mardi 21 juillet 2009

BD - La vengeance du corsaire


Jean-Yves Delitte a le titre très convoité de peintre officiel de la Marine. Ce dessinateur de BD, passionné de vieux gréements, embarque une nouvelle fois ses lecteurs dans un récit de pirates se déroulant en pleine guerre d'indépendance américaine, entre côte atlantique et mer des Caraïbes. 

Black Crow, corsaire du roi d'Angleterre, a pour mission de couler un navire néerlandais, affrété par les Français pour acheminer des armes aux colons insurgés. Pour attaquer ce bâtiment, Black Crow volera un galion français encore plus armé. Ce personnage, Américain toujours fidèle au roi, ayant du sang indien, n'est pas un exemple. Son moteur c'est la vengeance. Il se met au service des Anglais pour se venger des Français qui ont massacré sa famille et sa tribu. 

Mais dans cette guerre, essentiellement économique, les coups bas sont légion et Black Crow constatera amèrement que la parole donnée par un gradé, quel que soit son camp, est rarement tenue. Un récit assez noir et pessimiste, mais qui, au final, est très proche de la réalité de l'époque.

« Black Crow » (tome 1), Glénat, 13 € 

lundi 20 juillet 2009

Polar - Istambul tremble

Le 17 août 1999, un tremblement de terre frappe la Turquie. Dans les décombres, le commissaire Orkan découvre le cadavre d'un homme égorgé.


La ville d'Istambul est au centre de ce roman policier qui a pour premier mérite de mieux nous faire connaître la Turquie. Larif Marsik, l'auteur, décrit un pays encore à la croisée de son destin. Entre la tentation islamiste, la rigueur des militaires contrôlant toujours le pouvoir et l'envie d'émancipation d'une partie de la population, les choix sont cruciaux et périlleux. Et pour s'immerger dans cette réalité turque rien de tel que ce polar qui se déroule au lendemain du terrible tremblement de terre du 17 août 1999. Des milliers de victimes, des villes entièrement détruites, l'incapacité du pouvoir à prévoir puis à réagir.

Dans la nuit du 17 août, la terre tremble. Un seul des trois personnages principaux est sur place au moment de la secousse. Le commissaire Orkan, est surpris en plein sommeil. Son immeuble résiste, il descend dans la rue et découvre l'étendue des dégâts : « Jamais silence aussi bruyant. Istambul, grouillante, populeuse, frénétique, devenue presque figée de stupeur. Orkan marchait, tanguait plutôt, au milieu d'une tempête urbaine où des murs incertains formaient des vagues monstrueuse, prêtes à vous engloutir. Partout les mêmes scènes de ces habitants précipités hors de chez eux aux premières secousses, aux premiers signes du chaos, qui attendaient, implorant l'aide d'Allah, de la police, de l'armée. » Orkan va participer aux premiers secours. C'est dans ce cadre qu'il découvre sous des gravats le corps d'un jeune homme. Mais il n'est pas mort écrasé : il a la gorge tranchée. Malgré l'état d'urgence, Orkan va décider d'enquêter, de retrouver l'identité du mort et démasquer son assassin.

Sibel l'infirmière

A côté du récit policier classique, Larif Marsik va décrire la vie à Istambul à travers les sensations de deux autres personnages. Sibel, d'origine turque, est infirmière en France. Elle arrive le lendemain du tremblement de terre, membre d'une délégation de la Croix rouge devant estimer l'ampleur des secours à mobiliser. Rapidement elle est dépassée par l'horreur de la situation. Ainsi, un soir, en rentrant, « elle s'allongea sur le lit. Elle ferma les yeux. Des ombres apparurent. Celles de ces gens qui criaient, qui pleuraient. Elle frémit en constatant qu'elle ne pouvait rien pour eux. »

Mehmet le dealer

Mehmet lui n'a pas choisi de venir à Istambul. Fils d'émigré turc venu fournir une main d'oeuvre bon marché à l'Allemagne, il ne connaît pas le pays. Dealer pour une petite bande, il doit fuir Berlin après une transaction avortée avec des Polonais ayant décidé de se venger. Il débarque lui aussi le lendemain de la secousse, après des heures de trajet en bus. Un cousin d'un ami lui a trouvé une chambre. Le soir, seul, il prend conscience de sa situation. « Quelque chose d'indéfinissable s'empara alors de lui. Un mélange de fatigue, de désespoir. Il se mit à frissonner. Sa vie basculait. Il n'y pouvait rien. Il prit peur. »

Ces trois vont rapidement se croiser. Sibel est la cousine d'Orkan. Un soir, ils dîneront au restaurant et iront boire un verre dans un club où Mehmet a trouvé un travail de vigile. Ce chassé-croisé va se poursuivre au gré de l'enquête du flic, des doutes de l'infirmière ayant décidé de rester à Istambul, abandonnant travail et mari français, et de la descente aux enfers du dealer tombé sous la coupe de la mafia locale. Avec en toile de fond ce pays gangrené par la corruption, les lourdeurs de la religion et la mainmise de la mafia sur une bonne partie de l'économie. C'était la Turquie d'il y a dix ans. Il y a de fortes chances pour que tout y soit encore rigoureusement d'actualité.

« Tremblement de terre », Larif Marsik, Éditions du Masque, 6,50 € (Ce livre a obtenu le Prix du roman d'aventures 2009) 

dimanche 19 juillet 2009

BD - « Vous êtes ouverte ? »


Entrez sans crainte dans le monde de la grande distribution. Tant que vous êtes le client, vous ne risquez rien. Par contre, si vous passez de l'autre côté de la barrière, prenez garde. Cette aventure est arrivée à Anna Sam. Etudiante en littérature, elle a accepté un boulot d'hôtesse de caisse pour financer ses études. Un petit boulot devenu un travail à plein temps. Et pour enjoliver ce quotidien, elle a entrepris de raconter les nombreuses anecdotes de ses journées dans un blog. 

Un million de visiteurs plus tard, Anna Sam a décliné le blog en roman, chez Stock, et maintenant en bande dessinée. C'est Wol qui s'est chargé de l'adaptation alors que l'exécution graphique de la série était confiée à Julien et Mathieu Akita, deux frères franco-japonais. Cela donne un recueil de gags d'une demi-page, souvent irrésistibles. L'héroïne est confrontée à différents clients problématiques. Cela va du sans gêne qui passe devant les autres au voleur sans oublier le mangeur, refusant de payer les sachets de victuailles qu'il vient d'engloutir en faisant la queue à la caisse. 

Il y a également les acheteurs honteux, souvent de préservatifs ou de DVD de charmes. Toute une galerie (une caissière accueille, en moyenne, 250 clients par jour) de malotrus qui rendent ce métier, déjà ingrat à la base, encore plus éprouvant. Alors la prochaine fois que vous irez dans une grande surface, n'oubliez pas de sourire à la caissière. C'est un être humain comme les autres, pas un robot en encore moins la femme invisible...

« Les tribulations d'une caissière », Soleil Nomad, 9,95 €






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vendredi 17 juillet 2009

BD - Beaucoup de CDM, un peu de Janssens

Dans la famille CDM, Julien et Mo signent le sixième tome des aventures intersidérales de Cosmik Roger. Julien qui fait une infidélité à son collègue pour s'acoquiner avec Janssens, le scénariste des aventures de Planet Ranger, « l'écolo le plus con de la planète ». Ces deux albums ont pour point commun de proposer un humour efficace et sans barrières.


Planet Ranger est un nouveau venu. Il est chargé de démasquer les pollueurs et autres massacreurs de la planète. Pour lui, trier ses poubelles est essentiel. De même, il ne faut plus utiliser d'énergie fossile. Personnellement, il fait fonctionner le moteur de sa fusée portable à la vieille huile de friture. Efficace pour celui qui a le nez bouché... Les auteurs se moquent ouvertement de cette pensée verte dominante, parfois totalitaire, souvent provoquant plus de dégâts que les solutions existantes. De l'humour caustique qui devrait faire grincer les dents de bien de bobos se prenant un peu trop au sérieux...


Plus délirantes encore les aventures de Cosmik Roger. Ce héros commence à être bien connu des lecteurs de Fluide Glacial. Ce « Tragical Cosmik Tour » est le 6e recueil de ses histoires courtes. Dans la première, Notre héros (explorateur sidéral poissard à la recherche d'une planète habitable par l'homme), découvre qu'il est le dernier descendant d'Elvis Presley. Flanqué d'un manager peu scrupuleux, il va décider de monter sur scène interpréter les standards de son ancêtre. Cosmik Roger y croit dur comme fer, rêvant déjà aux groupies qu'il pourra entraîner dans son lit après les concerts. Le problème, c'est qu'en étant totalement dénué de talent, il n'est pas évident de percer dans le créneau assez encombre de rock star. Le personnage principal, looser libidineux imbu de sa personne, fait déjà partie du Panthéon des héros idiots mais désopilants.

« Planet Ranger » (tome 1), Le Lombard, 10,40 €

« Cosmik Roger » (tome 6), Fluide Glacial, 9,95 € 

BD - Une tueuse en herbe dans l'univers d'IRS


Quand une série rencontre le succès, la tentation de la démultiplier est souvent forte. Reste à trouver l'équilibre entre réelle création et simple recette commerciale. Dans le cas de IRS, il n'a sans doute pas fallu beaucoup insister pour que Desberg, le scénariste, développe « All Watcher ». Le créateur de Larry B. Max aime croiser ses intrigues, y rajouter des ramifications annexes. Dans ce premier titre, on suit les débuts professionnels de la belle Antonia, Italienne un peu volage. Après une nouvelle déception sentimentale, le jour de ses 23 ans, elle est invitée au restaurant par son père. Elle ne l'aime guère. 

Cet austère employé dans un service contentieux cache pourtant bien son jeu. Il lui révèle son véritable métier : tueur à gages. Et lui explique dans la foulée qu'il est temps pour elle de prendre la suite. Antonia a-t-elle véritablement le meurtre dans le sang ? Elle va avoir un embryon de réponse avec son premier contrat. Il s'agit d'éliminer un fonctionnaire américain un peu trop curieux : Larry B. Max. 

Dessiné par Queireix, ce premier tome est dans l'esprit de la série d'origine. Avec cependant un peu plus d'humanité, le personnage principal d'Antonia se révélant au final assez attachant.

« IRS All Watcher » (tome 1), Le Lombard, 6,95 € jusqu'à la fin de l'année puis 10,40 € 

jeudi 16 juillet 2009

BD - Joe a la trouille


Difficile d'adapter un roman de Marc Behm. C'est pourtant le pari relevé par Joe G. Pinelli aidé de Jean-Hugues Oppel au scénario. « Trouille », paru chez Rivages Noir, fait partie de ces polars où la noirceur est absolue. 

La cavale du héros est sans espoir. On le suit pourtant avec passion, malgré la fin inéluctable. Joe Egan a peur d'une femme, blonde vêtue d'un ciré. Quand il la voit, il sait que quelqu'un dans son entourage va mourir. Et une fois adulte, il se doute qu'un jour ce sera son tour. Il décide alors de fuir, le plus loin et le plus vite possible. Il abandonne sa petite vie tranquille de fonctionnaire pour aller de partie de poker en partie de poker. Il a des hauts. Des bas aussi. 

A la rue, abandonné de tous, il trouvera pourtant toujours la force de se remettre en selle. Parfois il se posera quelques temps. Avec une femme passionnée par le jeu, seul dans une cabane au fond des bois ou avec une sorcière noire, adepte du vaudou, maîtresse volcanique. 

Joe Pinelli abandonne l'autobiographie pour des pages très sombres malgré des couleurs directes parfaitement maîtrisées.

« Trouille », Casterman & Rivages Noir, 17 € 

mardi 14 juillet 2009

BD - Pluie d'acier futuriste


Ambitieuse série de science-fiction, « Echo » de Terry Moore interpelle d'abord par la qualité de son dessin. Un réalisme léché et précis, d'autant plus mis en valeur que les 130 pages du tome 1 sont en noir et blanc. L'action débute dans le désert californien. Au-dessus exactement. Une femme teste une nouvelle combinaison de vol en métal liquide. 

Un essai extrême, l'armée n'hésitant pas à tirer des missiles sur le prototype. La pilote n'en réchappe pas, la combinaison se transforme en une multitude de gouttes qui retombent à terre. Notamment sur Julie Martin, jeune femme faisant des photographies du désert. Julie qui va voir sa vie basculer, les gouttes se rassemblant sur son corps pour en recouvrir tout le buste. Elle va devoir apprendre à vivre avec cette seconde peau quasi indestructible. Et très recherchée, les militaires américains voulant récupérer ce qui leur appartient. 

Une héroïne en fuite, des officines secrètes, une tueuse implacable, un secret d'Etat : tout est en place pour une histoire passionnante prévue en 5 tomes, le second opus étant annoncé pour début 2010.

« Echo » (tome 1), Delcourt, 12,90 € 

lundi 13 juillet 2009

Thriller - Dérive sexuelle en Chine

Entreprendre en Asie du Sud-Est n'est pas de tout repos. Surtout quand on flirte avec la loi. Un thriller torride de Marc Boulet.


Avec « Le roi de Pékin », vous pouvez, à moindre frais, vous offrir une bonne dose d'exotisme et de dépaysement. Ce roman, entre le témoignage ethnologique et le thriller, signé Marc Boulet, débute aux Philippines puis se poursuit en Chine, à Pékin. Le héros, Marc, a débarqué en Asie du Sud-Est pour son travail de journaliste. Il a couvert la chute de Marcos. Il est resté aux Philippines pour finalement s'associer avec un autre Français, Roger, ancien militaire. Ils rachètent un dancing au bord de la plage de Sabang, une zone très touristique. Le Paradise sert de l'alcool, diffuse de la musique et accueille en son sein de nombreuses hôtesses. Un terme politiquement correct pour désigner des prostituées qui alignent les passes dans des chambres situées à l'étage. Marc et Roger touchent une partie des revenus. En clair, ils sont devenus de prospères proxénètes. Marc, marié à Jade, une Chinoise, économise ainsi des milliers de dollars.

Un bordel à Pékin

Tout se passe parfaitement jusqu'au jour où il découvre une de ses filles assassinée dans le bureau du dancing. Elle a eu le temps de désigner son meurtrier : Roger. Ce dernier était sur une mauvaise pente. Abusant du cannabis local, il était de plus en plus en dehors de la réalité en étant notamment persuadé d'être entré en relation avec les extraterrestres. Après une nuit de doute, Marc décide, sous la pression insistante de Jade, de livrer Roger à la police, sachant que cela condamne son commerce. Roger reconnaît les faits et écope de plusieurs dizaines d'années de prison.

Marc vend le Paradise et quitte les Philippines pour rejoindre la Chine et la famille de sa femme. Là, il s'associera avec Dragon, son beau-frère, pour ouvrir un nouveau bordel dans cette Chine qui se libéralise, lentement mais sûrement. Les affaires sont moins florissantes qu'aux Philippines, mais suffisantes pour vivre aisément. Tout bascule quand Roger refait son apparition quelques années plus tard...

Vérités chinoises

Marc Boulet, ancien journaliste, parfaitement intégré en Chine (il a débuté sa carrière d'écrivain avec le témoignage best-seller « Dans la peau d'un Chinois »), étoffe son récit en décrivant minutieusement la vie dans ce pays en pleine évolution. Il en profite aussi pour démystifier certains clichés vivaces sur cette civilisation rarement comprise par les Occidentaux : « Avant de m'installer en Chine, je croyais les Chinois fourbes, humbles et serviles. Rien n'est moins vrai. Toujours prêt à plaisanter et à ripailler, le Chinois est un gai luron, doublé d'un frimeur. Quand il dissimule ses opinions ou ses sentiments, c'est pour ne froisser personne. Quand il complimente de manière exagérée, c'est pour faire plaisir. » De même, selon Marc Boulet, « les Chinois ont un grave défaut qui est en fait une qualité : ils se sentent gênés devant les Blancs et s'en méfient, sans aucun doute à raison, après tout le mal et toutes les vexations qu'ils ont subis au cours des derniers siècles. » Le texte alterne donc intrigue pure avec le personnage inquiétant de Roger, considérations plus générales sur la vie en Chine et passages « chauds » quand Marc explique comment il profite du savoir-faire de ses pensionnaires, tant Philippines que Pékinoises. Un savoureux cocktail pour une lecture d'été divertissante tout en étant pleine d'enseignements.

« Le roi de Pékin », Marc Boulet, Denoël, 17,50 € 

dimanche 12 juillet 2009

BD - Redécouvrons Nahomi, héroïne créée par Crisse


Elle s'appelle Nahomi, est Japonaise, princesse, aimant la magie elle a vécu quelques aventures au milieu des années 80 dans les pages de l'hebdomadaire Tintin. Une héroïne aujourd'hui oubliée qui doit la vie à Crisse, le créateur de l'épée de Cristal et d'Atalante. C'était ses débuts dans la BD et ses histoires, gentillettes, enfantines et presque naïves au début, ont fait de plus en plus de place à la magie, au fantastique. 

Les prémices de l'héroic fantasy, genre dans lequel Crisse s'est affirmé comme étant un des meilleurs. Nahomi a connu un beau succès dans le pages de l'hebdo. Elle était très présente, notamment dans des récits complets de 16 pages. De plus Crisse aimait fournir des couvertures au couleurs éclatantes. Il a signé également quelques posters lui permettant de faire exploser son trait.

L'ensemble de cette production de jeunesse est reprise dans une intégrale Nahomi publiée par les éditions du Lombard. On retrouve les trois grands récits (parus en albums mais introuvables depuis très longtemps), des récits complets et des illustrations. Le tout accompagné d'un dossier dans lequel Crisse raconte la genèse de la série, son état d'esprit du moment et, déjà, ses envies de passer à autre chose.

« Nahomi, intégrale », Le Lombard, 18 € 

samedi 11 juillet 2009

BD - Will Eisner for ever


On a trop longtemps pensé, en Europe, que la bande dessinée n'était qu'une affaire franco-belge. En Amérique aussi de très grands créateurs ont contribué à l'éclosion de ce mode d'expression. Le plus grand reste Will Eisner. Totalement ignoré durant des décennies, il a conquis un vaste public avec la publication des aventures du Spirit dans les pages de Tintin (sur une initiative de Greg). Mais ce personnage, récemment adapté au cinéma, n'est qu'une facette de son œuvre. 

Il a débuté en signant des centaines d'histoires, sous divers pseudonymes, dans les fascicules vendus à très bas prix. Un travail à la chaîne, qu'il a raconté, des années plus tard, dans des récits complets devenus des témoignages historiques essentiels. Les éditions Delcourt ont entrepris de rééditer l'ensemble de ces BD, dans un format comics, en noir et blanc.

Dans « Le rêveur », vous découvrirez les débuts de Eisner dans le milieu de la BD. Pas du tout évident. La crise frappait le pays à l'époque. Il a finalement décidé de créer son entreprise avec une mise de fond de 30 $. Aidé d'un bon commercial il a rapidement trouvé des marchés, dessinant nuit et jour pour assurer les commandes. Face à l'afflux de travail, il a créé un studio, permettant à quelques jeunes et aussi des anciens de trouver un revenu fixe. Trois années éprouvantes mais très formatrices. Il a revendu ses parts 30 000 dollars pour aller tenter sa chance en indépendant sur le Spirit, malgré les rumeurs persistantes de guerre.


« Au cœur de la tempête », pavé de 200 pages, Will Eisner reste dans l'autobiographie, mais il raconte les années 40, abordant beaucoup l'antisémitisme ambiant de l'époque et l'histoire de sa famille, des émigrants chassés de leur terre natale et tentant de se faire une place dans ce pays en devenir. Une œuvre magistrale où son trait époustouflant magnifie cette romance des XIXe et XXe siècle.

« Le rêveur, Delcourt, 12,90 €

« Au cœur de la tempête », Delcourt, 17,90 €