vendredi 9 novembre 2012

BD - Fuite dans le vide avec "Void 01" de Hanna et Phillips



Seul dans l'espace. Ce concept a été vu et revu des centaines de fois tant en roman, film que bande dessinée. Il permet pourtant à Herik Hanna et Sean Phillips de signer une BD aussi angoissante que réussie. 3e titre de la collection « La grande évasion », Void 01 se déroule dans l'immense vaisseau spatial chargé de convoyer des détenus. Une pluie d'astéroïdes endommage gravement la coque, l'engin se retrouve à la dérive dans le vide sidéral. Une seule solution : l'évacuation. C'est compter sans le sens du devoir du colonel Mercer, seul maître à bord après Dieu. Il considère que ce serait une évasion. Il s'oppose à l'abandon du vaisseau et préfère massacrer équipage et détenus pour éviter le pire. Reste un certain John, unique survivant, bien décidé à sauver sa peau. Un scénario machiavélique illustré par un virtuose américain, Sean Phillips, également à l'honneur dans les librairies avec une autre série, « Fatale », dont le premier tome vient de sortir.
« La grande évasion, Void 01 », Delcourt, 13,95 €


jeudi 8 novembre 2012

Billet - Ma nuit américaine sur les réseaux sociaux

« Four more years » et une photo de Barack Obama enlaçant tendrement sa femme Michelle. Une image et ces trois mots, tweetés et publiés sur Facebook par l'équipe de campagne du candidat démocrate à 5 h 16, mercredi matin, mettent fin à une « nuit américaine » palpitante. « Quatre années de plus » au poste de président des USA. Le message prend presque de court les instituts de sondage. Immédiatement, des milliers de personnes propagent la nouvelle, phénomène de bouche à oreille virtuel sans précédent. Plus de 600 000 « retweets », 2,8 millions de « j'aime » sur Facebook à 14 heures, le « chouchou » des réseaux sociaux enfonce le clou. 

Durant cette nuit, le civisme  des électeurs américains s'étale au grand jour. Les messages annonçant « #Ivoted » sur Twitter déferlent au rythme de 2000 par minute. Une élection suivie aussi sur une carte interactive de Facebook. Chaque abonné peut signaler son passage dans l'isoloir. Près de 10 millions de personnes jouent le jeu, surtout des femmes et des jeunes. 
Les réseaux sociaux permettent aussi aux peoples de réagir instantanément. Joie pour Lady Gaga et son équipe après un concert.


Grosse fiesta chez Eva Longoria et un petit mot en français pour le rappeur Jay-Z : « Encore ». On attend toujours la réaction de Clint Eastwood. Les mauvaises langues prétendent qu'il demande conseil à une chaise vide...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue en dernière page de l'Indépendant ce jeudi.


Pour les archives, la Chronique parue mercredi matin en dernière page de l'Indépendant. Écrite la veille, sans connaître le résultat de l'élection...
Une mite dans la baraque

Barack Obama a remporté l'élection présidentielle américaine. Du moins, sur les réseaux sociaux. Parce que dans la vraie vie, celle où les citoyens votent (vieille invention d'un pays en perdition : la Grèce), à l'heure où sont imprimées ces lignes, le résultat est indécis. Reste les réseaux sociaux, boule de cristal moderne. Nombre d'abonnés sur Twitter, partages de ses messages, « like » sur Facebook : partout Barack casse la baraque (je me permets ce jeu de mot usé jusqu'à la corde car en cas de défaite, c'est ma dernière occasion de le placer...). Logique finalement car Romney, avec son image de chef de famille mormon, n'a rien du geek à la page. Il ferait plutôt penser à un costume sentant la naphtaline pour effrayer les mites, Romney (celui-là, il est carrément tiré par les cheveux, mais là aussi, s'il perd, difficile de le replacer...) De cette campagne électorale, vu du net, on ne retiendra que quelques images reprises à l'envi. Clint Eastwood, soutien du candidat républicain, dialoguant avec une chaise vide, Obama étrangement absent dans le premier débat, brillant dans le second avec sa tirade sur les baïonnettes. La palme revient quand même à Romney quand il s'est « attaqué » à Big Bird, un héros de Sesame Street, l'émission pour la jeunesse. Non il n'a pas la phobie des bêtes à plumes, il veut simplement réduire les crédits de la télévision publique. Et du coup toute la campagne se trouve résumée en une phrase : « Obama a tué Ben Laden, Romney va s'occuper de Big Bird ».

mercredi 7 novembre 2012

Billet - Materrazzi contre Zidane : provocation, acte 2


Quand on a la provocation dans le sang, difficile d'aller contre ce penchant. Tel un second « coup de boule », une photo de Marco Materrazzi postée sur son compte Twitter dimanche soir, a ranimé une vieille querelle.

Materrazzi, obscur footballeur italien, passe de l'ombre à la lumière un soir de 2006. Finale du Mondial, il s'approche de Zidane, déjà passablement énervé, et lui dit du mal de sa sœur. Zizou pète les plombs et lui assène un coup de tête dans le poitrail. Materrazzi, qui n'a pourtant pas fait l'Actor's Studio, en rajoute des tonnes. Suffisamment pour que l'arbitre expulse le n° 10 français. Ce légendaire coup de boule inspire un artiste, Adel Abdessemed, qui l'immortalise dans une statue géante installée temporairement devant le centre Beaubourg. Materrazzi, de passage en France, prend la pose devant l’œuvre d'art. Comme s'il était fier de ce fait de guerre.
Sur Twitter, le cliché est repris des milliers de fois et lance une nouvelle polémique: certains y voient un hommage tardif. Mais la majorité ne croit qu'à une seconde provocation. Hier, Zizou, grand seigneur, s'est abstenu de réagir.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'indépendant.

mardi 6 novembre 2012

BD - Siorn, un Barbare en colère chez Soleil


Dans la famille des barbares en colère, un nouveau venu devrait mettre d'accord tous les autres. Siorn est une série écrite par Viozat et dessinée par Tanco. Ce chef de clan a tenté de voler des gemmes à la redoutable reine Ysbel. Une fois capturé, la magicienne lui propose un marché : sa clémence contre la tête du roi Olshorn. Siorn n'hésite pas une seconde. Il faut qu'il reste en vie pour protéger sa tribu. Il part donc affronter l'armée d'Olshorn, escorté par une mercenaire à la solde d'Ysbel. Le couple se retrouve au centre d'une immense bataille. Le roi doit résister à la rébellion de son frère. Ce dernier a l'appui de barbares, les ennemis héréditaires de Siorn. Les auteurs campent par petite touche les différents protagonistes de cette saga. Tous violents, ambitieux, prêts à tuer frères, sœurs et amis pour un peu plus de pouvoir.
On est bluffé par les dessins, tout en muscles et testostérones, de Morgann Tanco, un jeune auteur toulousain qui a déjà à son actif « L'ivresse des fantômes » et « Le droit chemin » chez Delcourt.
« Siorn » (tome 1), Soleil, 13,95 €


lundi 5 novembre 2012

Thriller - Inquiétante campagne islandaise

L'Islande, ses geysers, ses glaciers, ses maisons abandonnées propices aux cauchemars. « Je sais qui tu es » est un thriller qui fait froid dans le dos.


L'Islande, immense île glacée dans l'Atlantique nord n'est pas très peuplée. La population se concentre dans les zones urbaines autour de la capitale Reykjavík. Le reste du territoire est quasi désertique. « Je sais qui tu es », thriller de Yrsa Sigurdardottir, a pour cadre le nord-ouest du pays. La petite ville d'Isafjorour et le hameau abandonné d'Hesteyri au cœur d'un parc naturel protégé.
La crise économique a durement touché le pays au milieu des années 2000. Les faillites de plusieurs banques a laissé des traders habitués à vivre à crédit sur le carreau. Garoar est de ceux-là. Au chômage depuis quelques mois, il a investi ses dernières économies dans l'achat d'une maison à Hesteyri. Il a pour ambition de transformer la bâtisse en gîte. Idéalement située au cœur du parc naturel, elle ne devrait pas désemplir en été.

Trio isolé
Pour l'heure, il va en prendre possession et débuter les premiers travaux d'aménagement. Pour s'y rendre, seule solution en cette fin d'automne : le bateau. Il débarque donc avec matériel et vivres pour une semaine de travaux intensifs. Il n'est pas seul. Accompagné de sa femme, Katrin et de Lif, la veuve de son meilleur ami, associé mort d'une crise cardiaque avant l'aboutissement du projet. Pour ces trois trentenaires c'est une découverte complète. Dans cette baraque en bois, délabrée, sans électricité ni sanitaires, au chauffage rudimentaire, le séjour se transforme en cauchemar. Et pas uniquement en raison des contraintes matérielles.
Une inquiétante ambiance s'installe dans le hameau désert. Katrin est persuadée d'avoir vue une silhouette au loin. Lif aussi croise une ombre. La nuit des bruits de pas au rez-de-chaussée se font entendre. Le décor est planté, le lecteur frissonne. De froid et de peur.
Mais les tribulations du trio ne sont pas l'unique intrigue du roman. En parallèle, l'auteur suit les activités de Freyr, un psychiatre exilé dans cette ville de 2600 âmes, blottie au fond d'un fjord. Ce matin il est sollicité par la police pour une affaire de vandalisme dans une école. Tout le matériel a été cassé et des graffitis énigmatiques inscrits sur les murs. Est-ce l’œuvre d'un fou lui demande l'inspectrice Dagny ? Freyr découvrira avec stupéfaction que 60 ans auparavant, une scène identique s'est déroulée dans la même école.

Enfant disparu
Au même moment, une femme est retrouvée pendue dans une église. Un suicide. Mais il se trouve qu'elle était élève au moment du premier saccage. Et dans son mot d'adieu, elle fait allusion au fils de Freyr, disparu trois ans plus tôt. L'intrigue se met en place, avec quantité de possibilités, de recoupements et de fausses pistes. Freyr a l'impression de devenir fou. Les trois naufragés d'Hesteyri aussi. Une nuit, il voient au loin la silhouette d'un inconnu. « L'individu se tenait la tête penchée en avant, recouverte d'une capuche et les bras ballants. On aurait dit qu'il ou elle avait cédé sous le poids de toute l'injustice du monde. » Un premier choc suivi d'un second quand le trio découvre avec effarement que ce n'est qu'un enfant.
L'angoisse va alors aller crescendo, notamment dans le hameau perdu. Ce thriller vous dissuadera à vie de vous rendre dans des endroits isolés et coupés du monde. Le cadre majestueux et sauvage devient source inépuisable de terreur. Rarement un roman aura suscité autant d'angoisse au lecteur. A ne pas lire seul dans sa maison de campagne. A moins de rechercher des sensations fortes. Mais vous pourriez le regretter quand les hurlements poussés dans votre cauchemar vous réveilleront trempé de sueur froide...

« Je sais qui tu es », Yrsa Sigurdardottir, Anne Carrière, 22 € (disponible au format poche chez Points)


Billet - Facebook peut rendre fou (parfois)

Vendredi soir, 22 heures. Je suis au journal à contrôler les dernières pages de l'édition de samedi. Coup de fil énervé de mon épouse. « Qu'est-ce que tu as ENCORE trafiqué avec l'ordinateur ? Plus moyen de me connecter sur Facebook. » On se calme ! Il est vrai que j'ai la mauvaise habitude d'ouvrir quantité de programmes en même temps. Le PC ne supporte pas toujours cette pléthore d'informations. « Sois précise. Que se passe-t-il exactement ? » « Au lieu d'avoir la page d'accueil, j'ai un message en anglais. » « Sorry, something went wrong », je lui réplique instantanément. « A peu près... » Bon d'accord, mon accent n'est pas parfait, mais « wrong » c'est quand même compréhensible... Pour une fois, je n'y suis pour rien. Facebook connaît un gros bug dans toute l'Europe. Sur Twitter les messages défilent sans équivoque. « Facebook ça bug ou quoi ?? » « Facebook bug ! Le monde entier s'affole. Faut voir ça ».

La crise de nerfs menace des millions d'accros. De quoi apporter de l'eau au moulin de ces spécialistes américains militant pour la reconnaissance officielle de l'addiction à internet comme maladie psychiatrique. Un anonymous revendique l'attaque sur le réseau social. Démenti de la société : les problèmes de connexions sont dus à une « modification du DNS dans le but de faire un test d'optimisation du trafic. »... Info ou intox ? Le saura-t-on un jour ? Samedi tout était rentré dans l'ordre, les drogués du « like » plongés à nouveau dans leur paradis artificiel.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant. 

dimanche 4 novembre 2012

BD - Zaya agent intemporel au service de la Spirale

Tueuse au service de la Spirale, organisation du crime planétaire, Zaya profitait d'une paisible retraite en compagnie de ses deux filles. Rappelée pour une opération spéciale, elle se retrouve hôtesse sur un immense paquebot de croisière. Sa mission, protéger les arrières d'une centaine d'agents de la Spirale mobilisés pour abattre un certain Siegam. Il a osé trahir la Spirale. 

Aidée de son intelligence artificielle, Zaya va assister à l'opération en retrait. Heureusement pour elle car c'est un piège. Siegam sert d’appât pour capturer en flagrant délit le maximum de membres de l'organisation criminelle. Le combat s'étire sur une vingtaine de planches, les scènes d'action ne faisant pas peur à Huangjiawei, le dessinateur chinois de cette série écrite par Morvan. L'histoire bascule alors dans la SF pure. 

Zaya, pour échapper aux policiers, franchit l'hyperespace. Une limite dangereuse car susceptible de modifier radicalement son monde. A son retour, elle constate qu'elle est désormais dans un contre-espace radicalement différent. 

Beaucoup d'action, une héroïne à croquer, un rebondissement inattendu : à priori Zaya a de beaux jours devant elle.

« Zaya » (tome 2), Dargaud, 14,99 € 

samedi 3 novembre 2012

BD - Largo et son frère



Nouveau coup de théâtre dans la série Largo Winch. Le milliardaire imaginé par Jean Van Hamme a un frère, Iorg. Les retrouvailles sont tumultueuses. Trafiquant d'armes, Iorg veut prendre sa revanche. Il implique Largo dans son trafic et espère le faire tomber. 
Derrière toute cette manigance se trouve Sybil, la mère de Iorg, servante géorgienne séduite puis abandonnée par le père de Largo. L'album se déroule essentiellement sur un cargo. L'ambiance tendue est mise en place par le dessin nerveux de Francq. Il gagne en fluidité, certaines cases sont très proches des meilleurs Bernard Prince de Hermann. Le côté comique de l'album est assuré par Simon, tombé dans le piège d'une riche (et vilaine) héritière suisse...
« Largo Winch » (tome 18), Dupuis, 12,95 €


vendredi 2 novembre 2012

Billet - Disney achète une étoile à 4 milliards de dollars


Ceux qui doutaient de la prochaine fin du monde ont l'air fin aujourd'hui. Le temps n'est plus aux interrogations depuis l'annonce, ce lundi soir, de l'achat de la société de production Lucas Film par le géant Disney. Une transaction de 4 milliards de dollars. Georges Lucas, créateur de Star Wars, est donc passé du côté obscur. S'il abandonne sa franchise, acceptant même la mise en chantier d'un septième opus (sortie annoncée en 2015), tout espoir est mort. Cet extraordinaire visionnaire empoche le pactole. Cela lui laisse moins de deux mois pour le dilapider. A moins qu'avec cette montagne de dollars il ne se rabatte sur un autre sommet, le fameux Pic de Bugarach... 

Ce qui est certain, c'est que la vente de Star Wars provoque une pléthore de réactions sur les réseaux sociaux. Le moindre geek connaît sa trilogie par cœur, tel un séminariste les évangiles. La greffe de Disney sur cet univers donne beaucoup d'idées, souvent farfelues, de remakes sauce « grandes oreilles » : « L'empire contre Tic et Tac », « La belle Leïa au bois dormant », « Ewoks et Rouky »... Dark Vador avec des oreilles de Mickey, est-ce plus ou moins effrayant pour les générations futures ? Harrison Ford va-t-il devoir prendre des cours de chant s'il veut rempiler pour Star Wars  7 ? Il ne reste plus à Disney qu'à racheter Spielberg (détenteur des droits ciné de Tintin) pour lancer le héros ultime : Mickey en pantalons de golf armé d'un sabre laser. Pauvre de nous...  

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Mondes opposés dans "Le Grand Mort" de Loisel, Djian et Mallié


On retrouve beaucoup du souffle de la Balade au bout du monde dans « Le grand Mort » de Loisel, Djian (scénario) et Mallié (dessin). Deux mondes parallèles, le nôtre, normal mais en pleine déliquescence et un fantastique, celui du petit peuple, craintif et magique. 
Entre ces deux univers, un passeur, Erwan, véritable héros de la série, même s'il se fait souvent voler la vedette par les femmes. Il y a Gaëlle, la rousse et ronde, romantique et fleur bleue. Et Pauline, sérieuse et inquiète depuis son retour du Pays du Grand Mort et la naissance de sa fille, Blanche, gamine mystérieuse, aux yeux de braise. Les grands bouleversements des équilibres provoquent des tremblements de terre un peu partout. Pauline et Gaëlle, fâchées, vont se réconcilier dans l'épreuve. 
Un épisode de transition, comme pour consolider et clarifier les rapports humains des personnages principaux.
« Le Grand Mort » (tome 4), Vents d'Ouest 14,95 €