samedi 12 janvier 2013

Billet - Big Brother existe, il a de grandes oreilles


Ras-le-bol des files d'attente. Poste, banque, cinéma, caisse de supermarché... Mieux vaut ne pas additionner toutes les heures perdues à patienter que cela soit enfin à son tour. Heureusement les nouvelles technologies permettent de raccourcir ce temps gâché. Du drive au billet d'avion acheté en ligne, internet déploie tous ses atouts.
Une étape supplémentaire va être franchie par les parcs Disney aux USA. S'il est bien un lieu où il faut être armé d'une patience à toute épreuve, ce sont ces parcs d'attraction. Entre chaque manège, vous passez de longs moments à détailler les autres visiteurs et tenter de calmer vos enfants. La révolution prendra la forme de bracelets dotés de puces RFID. Ce passe d'un nouveau genre servira aussi de moyen de paiement et de clé d'hôtel. Il vous renseignera sur le temps d'attente des animations et offre trois attractions (de votre choix) en VIP. Mieux, les animateurs seront eux aussi connectés. « Joyeux anniversaire Kevin ! » s'exclamera Mickey en accueillant votre petit dernier...
Cette technologie est cependant très décriée par les défenseurs des libertés individuelles. Une fois le bracelet enfilé, tout ce que vous ferez est enregistré et décortiqué. Une base de données inespérée pour les publicitaires. Impossible de cacher vos goûts, vos préférences culinaires ou de loisirs. Encore plus problématique quand il s'agit de mineurs. 
Big Brother existe. Il a de grandes oreilles... 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue vendredi en dernière page de l'Indépendant.

vendredi 11 janvier 2013

Roman - August, courageux bonhomme dans "Wonder" de R. J. Palacio chez PKJ

Un monstre ? Non, August Pullman, 10 ans, le visage en désordre à cause d'un gène déficient. Il fait sa rentrée au collège. Mais comment supporter tous ces regards ?

Emouvant, drôle et dramatique, ce roman de R. J. Palacio, s'il s'adresse aux adolescents, peut aussi intéresser leurs parents. Les passionner en fait. D'un sujet grave, cette auteur américaine en a fait un texte simple et lumineux. Découvrez August, sa malformation faciale, ses rêves, sa vie, son courage. Et tombez sous le charme d'un personnage hors normes, de ceux qui vous restent toute une vie en mémoire, comme si l'on avait partagé toutes ses déboires depuis la petite enfance.
Tout le texte est à la première personne. Au plus près de l'action. C'est August qui parle. Puis sa sœur, Via, ses amis et d'autres connaissances. August, Auggie plus familièrement, est un petit garçon de 10 ans surprotégé par sa mère. Intelligent, il ne sort que rarement à l'extérieur. Il n'est jamais allé à l'école. Auggie souffre d'une maladie rare, un gène déficient qui, à la naissance, a transformé son visage en champ de ruines. Bébé, il n'en était pas conscient. C'est avec les années, en constatant les yeux effarés de rares personnes extérieures qui tombaient en arrêt en le voyant, qu'il a compris combien il était différent. Difforme exactement, mais ce mot est banni dans la famille.
R. J. Palacio surmonte un premier écueil : la description. Elle fait cela tout en finesse dans la bouche même d'August, avec une pointe d'humour. Et parfois beaucoup d'émotion. Après une nouvelle confrontation difficile avec un adulte effaré, August trouve refuge dans les bras de sa maman. « Je sais bien que je suis un monstre » lui dit-il. « Elle m'embrassa partout sur le visage. Elle embrassa mes yeux qui tombaient trop bas. Elle embrassa mes joues qui sont si creuses qu'on dirait que quelqu'un y a enfoncé son poing. Elle embrassa ma bouche de tortue. Ses paroles douces m'ont apaisé. Mais aucun mot ne pourra jamais changer mon visage. » Supporter le regard des autres, les frayeurs, les moqueries : la vie d'August n'est pas une sinécure. On comprend pourquoi durant deux ans il n'est jamais sorti sans son casque d'astronaute qui lui cachait le visage, pourquoi il aime tant Halloween et les déguisements obligatoires. On comprend surtout l'angoisse du gamin quand ses parents lui annoncent qu'il va faire sa première rentrée au collège, en sixième.

Le regard des autres
Être au centre de tous les regards. Agréable quand on vous admire. Beaucoup moins quand on devine du dégoût, du rejet et même de la peur dans ces regards gênés. Mais August est courageux. Et a envie de tenter l’expérience. Peut-il avoir des copains, des amis, une vie normale ? Comment faire oublier ce visage de Quasimodo ?
C'est très dur au début. Mais heureusement, dans toute foule il y a toujours une ou deux perles rares. August, dès le premier jour, rencontre Summer. Une fillette ouverte et intelligente. Elle ne s'arrête pas aux apparences et découvre que derrière ce visage ingrat se cache humour et intelligence. Jack aussi apprécie August. Mais il le paiera le prix fort. Car le reste des enfants évite de parler et surtout toucher le « monstre » au risque d'attraper la « peste » si on ne se lave pas les mains dans les dix minutes. Jack devient lui aussi pestiféré.
Ce roman chorale alterne les points de vue. Jack donne sa vision des choses, Summer aussi. Sans oublier Olivia, la grande sœur d'August. Elle le protège, mais souffre aussi d'un certain abandon de la part de ses parents, accaparés par les souffrances d'August.
Un texte coup de poing, inspiré par une véritable rencontre, écrit par la maman de deux garçons « normaux ». Avec juste ce qu'il faut d'optimisme et de candeur pour le rendre terriblement crédible et inoubliable.
Michel Litout
« Wonder », R. J. Palacio, Pocket jeunesse PKJ, 17,90 €

jeudi 10 janvier 2013

Billet - Invasion de :poop: sur les murs Facebook


Amis du bon goût, bonjour. Et passez votre chemin. Cette chronique n'est pas pour vous. Les caganers de Catalogne Sud n'ont pas le monopole de l'excrément rieur. Grâce à un collègue farceur, j'ai découvert tout le charme du poop (prononcez « poupe »). « Sur une zone commentaire, notamment sur Facebook, tu tapes :poop: Tu verras, c'est marrant ! » Inconscient, je me lance. Mais de nature un peu méfiante quand même (le sourire ironique du collègue laisse deviner une fourberie), je choisis le mur d'un ami de confiance. J'écris le mot magique, je valide et mon :poop: se transforme en un ravissant... étron. Très marrant ! Certes un peu embarrassant, mais marrant. Si j'étais meilleur en anglais j'aurais su que poop a la même signification que shit ou crap. Par chance, ma victime est un fan inconditionnel des pétomanes, autre façon de transgresser son stade anal. 

Sachez-le, badigeonner le mur virtuel de quelqu'un avec des excréments tout aussi factices s'exécute avec une facilité déconcertante.  Reste à savoir quel programmateur dérangé a réussi l'exploit d'associer cette suite de six caractères à l'image d'un étron ? 
Et pour les perfectionnistes, il existe même des sites pour récupérer des « emoticons » plus élaborés. Dans la catégorie « pooping » vous trouverez des fèces fumantes, des oiseaux atteints d'entérite aiguë, un plombier arrosé ou un smiley marchant dans une crotte : il y en a pour tous les (mauvais) goûts. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière page de l'Indépendant.

Polar - "Le Chinois" de Henning Mankell disponible en poche chez Points

Une vengeance vieille de plus d'un siècle s'abat sur un petit village de Suède. Quel peut être le lien entre un jeune entrepreneur chinois et un petit village suédois ? La juge Birgitta Roslin va se retrouver impliquée dans cette vengeance traversant les siècles et les océans. Ce roman d'Henning Mankell, sans son héros fétiche, Wallander, débute dans un hameau perdu dans la neige et les forêts. Un photographe amateur, désirant immortaliser ces bourgades en voie de désertification, découvre un cadavre en partie dévoré par un loup. Un roman doublement prenant car on ne peut qu'avoir de l'empathie pour les deux parties : les Chinois du passé, la juge du présent. Entre il y a toujours cette violence, cette folie meurtrière des hommes, matière première de tout bon thriller. (Points, 8 €)

Billet - Jeu presque mortel


Haro sur les jeux vidéos. Source fréquente de discorde familiale, entre frères et sœurs notamment, l'affaire peut aller beaucoup plus loin quand l'addiction aux manettes dépasse les bornes.

L'histoire se passe en Chine. Un bon père de famille se désespère. Son fils, 22 ans, titille le joystick à longueur de journée. Sans travail, ni volonté d'en trouver, il préfère vivre par procuration sur un jeu en ligne. Le père, à bout d'arguments a l'idée du siècle. Si son fils joue, c'est qu'il gagne et y trouve du plaisir. Pour le dégoûter, il faut qu'il perde.
Dans ses jeux favoris, style World of Warcraft ou Call of Duty, perdre c'est se faire tuer. Le paternel  recrute donc sur internet des tueurs à gages... virtuels. Ils ont pour mission de s'immiscer dans les parties du fils et de tout faire pour l'occire.
Imaginez, vous êtes en plein dégommage de terroristes à tire-larigot. Concentrés sur les tirs de l'ennemi. Et tout à coup, votre coéquipier, sans crier gare, vous abat froidement. Une fois, deux fois... De quoi piquer une crise d'épilepsie puissance mille. Le jeune joueur chinois se doute rapidement de l'embrouille. Il devine aussi que son père a organisé toute la mise en scène. Une petite explication plus tard, papa annule tous les contrats. Fiston a promet de lever le pied sur les parties et de chercher sérieusement du travail.
Tout est bien qui finit bien dans ce monde virtuel où l'on peut mourir 20 fois d'affilée, ou assassiner son propre fils, sans en faire le moindre cauchemar.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 8 janvier 2013

Billet - Trois images au hasard pour résumer internet


Internet déverse quotidiennement un flot d'images. Sans tri, ni mise en perspective. Le « choc des photos », marque de fabrique d'un hebdomadaire, est mis en pratique à tout moment. Trois exemples vus ce week-end.  

Le ridicule absolu en visionnant, sur le site officiel de la république de Mordovie, la photo d'un Gérard Depardieu engoncé dans un costume traditionnel de cette région de Russie. A un tel niveau de tartufferie, on ne comprend pas le foin fait autour de cet exil fiscal. Notre Gégé (de moins en moins national) est devenu l'un de ces personnages outrageusement caricaturaux inventés par les auteurs de Groland... 
L'émerveillement en détaillant l’œil blanchâtre et les tentacules d'un calamar géant filmé à 900 mètres de profondeur. Le monstre marin de 8 mètres de long a fait une brève apparition devant un sous-marin japonais spécialement affrété pour le filmer. 
L'horreur en comprenant les raisons d'une collision frontale triplement mortelle près de Nantes. Un jeune de 24 ans se filme en train de foncer à 200 km/h sur une petite route départementale. Pour quelques images si prisées sur certaines plate-formes vidéo, il prend des risques déments. La collision est effroyable. Le jeune conducteur est tué sur le coup ainsi que deux autres personnes dans l'autre voiture. On ne verra pas cette image sur internet, mais on l'imagine. C'est insoutenable. 
Ainsi vont les images sur internet. Parfois belles, parfois horribles, souvent banales. Le miroir sans tain de notre société.
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Les griffes du boxeur


Il y a un peu de BlackSad dans cette BD japonaise de Yoshihiro Yanagawa. Tous les personnages ont des visages de chats. De jolis matous, aux traits fins et délicats. Pourtant le héros, Nido, est un boxeur. Un dur. Surnommé la locomotive car il boxait toujours en avançant. Aujourd'hui, blessé, il est presque à la rue. Une rencontre va pourtant lui donner l'occasion de s'enthousiasmer à nouveau sur un ring. Loin d'être une BD sportive, l'histoire de Nido est surtout celle de la culpabilité d'un frère incapable de protéger son cadet. Un manga hors genre capable d'arracher quelques larmes aux plus sensibles.
« Bye bye, my brother », Casterman, 7,50 €


lundi 7 janvier 2013

Billet - La révolution des audiences télé passe par Twitter

Enterrées les audiences télé de Médiamétrie et les parts de marché sur les ménagères de moins de 50 ans. Le succès d'un programme est désormais tributaire de la célébrité de son hashtag (mot-clé) sur Twitter. Le réseau social se révèle chaque jour plus populaire et pratique pour commenter les émissions en direct. Le site Devantlatélé.com utilise et analyse en live cette interactivité. A la fin de la journée, il publie les dix émissions auxquelles les abonnés de Twitter ont réagi le plus. Et le classement est rarement le même que celui de Médiamétrie. Samedi par exemple, la chaîne Gulli fait longtemps la course en tête. Avec 16730 tweets, l'émission de Laurent Ruquier sur France 2 l'emporte de peu face au programme diffusé par la chaîne jeunesse de la TNT. Gulli a fait le bon choix avec un docu-réalité sur les coulisses de la tournée de Justin Bieber...

La télé-réalité reste une valeur sûre des audiences, sur Twitter aussi. Koh-Lanta le vendredi, Star Academy le jeudi, Nouvelle Star le mardi : les « petites » chaînes montent en grade dès qu'il s'agit de donner son avis sur la dernière trahison dans le camp des rouges, les fausses notes d'un candidat ou la colère surjouée d'un « prof ».

Ce mariage entre réseau social et télévision ne peut que progresser. D'autant que le CSA, depuis la semaine dernière, autorise les chaînes à citer les marques Twitter et Facebook à l'antenne. Il l'interdisait auparavant car le considérait comme de la... publicité clandestine. 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Yoko Tsuno de retour dans le passé


Électronicienne japonaise, exploratrice de l'espace, aventurière pleine d'humaniste, Yoko Tsuno pour cette nouvelle aventure endosse le costume de voyageuse dans le temps. « Le maléfice de l'améthyste », 26e titre de la série créée par Roger Leloup il y a plus de 40 ans, débute de nos jours en Russie mais se poursuit rapidement en Écosse dans les années 30. 

Avec la jeune Emilia, elle va aller dans le passé pour récupérer une mystérieuse pierre précieuse. Une aventure se déroulant beaucoup dans les airs, au manche de ces vieux coucous que Roger Leloup admire tant.

« Yoko Tsuno » (tome 26), Dupuis, 10,60 € 

dimanche 6 janvier 2013

BD : 2013, l'année Groom



Septante-cinq ans ! Spirou fête ses 75 ans en 2013. Le groom en rouge fait figure de grand ancien dans le monde de la BD franco-belge. Il a aussi la particularité de ne pas appartenir à son créateur, Rob-Vel, mais aux éditions Dupuis. Spirou a traversé les décennies passant de mains en mains. Avec cependant une période reine, quand Franquin s'est approprié le personnage après Jijé. La série a gagné en cohérence, en profondeur et en magie quand est apparu le Marsupilami. Spirou a également été dessiné par Fournier, Nic, Tome & Janry, Munuera et Yoann. La 53e aventure de Spirou et Fantasio, « Dans les griffes de la vipère » sera en librairie le 11 janvier. Premier étage d'une fusée à multiples moteurs qui sera en orbite vers n ovembre avec la parution de « La femme-léopard », le second Spirou par Yann et Schwartz, suite très attendue du « Groom vert-de-gris ».