pinceau de l’artiste, la hachure qui donne toute sa vie au personnage ou l’ombre essentielle à l’ambiance.
La meilleure façon de lire une BD en numérique c’est de s’y prendre en deux fois. Première étape, ne pas trop agrandir les planches, juste ce qu’il faut pour lire les bulles et conserver la vision d’ensemble de la page pour comprendre le sens de la narration. Mais dans un deuxième temps, on peut se consacrer uniquement à la partie dessinée. Oublier l’intrigue et les dialogues pour n’admirer que les dessins.
Et parfois c’est une claque monumentale. Essayez avec n’importe quel album de Moëbius ou Giraud, plongez dans l’univers d’Hermann, notamment la série Comanche et laissez la magie opérer. 


De plus, Izneo offre la possibilité d’acheter les albums à l’unité ou dans un système d’abonnement. Le premier prix est à 6,99 € et donne la possibilité de lire 10 albums par mois dans une sélection de 4 000 titres. Mais en cette période de confinement, si vous êtes des grands lecteurs dans la famille, la formule Izneo Family offre un nombre illimité de titres par mois (toujours dans la sélection de 4 000 titres) et 6 connexions simultanées.
Et comme le premier mois est offert, c’est un confinement plein de BD que vous pouvez ainsi offrir aux petits et grands de la cellule familiale. Et pendant ce temps, vous n’aurez pas envie de vous étriper. 


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Lecture case à case 


Et sur smartphone, ça donne quoi la lecture d’une BD. En dehors de se bousiller les yeux, il n’y a que peu d’intérêt. Sauf si on utilise la fonction « eazycomics ». Une simple application à télécharger avec son abonnement à Izneo et la planche est découpée automatiquement en vignettes. Il faut bien le dire, découvrir un roman graphique de 200 pages dans le genre de Silence de Comès est un peu laborieux. Par contre pour la lecture de gags en une planche ou mieux de strips, la fonction est géniale. Les jeunes adorent.

Donc si vous êtes prêts à tenter l’expérience on peut vous conseiller de débuter avec « Dad » de Nob chez Dupuis, les mésaventures comiques d’un père isolé avec quatre filles à charge ou le très bon « Retour à la terre » de Ferri et Larcenet chez Dargaud. Le dernier tome est paru l’an dernier et ne coûte que 7,99 € sur Izneo. 

Série télé - Partez en excursion sur Netflix à bord du bus de « Bloodride »


Les Norvégiens sont de grands consommateurs de série télé. Et loin de se contenter des productions extérieures, ils en signent de nombreuses, souvent d’excellente qualité. Pour les découvrir, Netflix est souvent un passage obligé. Après le très nordique Ragnarok », voici « Bloodride » de Kjetil Indregard.
Ce n’est pas à proprement parler une série. Juste une anthologie de courts-métrages horrifiques longs d’une trentaine de minutes. Pour lier le tout, chaque protagoniste des six premiers épisodes, prennent place dans un vieux bus.
Parmi les différents épisodes, « Sacrifice ultime » et « Un terrible écrivain » sortent du lot. Le premier montre une famille s’installant dans un petit village où tous les habitants dorlotent des animaux de compagnie au-delà du raisonnable. Mais pour quelle raison ?
L’histoire de l’écrivain est une sorte de ruban de Moebius de la création littéraire, chaque romancier étant en fait le personnage d’un autre écrivain jouant avec ses nerfs. Jusqu’au créateur final qui lui, n’est pas dans un monde virtuel.
Des expériences angoissantes, un peu dans le style de Black Mirror, autre anthologie visible sur Netflix.

DVD - « Camille », le film d’une passion photographique mortelle


Le film Camille (Pyramide Vidéos), c’est « l’histoire d’une jeune femme idéaliste qui rêve de devenir photojournaliste pour venir en aide à des populations oubliées », selon les explications du réalisateur Boris Lojkine dans le dossier de presse au moment de la sortie de ce biopic en salles.
Camille, c’est la jeune Française Camille Lepage, photographe de presse indépendante, qui a couvert le printemps arabe au Caire, les combats au Sud Soudan puis la guerre civile entre Séleka et anti-Balaka en République Centraficaine. C’est là, dans le nord du pays, qu’elle est tuée par les Séleka au cours d’une embuscade. Elle suivait les milices qui tentaient de contrer l’offensive des Séleka.


Pour se documenter sur un milieu qu’il ne connaissait pas particulièrement, le réalisateur est allé à Perpignan rencontrer d’autres photographes lors du festival Visa pour l’image. Une des premières scènes s’y déroule. On y voit la jeune Camille tentant de sensibiliser les décideurs sur cette guerre oubliée. On lui demandera surtout de trouver son style.
L’essentiel du film la montre à Bangui puis en province. Elle se fond dans la population. Sa jeunesse lui permet de vivre en immersion avec les étudiants de la capitale.
 Elle est insouciante, cherchant sans cesse à être présente quand il se passe quelque chose. Mais seule, à 26 ans, c’est compliqué. Elle n’aura pas le temps de trouver son style. Le film explique cet engrenage, cette fin inéluctable. Les risques du métier.



BD -  Les voyages immobiles du vieil homme



Abel, le personnage principal de l’album « Le voyage d’Abel » signé Sivan et Duhamel est un peu comme nous : confiné. Mais lui, c’est depuis la naissance dans ce petit village perdu au fin fond de la France.

L’avantage, c’est qu’il peut quand même circuler de sa chambre à son poulailler en passant par la boulangerie et les près où il parque ses brebis sans avoir à monter une attestation dérogatoire. Abel, vieux paysan solitaire qui rêvait de devenir marin.

Alors il commande par correspondance des guides touristiques et sans quitter sa cuisine va du Costa Rica à l’Éthiopie en passant par le Vietnam.
Cette jolie et émouvante histoire dresse le portrait de la solitude dans nos campagnes, avec la mort d’une génération frustrée au bout du chemin.




« Le voyage d’Abel », Bamboo Grand Angle, 14,90 €, disponible en version numérique sur Iznéo

Roman. Les véritables aventures merveilleuses de Taram



Parues dans les années 60, « Les chroniques de Prydain » de lloyd Alexander ont rencontré un immense succès. Essentiellement dans le monde anglo-saxon, plus sensible à ces sagas d’héroic-fantasy.
Dans les années 80, Walt Disney a signé une adaptation des deux premiers tomes dans le dessin animé intitulé « Taram et le Chaudron magique ». Les littératures de genre, notamment quand elles s’adressent aux adulescents devenant très tendance en France (merci Harry Potter), les éditions Anne Carrière ont décidé de rééditer ce classique. Le premier tome est sorti mi-janvier, le second en février. Normalement le 3 est programmé en mai, mais la crise sanitaire et le confinement décidé par le gouvernement avec fermeture des librairies et l’arrêt de toute activité non essentielle, va sans doute chambouler ce programme. 
Que cela ne vous empêche pas de lire les deux volumes parus « Le livre des trois » et « Le chaudron noir », certainement disponible dans la grande surface que vous ne manquerez pas de visiter pour vous réapprovisionner en nourritures terrestres (ces livres ne sont pas disponibles en version numérique). Taram est un jeune apprenti chaudronnier rêvant de gloire et d’actions héroïques. 
Mais pour l’instant il fabrique des fers à cheval et doit garder Hen Wren, « la seule truie divinatrice de Prydain, et la plus précieuse. » Quand elle s’échappe, Taram court après elle dans la forêt. Là il va tomber sur un chevalier terrifiant : « Le masque était constitué d’un crâne humain duquel sortaient de grands bois de cerf menaçants. À travers les orbites dans l’os blanchi, les yeux du Roi Cornu semblaient un brasier. » Une rencontre qui va faire basculer le destin de Taram.
C’est le début de ces aventures merveilleuses et fantastiques qui courent sur cinq volumes. Parfait pour se changer les idées et voyager dans des territoires nouveaux, exempts de confinement, de virus et autres contraintes matérielles si rudes à supporter.


« Les Chroniques de Prydain », tomes 1 et 2, Anne Carrière, 15 €
 

jeudi 19 mars 2020

VOD : découvrez UniversCiné et LaCinétek


Ce n’est pas parce qu’on est confiné que l’on doit forcément passer son temps à consommer des séries Netflix ou Amazon, voire à regarder Hanouna dans son salon comme si de rien n’était. Non, il existe aussi des lieux virtuels où le cinéma de qualité a droit de cité. Deux adresses à découvrir en ce troisième jour de confinement, deux hauts lieux du cinéma d’art et d’essai : UniversCiné et LaCinétek

Si vous avez un abonnement au Castillet de Perpignan, au Colisée de Carcassonne ou au Théâtre de Narbonne, vous vous retrouverez en territoire connu. La programmation est pointue, exigeante, de qualité. 


L’avantage c’est que ce ne sont pas deux ou trois films à heure fixe que vous pourrez regarder mais des milliers de titres, des premiers films muets du début du XXe siècle aux nouveautés de l’an dernier. Et si la crise dure trop longtemps, certains distributeurs indépendants envisagent même de zapper la sortie en salle pour aller directement sur le marché de la VOD.

De l’air au cœur de la nuit

Rien de sûr pour l’instant, mais l’embouteillage des sorties une fois le confinement levé obligera les exploitants à faire des choix de programmation. Dès lors, certaines productions devront passer par la VOD pour exister. 

Sur UniversCiné, vous pouvez louer les films à l’unité ou par lots. Les fans peuvent même acheter la copie avec la possibilité de la revoir sans limite dans le temps. Plusieurs formules sont proposées, la location à l’unité mais également des Pass de 5 à 20 titres pour faire son marché en toute décontraction. Notons qu’UniversCiné propose des sélections thématiques. Depuis deux jours est apparue une rubrique « De l’air » proposant une sélection de longs-métrages filmant les grands espaces. 



LaCinétek se veut la cinémathèque des réalisateurs. Là, c’est le cinéma d’auteur qui est le plus mis en avant.
Pour voir ces films, vous pouvez aussi passer par la location à l’unité ou vous abonner (2,99 € par mois, sans engagement) à la formule sélection du mois, 10 films sur une thématique. En ce moment c’est « Au cœur de la nuit » avec « Ma nuit chez Maud » d’Eric Rohmer, « Le dernier métro » de François Truffaut ou « Night on Earth » de Jim Jarmush. Au final cela risque d’être un peu cher, mais au moins on sait que l’argent dépensé va en grande partie dans l’escarcelle des artistes et pas sur les comptes offshore des multinationales du divertissement.




Roman. Et si le mal arrivait ?


 Dans « Et le mal viendra » de Jérôme Camut et Nathalie Hug qui vient de sortir en poche chez Pocket et qui est disponible en version numérique sur le site de Fleuve Noir on retrouve deux des protagonistes de leur précédent thriller, « Islanova ». Julian Stark, le flic et Morgan Scali, le terroriste. Le récit se déroule avant et après les événements racontés dans « Islanova », roman lui aussi disponible en version numérique.

Au début du roman, Scali, traumatisé par la mort de sa femme dans l’attentat du Bataclan, a tout plaqué. Il vient d’arriver dans une réserve au Congo. Il va utiliser sa science des drones pour tenter de mettre fin au braconnage. Il s’enfonce dans la forêt et se retrouve nez à nez avec un silverback, un gorille, mâle dominant à dos argenté. Les scènes dans la jungle sont comme toujours avec les Camug d’une vérité criante. On s’y croit. Comme on sent les odeurs immondes des bidonvilles qui ouvrent les yeux de Scali. En Afrique, des milliers d’enfants meurent tous les jours en raison de l’eau impure. Il faut changer cette fatalité. Il essaiera en douceur.

Puis de façon plus directive, comme pour donner un électrochoc à l’Occident opulent.

Le récit va de l’Afrique à New York en passant par l’Allemagne et bien sûr l’île d’Oléron. Les auteurs, sans justifier la dérive de Morgan Scali, ont tenté de comprendre comment on peut basculer dans des actions extrêmes. Comment, aussi, on entraîne des hommes et femmes derrière soi. Bref, comme l’expliquent Jérôme Camut et Nathalie Hug « imaginer le parcours d’un humaniste qui finira par prendre les armes pour imposer ses idées. » En cette période de confinement et de pandémie, ces deux romans qui peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre dressent le constat d’une société de plus en plus individualiste. Espérons que l’épreuve que le pays (le monde…) traverse actuellement fera un tout petit peu avancer les choses dans ces domaines si précieux de la solidarité, de l’entraide et du partage des richesses. Sinon, effectivement, « Le mal viendra… »

« Et le mal viendra » de Jérôme Camut et Nathalie Hug, Pocket, 8,70 €, disponible en version numérique.