jeudi 20 août 2015

Cinéma : Poelvoorde cherche une 'Famille à louer' et découvre la puissance de l'amour

Superbe comédie de Jean-Pierre Améris sur les familles recomposées d'aujourd'hui.


Violette (Virginie Efira), mère célibataire, est criblée de dettes. Elle multiplie les petits boulots mais ne parvient pas à joindre les deux bouts. Prise en flagrant délit de vol de viande dans un supermarché, son procès est médiatisé. Cette mère qui a basculé dans la délinquance pour nourrir ses enfants émeut la France. Elle devient un symbole de la famille soudée. Paul-André (Benoît Poelvoorde), célibataire endurci, est riche à millions. Il n'a plus besoin de travailler depuis longtemps. Dans sa grande maison il s'ennuie. En découvrant le témoignage de Violette à la télévision, il a l'impression de comprendre ce qui lui manque le plus dans cette vie morne : une famille.
Amour et énergie
efira, améris, poelvoorde, famille à louerMais pour être sûr de faire le bon choix, il préfère tester avant de s'engager. Paul-André contacte Violette et lui propose cet étonnant marché : il efface toutes ses dettes si elle accepte de lui louer sa famille durant un mois. Cela implique qu'il s'installe chez elle, fasse comme s'il était son compagnon et s'occupe des deux enfants qui deviendraient de fait un peu les siens. Un peu comme si un Duquesnoy se mettait en (faux) ménage avec une Groseille.
L'idée du scénario est venue à Jean-Pierre Améris de son expérience personnelle. Comme Paul-André il a longtemps refusé de s'engager, de s'investir dans une descendance. Mais l'amour est venu contrecarrer ses projets. Il l'a raconté en juillet dernier à Perpignan lors de l'avant-première de son film au Castillet. Il rencontre celle qui va devenir sa compagne. Mais elle a déjà des enfants. Et le voilà propulsé de solitaire un peu ours à chef de famille.
C'est cette évolution de la mentalité du héros qui est au centre du film. Il faut bien l'avouer, au début le personnage de Paul-André est très antipathique. Il semble penser que tout s'achète. Comme si l'amour, la bonté, l'amitié n'existaient pas. Benoît Poelvoorde a donné une épaisseur à cet homme, mal dans sa peau depuis son enfance et son rejet par sa mère (remarquable Edith Scob). Violette, plus solaire et impulsive, va mettre du temps à dompter ce grand timide introverti. Elle saura lui expliquer que la famille ce n'est pas un concept abstrait mais une boule d'énergie et d'amour qui ne cesse d'évoluer. Elle sera tendre ou dure en fonction des circonstances.
Virginie Efira change complètement de registre, abandonnant sa distinction habituelle pour des expressions et des poses dignes des plus effrontées des cagoles du Sud. Cela finit -forcément- en histoire d'amour, même si le chemin sera long et tortueux pour que le riche bourgeois décèle toute la richesse d'une vie de famille simple et sans majordome, en l'occurrence François Morel dont on ne dira jamais combien il est précieux dans ce type de réalisation.

DE CHOSES ET D'AUTRES : L'enfer au quotidien

Parfois, on se demande pourquoi notre vie ressemble tant à un enfer au quotidien. Chômage, coût de la vie, maladie : personne n'est à l'abri. Quand on se sent frappé, la noirceur s'installe dans notre petite bulle de vie. On peut pleurer sur le sort des autres, mais cela sans aucune utilité. Notre propre malheur a toujours l'air plus pesant. Bombardements, naufrages, famine ou pollution au cyanure, s'ils permettent de relativiser, ne calment en rien nos propres tourments. Ce n'est pas parce qu'il y a plus désespéré que soi que nos souffrances en sont adoucies. La solution pour se sortir de ce cercle infernal (plus on pense à notre malheur, plus on se désespère) consiste plutôt à se couper du monde extérieur. Se recentrer sur soi. Sans aller jusqu'à prôner aveuglément la « positive attitude » de la chanteuse Lorie, pourquoi ne pas se féliciter de tous ces petits moments de la vie, infimes, futiles mais si gais quand on y réfléchit bien. Exemple pratique : votre voiture est vieille ? Non, votre voiture roule toujours malgré les milliers de kilomètres affichés au compteur. Vous n'avez presque plus d'argent sur votre compte en banque ? Tant que vous n'êtes pas à découvert, tout est permis. Vos enfants ne vous parlent plus ? Etes-vous sûr qu'ils sont de vous ? (pour les femmes, envisagez la possibilité d'un échange à la maternité). Vous venez de perdre votre emploi ? A votre tour de profiter de la solidarité nationale. Vous êtes mort ? Ah non, là je ne peux rien faire. Mais si vous lisez ces lignes c'est que ce n'est pas le cas. Alors souriez nom d'un chien !
PS : en bonus qui tue : le clip de Lorie !

mercredi 19 août 2015

Cinéma : Femmes, mode d'emploi dans "La belle saison"

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Film sur la libération des femmes, 'La belle saison' de Catherine Corsini raconte la difficile émancipation du sexe trop longtemps considéré comme faible.


Au début des années 70, le rôle de la femme dans la société française se réduisait souvent à faire la cuisine et satisfaire le mari. Cela semble un poil caricatural et pourtant... Catherine Corsini, en réalisant La belle saison a certainement voulu rafraîchir la mémoire à quelques machos oublieux du combat titanesque du MLF, Mouvement de libération de la femme. Le long-métrage raconte la rencontre de deux femmes que tout oppose et qui vont pourtant s'apprécier, s'épauler puis s'aimer. Dans son Auvergne natale, Delphine (Izïa Higelin) aide ses parents à la ferme. A 18 ans elle sait traire les vaches, conduire un tracteur et rentrer les foins. Mais elle est en butte avec les envies de son père de lui trouver un mari qui pourrait l'aider. Or, Delphine aime les femmes. Une homosexualité considérée comme une maladie à cette époque. Oppressée dans ce milieu étriqué, elle 'monte' à Paris et trouve un emploi de secrétaire. Sur le chemin du travail elle croise le chemin de Carole (Cécile de France), blonde exubérante, professeur d'espagnol et militante féministe. La jeune provinciale va découvrir ce milieu exclusivement féminin dans lequel elle s'épanouit. Réunions agitées, actions éclairs sur les plateaux télé ou au cours de réunions d'associations familiales catholiques : les deux amies multiplient les coups. Et logiquement Delphine tombe amoureuse de Carole. Mais cette dernière, toute féministe qu'elle est, vit avec un homme, de gauche mais jaloux. Même d'une femme...
Homosexualité et ruralité
La romance compliquée entre les deux amies est filmée avec pudeur et grâce. Mais on retiendra surtout du film de Catherine Corsini la description du milieu féministe parisien puis la difficulté pour Delphine à avouer son orientation sexuelle à ses parents et collègues agriculteurs. Si la Parisienne n'hésite pas à s'afficher, il n'en est pas de même de la provinciale. "Je n'en ai pas rien à foutre de ce que pensent les autres, moi !" jette Delphine à la face de Carole. La problématique de l'homosexualité en milieu rural a rarement été abordée au cinéma. La belle saison est assez dure avec un monde décrit comme peu tolérant. La vision qu'en a donnée Alain Guiraudie dans Le roi de l'évasion est plus étonnante : le héros, représentant en machines agricoles, concluant toutes ses ventes par une partie de jambes en l'air... Mais on est dans un registre différent. Catherine Corsini a voulu un film témoignage, un manifeste, une comédie militante en hommage à ces femmes de fer et de conviction.
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 Izïa Higelin, fille de saltimbanque
belle saison, izia higelin, cecile de france, corsini, mlf, homosexualitéElle endosse la peau de cette fille de paysan avec une aisance incroyable. Izïa Higelin, déjà récompensée d'un César pour son premier rôle dans le film Mauvaise fille est de ces comédiennes qui osent tout. Au volant de son tracteur ou juchée en haut de la moissonneuse-batteuse, elle est crédible de bout en bout. Une femme forte, mais pleine de doutes. Attachée à cette terre, ce patrimoine, cette vie au grand air. Pourtant elle est insatisfaite, bloquée par l'étroitesse d'esprit de ses voisins. Une double personnalité peu évidente à interpréter. Mais Izïa Higelin a de qui tenir. Cette fille de saltimbanque, après nombre de concerts et trois albums, a décidé, comme son père Jacques à ses débuts, de toucher à tout ce qui peut être artistique. Sur scène, son énergie débordante fait des merveilles, son dernier tube La Vague en est l'illustration parfaite. Devant une caméra, il faut parfois savoir aller contre son tempérament. Delphine est secrète, timide et introvertie. C'est dire s'il s'agissait d'un rôle de composition pour la fougueuse Izïa.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Tong alors !

tong, amende, louboutin, voiture, scooter, shortQuatre-vingt-dix euros. Le prix de bonnes chaussures de ville. La conductrice de Haute-Garonne récemment verbalisée car elle était au volant en tongs aurait mieux fait de craquer pour une paire de Louboutin (même si ces talons de 15 cm ne favorisent pas l'utilisation des pédales). Certes le prix n'est pas le même, mais au moins c'est joli. Le paradoxe c'est que l'affaire rendue publique a permis aux consommateurs de constater que la gardienne de la paix s'est montrée un peu trop zélée. Il n'est pas interdit stricto sensu de conduire en tongs. Mais le représentant de la loi peut exiger que « tout conducteur doit se tenir constamment en état et en position d'exécuter commodément et sans délai toutes les manœuvres qui lui incombent. » Freiner en urgence avec des tongs est effectivement handicapant et dangereux. Surtout si on transpire des pieds. Les tongs, longtemps appelées claquettes dans les campagnes françaises, sont pourtant incontournables dans la région en été. Idéales pour faire le trajet du bungalow à la plage, leur confort pousse nombre de vacanciers à ne plus les quitter. Si en voiture on peut encore argumenter, par contre en scooter, elles sont complètement interdites. Paradoxe ultime : un conducteur de deux-roues qui porte bien un casque mais est habillé en short, tee-shirt et tongs. Et le « friday wear » mode anglo-saxonne qui privilégie la tenue sportive-classe le vendredi, n'autorise personne à venir travailler en tongs. La limite de la décontraction reste le bon goût.   

mardi 18 août 2015

BD : Reine chinoise


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Cap vers l'Asie pour la nouvelle héroïne de la collection « Les Reines de Sang ». Après avoir suivi les parcours d'Isabelle, la Louve de France, Aliénor, la légende noire et Frédégonde, la sanguinaire, découvrez la vie tumultueuse et machiavélique de Tseu Hi, impératrice de Chine à la fin du XIXe siècle. Philippe Nihoul raconte ce destin dessiné par Fabio Mantovani. Jeune fille un peu trop délurée pour l'époque, la jolie Tseu Hi va devenir une des nombreuses concubines de l'empereur. Un destin peu enviable car elle se retrouve cloitrée dans la Cité interdite, obligée d'attendre que le souverain daigne s'intéresser à elle. Elle va cependant avoir un allié dans la place, un mendiant devenu eunuque pour échapper à la faim. Tous les deux très ambitieux, ils vont mettre au point un plan pour que Tseu Hi devienne incontournable. Elle apprend donc toutes les techniques possibles pour satisfaire un homme et va même parvenir à tomber enceinte. En devenant mère, elle passe au statut de seconde femme. Un coup du sort plus tard, elle est au pouvoir et devra régler le problème des Européens de plus en plus exigeants. Passionnante histoire où tous les coups sont permis.

« Tseu Hi, la dame dragon » (tome 1), Delcourt, 14,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES : Papier budget ciseaux

En France, on se plaint du poids des cartables des écoliers. A moins de deux semaines de la rentrée des classes, cette information venue des Etats-Unis devrait nous faire relativiser. Un article du Washington Post détaille la liste des fournitures scolaires demandées aux parents dans les écoles publiques. Outre les cahiers et stylos habituels, depuis quelques années - restrictions budgétaires obligent, - la liste ne cesse de s'allonger. L'élève doit fournir des feuilles blanches pour les photocopies, des pansements en cas de bobos et, incroyable mais vrai, des lingettes désinfectantes et des rouleaux de papier toilette. Après avoir supprimé quantité d'activités artistiques et culturelles, les écoles, prises à la gorge au niveau financier, n'ont rien trouvé de mieux pour faire des économies.
Je n'ai aucune idée de l'état des cabinets dans les écoles américaines. Les souvenirs de ceux que j'ai rarement fréquentés en France ne donnaient pas envie. Et de fait, le papier y était très souvent absent. Par contre je me souviens de la scène hilarante d'American Pie, film potache où l'un des personnages, surnommé « Pause caca » dans la version française, devait en toute urgence utiliser les toilettes du lycée. Par chance il y trouve du papier.

Chez nous, la mode des menus végétariens dans certaines cantines communales risque elle aussi d'alourdir les cartables. A cause de feuilles d'un autre genre : de celles dont le boucher emballe le jambon et améliore ainsi nettement le menu épinards-pâtes-courgettes.

lundi 17 août 2015

Livre : Cascade au Mont Aigoual

Solitude et reconstruction pour une jeune femme dans le rude climat des Cévennes au menu de ce roman de Catherine Velle.

aigoual, nuages, un pas, velle, anne carrièreMelting pot de genres dans ce roman signé Catherine Velle. « Un pas dans les nuages » a des airs de terroir avec ses longues odes à la beauté des Cévennes, un embryon de thriller avec un mystérieux « méchant » qui en veut la belle héroïne et enfin un petit côté fleur bleue avec la romance entre la solitaire et le météorologue taciturne. Cette hésitation dans l'orientation principale du texte est la seule réservé à émettre. On est forcément un peu déçu car ces 350 pages sont un peu courtes pour bien développer l'intrique policière, donner réellement l'envie d'aller crapahuter sur les pentes du mont Aigoual et vibrer à cette histoire de coup de foudre un peu téléphonée, météo oblige. Reste un roman idéal pour se distraire en vacances, dépaysant et sans prise de tête.
Alex, le personnage principal, découvre sa nouvelle vie dans les premières pages. Elle a accepté un poste d'animatrice d'une petite radio locale diffusant dans les Cévennes, sur une dizaine de communes isolées. Musique classique, nouvelles et météo composent l'essentiel des quelques heures de programmation quotidienne. Cette radio, lancée par un misanthrope incapable de se remettre de la perte de sa femme dans un accident de voiture, émet depuis un studio installé dans le grenier de la grande maison perchée sur les contreforts du Mont Aigoual. Il y fait très froid l'hiver, humide au printemps et à l'automne, paradisiaque en été, excepté lors des violents orages.

Seule avec sa chienne
Isolée, Alex s'installe en compagnie de sa chienne Pharaonne. La jeune femme cherche à oublier son passé. Il y a encore un an, elle était cascadeuse au cinéma. C'est elle qui doublait sa sœur jumelle, jeune actrice plein d'avenir. Mais cette dernière meurt dans un chute de cheval après avoir usurpé l'identité d'Alex. La presse à scandales a monté l'affaire et Alex est accusée d'être une jalouse ayant tué sa sœur. Après une hospitalisation, elle se remet lentement de la perte de sa « moitié » et tente de repartir à zéro perdue dans la montagne.
Sous une nouvelle identité, elle relance la radio et parvient, à force de gentillesse et de simplicité, à se faire accepter par les locaux, pourtant aussi rugueux que le climat. Du maire au patron du bar ou de l'épicière en passant par la jeune fille (limite cagole...) en mal de strass et de mer, Catherine Velle dresse le portrait d'hommes et de femmes qu'elle semble parfaitement connaître. Il est vrai qu'elle s'est installée dans sa région d'origine après avoir longtemps travaillé à Paris dans la communication d'un grand groupe de presse féminine.
Elle signe là son cinquième roman, suivant ainsi les pas de sa mère, Frédérique Hébrard la créatrice de « La Demoiselle d'Avignon » et de son grand-père, André Chamson, de l'Académie française, lui aussi grand défenseur des Cévennes. Par contre, les scènes très vivantes se déroulant dans le milieu du cinéma semblent inspirées par la carrière de son père Louis Velle. Un des personnages semble d'ailleurs un portrait craché de cet acteur distingué amateur de jolies femmes et fier de son parcours éclectique.
« Un pas dans les nuages » de Catherine Velle, Éditions Anne Carrière, 19,50 €


DE CHOSES ET D'AUTRES : Le triomphe des oubliés

Goldman, Sy, Veil et Renaud. Le quatuor des personnalités préférées des Français selon le Journal du Dimanche se distingue par la discrétion des lauréats. Rien ne sert de multiplier les sorties médiatiques ou de s'exposer dans les journaux people pour être apprécié. Jean-Jacques Goldman, très largement en tête, brille par sa retraite discrète. Pas de disques depuis des années, encore moins de concerts. Cette année il s'est contenté de composer une chanson pour les Enfoirés. Il se fait oublier et paradoxalement tout le monde pense à lui... Idem pour Simone Veil. Voix appréciée et écoutée du centre-droit, elle a surtout compté durant la présidence de… Giscard. Son dernier poste au gouvernement remonte à 1995. Sarkozy, en couverture de Paris Match, en short de bain, bras-dessus bras-dessous avec Carla en bikini, devrait en prendre de la graine. Il n'est que 40e... Induite par son impopularité du moment, Hollande n'obtient qu'une lointaine 50e place, malgré ses congés très discrets.. Omar Sy, second, surfe toujours sur le succès d'Intouchables. Il a pourtant déserté l'Hexagone depuis deux ans pour faire carrière aux USA. Encore plus symptomatique la quatrième place de Renaud. Le chanteur n'est plus que l'ombre de lui-même. Il se bat depuis des années contre son addiction à l'alcool. Dans son cas, on espère que ce soutien du public lui redonnera l'envie de refaire surface. Il se serait remis à écrire et envisage de retourner en studio. Si en plus il a la bonne idée de redevenir caustique, il quittera rapidement ce classement fort consensuel. C'est tout ce qu'on peut lui souhaiter.    

dimanche 16 août 2015

BD : Des zombies à la pelle


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Jean-Luc Istin, grand spécialiste des légendes celtes, abandonne son terrain de prédilection pour se lancer dans l'adaptation du chef-d'œuvre de Romero, « La nuit des morts-vivants ». Classique du cinéma d'horreur, première apparition des zombies, la BD ne garde que la trame du long-métrage. Du jour au lendemain, les morts se relèvent et attaquent les vivants. Quelques rescapés tentent de survivre. Istin a imaginé en fil rouge la tentative de réunification d'une famille séparée. D'un côté le mari et ses deux enfants, dans une grande ville de l'est des USA, de l'autre la mère, bloquée dans un hôtel isolé dans la montagne. La seconde partie est plus angoissante. Pendant que des hordes de zombies tentent de pénétrer dans le bâtiment, les quelques réfugiés s'observent. Lizbeth, la plus normale, prend d'énormes risques pour lancer le groupe électrogène. A l'intérieur le directeur de l'hôtel, fou mégalomane, s'amuse avec son fusil alors que Mandy, psychopathe échappée d'un asile, entend des voix qui lui ordonnent de tuer tout ce qui bouge autour d'elle. Bonetti, au dessin, parvient à distiller une ambiance trouble et inquiétante. Vous n'avez pas fini de faire des cauchemars...

« La nuit des morts-vivants » (tome 2), Vents d'Ouest, 14,50 €

DE CHOSES ET D'AUTRES Allô, le plombier ?

L'été, la presse cherche des sujets originaux. Les journalistes plongent parfois dans ce que l'on appelle dans notre jargon les « marronniers ».Vers le 15 août, les vacances sont incontournables. Hier matin, j'écoute France Info. Un reportage sur l'impossibilité de dégotter médecin, mécanicien ou plombier durant cette période me fait sourire. Je sors chercher le courrier, mon sourire s'efface immédiatement. Des flots d'eau jaillissent de la plaque dans le trottoir sous laquelle se trouve mon compteur. Coup de fil à la société qui envoie une équipe en urgence. Mais la personne me prévient que si la fuite se situe après le compteur, je devrai faire réaliser la réparation par un plombier. Un plombier ! Veille de 15 août ! Ce que me répète le technicien dépêché sur place. « C'est après le compteur, on n'intervient pas ! » Exactement un centimètre après le compteur. Mais « c'est le règlement ! » Passons sur tous les problèmes déjà rencontrés avec cette société et sur la fin de l'échange musclé avec ce « dépanneur » répétant tel un mantra « cétapréleconteur ». Me voilà donc en plein cauchemar de « marronnier », sans eau, à la recherche d'un plombier... Une quinzaine sont établis dans ma commune. Les cinq premiers ne répondent pas. Le sixième décroche mais avoue qu'il part demain en vacances au Portugal. Les accents de détresse dans la voix de mon épouse l'émeuvent et il accepte de venir dans l'heure. Cédric, un artisan aimable et compétent : fuite réparée. Maintenant, je vais faire un sort à la société de distribution d'eau.