mardi 24 février 2015

Cinéma : Une « Réalité » approximative


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Un film de Quentin Dupieux est toujours déstabilisant. Les Cartésiens vont s’arracher les cheveux avec cette histoire improbable de scénario impossible.

Vous pouvez prendre le nouveau film de Quentin Dupieux par n’importe qu’el bout, à la fin, vous aurez plus de questions que de réponses. Le réalisateur, déjà remarqué avec son “Rubber” déjanté (l’histoire d’un pneu tueur en série) et ses “Wrongs cops” sociopathes, en remet une couche avec “Réalité”, film sur l’impossibilité de créer.


L’action se déroule en Californie, la patrie du cinéma. Jason Tantra (Alain Chabat) est caméraman dans une petite télévision locale. Comme 80 % de la population locale il rêve de réaliser son propre film. Il a une idée et décroche un rendez-vous avec le producteur Bob Marshal (Jonathan Lambert). Un film de sciecen-fiction où les postes de télévision deviennent méchants. Ils émettent des ondes vers les spectateurs pour les faire mourir dans d’atroces souffrances. Ce détail intéresse le producteur. Il est banco pour financer si Jason revient dans 48 heures avec le gémissement le plus parfait du cinéma, celui qui lui permettra de décrocher un Oscar...

Questions...
Raconté comme ça, le film semble simple, presque une comédie. Notamment quand Jason, avec son petit magnétophone, enregistre des dizaines de versions de ce gémissement qu’il sent de moins en moins. Mais ce n’est que la partie compréhensible au premier abord de l’étonnante “Réalité” filmée par Quentin Dupieux. Il y a également ces scènes où une fillette, justement appelée Reality, suit son père à la chasse. Il revient avec un sanglier qu’il vide. Dans l’estomac, une cassette vidéo. Reality, intriguée veut savoir ce qu’il y a sur cette bobine. Pirouette, ce ne sont que des rushes d’un autre film produit par Bob Marshal. Mais alors pourquoi le directeur de l’école de Reality se fait psychanalyser chez la compagne (Elodie Bouchez) de Jason ?
Où est la réalité, la vraie, celle que nous vivons tous les jours ? Mais existe-elle véritablement ? Le film de Jason se fera-t-il ? Peut-on souffrir d’eczéma intérieur ? A-t-on le droit de tuer des surfeurs au fusil de précision longue distance ? Comment laver les fraises sans les écrabouiller ?
On vous a prévenu : aller voir un film de Quentin Dupiouex c’est ressortir de la salle la tête remplie de questions sans réponse. Une expérience unique où le plus dur est de retrouver la lumière de dehors. A moins que mu par une interrogation supplémentaire, vous n’alliez voir dans la salle d’à côté, histoire de savoir si vous n’y êtes pas en train de voir ce même film dans une version différente...



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Le rêve, c’est du sérieux !


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Une scène est particulièrement marquante dans ce film hors normes. Un homme, grand, gros, barbu, habillé en femme, monte dans une jeep et roule sur les grandes et larges autoroutes de Californie. Il prend une petite route de montagne, cueille quelques fleurs des champs et redescend dans la vallée. Il se gare devant une maison quelconque, va sonner le bouquet en main. Un homme ouvre. Le travesti l’insulte, jette les fleurs et repart en jeep. Du grand délire ? Non, un rêve... Quentin Dupieux a toujours inventé des univers complexes et déroutants. Son premier film, “Steak” (avec Eric et Ramzy pour tromper le public) montrait une jeunesse américaine où tout le monde se ressemble après une utilisation intensive de la chirurgie esthétique. “Rubber”, prouesse technique, donnait la vie à un pneu... tueur. Dans “Wrong Cops”, les policiers abjects (dealer, maître chanteur, obsédé sexuel...) sont déclinés en plusieurs courts-métrages où on pouvait voir Marilyn Manson au naturel. Des chocs visuels. Comme “Réalité”.


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