Ce sont les débuts d'Erlendur qui sont racontés dans « Les nuits de Reykjavik » d'Arnaldur Indridason. Célibataire, solitaire, Erlendur est un simple policier de base. Il est affecté aux patrouilles de nuit. Une vie décalée, à pourchasser les ivrognes et autres petits cambrioleurs. Rien de bien palpitant. Mais il fait son travail avec diligence, bon camarade, un peu taiseux mais toujours partant. Ce roman d'Arnaldur Indridason, moins pessimiste que les précédents, quand Erlendur enquêteur à la criminelle côtoie l'horreur au quotidien, montre comment le jeune policier a découvert sa vocation. Une intrigue emberlificotée à souhait, pleine de chausses-trappes et de fausses pistes. Au final Erlendur résoudra deux affaires et gagnera l'estime de ses futurs collègues. (Points, 7,70 €)Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
jeudi 14 janvier 2016
Poche : Les nuits de Reykjavik
Ce sont les débuts d'Erlendur qui sont racontés dans « Les nuits de Reykjavik » d'Arnaldur Indridason. Célibataire, solitaire, Erlendur est un simple policier de base. Il est affecté aux patrouilles de nuit. Une vie décalée, à pourchasser les ivrognes et autres petits cambrioleurs. Rien de bien palpitant. Mais il fait son travail avec diligence, bon camarade, un peu taiseux mais toujours partant. Ce roman d'Arnaldur Indridason, moins pessimiste que les précédents, quand Erlendur enquêteur à la criminelle côtoie l'horreur au quotidien, montre comment le jeune policier a découvert sa vocation. Une intrigue emberlificotée à souhait, pleine de chausses-trappes et de fausses pistes. Au final Erlendur résoudra deux affaires et gagnera l'estime de ses futurs collègues. (Points, 7,70 €)mercredi 13 janvier 2016
BD : Grandeur et misère du commerce

« Le grand A », Futuropolis, 20 euros
mardi 12 janvier 2016
BD : Les heureux hommes de Durieux

« Les gens honnêtes », Dupuis, 15,50 euros
lundi 11 janvier 2016
Livre : Quand le quotidien devient insupportable
Un notaire devient délinquant, un chanteur perd sa voix, un président s'émancipe. Petites rébellions du quotidien dans ce roman vif et incisif de Jean-Pierre Brouillaud.
Chaque jour suffit sa peine. Surtout chaque jour ressemble au précédent et sera sans doute identique au suivant. On appelle cela le train-train, la routine... La plupart du temps on s'en contente. Au contraire, on peste quand le « prévu » ne se passe pas comme désiré. D'autres à l'opposé, rêvent d'inattendu, d'exceptionnel. Ce court roman de Jean-Pierre Brouillaud explore cette face aventureuse d'individus mal dans leur petite vie étriquée.
Premier à entrer en scène, Henri Brunovilliers. Ce notaire de 50 ans, a toujours été terne et effacé. Il n'a jamais rué dans les brancards. Pas de crise d'adolescence, de rejet des parents et autre transgression. Mais aujourd'hui, Henri a décidé de franchir le pas, de devenir un délinquant. Pour la première fois de sa vie il va être hors-la-loi. Dans ses rêves de grandeur il se voit tel un truand adulé des foules. En réalité il a simplement l'intention de prendre le métro sans acheter de ticket...
Avec gourmandise, l'auteur décrit le cheminement intellectuel tortueux de ce notaire, insoupçonnable, en train de frauder comme un vulgaire petit voyou de banlieue. Il mettra du temps à se décider. Oser affronter les regards, réussir à enjamber le tourniquet, sortir des griffes du portillon automatique. Mais il y arrive enfin et le voilà enfin primodélinquant : « avoir pour la première fois à cinquante ans passés, osé braver l'interdit; avoir pour la première fois, à cinquante ans passés , défié la toute puissance de la loi; avoir pour la première fois à cinquante ans passés, agi autrement que convenablement. Un voyage sans ticket, donc. Mais avec un supplément d'âme. » Henri jubile, puis déchante. Une fois dans la rame, personne ne fait la différence. A moins que des contrôleurs ne lui donnent l'occasion de clamer à la face du monde sa rébellion. Henri sert de fil rouge sur cette ligne de métro où il s'en passe de belles.
Le président et la conductrice
On croise également dans la rame une épouse qui s'affranchit enfin de son mari toxique et va assister, seule, au concert d'un chanteur de charme qu'elle adore et qu'il abhorre. Il y a aussi cette jeune femme qui décide, enfin de quitter son fiancé. Elle veut bien être sympa, mais elle ne supporte plus ses fautes dans les textos. Le « Bone journée bébé » reçu en début de matinée était de trop.
Il y a aussi le président de la République qui décide de se rapprocher du peuple et prend donc le métro. Incognito. Enfin presque... Sans oublier la conductrice du métro, Evelyne. Son rêve c'est de ne pas devoir freiner toute les deux minutes, de filer plein gaz sans se soucier des passagers, des arrêts. « Elle s'imagine qu'elle se dirige tout droit vers la mer, le soleil et la douceur de vivre. » C'est ça sa petite rébellion à elle.
Chaque jour suffit sa peine. Surtout chaque jour ressemble au précédent et sera sans doute identique au suivant. On appelle cela le train-train, la routine... La plupart du temps on s'en contente. Au contraire, on peste quand le « prévu » ne se passe pas comme désiré. D'autres à l'opposé, rêvent d'inattendu, d'exceptionnel. Ce court roman de Jean-Pierre Brouillaud explore cette face aventureuse d'individus mal dans leur petite vie étriquée. Premier à entrer en scène, Henri Brunovilliers. Ce notaire de 50 ans, a toujours été terne et effacé. Il n'a jamais rué dans les brancards. Pas de crise d'adolescence, de rejet des parents et autre transgression. Mais aujourd'hui, Henri a décidé de franchir le pas, de devenir un délinquant. Pour la première fois de sa vie il va être hors-la-loi. Dans ses rêves de grandeur il se voit tel un truand adulé des foules. En réalité il a simplement l'intention de prendre le métro sans acheter de ticket...
Avec gourmandise, l'auteur décrit le cheminement intellectuel tortueux de ce notaire, insoupçonnable, en train de frauder comme un vulgaire petit voyou de banlieue. Il mettra du temps à se décider. Oser affronter les regards, réussir à enjamber le tourniquet, sortir des griffes du portillon automatique. Mais il y arrive enfin et le voilà enfin primodélinquant : « avoir pour la première fois à cinquante ans passés, osé braver l'interdit; avoir pour la première fois, à cinquante ans passés , défié la toute puissance de la loi; avoir pour la première fois à cinquante ans passés, agi autrement que convenablement. Un voyage sans ticket, donc. Mais avec un supplément d'âme. » Henri jubile, puis déchante. Une fois dans la rame, personne ne fait la différence. A moins que des contrôleurs ne lui donnent l'occasion de clamer à la face du monde sa rébellion. Henri sert de fil rouge sur cette ligne de métro où il s'en passe de belles.
Le président et la conductrice
On croise également dans la rame une épouse qui s'affranchit enfin de son mari toxique et va assister, seule, au concert d'un chanteur de charme qu'elle adore et qu'il abhorre. Il y a aussi cette jeune femme qui décide, enfin de quitter son fiancé. Elle veut bien être sympa, mais elle ne supporte plus ses fautes dans les textos. Le « Bone journée bébé » reçu en début de matinée était de trop.
Il y a aussi le président de la République qui décide de se rapprocher du peuple et prend donc le métro. Incognito. Enfin presque... Sans oublier la conductrice du métro, Evelyne. Son rêve c'est de ne pas devoir freiner toute les deux minutes, de filer plein gaz sans se soucier des passagers, des arrêts. « Elle s'imagine qu'elle se dirige tout droit vers la mer, le soleil et la douceur de vivre. » C'est ça sa petite rébellion à elle.
Michel Litout
« Les petites rébellions » de Jean-Pierre Brouillaud, Buchet-Chastel, 14 €BD : De Gainsbourg à Gainsbarre

Compositeur génial, chanteur étonnant et provocateur impénitent, Serge
Gainsbourg est devenu après sa mort une sorte d'icône rock pour toute une génération. François Dimberton et Alexis Chabert signent une biographie dessinée de l'homme à la tête de choux. De l'arrivée de ses parents en France et sa naissance en 1928 à sa mort, dans son « hôtel particulier » parisien en 1991, on suit le parcours de ce surdoué, peintre puis musicien, devenu millionnaire après avoir découvert qu'une petite chanson pouvait rapporter beaucoup plus (et plus vite) que des passages dans des cabarets. Gainsbourg c'est aussi une passion pour les jolies femmes. La BD s'articule autour de ses nombreuses histoires d'amour, de sa première femme Lise à Bambou, la mère de Lulu, son fils adoré. Entre, il y a Brigitte Bardot et Jane Birkin. Ses deux égéries qu'il adore, mais pas autant que l'alcool. Le drame de ce touche-à-tout (il a également monté une comédie musicale, écrit un roman et tourné plusieurs films) c'est sa propension à se détruire. Il a collectionné les pépins de santé les dernières années, mais ne s'est jamais assagi, noyant ses chagrins dans des litres de Ricard et de champagne. Jusqu'à ce silence qui dure, dure...
« Gainsbourg », Jungle, 14,95 €
dimanche 10 janvier 2016
BD : Moments de grâce avec Jim

« De beaux moments », Bamboo, 18,90 euros
DE CHOSES ET D'AUTRES : Dussart télévisuel

Voilà largement plus de dix ans qu'Éric Dussart passe ses journées et ses nuits à regarder la télé un calepin à la main. Il traque toutes les bourdes, erreurs, lapsus et autres approximations qui transforment ce média en antidépresseur radical. Comment ne pas rire à la vie lorsqu'une candidate à une quelconque téléréalité déclare sentencieusement "Je suis têtue comme une moule" ou cet autre "Moi je me sens bien... Comme un coq en plâtre".
Dans la catégorie jeux, les réponses à certaines questions méritent d'être enterrées au Panthéon de l'absurdité. "Qui a écrit la Marseillaise ? Il venait pas de Marseille. C'est une feinte... Rouget de Bordeaux". L'intégrale du "Maillon faible" mériterait d'être repris dans ce livre. Juste un exemple : "Si les abeilles volent en essaim, en quoi se regroupent les sardines ? En boîtes !".
Terminons par cette remarque relevée dans "Confessions intimes", résumant le brio de ces "vedettes" du petit écran : "Quand tu dormiras, tu me feras signe."
"Brèves de télé, le pire de A à Z", Chiflet, 10 euros.
samedi 9 janvier 2016
BD : La double vie d'Esmera

« Esmera », Glénat, 24 euros
DE CHOSES ET D'AUTRES : Housse spéciale
Tout ce que je demande à une voiture c'est de me conduire d'un point A à un point B. Contrairement à la majorité je ne m'extasie pas devant ses performances cinétiques, ni ses courbes et encore moins sa couleur.
Une voiture reste juste un moyen de locomotion pratique. Pour d'autres elle s'apparente à un bijou qu'il faut protéger, astiquer, bichonner. Et pas forcément faire rouler. Pour preuve cette publicité dans le dépliant d'une grande surface qui propose pour à peine plus de 20 euros, une housse de protection. Mais attention en plus de résister « à tous types de désagréments » (mais qu'est ce qui tombe du ciel en dehors de la pluie ?), elle possède ce petit plus qui fait la différence : « une fermeture éclair au niveau de la portière afin d'éviter le retrait total de la housse ».
Il existe donc des conducteurs qui voudraient pénétrer dans leur auto sans en retirer la housse ? Mais alors, pour y faire quoi ? Car la housse n'est pas transparente. Rouler avec confine au suicide. Le maniaque de propreté apprécie peut-être cette ouverture pour faire les poussières. A moins qu'il aime se retirer dans sa voiture, au calme, loin de tout, pour profiter du moelleux de ses sièges. Seul ou accompagné, la housse assure une totale intimité. Peut-être existe-t-il une version chauffante qui permet de la transformer en plaid gigantesque.
Reste la dernière hypothèse : une longue suspension de permis. Le contrevenant protège sa voiture mais peut quand même avoir l'impression de l'utiliser en se mettant au volant tout en faisant « vroum ! Vroum ! ».
vendredi 8 janvier 2016
Thriller : Deux femmes et des meurtres
Deux époques, trois lieux : Johana Gustawsson n'a pas choisi la facilité pour son premier thriller en solo. Cette journaliste française, originaire de Marseille, n'a pourtant plus rien à voir avec le Sud. Elle vit à Londres et son mari, Suédois, lui a fait découvrir la côte ouest de la péninsule scandinave. Son « Block 46 » se déroule en Angleterre et dans la ville de Falkenberg. Le lien entre ces deux lieux : des meurtres selon un même mode opératoire. La question récurrente de ce roman est : un serial killer et deux territoires de chasse, ou un tueur dominant et un élève dominé, chacun chez soi ?
Un travail pour Emily Boy, une des deux héroïnes imaginées par Johana Gustawsson. Cette Canadienne, brillante profileuse, est installée à Londres depuis quelques années. Elle collabore avec Scotland Yard. Par un petit matin, dans un parc, des promeneurs découvrent le cadavre d'un enfant grossièrement dissimulé sous des feuilles mortes. Il a été étranglé, dénudé, lavé. Puis le sadique lui a retiré les yeux et arraché la trachée. Une victime de plus pour ce serial killer qui, depuis quelques mois, a déjà frappé à plusieurs reprises à Londres.
Meurtre en Suède
Au même moment, l'autre personnage principal de l'histoire, Alexis Castells, écrivaine française installée à Londres et spécialisée dans les tueurs en série, part en urgence en Suède. Elle est sans nouvelles de sa meilleure amie, Linnéa, styliste en bijouterie. En compagnie d'une autre amie et du futur époux de Linnéa, elle se rend à Falkenberg, ville côtière recouverte de glace en ce mois de janvier rigoureux. Ils n'ont pas le temps de se rendre à la villa de Linnéa. La police vient de retrouver son cadavre au bord de la plage. Énuclée, la trachée arrachée. Cette information arrive jusqu'à Emily qui se transporte immédiatement en Suède. Avec l'aide d'Alexis, elle va tenter de tracer le portrait de ce tueur et ses recherches vont la mettre sur la trace d'un certain Erich, ancien déporté à Buschenwald.
Le lecteur lui est déjà en partie dans la confidence. Entre les différentes scènes en Suède ou à Londres, on suit la survie d'Erich dans ce camp de la mort. Privations, sévices, travail forcé. Il est affecté dans un premier temps au nettoyage des fours. Cela donne quelques passages particulièrement durs comme cette description : « Face à Erich, plusieurs dizaines de corps nus ou vêtus de haillons étaient pendus à des crochets fixes à quelques centimètres du plafond, comme des pièces de viande. Les visages, tordus par la peur et la douleur, semblaient encore vivants. » Erich sera finalement affecté au Block 46, celui des expérimentations médicales. Il va devenir le bras droit d'une médecin nazi fou, disséquant à longueur de journée des corps décharnés de déportés exécutés quelques minutes auparavant. Toute l'horreur du roman est concentrée dans ces courts passages parfois insoutenables.
Fan d'Agatha Christie, Johana Gustawsson attend les dernières pages pour dévoiler l'identité du tueur. Un dénouement remarquablement amené et qui surprend le lecteur. Des deux héroïnes, Emily, la plus effacée, semble pourtant la plus porteuse. Souhaitons que la profileuse au caractère si fragile revienne dans une nouvelle enquête.
Michel Litout
« Block 46 », Johana Gustawsson, Bragelonne, 20 €
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