mardi 16 octobre 2012

Billet - Dans l’œil du monstre marin...


Un œil de 10 centimètres de diamètre : telle est la découverte faite il y a quelques jours par un promeneur sur la plage de Pompano Beach en Floride. Plusieurs biologistes tentent de définir à quelle espèce d'animal il peut appartenir. En vain. La photo de ce globe oculaire gigantesque a est donc publiée sur le mur Facebook de la Commission de conservation de la vie sauvage et marine de Floride. L'effet est immédiat. Partagée des milliers de fois, elle provoque une rafale de commentaires. Et pour beaucoup, pas de doute, cet œil appartient à l'un de ces monstres marins vivant dans les abysses.

Internet, lieu de toutes les rumeurs et de toutes les exagérations se délecte de ces cas inexpliqués. Régulièrement des vidéos ou des photos se propagent, comme si les utilisateurs du réseau, grands enfants dans l'âme, continuaient de croire aux histoires terrifiantes de leur jeunesse.
En juillet dernier, le cadavre gonflé d'un animal glabre, dents pointues et courtes pattes, suscite les hypothèses les plus farfelues. Finalement, il s'avère qu'un petit chien mort s'est noyé et a croupi un peu trop longtemps dans l'eau...
Dans le golfe du Mexique, une caméra a surpris une forme, énorme, ondulant entre deux eaux. Méduse, simple bâche en plastique ou Nessie des tropiques ?
Mais le meilleur exemple d'attributs gigantesques de monstre marin est celui sortant de l'océan dans le clip « Starships » de Nicky Minaj. Enormes ! Et il ne s'agit pas de ses yeux...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce lundi en dernière page de l'Indépendant.

BD - La sirène de la police dans "Mermaid Project" de Léo, Jamar et Fred Simon



Romane Pennac, l'héroïne de cette série de science-fiction, est policière à Paris. Dans ce futur proche, notre monde a beaucoup changé. Romane se déplace à vélo, le cheval a fait son grand retour dans les avenues et Romane subit les brimades quotidiennes de ses collègues. Pas parce qu'elle est une femme ou blonde. Simplement car elle est blanche. 
Dans ce futur imaginé par Léo et Corinne Jamar, les pays émergents ont pris le dessus sur la vieille Europe. Logiquement, les minorités d'aujourd'hui sont devenues des majorités et reproduisent les mêmes injustices. Romane tente donc de s'imposer dans un commissariat où elle ne doit sa présence qu'à un quota à remplir. Elle va avoir l'occasion de s'illustrer quand elle reçoit un courrier dévoilant une erreur de cadavre transféré en France depuis les USA. 
Grâce à la présence de son frère au sein d'une société de recherche en génétique, elle sera choisie par les services secrets pour se rendre à New York enquêter sur le Mermaid Project. Paris, New York, Québec : Romane joue un peu à Tintin dans le futur. Le dessin très ligne claire de Fred Simon renforce cette impression.
« Mermaid project » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


Billet - Week-end nauséeux entre Baumgartner et le hashtag de la honte

Sensations fortes assurées le week-end dernier. Dimanche, enfin, l'Autrichien inconscient a sauté. Après quelques faux départs (lire chronique du 11 octobre) Félix Baumgartner a battu des records (altitude et vitesse en chute libre). Le tout diffusé en direct sur la plate-forme dédiée et des milliers d'autres sites, dont celui de l'Indépendant. Le problème pour le grand froussard que je suis, c'est que les images étaient d'une qualité telle que je me suis surpris à avoir le vertige. Et quand je l'ai vu chuter en tourbillonnant sur lui-même, j'étais limite nausée. Quelques heures plus tard, les images embarquées, encore plus impressionnantes, renforçaient le malaise. Un exploit, d'accord, mais un exploit de malade ! 

Enfin, pour être honnête, la nausée, la vraie, celle qui vous fait rendre tripes et boyaux, m'est venue en découvrant sur Twitter le phénomène du week-end : le mot-clé ou hashtag #unbonjuif. Sous couvert d'humour (tendance Dieudonné), des petits rigolos (selon eux), de sinistres racistes (en fait), ont multiplié les blagues de très mauvais goût. A côté, la sortie de Le Pen sur Michel Durafour fait songer aux Teletubbies.

Vous ne lirez pas d'exemple dans cette chronique, ce serait trop d'honneur pour ces tristes individus. Et j'avoue que le fait même d'en parler me fait culpabiliser. Je crois dénoncer, mais ne suis-je pas complice en m'indignant ? Informer n'est pas cautionner, mais dans le cas présent la frontière me semble très ténue car jamais internet n'aura autant servi de déversoir à une haine antisémite primaire.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.

lundi 15 octobre 2012

Roman - Un polar sombre et glacial signé Olivier Truc

« Le dernier Lapon », premier polar d'Olivier Truc, se déroule en janvier au-delà du cercle polaire : rude climat pour une enquête policière.

Journaliste français pour le Monde et le Point en poste depuis plus de 15 ans dans les pays nordiques et baltes, Olivier Truc signe un premier roman policier imprégné de la culture lapone. Ses héros, Klemet et Nina, font partie de la police des rennes. Un service à part, chargé de surveiller les éleveurs sur un vaste territoire qui englobe le nord extrême de trois pays, la Suède, la Finlande et la Norvège. Ce polar débute début janvier. La région est encore plongée dans la nuit polaire. Près de 40 jours sans voir le soleil. Avec des températures de moins 30 degrés.
Il faut être très fort pour survivre dans de telles conditions. Klemet vit cela comme une évidence. C'est un Sami, un autochtone. Fils d'éleveur, il a délaissé le métier pour intégrer la police. Il a longtemps été en poste à Stockholm, notamment dans la cellule Palme chargée d'enquêter sur le meurtre du Premier ministre. Il en a tiré un certain prestige mais cela ne l'empêche pas de subir les brimades de certains de ses collègues. Nina n'est pas Sami. Jeune policière, elle a été nommée à la police des rennes en raison de son sexe. Le gouvernement central veut féminiser ce service. Elle est la première femme, découvre cette région du pays radicalement différente des ses fjords, aussi isolés mais moins rudes côté climat.

Le retour du soleil
Avant de développer l'intrigue, Olivier Truc immerge le lecteur dans cet environnement glacé et sombre. Un plateau recouvert de forêts, lieu de vie de milliers de rennes broutant du lichen sous l'épaisse couche de neige. Les policiers se déplacent en motoneiges, dans une nature préservée. Nina va vivre l'événement le plus attendu de l'année par la population Sami, en ce 11 janvier, à 11 h 14 exactement. Une grande partie de la population de la ville de Kautokeino se rassemble sur un parking. A ce moment précis, le soleil va de nouveau se lever, pour 27 petites minutes marquant la fin de la nuit polaire. « Nina était saisie. Elle regarda sa montre. 11 h 13. On voyait maintenant nettement un halo vibrionnant troubler le point d'horizon que chacun fixait. » Comme les autres participants, Nina va communier. « Elle s'adossa comme Klemet à la voiture pour s'offrir, enfin, au premier rayon de soleil. Elle tourna la tête. Klemet était recueilli, les yeux plissés ». Le policier regarde son ombre. Elle est de retour après une si longue absence. « Le soleil avait tenu parole. L'attente n'avait pas été vaine ».

Le vol du tambour
Une fois le cadre planté, place à l'action. Deux affaires bousculent le train-train de la police des rennes. Un tambour sami, dernier vestige d'une civilisation presque éteinte, est volé dans un musée. Ce tambour venait de rejoindre la terre où il a été fabriqué après être resté des décennies chez un collectionneur français. Le lendemain, un éleveur sami est retrouvé assassiné près de sa petite maison au cœur du vidda, l'immense zone quasi désertique, grande comme le Liban, là où vivent les rennes. L'assassin lui a découpé les oreilles. Klemet et Nina vont enquêter, découvrant que ces deux affaires pourraient être reliées.
Olivier Truc profite de cette intrigue pour raconter la lente agonie du peuple sami, les ravages de l'évangélisation et les conséquences catastrophiques de l'exploitation minière de la zone. Un polar captivant, avec des personnages forts, un peu trop documenté et démonstratif, seul reproche que l'on pourrait faire à l'auteur qui oublie parfois de se défaire de sa rigueur journalistique.

« Le dernier Lapon », Olivier Truc, Métailié, 22 € (disponible au format poche chez Points)


dimanche 14 octobre 2012

BD - Sacrés saints !



Le premier tome de cette série écrite par Corbeyran débute un peu comme un film d'horreur américain. Un groupe de six personnes, des scientifiques et une journaliste, se rendent au plus profond d'une forêt pour y étudier un phénomène étrange : du lichen se développant en forme de spirale et mortel pour les animaux. Une seule survivante : la blonde journaliste qui va devenir une bombe à retardement. Kidnappée dans l'hôpital par une rousse gothique, elle est remise à un vieux bonhomme, le véritable héros de « Septième sens ». 
C'est Luc. Le saint qui au premier siècle a développé un don pour la médecine, un « septième sens », lui permettant de guérir ses semblables. Il est à la tête du groupe « Présence », le regroupement de ces Saints chargés de veiller sur le monde. Dans ce premier épisode intervient une certaine Jane, célèbre dans le temps sous le sobriquet de Jeanne la Pucelle. Elle fera équipe avec Georges, le tueur de dragon et Antoine, capable de discerner les créatures démoniaques.
L'originalité du propos devrait assurer un beau succès au concept. Defali, au dessin, s'approche de plus en plus de l'efficacité d'un Guérineau (Stryges).
« Septième sens » (tome 1), Delcourt, 14,30 €


BD - Trafics d'armes du futur dans "Seigneurs de guerre" chez Glénat



Dans un futur très proche, en 2020 exactement, les Balkans sont de nouveau en feu. Belgrade se relève difficilement d'une guerre civile entre Serbes et minorité hongroise de la région de Voïvodine. Après le massacre des troupes d'un dictateur, le chef de la rébellion s'est réfugié dans la ville de Novi Sad. Les soldats de l'ONU ont rétabli le calme, mais ont quitté le pays par manque de budget. 
En 2020 ce sont des sociétés privées qui assurent la sécurité de certaines zones protégées. « Seigneurs de guerre », série écrite par Guillaume Dorison, raconte cette évolution de la sécurité mondiale. Kali, une petite société tente de gagner des parts de marché. Pour convoyer des médicaments et vivres pour des associations humanitaires, Kali embauche Stéphane Marik, le pilote d'un Méka, ces chars d'assaut d'un nouveau genre et quasi invincibles. 
Dessinée par Poli et Hostache, avec des décors de Haillot, cette série réaliste oscille entre violence, politique et futurisme. Efficace, elle laisse beaucoup de zones d'ombres dans ce premier tome, rendant l'attente de la suite encore plus forte...  
« Seigneurs de guerre » (tome 1), Glénat, 13,90 €


Chronique - Un peu de ciel bleu en direct de Roswell


Un ciel bleu, quelques nuages d'altitude. Mardi après-midi, durant de longues minutes, je scrute cet azur immobile. Pourtant je ne suis pas dehors. Au contraire, calé devant mon écran d'ordinateur, je suis censé travailler. La curiosité (et une bonne connexion internet) m'ont entraîné devant la retransmission, en direct sur Youtube, du saut en chute libre de Felix Baumgartner depuis la stratosphère. Ce casse-cou autrichien veut battre deux records : d'altitude (36.576 mètres) et de vitesse (atteindre le mur du son soit 1227,6 km/h). 

Un exploit très médiatisé car sponsorisé par une boisson énergisante présumée vous donner des ailes. Alors voilà plus d'un quart d'heure que je contemple cette image fixe du ciel bleu de Roswell. Rien ne bouge. J'attends. Je rêvasse. Une soucoupe volante va-t-elle surgir ? Ou Baumgartner à la vitesse d'une balle de pistolet ? En fait je ne sais pas si l'expérience a débuté. Seule certitude : comme moi, plus de 800 000 personnes dans le monde sont connectées et scrutent cette immensité. Je passe en mode plein écran. Guère plus concluant. 

Catastrophe, mon chef approche. Je ripe sur Echap, la touche magique qui permet de faire disparaître la vidéo. Le ciel bleu continue d'illuminer mon écran. Pris en flagrant délit de glandage. « Ah, toi aussi tu regardes le saut ? Je crois que ça va être annulé, trop de vent... » Sauvé, il a délaissé son édito pour un pan de ciel bleu. Et je me rattrape comme je peux... « Euhhh, je crois que je vais en faire mon sujet de chronique de demain... »

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.

samedi 13 octobre 2012

Chronique - Les « plus » de Facebook, nouveau dada des sociologues

S'il en est bien dont le succès de Facebook booste les carrières ce sont les chercheurs en sociologie. Pas un jour ne passe sans que les journaux ne décryptent une étude comportementale sur les habitudes du milliard d'utilisateurs du troisième pays (virtuel) le plus peuplé de la planète.

Après « Pourquoi les utilisateurs du réseau social sont-ils plus méchants que la moyenne des gens ? », une nouvelle étude démontre que « plus on est sur Facebook, plus on est en surpoids et à découvert. »
Dans le même temps, des chercheurs de l'université de Chicago affirment que « consulter Facebook et Twitter semble plus tentant que d'avoir des relations sexuelles ou de fumer une cigarette. »
Une constante dans ces études : plus on est sur Facebook, moins on a de qualités... Au final, si l'on additionne tous les résultats, le portrait type d'un utilisateur a tout du monstre : un être renfrogné, détestant les vrais gens, gros, pauvre, méchant et affabulateur. Le portrait craché du regretté "Gros Dégueulasse" de Reiser (illustration)... Pas étonnant dans ces conditions s'il se tourne vers des amis « virtuels ».
A moins que ces adeptes de Facebook fassent eux aussi partie du domaine de l'imaginaire. Quel outrecuidant irait vérifier la pertinence d'études de prétendus chercheurs qui passent leur temps à diaboliser le grand méchant Facebook et si ça se trouve, sont encore plus asociaux que les cobayes débusqués sur le net ? Reste à analyser l'étude ultime, celle encore à réaliser qui démontrera, à coup sûr, que « plus on est sur Facebook, plus on se prend pour des chercheurs en sociologie qui ont réponse à tout. »
 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Justiciers galactiques dans Orbital de Pellé et Runberg



La bande dessinée de science-fiction a toujours été très présente dans les présentoirs des librairies. Mais les vrais amateurs n'ont pas eu grand chose d'intéressant à se mettre sous les yeux depuis la fin de Valérian. Heureusement est arrivé Orbital de Runberg (scénario) et Pellé (dessin). 
Du space-opéra intelligent, avec une multitude d'aliens, tous plus originaux les uns que les autres. En quatre albums, Caleb et Mezoke, les deux agents de la confédération, ont conquis des milliers de lecteurs. Le couple est formée d'un humain et d'une extraterrestre, peau noire et yeux en amandes.

Dans la première partie de ce nouveau diptyque, Mezoke se retrouve face aux juges, accusée d'avoir provoqué une catastrophe sur terre. Caleb, dans le coma, est mal en point. Sa collègue, voyant que les dés sont pipés, prend la fuite et fait un détour par l'hôpital pour récupérer Caleb. Complot, jeux de pouvoir, affrontement humains contre aliens : les centres d'intérêt sont multiples. Sans oublier les meurtres de mystérieux hommes masqués réclamant « Justice ».
Un dernier conseil, lisez l'album, puis reprenez-le, juste pour détailler les dessins de Pellé. Il fait partie des très grands !
« Orbital » (tome 5), Dupuis, 14,50 €


vendredi 12 octobre 2012

BD : Les clés d'Ythaq, enjeu du tome 10 de la série de Floch et Arleston


Arleston n'est pas le scénariste d'une seule et unique série. Il a connu le succès avec Lanfeust et les Trolls, mais a lancé une autre série au long cours dans le même genre. « Les naufragés d'Ythaq », en 9 tomes, a bouclé un premier cycle. Le tome 10 est le premier de cette nouvelle série d'aventures pour Callista, Granite et Narvarth. Le trio a quitté Ythaq et rend compte de l'existence de ce monde parallèle aux autorités de Nehorf, la planète primaire de l'univers. Narvarth a les clés pour ouvrir les portes de ce nouveau monde. Mais il n'a pas l'intention de les livrer aux exploiteurs de tous poils. Résultat il est enlevé, avec Granite sa petite amie. Conduits sur une lune privée, ils vont devoir affronter milice, robots mécaniques et grosses bébêtes carnivores dans ce milieu hostile. 
Toujours dessiné par Adrien Floch, la série devient un peu plus sombre, avec de nouveaux personnages négatifs assez inquiétants dont un certain Fludio, amateur de torture et de lames acérées. On retrouve la pâte Arleston avec l'apparition d'une troisième femme dans la vie de Narvarth, une militaire chargée de le protéger. D'un peu trop près selon la jalouse Granite.
« Les naufragés d'Ythaq » (tome 10), Soleil, 13,95 €