dimanche 4 avril 2010

BD - L'étoile du Katanga


Les diamants ont toujours fait rêver. Ils ont aussi provoqué des milliers de morts violentes. Ces pierres précieuses sont au centre d'un commerce très réglementé, de plus en plus florissant malgré la crise. Bartoll, le scénariste, a imaginé comment quelques arrivistes tentent de s'accaparer une part du gâteau. 

Pour l'instant, c'est la World Diamond Co qui a le quasi monopole. Son président, Charles Jr Van Berg, devra déployer des trésors de ruse pour contrecarrer ses rivaux. 

Dessinée par Köllé, qui avoue son admiration de Francq et Denayer, la série « Diamants » nous entraîne du Congo au Canada en passant par Israël et la Russie. Ce troisième tome se déroule en grande partie à Kinshasa. 

L'étoile du Katanga, une pierre de 849 carats va passer de main en main, faisant couler beaucoup de sang au passage. Regrettons simplement que cette série d'action ne fasse intervenir que des protagonistes tous plus détestables les uns que les autres, avides de pouvoir et d'argent. Mais c'est certainement le milieu qui veut cela.

« Diamants » (tome 3), Glénat, 9,40 € 

samedi 3 avril 2010

BD - La nébuleuse Roxana


Qui est All Watcher ? Cette question, Larry B. Max, le héros de la série IRS se la pose toujours dans le second tome de ce spin-off dessiné cette fois par Daniel Koller. Il est sur sa piste, ou plus exactement sur celle d'un Français qui est peut-être en relation avec ce personnage qui serait l'homme le plus riche de la planète car exploitant toutes les failles du système monétaire mondial. 

Vincent Coutelier est un escroc de grande envergure. Il peut changer d'apparence en quelques secondes et lancer des arnaques à très grande échelle. Cette fois il a été contacté par Roxana Wilson-Habib, agent immobilier qui lui propose une affaire en or. Acheter des terrains pour 100 millions de dollars. 

Des terrains qui en vaudront, dans peu de temps, 1000 fois plus. Larry parvient à se faire passer pour Coutelier. Mais il est moins bon en comédie et le rendez-vous tourne mal. 

Aussi passionnante que la série mère écrite par Desberg, « All Watcher » comptera 7 tomes, tous dessinés par des auteurs différents.

« All Watcher » (tome 2), Le Lombard, 10,95 € 

vendredi 2 avril 2010

BD - Petits riens essentiels


Chabouté, après quelques récits au long cours, revient à ses premières amours, la nouvelle. Ce recueil, petit format, en noir et blanc, propose une dizaines d'histoires courtes sur la vie de tous les jours. Intitulé « Fables amères, de tout petit riens », il brosse le portrait de notre société, de plus en plus solitaire, intolérante et inégalitaire. 

Chaque récit est comme un coup de poing au foie. Il semble anodin, mais après coup il vous casse en deux. Comme cette fillette dans un avion qui tente désespérément de discuter avec le monsieur assis à côté d'elle, malgré les remontrances de sa mère. Une fillette qui n'a jamais pris l'avion. Elle en est très fière, de même que de ses bons résultats à l'école. Elle le raconte durant tout le vol. 

A l'arrivée, elle et sa mère sont remises aux autorités locales par le monsieur peu bavard : un fonctionnaire français consciencieux qui vient d'expulser deux sans papiers. 

D'une force incroyable, cette BD nous fait réfléchir, culpabiliser aussi, parfois...

« Fables amères », Vents d'Ouest, 12 € 

jeudi 1 avril 2010

San-Antonio - Neige, boules et bévues

Patrice Dard, pour le 20e titre des nouvelles aventures de San-Antonio, s'essaie au format poche.


Cela fait dix ans que Frédéric Dard a quitté ce monde. Le créateur de San-Antonio et de tout son petit monde (Bérurier, Pinaud, Berthe, Félicie...) est pourtant toujours présent dans le coeur de millions de lecteurs. Ce dixième anniversaire est l'occasion pour les éditions Fleuve Noir de ressusciter quelques romans devenus rares, tout en poursuivant la réédition, avec des couvertures inédites de Boucq, des premières aventures du célèbre commissaire de police, grand tombeur de ces dames. Premières car depuis dix ans, Patrice Dard, le fils de Frédéric, a repris en main la maison San-Antonio pour les éditions Fayard. Il publie en ce mois de mars 2010 la 20e enquête de la nouvelle série. Et pour la première fois, le roman est publié en poche, ce format économique, souvent décrié par les « grands auteurs », mais qui a assuré une popularité inégalée à l'oeuvre de Dard père.

Béru en ski

« Ça sent le sapin » est un roman d'hiver. Il se déroule essentiellement dans une station de sports d'hiver, aux alentours de Noël. Cela donne d'entrée une scène comme les fans en raffolent : Béru et madame sur des skis : « Le Gravos des cimes et sa Baleine des neiges, une grosse bobonne en doudoune d'un vert dégueulis d'épinard. » Le couple n'est pas là pour s'adonner aux joies des sports d'hiver (bien que Berthe ait accepté de prendre, dixit Béru, « des cours de surf avec Frédo, le grand moniteur blond qu'a un regard d'angelot et des biscoteaux de lutteur de foire. Attention, pas un risque-tout, le zigue. Il l'a convoquée dans son studio. »)

Béru est en service commandé. Il était chargé de protéger un certain Pipo, ancien skieur alpin qui pourrait bien être assassiné ce 23 décembre. Il semble être la prochaine victime d'un serial killer ayant déjà à son actif un kayakiste, un alpiniste et un golfeur.

La mission foire lamentablement mais San-Antonio ne lâche pas l'affaire. Il va remuer ciel et terre pour retrouver le tueur et comprendre les motifs de sa folie meurtrière. Au passage il emballera une certaine Dominique Patrault, médecin légiste de son état. Il croisera aussi une ancienne connaissance policière, un malfrat reconverti, une vendeuse de lingerie, une vieille bique mauvaise langue et une avocate fiscaliste. Un défilé savoureux de second rôles faisant tout le sel de ces aventures de San-Antonio.

Reste le meilleur, les interventions de Bérurier, toujours aussi gras du bide, ordurier et obsédé. L'auteur, dans la bouche de San-Antonio, lui rend un long hommage dont voici un extrait : « Écoute-moi bien, Alexandre. Tu incarnes sans doute le personnage le plus répugnant de toute la littérature française. Tu es rustaud, trivial et aussi mal embouché qu'un chiotte à la turque. Chacune de tes phrases est un attentat contre la grammaire. Tu tourmentes le vocabulaire, persécutes la syntaxe, martyrise le subjonctif. (...) Ton haleine ferait avorter une couvée de vautours. Mais je dois humblement reconnaître que tu es un flic hors-pair ! » Patrice Dard a lui aussi compris que les enquêtes de San-Antonio, les intrigues et tout le rituel du polar ne sont que des prétextes pour mettre en scène le personnage ultime : Bérurier. Les second rôles ne sont rien sans les héros. Mais dieu que ces héros seraient fades sans leurs acolytes.

« Ça sent le sapin », San-Antonio, Patrice Dard, Fayard, 6,90 €

mercredi 31 mars 2010

BD - Japon nostalgique


Récemment, l'inénarrable Eric Zemmour a descendu en flèche les mangas, forcément violents et à déconseiller aux enfants. Il a raté d'occasion de se taire car la bande dessinée japonaise regorge de séries qui sont à l'opposé de cette caricature idiote (propagée en son temps par Ségolène Royal, ministre de la Famille). 

Exemple avec « Une sacrée mamie » dessinée par Ishikawa d'après un roman autobiographique de Yoschichi Shimada. A la fin des années 50, le jeune Akihiro quitte sa mère et la ville d'Hiroshima pour rejoindre sa grand-mère dans le petit village de Saga. C'est cet apprentissage de la vie rurale qui est raconté. 

Déjà le volume 5 de cette série qui a remporté un grand succès au Japon. Humour et tendresse sont omniprésents dans ces histoires courtes où une mamie débrouillarde apprend à son petit-fils les rudiments de la vie.

« Une sacrée mamie » (volume 5), Delcourt, 7,50 € 

mardi 30 mars 2010

BD - Lulu revient


Lulu, mère au foyer, la quarantaine, coincée entre mari et enfants, un jour, en a eu assez. Elle est partie. Sans un mot d'explication. 

Cette fuite, Etienne Davodeau nous la raconte avec une extraordinaire empathie. A la fin du 1er tome, il a laissé Lulu errante après avoir croqué à pleine dents cette liberté, sans pour autant y trouver toute la saveur qu'elle espérait. 

Dans une cité balnéaire, hors saison, elle va croiser la route d'une vieille dame qui, elle aussi, cherche à s'évader. Lulu va y rester quelques jours, le temps de faire le point, de se sentir prête pour un retour au bercail. Mais s'il est facile de partir, il est plus dur de revenir. 

Un album sensible, plein d'espoir et de « bons sentiments », expression trop souvent galvaudée.

« Lulu, femme nue » (tome 2), Futuropolis, 16 € 

lundi 29 mars 2010

BD - Carnages dans le "Bunker" de Christophe Bec


Dès le premier tome, la série « Bunker » de Christophe Bec s'est révélée passionnante. On en est au 4e (sur 5) et c'est peu de dire que le suspense est à son comble. 

Dessinée désormais par Genzianella et co-écrite avec Betbeder, cette BD de SF est une des plus convaincante du dessinateur de « Zéro absolu ». En 52 pages denses et rythmées, on assiste à la montée en puissance du pouvoir de Stassik, à la fuite d'Anika, portant l'enfant de Stassik et à la mort de l'Imperator. Mais ce n'est que la partie émergée de l'histoire, dans l'ombre c'est la survie d'une entité extraterrestre qui se joue. 

Une histoire originale, avec un soupçon de Maurice G. Dantec, qui ferait un film à grand spectacle décoiffant.

« Bunker » (tome 4), Dupuis, 13,50 € 

vendredi 26 mars 2010

BD - Moissons rouges


Régis Hautière est le scénariste qui monte. Après de nombreux albums chez Paquet, il a multiplié les projets chez divers éditeurs. « Vents contraires » dessinée par Ullcer, est un polar contemporain. 

Le héros, ancien militaire reconvertit dans la photographie animalière, se retrouve au mauvais endroit au mauvais moment. En pleine nuit, alors qu'il espérait surprendre un renard en forêt, il tombe sur une jeune femme, quasi nue, pourchassée par une bande de tueurs. Etonnamment, la séquence action ne débute qu'a la 28e page. 

La première partie, uniquement psychologique, présente le héros, un solitaire en quête d'absolu. Cela donne une étrange ambiance et renforce le tempo quand cela commence à canarder à tout-va.

« Vents contraires » (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

jeudi 25 mars 2010

BD - Congo en devenir


Série ambitieuse, « Africa Dreams » entend raconter la véritable histoire du Congo belge, comment un roi très ambitieux, Léopold II, a construit de toute pièce un pays en « rachetant » des terres et en y implantant des comptoirs et plantations. 

Jean-François et Maryse Charles ont écrit ce scénario pour Frédéric Bihel qui semble avoir pris un immense plaisir (communicatif au lecteur) à dessiner ces vastes étendues vierges, moites et envoutantes. La grande Histoire, le lecteur la découvre par l'intermédiaire de la vision personnelle de Paul Delisle, un jeune séminariste envoyé pour évangéliser les populations locales. 

Mais sa venue est surtout motivée par sa volonté de retrouver son père, présenté comme un démon ayant abandonné sa famille. Ce dernier est à la tête d'une plantation et n'est pas aussi terrible. Au contraire, il lutte pour dénoncer les pratiques violentes des sbires de Léopold II.

« Africa Dreams » (tome 1), Casterman, 12,50 € 

mercredi 24 mars 2010

BD - Homme et gibier


Cette BD écrite par Bourhis et dessinée par Spiessert se déroule à Paris à la fin du XIXe siècle. Mais la capitale parisienne n'est pas tout à fait identique à celle que nos ancêtres ont connu. Dans cette uchronie, les animaux sont intelligents et les hommes sont redevenus sauvages vivant nus dans les bois alentours. 

Le braconnage des hommes peut se révéler être une activité très lucrative. Deux petits viennent d'être capturés : Feuille et son frère Source. Alors que Feuille est vendue à un tigre, Léopoldine, une femelle cochonne étudiante, découvre que la fillette peut parler. 

Elle va tenter de la protéger et l'étudier, mais dans l'ombre un certain « Comité de vigilance sur la question humaine » tente d'éliminer les derniers représentants de cette espèce considérée comme très nuisible. 

Très étonnant, ce conte philosophique inversé donne à réfléchir sur les discriminations et les risques entraînés par l'hégémonie d'une race sur une autre.

« Hélas », Dupuis Aire Libre, 15,50 €