mercredi 25 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Perdants récompensés


Une liposuccion, un lifting, du vinaigre à base de sirop d'érable, un vibromasseur... Inventaire à la Prévert ? Non, juste une partie des cadeaux offerts à quelques dizaines de privilégiés dimanche soir à Los Angeles. En France, se retrouver dans la liste des nominés aux César représente déjà une belle victoire. Mais si l'on n'est pas déclaré gagnant, on quitte la cérémonie sans rien de plus que la considération de la profession.
Aux USA, quand on manque de décrocher l'Oscar de sa catégorie, on ne repart pas les mains vides. Les nombreux sponsors de l'émission télé mettent la main à la poche pour remplir des sacs de lots de consolation. Les partenaires se bousculent au portillon, le paquet cadeau en est d'autant plus imposant. Comme les choses sont souvent bien faites, Eddie Redmayne, meilleur acteur, n'aura pas droit à une liposuccion. L'interprète de Steven Hawkins, maigre comme un clou, risquait la disparition pure et simple en cas de défaite.
Heureusement, le Québécois Xavier Dolan ne faisait pas partie de la sélection des meilleurs films étrangers avec Mommy. Qu'aurait-il fait avec des produits à base de sirop d'érable ?
Un vibromasseur aux perdantes est un réconfort comme un autre (bien que peu élégant offert en public). Par contre le lifting gratuit est beaucoup moins politiquement correct. 
Reste la question qui a peut-être gâché la soirée d'Alexandre Desplat. Le musicien français a remporté un Oscar pour la bande originale de "The Grand Budapest Hôtel". Mais il fait également partie des perdants avec "Imitation Game". Alors, a-t-il droit lui aussi au lot de consolation en plus de sa statuette ?

DE CHOSES ET D'AUTRES - The Walking Gay


Grosse polémique dans le milieu des passionnés de série télé. En cause, une scène pleine de tendresse dans l'épisode 11 de la saison 5 de "The Walking Dead", la série emblématique sur les zombies. Diffusé aux USA le 22 février et dès le lendemain sur OCS Choc, ce baiser a provoqué quantité de réactions sur les réseaux sociaux. Trop gentil pour une série d'horreur ? Pas du tout. Le problème, pour quelques fans, c'est que ledit bisou met en scène un couple d'homosexuels. Et les homophobes (certains amateurs d'horreur le sont aussi, la bêtise n'est malheureusement pas sélective), de sortir du bois en se lamentant de voir des gays partout... même dans "The Walking Dead". Comme si dégommer du mort-vivant était réservé aux hétéros... Adaptée d'une BD publiée chez Delcourt, la série télé reste cependant fidèle à l'histoire originale imaginée par Kirkman et Adlard.

Cette thématique du zombie gay ressort en filigrane d'une autre série, anglaise cette fois. "In the flesh", diffusée sur Jimmy, raconte le retour à la maison de décédés ressuscités rendus dociles grâce à un traitement médical (un comble pour un mort. Le personnage principal, Kieren Walker, jeune adulte, s'était suicidé quelques jours avant la grande résurrection.

Ce n'est jamais dit clairement (et pourtant nous ne sommes pas chez les prudes Américains), mais il a mis fin à ses jours après le départ à l'armée de son meilleur ami, Rick, comme s'il était incapable de survivre à ce chagrin d'amour.
Une situation autrement plus subversive que le petit baiser de Walking Dead.

mardi 24 février 2015

Cinéma - Une « Réalité » approximative

Un film de Quentin Dupieux est toujours déstabilisant. Les Cartésiens vont s’arracher les cheveux avec cette histoire improbable de scénario impossible.


Vous pouvez prendre le nouveau film de Quentin Dupieux par n’importe quel bout, à la fin, vous aurez plus de questions que de réponses. Le réalisateur, déjà remarqué avec son “Rubber” déjanté (l’histoire d’un pneu tueur en série) et ses “Wrongs cops” sociopathes, en remet une couche avec “Réalité”, film sur l’impossibilité de créer.


L’action se déroule en Californie, la patrie du cinéma. Jason Tantra (Alain Chabat) est caméraman dans une petite télévision locale. Comme 80 % de la population locale il rêve de réaliser son propre film. Il a une idée et décroche un rendez-vous avec le producteur Bob Marshal (Jonathan Lambert). Un film de sciecen-fiction où les postes de télévision deviennent méchants. Ils émettent des ondes vers les spectateurs pour les faire mourir dans d’atroces souffrances. Ce détail intéresse le producteur. Il est banco pour financer si Jason revient dans 48 heures avec le gémissement le plus parfait du cinéma, celui qui lui permettra de décrocher un Oscar...

Questions...
Raconté comme ça, le film semble simple, presque une comédie. Notamment quand Jason, avec son petit magnétophone, enregistre des dizaines de versions de ce gémissement qu’il sent de moins en moins. Mais ce n’est que la partie compréhensible au premier abord de l’étonnante “Réalité” filmée par Quentin Dupieux. Il y a également ces scènes où une fillette, justement appelée Reality, suit son père à la chasse. Il revient avec un sanglier qu’il vide. Dans l’estomac, une cassette vidéo. Reality, intriguée veut savoir ce qu’il y a sur cette bobine. Pirouette, ce ne sont que des rushes d’un autre film produit par Bob Marshal. Mais alors pourquoi le directeur de l’école de Reality se fait psychanalyser chez la compagne (Elodie Bouchez) de Jason ?
Où est la réalité, la vraie, celle que nous vivons tous les jours ? Mais existe-elle véritablement ? Le film de Jason se fera-t-il ? Peut-on souffrir d’eczéma intérieur ? A-t-on le droit de tuer des surfeurs au fusil de précision longue distance ? Comment laver les fraises sans les écrabouiller ?
On vous a prévenu : aller voir un film de Quentin Dupiouex c’est ressortir de la salle la tête remplie de questions sans réponse. Une expérience unique où le plus dur est de retrouver la lumière de dehors. A moins que mu par une interrogation supplémentaire, vous n’alliez voir dans la salle d’à côté, histoire de savoir si vous n’y êtes pas en train de voir ce même film dans une version différente...

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Le rêve, c’est du sérieux !


Une scène est particulièrement marquante dans ce film hors normes. Un homme, grand, gros, barbu, habillé en femme, monte dans une jeep et roule sur les grandes et larges autoroutes de Californie. Il prend une petite route de montagne, cueille quelques fleurs des champs et redescend dans la vallée. Il se gare devant une maison quelconque, va sonner le bouquet en main. Un homme ouvre. Le travesti l’insulte, jette les fleurs et repart en jeep. Du grand délire ? Non, un rêve... Quentin Dupieux a toujours inventé des univers complexes et déroutants. Son premier film, “Steak” (avec Eric et Ramzy pour tromper le public) montrait une jeunesse américaine où tout le monde se ressemble après une utilisation intensive de la chirurgie esthétique. “Rubber”, prouesse technique, donnait la vie à un pneu... tueur. Dans “Wrong Cops”, les policiers abjects (dealer, maître chanteur, obsédé sexuel...) sont déclinés en plusieurs courts-métrages où on pouvait voir Marilyn Manson au naturel. Des chocs visuels. Comme “Réalité”.


lundi 23 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Moche et puant


Après les fruits et légumes "moches" vendus 30 % moins chers dans certaines grandes surfaces, d'autres initiatives du même acabit fleurissent en France. La mode du moche à outrance semble bien partie. Tant mieux, car il s'agit avant tout de lutter contre le gaspillage alimentaire. Sous l'appellation générique des "Gueules cassées", vous pourrez bientôt petit déjeuner avec des céréales savoureuses mais qui ont pour seul petit défaut d'avoir une tête qui ne correspond pas exactement à l'emballage.

Vendues à moins d'un euro le paquet de 400 grammes, elles ont le même goût et la même valeur énergétique que les originales, les "jolies". Pour cause de couleur, grosseur ou forme déficientes, les fabricants jettent près de 30 % de leur production. L'idée est de récupérer ce rebut et de le commercialiser. L'autre avantage consiste évidemment à proposer des produits à moindre prix. Toujours appréciable en cette période de budgets serrés.
Vous pourrez également prochainement manger du camembert "gueule cassée" car pas assez... lisse. En vieillissant, certains fromages prennent des rides inacceptables. Ils ne partiront plus directement à la décharge comme c'est la règle habituellement mais finiront dans votre assiette, comme leurs collègues lisses et parfaits.
Les gourmets apprécieront car un camembert digne de ce nom doit, non seulement être moche mais en plus puant. Personnellement, le seul "calendos" qui n'a aucune chance de finir dans mon estomac, est celui qui ne sent pas à dix mètres à la ronde...

DVD - Annabelle, experte en cauchemar


Véritable phénomène de société lors de sa sortie en salles, le film d’horreur Annabelle de John R. Leonetti (produit par James Wan) arrive en DVD et blu-ray pour vous terroriser à domicile. Annabelle c’est le nom de cette poupée aux yeux gigantesques et aux pouvoirs démoniaques. Durant son exploitation en salles, certains passages ont provoqué de véritables scènes d’hystérie. Une fois dans votre salon, le film perd un peu de sa puissance, mais reste quand même un futur classique. John (Ward Horton) et Mia (Annabelle Wallis) vont avoir un bébé. Une nuit, un couple de satanistes massacre leurs voisins et les attaque. La femme se réfugie dans la chambre et se suicide avec la poupée Annabelle sur les genoux. Quelques mois plus tard, le cauchemar reprend...


« Annabelle », Warner Bros, 19,99 euros le DVD, 24,99 euros le blu-ray.


dimanche 22 février 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES - Canard ou connard ?

« Mon connard » livre sous-titré « Canard ou connard ? La différence ne tient pas qu'à deux lettres », est écrit par des femmes, pour des femmes. Alors messieurs, passez votre chemin à moins que vous n'acceptiez de lire quelques considérations peu flatteuses envers le sexe dit fort. A la base, les textes courts repris dans ce volume pratique et hilarant ont été publiés par des internautes sur le site MonConnard.com créé par Jessie Navega et Hajar Bouraqia, deux trentenaires bien dans leur peau.

Elles ont eu l'idée de partager quelques galères sentimentales d'anthologie. Avec la possibilité pour les visiteurs du site de participer en décidant si l'homme au centre de l'anecdote est un canard « homme romantique, attentionné et généreux » ou un connard « homme déplaisant, goujat, sans scrupules ».
Pour nombre d'histoires, la question ne se pose pas, tant l'outrecuidance du mâle en cause est flagrante. Exemples : « Le mec qui me largue le jour du nouvel an en me disant Bonne année, mais pas avec toi ! » ; « Le mec qui te drague au bar pendant que sa nana est aux toilettes »...  Ces situations classées par thèmes, de baratin à goujaterie en passant par infidélité et bien entendu sexe, prêtent souvent à rire. Elles sont aussi désespérantes tant les hommes ont cette propension à démontrer sans cesse leur manque total de tact et de respect.
Je ne sais pas si les canards sont nombreux, mais les connards ne sont pas près de disparaître de la surface de la planète...
« Mon connard », éditions Hugo Desinge, 10 euros

BD - L'arbre magique de Corbeyran et Alice Picard


Un arbre magique, abritant des milliers d'esprits comme autant de dieux. La base du scénario de cette nouvelle série de fantasy écrite par Corbeyran a des airs de roman vintage signé Julia Verlanger (Gilles Thomas au Fleuve Noir). Dans ce royaume où la noblesse vit dans le luxe et l’opulence, le peuple ne veut pas des nouvelles croyances. En secret, il continue à vénérer cet arbre magique. Alors pour asseoir définitivement son pouvoir, le roi (et surtout sa femme) décide de faire abattre ce symbole du passé. 
Mais pour que cette destruction soit efficace, il demande de l'aide à un sorcier qui recommande de sacrifier un des princes. Ce sera Noor, le plus rebelle, le plus éduqué et sensible aux anciennes croyances. Noor va être expédié dans le monde des esprits. Une « presque mort » qui lui permet de contrer la mort de l'arbre. Le récit s'étale sur plusieurs années, avec une fin inéluctable. 
Cet album, en plus de l'intrigue très plaisante, donne la possibilité à Alice Picard, la dessinatrice, de briller dans ce qu'elle maitrise à merveille : la couleur directe. Certaines planches sont d'une richesse étonnante, notamment toutes les scènes oniriques se déroulant dans ce fameux monde des esprits.
« La légende de Noor » (tome 1), Delcourt, 14,95 €



samedi 21 février 2015

Poches - Il pleuvait des oiseaux


Dans les forêts du grand Nord, une photographe découvre deux ermites octogénaires. Un roman tendre et émouvant sur l'oubli, la fin de vie et la solitude. La solitude se mérite. Elle se choisit aussi. « Il pleuvait des oiseaux », premier roman publié en France de la québécoise Jocelyne Saucier se lit comme une retraite spirituelle quand on se retire dans une cabane perdue au fond des bois. 
Ces forêts, immenses, hostiles, sauvages, sont omniprésentes dans le récit. 
`Le texte, sensible, fait la part belle aux souvenirs, au temps qui passe, inexorablement. On ne sort pas indemne d'un récit où l'on ne peut que se projeter en fonction du nombre théorique d'années que l'on pense encore passer sur terre. (Folio, 7 €)


vendredi 20 février 2015

BD - Bourreau, triste métier


Stakhanoviste du gag, Cazenove, tel un Cauvin au faîte de sa gloire, délaisse ses nombreuses séries comiques le temps d'un album de 48 pages, avec une intrigue, des personnages plus profonds et beaucoup de rires (on ne se débarrasse pas du naturel aussi facilement...) Dans un Moyen âge idéalisé, le jeune Piik aime traîner dans la nature en compagnie de son jeune renard apprivoisé. S'il n'a plus sa maman, morte peu de temps après sa naissance, il lui reste son papa. Pour son plus grand malheur. 
Ce n'est pas qu'il soit méchant avec son fils, au contraire. Simplement Piik redoute le moment où il va devoir prendre la relève de son père. Un métier qui se transmet de génération en génération : bourreau. Pour éviter cette malédiction, l'enfant multiplie les ruses. Cela donne un éventail considérable de gags récurrents où la pâte de Cazenove fait merveille. Le salut de Piik passera peut-être par un message de sa mère. Encore faut-il qu'il apprenne à lire. 
Dessinée par Cécile, cette première aventure de Piik a des airs de « Royaume » de Féroumont. Un dessin rond et efficace, au service du récit.

« Le livre de Piik », Bamboo, 10,60 €


DE CHOSES ET D'AUTRES - Les vieux se rebiffent

Encore deux jours à tenir. Trois dans le pire des cas. Deux jours avant que vos enfants ne viennent récupérer leurs chérubins confiés aux bons soins de papy et mamy durant les vacances scolaires.
On a longtemps cru que les grands-parents acceptaient de jouer les baby sitters de secours avec plaisir. Un sondage réalisé par OpinionWay pour Belambra (le "seul Club de vacances à proposer un Club enfants dès 3 mois") permet de connaître tous les sons de cloches. D'une façon générale, 83 % des Français estiment que les grands-parents apprécient de partir en vacances avec leurs petits-enfants. Mais ce même sondage fait ressortir que 67 % des plus de 65 ans estiment qu'il vaudrait parfois mieux "les avoir en photos" que de les garder plusieurs jours d'affilée.
Papy et mamy en ont assez de jouer les parents de substitution. Et ils éprouvent un réel soulagement de voir repartir ces gentils bambins, certes, mais pas toujours sur la même longueur d'onde. Sans compter que l'agenda du "troisième âge" d'aujourd'hui s'avère souvent bien rempli. Et peu gratifiant le rejet ou l'indifférence quasi systématiques à leurs propositions.
Une partie de petits chevaux ? Ah non papy, plutôt une bonne baston dans "Call of duty". Une sortie au musée ? Quitte à faire une sieste, autant rester dans le canapé. Et au cinéma, "La famille Bélier" ça te dit ? A choisir, je préfère "Cinquante nuances de Grey". "Pas possible, répond Papy. Tu es trop jeune et de toute manière Mamy l'a déjà vu avec ses copines... »
Dans deux jours ce sera du passé. Vous pourrez reprendre une vie normale. Et penser : vivement Pâques...