samedi 6 avril 2013

Billet - DTC comme data, tableaux, courbes



Les nouvelles technologies et l'informatique en général changent les pratiques professionnelles. Tout le monde est concerné. Sans exception. La presse n'échappe pas au phénomène. Une frange de la profession tente de démontrer l'utilité de ce que communément on nomme le data journalisme.  Le but est de transformer des données chiffrées et brutes en animation, tableau ou courbe plus digestes. Car des chiffres, des statistiques, il en existe des milliards sur internet. Il suffit de les collecter, de les passer à la moulinette et on peut leur faire dire à peu près tout. Tout et son contraire... Les détracteurs du data journalisme ont tendance à le réduire à un travail amélioré de comptable. Ils préfèrent, de loin, raconter une histoire avec des mots et un peu de style. En data, « Les Misérables » peuvent se résumer dans un tableau Excel posé sur une carte, avec correspondance entre les personnages et les lieux de l'action. Joli, mais moins passionnant que le chef d'œuvre de Victor Hugo. 

Autre exemple, par l'absurde je l'admets, des limites du data journalisme : la correspondance entre l'évolution de la météo et le président de la République au pouvoir. Une démonstration effectuée par Jean Abbiateci sur son blog « Papier Brouillon ». Chiffres à l'appui, il constate que « Hollande fait pleuvoir, Chirac fait monter la température et Sarkozy provoque la canicule ! ». L'analyse politique va s'en trouver révolutionnée !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

vendredi 5 avril 2013

BD - Deux mondes miroir dans Ekho de Barbucci et Arleston


Drôle de nom pour une héroïne : Fourmille Gratule. Mais on ne s'interroge pas longtemps sur le patronyme de la belle. On se contente d'admirer son jolis minois, sa chevelure ondoyante, ses courbes généreuses... Fourmille est une bombe. 21 ans, étudiante en histoire de l'art, elle prend l'avion pour se rendre à New York voir une exposition du Caravage. Au-dessus de l'Atlantique, Fourmille somnole. Elle est placée à côté de Yuri Podrov, un chercheur en physique. Quand elle voit une sorte d'écureuil dans le couloir central, elle s'interroge. Quand elle l'entend parler, plus de doute, elle est persuadée de rêver. Il a cependant le temps de lui donner un bout de papier avec une adresse à New York. Arrivés à destination, Fourmille et Yuri découvrent que la mégapole américaine a bien changé. En fait ils se sont posé dans le New York d'Ekho, le monde miroir de la terre.
Un univers steampunk imaginé par Arleston et dessiné par Barbucci, le génial créateur de Witch et Monster Allergy. Du charme, de l'humour et de l'action : ça sent le Lanfeust des années 2010 !
« Ekho » (tome 1), Soleil, 13,95 €

jeudi 4 avril 2013

Billet - Robot pour être vrai


Une série télé, avant de se transformer en succès d'audience lors de sa diffusion, doit faire parler d'elle sur internet. Ce soir, sur Arte, les premiers épisodes de «
Real Humans » sont l'exemple parfait de ce travail fait en amont. Le buzz fait autour de cette série suédoise en 10 épisodes dure depuis plusieurs mois. Elle s'attaque de front au phénomène des robots. Pas les machines chargées de fabriquer des voitures ou de nettoyer votre maison comme cet aspirateur en forme de tortue. Non, les vrais robots, ceux imaginés par les auteurs de science-fiction. Leur apparence est 100 % humaine. Leurs réactions aussi. Dans cette Suède prospère et apaisée, posséder un robot de compagnie, un « Hubot » est devenu banal. Toujours souriants et d'humeur constante, ils deviennent parfois les chouchous de la famille. Ou les souffre-douleur... 
Le robot, selon la loi d'Asimov, ne peut pas nuire aux humains. Ni mentir. Voilà qui aurait bien arrangé un gouvernement aujourd'hui dans l'embarras. Cependant, certains se sont émancipés et tentent de survivre dans la nature. Comme les esclaves marrons de nos anciennes colonies. Sauf qu'ils sont blonds avec d'immenses yeux bleus. 
Si une partie de la population dénonce  ces « voleurs de travail », d'autres humains sont sous le charme. Dans tous les sens du terme. Ils militent même pour la légalisation du mariage mixte entre humain et hubot. Un combat d'avenir pour la descendance de Frigide Barjot... A voir (et à y réfléchir), ce soir sur Arte à 20 h 50, en replay sur Arte+7. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - "Pacifique", tout un océan à lire


A la fin de la seconde guerre mondiale, nombre de sous-marins allemands, privés de commandement, ont continué un combat inutile. Pacifique de Trystam et Baudy raconte les derniers ronds dans l'eau d'un U-boat nazi. Lassitude de l'équipage, folie du commandant : tout est réuni pour que la crise éclate. C'est l'arrivée d'un nouveau radio, à peine sorti de l'adolescence, qui va tout déclencher. Il a dans son bagage un livre interdit. Un roman qui fait rêver, éveille les consciences. Cette BD, format à l'italienne, flirte avec le fantastique. Un huis clos oppressant, des couleurs angoissantes : tout pour transformer cette dernière plongée en long cauchemar.
« Pacifique », Casterman, 15 €

mercredi 3 avril 2013

BD - La Retirada en images


La Retirada a souvent été au centre de romans. Pour la première fois, l'exil des Républicains espagnols est le thème central d'une bande dessinée. Denis Lapière en signe le scénario. Un gage de qualité et de sérieux. Ayant une centaine d'albums à son actif (dont la série Charly), il n'a pas son pareil pour mélanger harmonieusement sentiments et intrigue. Pour faire revivre la Retirada, il situe son histoire dans le milieu des années 70, à Montpellier. Angelita, mère de famille parfaitement intégrée, est arrivée en France en 1939. Petite fille naïve, elle suit sa mère et son père. Elle passera près d'une année dans le camp d'Argelès. Cette histoire, Angelita la raconte dans le train à son beau-père. Elle se rend à Barcelone au chevet de sa mère, malade. Mais que faisait elle en Catalogne, elle qui avait juré de ne jamais remettre les pieds en Espagne tant que Franco était au pouvoir. Un récit intimiste pour expliquer la grande histoire, dessiné par le Catalan Torrents, dont l'histoire familiale a en partie inspiré l'histoire de ce « Convoi ».
« Le convoi » (tome 1), Dupuis, 15,50 € (le tome 2 parait ce vendredi 5 avril)

mardi 2 avril 2013

Billet - Trop de Thrones

Ils n'arrêtent pas de me casser les oreilles avec ça depuis une semaine :
la saison 3 de la série « Game of Thrones » a débuté ce dimanche. « Ils », ce sont toutes mes connaissances âgées de 18 à 30 ans, un peu geeks sur les bords et passionnées de fantastique médiéval. Ils trépignent, impatients  de découvrir ce que sont devenus John Snow, Daenerys ou Tyrion Lannister, le chouchou de beaucoup.
Petit problème, le premier épisode de la nouvelle saison est diffusé... sur HBO, aux USA. Pour le voir en France, il faudra patienter. Et payer. Car c'est Canal + qui en a acquis les droits. Certes le bouquet d'Orange le diffuse le lendemain de sa sortie, mais comme Bein Sport, ces chaînes se révèlent aussi fantômes que leurs abonnés.
Les vrais passionnés de Game of Thrones s'illustrent par un détail capital : ils savent exactement où aller sur internet pour voir des films en streaming. Avec un souci. Le premier épisode sera-t-il disponible dès le lendemain ou devront-ils attendre plus de 48 heures ? En 2012, Game of Thrones a brillamment remporté la première place au palmarès des séries les plus piratées.
En attendant il existe quantité de sites pour se mettre dans le bain. Comme ce quizz, « à quelle maison appartenez-vous ? » ou cette carte d'Europe à la mode Thrones (la France serait le Stormland dominé par la famille Baratheon). Et si vous aimez le personnage du prêtre rouge Thoros de Myr, vous avez raté l'occasion de le rencontrer : il était la semaine dernière en vacances dans l'Aude.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant. 

BD - Tangomango chez Wakfu pirates d'Ankama

La société Ankama a fait du « transmedia » son ADN. Les créateurs développent des univers pouvant s'adapter aux jeux en ligne comme à l'animation ou la bande dessinée. Dofus puis Wakfu sont les fers de lance de cette démarche médiatique totale. La collection Wakfu Heroes s'enrichit d'un nouveau titre : Tangomango. 
On découvre comment Elaine, encore fillette, est devenue la plus jeune navigatrice de ce monde imaginaire. Avec son père adoptif, Encre Noire, un poulpe rose, elle bichonne son navire, Le singe hurleur, pour porter haut le pavillon pirate. 
Ecrit et dessiné par Adrian, un auteur espagnol, cette série entre comique et fantastique, s'éloigne du jeu en ligne pour flirter vers la BD d'aventure classique. Divertissante et franchement rigolote, cet album est une des bonnes surprises de ce début d'année.

« Tangomango » (tome1), Ankama, 12,90 €

lundi 1 avril 2013

Billet - Les faux poissons d'internet

La tradition des poissons d'avril dans les journaux a du plomb dans l'aile. Pas par manque d'imagination des journalistes, mais à cause d'internet et de la recrudescence d'informations insolites. Pour preuve, la semaine dernière trois anecdotes auraient aisément pu faire d'acceptables poissons... si elles n'avaient pas été authentiques. 
Un escroc anglais vend de faux détecteurs de drogue à des policiers belges. Le vendeur peu scrupuleux achète des détecteurs de balles de golf (13 euros l'unité) et explique qu'ils peuvent également repérer drogue, explosifs et même cadavres... Il se montre tellement convaincant dans sa démonstration qu'il parvient à les écouler 25000 euros pièce. Tout le monde pourrait croire à un poisson en raison de la nationalité des grugés. Et pourtant...
Un juge canadien condamne une adolescente. La sanction : interdiction d'aller sur Facebook durant une année. A 12 ans, elle a proféré des menaces contre deux de ses camarades sur son mur Facebook. Elle affirmait vouloir les étrangler... Il t a des relents de poisson car interdire à une ado d'aller sur Facebook, durant une année en plus, paraît complètement impossible à moins de l'exiler au pôle Nord...
La sous-préfecture de Draguignan est évacuée après une alerte à la bombe. Dans le colis on ne retrouve que des saucissons. Pas crédible dès qu'on précise que la charcuterie est... corse.
Alors merci le web de nous faire vivre dans l'ambiance du 1er avril 365 jours par an !

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce lundi 1er avril. 


BD - Maladie d'amour


Nina, 26 ans, est anhédonique. Ce diagnostic est de José, un psychologue surfant sur la vague des sites de rencontres. Nina, suite au décès tragique de sa mère, a décidé de transformer sa vie en un long cauchemar. Tout ce qu'elle fait doit lui être désagréable. Cette blonde au jolis minois n'a plus sourit depuis des années. Elle ne mange que des légumes qu'elle n'arrive pas à digérer, fait du sport alors qu'elle déteste cela, du water-polo car elle a une aversion de l'eau. S'interdisant tout bonheur, il lui est inconcevable d'aimer, de partager, d'être heureuse. Cela mine son père, un richissime assureur. José, pour échapper à la ruine, accepte de prendre Nina en main et de lui trouver son double affectif. 
Pierre Makyo délaisse pour une fois les longues séries pour écrire un scénario entre science-fiction psychologique et banale histoire d'amour. Le tout est transcendé par Frédéric Bihel et ses couleurs délavées. La mélancolie de Nina est parfaitement retranscrite, tout comme la maturation de José, obligé de reconnaître son attirance pour cette tristesse infinie.
« Tout sauf l'amour », Futuropolis, 18,50 €

dimanche 31 mars 2013

BD - Entraide fasciste

La seconde guerre mondiale, en Europe, a coupé la France en deux. On oublie trop souvent que durant les années d'occupation, une importante partie de la population française, au lieu de choisir la Résistance, a été fidèle au gouvernement officiel, celui de Pétain. Un choix parfois motivé par la politique. Ainsi à l'époque, la peur du communisme a poussé de nombreux citoyens dans les bras de partis nationalistes. Et beaucoup ont même fait le forcing pour s'engager dans le combat pour prêter main forte aux nazis dans leur conquête de Moscou. Michel Dufranne ouvre ce dossier noir dans « Odessa », série complète en deux volumes.
Un résistant part à la recherche de son frère, supposé disparu sur le front de l'Est alors qu'il portait l'uniforme vert de gris. Il va plonger dans ces milieux fascistes, très efficaces quand il a fallu « exfiltrer » certaines têtes pensantes vers l'Amérique latine.
De Bruxelles aux plaines russes en passant par la pampa argentine, un périple peu glorieux illustré par Peka, dessinateur au trait très comparable à celui de Kas.
« Odessa » (tomes 1 et 2), Casterman, 12,95 € chaque volume