lundi 2 mars 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Cinquante nuisances

Qui aime bien châtie bien. Cette maxime est idéale pour parler, en mal forcément, du phénomène de ce début d'année qu'est « Cinquante nuances de Grey ». Avant d'être le film aux deux millions d'entrées en une semaine, les aventures érotico-sentimentales de Grey et de la jeune Steele, ont fait rêver des millions de femmes dans sa version roman. Fanny Merkin a fait bien mieux. Dans « Cinquante nuisances d'Earl Grey », elle mélange thé et tétons, sucre et stupre. 
La trame de cette parodie qui, selon les éditions Milady, « vous fera mouiller le sachet », est en tous points identique à l'original. Un milliardaire, beau et expérimenté séduit une étudiante, pauvre et vierge. Là où le roman de base n'arrive pas une seconde à nous faire croire à cette histoire trop belle pour être propre, la parodie devient presque plus crédible. Earl Grey a beau être milliardaire, dominateur et habitué au pouvoir, il n'est pas du tout sur la même longueur d'onde de la petite Anna. Il veut bien pêcher, mais pas pécher... Il leur faudra 250 pages (et 50 nuisances) pour se trouver. Et à défaut de mouiller, vous rigolerez...
"Cinquante nuisances de Earl Grey", Fanny Merkin, Milady, 9,90 euros


dimanche 1 mars 2015

Cinéma - Une déesse, un Sanctuaire, des chevaliers

Retour des “Chevaliers du Zodiaque”, manga mythique des années 80.

Les nostalgiques du monde merveilleux des dessins animés japonais vont adorer. Après l’adaptation d’Albator, débarquent sur grand écran les “Chevaliers du Zodiaque”.

Ce film entièrement en images virtuelles est à des millions d’années lumière de l’animation sommaire de la série originelle. Au contraire, le luxe de détails et la fluidité des mouvements démontrent les incroyables progrès réalisés en trois décennies.

La déesse Athéna est cachée sur terre. Le grand Pope veut la tuer pour régner en maître absolu. A ses 16 ans, son tuteur lui révèle sa véritable identité. Elle rencontre aussi les chevaliers de bronze chargés de la protéger. Une première partie sur Terre, avec beaucoup de combats et un peu d’humour, puis un final dans l’arc du Sanctuaire aux décors grandioses. Et encore plus de combats... Du grand spectacle pour grands enfants pas trop regardants sur l’histoire mais avides de scènes fortes et de jolie fin. Une certaine idée que l’on se fait de la vie des Dieux quand on est encore en culottes courtes.

samedi 28 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le salon où on rigole

La dernière scène à la mode ne se trouve pas là où on le croit. Les cafés théâtres ou scènes de stand-up sont dépassés. Le nouveau comique français s'est donné rendez-vous cette semaine au salon de l'agriculture. Comme si la proximité des bêtes à concours provoquait une alchimie génératrice de traits d'humour et de sentences assassines. François Hollande a hérité de la rude tâche de passer en premier. Une inauguration un peu tristounette. Point de saillie mémorable comme celle de l'an dernier quand il a répondu à un gamin à la recherche de Nicolas Sarkozy, que ce dernier ne viendrait plus... Justement cette bête de scène qu'est l'ancien président a fait son come back depuis. Au salon, il a connu l'un de ses plus beaux succès d'improvisation avec un « Casse-toi pov' con » d'anthologie. Cette année il s'est contenté de charrier le président et sa nouvelle promesse non tenue. 
Les deux stars ont du mourron à se faire, les petits jeunes poussent derrière. Un certain Fillon, François de son prénom, a tenté la déclaration fracassante. A la question quel est votre projet pour les agriculteurs, il s'est contenté d'un laconique « Moins les emmerder. » Mais la vedette cette année est sans conteste un petit taureau ibérique. Il a fait fort en s'enquillant une quantité astronomique d'alcools plus ou moins forts. Tout rouge et transpirant, il en a perdu sa rigidité quasi cadavérique. S'égosillant à la recherche de Le Foll, son ministre et guide, il a carrément sauté une barrière de sécurité pour s'inviter en direct sur le plateau d'une émission. Retenez son nom, il a un bel avenir dès qu'il se lâche : Manuel Valls

vendredi 27 février 2015

BD - Les malheurs de la famille


Dans ce Rouergue imaginaire, en plein moyen âge, Michel Folco a imaginé le destin incroyable d'une fratrie peu commune. « Un loup est un loup », paru aux éditions du Seuil, est adapté par Pierre Makyo et dessiné par Federico Nardo. Un sabotier de la petite ville de Racleterre va être papa. Quand les premières contractions apparaissent en pleine nuit, il court chercher la sage-femme. Le travail est long. Et après la naissance de Clodomir, un autre bébé se présente. Des jumeaux ? Non, au final des quintuplés, quatre garçons et une fille. Le dernier, Charlemagne, est le plus futé, le plus intelligent. Ils grandissent dans l'admiration de leurs parents et de toute la population du village. Pourtant le sabotier a bien des soucis. Il doit dans un premier temps se battre en duel avec un maître d'armes susceptible. Plus habitué à manier les outils de précision que le sabre, il s'impose avec une botte secrète qui deviendra légendaire. Quelques années plus tard, il est mordu par un animal enragé. Une vache. Mis en quarantaine, il ne supportera pas cet enfermement et tentera une sortie de force. La garde l'occis. Ses enfants lui promettent : ils le vengeront. Un album fidèle au roman, qui fait la part belle à ces enfants, mignons mais inquiétants.
« Un loup est un loup » (tome 1), Glénat, 14,95 €




jeudi 26 février 2015

Cinéma - “Hungry Hearts” ou les déchirements d’une famille

Ils s’aiment à la folie mais l’arrivée d’un enfant change tout.

Les histoires d’amour finissent mal, en général », chante Catherine Ringer. Cette alchimie qu’est le coup de foudre est parfaitement décortiquée dans la première scène, absolument géniale “de “Hungry Hearts”, film de Saverio Costanzo. Mina (Alba Rohrwacher), jeune Italienne, se retrouve bloquée dans les minuscules toilettes d’un restaurant chinois de New York en compagnie de Jude (Adam Driver). 
Dix minutes plus tard, ils s’aiment. A la folie. Jusqu’à vivre ensemble, se marier et rapidement Mina se retrouve enceinte. Là, tout bascule. Mina, au contraire de Jude qui est ingénieur, est sensible à l’invisible. Elle consulte une voyante qui lui annonce que son enfant sera unique. Autant Jude se réjouit de l’arrivée de ce bébé, autant Mina s’interroge sur son avenir et celui de sa famille. Après l’accouchement, par césarienne, Mina veut protéger son enfant des ondes négatives. Un refus du progrès qui risque de transformer le beau bébé en petite chose rachitique. Jude va devoir réagir.

Trop amoureux
Ce drame, entièrement tourné à New York, est porté par les deux acteurs principaux. Alba Rohrwacher, l’Italienne, joue avec réalisme la dérive de cette femme apeurée, affolée, impuissante à protéger sa progéniture. Adam Driver, l’Américain, campe un père responsable mais encore trop amoureux de la mère de son enfant pour prendre des décisions irrévocables. L’un comme l’autre s’aiment, s’opposent puis s’affrontent dans les affres d’une famille déchirée.


DE CHOSES ET D'AUTRES - La chèvre chinoise

Si les agapes de fin d'année sont totalement oubliées en Occident, en Chine elles n'en sont qu'à leur début. Le calendrier chinois est entré dans une nouvelle année la semaine dernière. Après rat, singe et autre buffle, c'est au tour de la chèvre d'être à l'honneur en 2015. Les Chinois accordent une grande importance à l'horoscope. La chèvre, de façon très générale, possède un tempérament d'artiste, est douée en création et aime vivre entourée des siens, dans le calme.

Des points certes positifs mais si l'on creuse un peu, le reste du profil est peu glorieux, du moins selon le descriptif trouvé sur un site internet : « La chèvre est d'une mauvaise foi déconcertante. Elle n'a aucun sens des responsabilités, aucune initiative et aucune volonté. La chèvre n'est jamais contente de son sort. Elle exaspère son entourage par ses caprices. » Il est précisé un peu plus loin : « Si vous avez une maison de campagne confortable et fréquentée par des artistes, évitez de laisser une chèvre s'y installer. Vous risqueriez de ne pouvoir l'en déloger ». Fariboles ? Pourtant, le cas François-Marie Banier chez Liliane Bettencourt semble très ressemblant. Problème : le photographe et écrivain est né en 1947, sous le signe du... cochon.

Reste une solution pour rattraper cette sauce un peu aigre. Dans la langue chinoise, le mot "Yang" représente à la fois la chèvre et le mouton. Un subtil mélange du caractère doux et obéissant du mouton, et de la fougue d'une chèvre capricieuse, devrait aboutir à un compromis acceptable.


mercredi 25 février 2015

DVD - "Ninja Turtles” plus vraies que nature

Images de synthèse parfaites pour des héros fougueux et irrésistiblement comiques.

Ils sont quatre, vivent dans les égoûts de New York et protègent la population des méfaits du clan des Foot dirigé par l’infâme Shredder. Il y a Leonardo, le leader, Michelangelo, le beau gosse, Raphael, le rebelle et Donatello, le cerveau. Cela fait des décennies que les aventures en bande dessinée et dessin animé des Tortues Ninja cartonnent aux USA. Les nouvelles technologies ont donné l’occasion d’adapter ce monde si particulier avec un maximum de vraisemblance. Le film, réalisé par Jonathan Liebesman et produit par Michael Bay, sort en vidéo enrichi de bonus permettant de mieux comprendre comment ce miracle numérique a vu le jour. Le scénario, basique et peu surprenant, donne la vedette à la très belle et sportive Megan Fox dans le rôle d’une intrépide journaliste. Mais l’intérêt du film est bien dans les prouesses technologiques. On est subjugué par les effets spéciaux et le documentaire “Réalité digitale” donne les explications à ce petit miracle. Toutes les scènes sont d’abord tournées avec de véritables acteurs dotés d’une combinaison et de fausses carapaces. Puis les images sont traitées numériquement pour remplacer les hommes par ces mutants. Virtuose et instructif.


Ninja Turtles”, Paramount, 19,99 euros.


DE CHOSES ET D'AUTRES - Perdants récompensés


Une liposuccion, un lifting, du vinaigre à base de sirop d'érable, un vibromasseur... Inventaire à la Prévert ? Non, juste une partie des cadeaux offerts à quelques dizaines de privilégiés dimanche soir à Los Angeles. En France, se retrouver dans la liste des nominés aux César représente déjà une belle victoire. Mais si l'on n'est pas déclaré gagnant, on quitte la cérémonie sans rien de plus que la considération de la profession.
Aux USA, quand on manque de décrocher l'Oscar de sa catégorie, on ne repart pas les mains vides. Les nombreux sponsors de l'émission télé mettent la main à la poche pour remplir des sacs de lots de consolation. Les partenaires se bousculent au portillon, le paquet cadeau en est d'autant plus imposant. Comme les choses sont souvent bien faites, Eddie Redmayne, meilleur acteur, n'aura pas droit à une liposuccion. L'interprète de Steven Hawkins, maigre comme un clou, risquait la disparition pure et simple en cas de défaite.
Heureusement, le Québécois Xavier Dolan ne faisait pas partie de la sélection des meilleurs films étrangers avec Mommy. Qu'aurait-il fait avec des produits à base de sirop d'érable ?
Un vibromasseur aux perdantes est un réconfort comme un autre (bien que peu élégant offert en public). Par contre le lifting gratuit est beaucoup moins politiquement correct. 
Reste la question qui a peut-être gâché la soirée d'Alexandre Desplat. Le musicien français a remporté un Oscar pour la bande originale de "The Grand Budapest Hôtel". Mais il fait également partie des perdants avec "Imitation Game". Alors, a-t-il droit lui aussi au lot de consolation en plus de sa statuette ?

DE CHOSES ET D'AUTRES - The Walking Gay


Grosse polémique dans le milieu des passionnés de série télé. En cause, une scène pleine de tendresse dans l'épisode 11 de la saison 5 de "The Walking Dead", la série emblématique sur les zombies. Diffusé aux USA le 22 février et dès le lendemain sur OCS Choc, ce baiser a provoqué quantité de réactions sur les réseaux sociaux. Trop gentil pour une série d'horreur ? Pas du tout. Le problème, pour quelques fans, c'est que ledit bisou met en scène un couple d'homosexuels. Et les homophobes (certains amateurs d'horreur le sont aussi, la bêtise n'est malheureusement pas sélective), de sortir du bois en se lamentant de voir des gays partout... même dans "The Walking Dead". Comme si dégommer du mort-vivant était réservé aux hétéros... Adaptée d'une BD publiée chez Delcourt, la série télé reste cependant fidèle à l'histoire originale imaginée par Kirkman et Adlard.

Cette thématique du zombie gay ressort en filigrane d'une autre série, anglaise cette fois. "In the flesh", diffusée sur Jimmy, raconte le retour à la maison de décédés ressuscités rendus dociles grâce à un traitement médical (un comble pour un mort. Le personnage principal, Kieren Walker, jeune adulte, s'était suicidé quelques jours avant la grande résurrection.

Ce n'est jamais dit clairement (et pourtant nous ne sommes pas chez les prudes Américains), mais il a mis fin à ses jours après le départ à l'armée de son meilleur ami, Rick, comme s'il était incapable de survivre à ce chagrin d'amour.
Une situation autrement plus subversive que le petit baiser de Walking Dead.

mardi 24 février 2015

Cinéma - Une « Réalité » approximative

Un film de Quentin Dupieux est toujours déstabilisant. Les Cartésiens vont s’arracher les cheveux avec cette histoire improbable de scénario impossible.


Vous pouvez prendre le nouveau film de Quentin Dupieux par n’importe quel bout, à la fin, vous aurez plus de questions que de réponses. Le réalisateur, déjà remarqué avec son “Rubber” déjanté (l’histoire d’un pneu tueur en série) et ses “Wrongs cops” sociopathes, en remet une couche avec “Réalité”, film sur l’impossibilité de créer.


L’action se déroule en Californie, la patrie du cinéma. Jason Tantra (Alain Chabat) est caméraman dans une petite télévision locale. Comme 80 % de la population locale il rêve de réaliser son propre film. Il a une idée et décroche un rendez-vous avec le producteur Bob Marshal (Jonathan Lambert). Un film de sciecen-fiction où les postes de télévision deviennent méchants. Ils émettent des ondes vers les spectateurs pour les faire mourir dans d’atroces souffrances. Ce détail intéresse le producteur. Il est banco pour financer si Jason revient dans 48 heures avec le gémissement le plus parfait du cinéma, celui qui lui permettra de décrocher un Oscar...

Questions...
Raconté comme ça, le film semble simple, presque une comédie. Notamment quand Jason, avec son petit magnétophone, enregistre des dizaines de versions de ce gémissement qu’il sent de moins en moins. Mais ce n’est que la partie compréhensible au premier abord de l’étonnante “Réalité” filmée par Quentin Dupieux. Il y a également ces scènes où une fillette, justement appelée Reality, suit son père à la chasse. Il revient avec un sanglier qu’il vide. Dans l’estomac, une cassette vidéo. Reality, intriguée veut savoir ce qu’il y a sur cette bobine. Pirouette, ce ne sont que des rushes d’un autre film produit par Bob Marshal. Mais alors pourquoi le directeur de l’école de Reality se fait psychanalyser chez la compagne (Elodie Bouchez) de Jason ?
Où est la réalité, la vraie, celle que nous vivons tous les jours ? Mais existe-elle véritablement ? Le film de Jason se fera-t-il ? Peut-on souffrir d’eczéma intérieur ? A-t-on le droit de tuer des surfeurs au fusil de précision longue distance ? Comment laver les fraises sans les écrabouiller ?
On vous a prévenu : aller voir un film de Quentin Dupiouex c’est ressortir de la salle la tête remplie de questions sans réponse. Une expérience unique où le plus dur est de retrouver la lumière de dehors. A moins que mu par une interrogation supplémentaire, vous n’alliez voir dans la salle d’à côté, histoire de savoir si vous n’y êtes pas en train de voir ce même film dans une version différente...

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Le rêve, c’est du sérieux !


Une scène est particulièrement marquante dans ce film hors normes. Un homme, grand, gros, barbu, habillé en femme, monte dans une jeep et roule sur les grandes et larges autoroutes de Californie. Il prend une petite route de montagne, cueille quelques fleurs des champs et redescend dans la vallée. Il se gare devant une maison quelconque, va sonner le bouquet en main. Un homme ouvre. Le travesti l’insulte, jette les fleurs et repart en jeep. Du grand délire ? Non, un rêve... Quentin Dupieux a toujours inventé des univers complexes et déroutants. Son premier film, “Steak” (avec Eric et Ramzy pour tromper le public) montrait une jeunesse américaine où tout le monde se ressemble après une utilisation intensive de la chirurgie esthétique. “Rubber”, prouesse technique, donnait la vie à un pneu... tueur. Dans “Wrong Cops”, les policiers abjects (dealer, maître chanteur, obsédé sexuel...) sont déclinés en plusieurs courts-métrages où on pouvait voir Marilyn Manson au naturel. Des chocs visuels. Comme “Réalité”.