mercredi 17 juin 2009

BD - Boris Vian intime dans "Piscine Molitor"


50 ans après la mort de Boris Vian, Hervé Bourhis (scénario) et Christian Cailleaux (dessin) retracent en 72 pages passionnantes, la vie et l'œuvre de cet écrivain qui refusait de se laisser enfermer dans un art. Des déboires financiers de ses parents à sa vie brillante et un peu dissolue de ses années de gloire, les auteurs nous font découvrir un homme dévoré par la passion de créer. Parfois au détriment de sa famille : il a rejeté ses enfants, sources de dispersement de son inspiration. 

Une vie entre passion nocturne et ennui du travail de fonctionnaire. Très tôt frappé par une maladie cardiaque, Boris Vian a beaucoup fréquenté la piscine Molitor les derniers mois de son existence. Il était persuadé qu'en restant longtemps en apnée au fond de l'eau, son cœur guérirait...

« Piscine Molitor », Dupuis, 15,50 euros 

mardi 16 juin 2009

BD - Taillefer à la guerre


Plus le temps passe et plus la guerre de 14/18 inspire les scénaristes français de bande dessinée. Après Tardi et Morvan, c'est Xavier Dorison qui propose sa vision de ce grand affrontement. Tout en dénonçant cette immense boucherie, il donne un tour plus fantastique à sa série, « Les Sentinelles », dessinée par Enrique Breccia. 

Quelques savants, s'appuyant sur les progrès de la mécanique, ont greffé à des soldats volontaires des membres d'acier. Reste à trouver une source d'énergie. Ce sera Gabriel Féraud qui mettra au point une pile au radium. 

Il pourra la tester en devenant Taillefer, sorte d'Ironman de l'armée française, très efficace pour enfoncer les lignes allemandes. Les deux premiers tomes paraissent simultanément.

« Les Sentinelles » (tomes 1 et 2), Delcourt, 14,95 euros 

lundi 15 juin 2009

BD -Pèlerinage gitan


Le pèlerinage des Saintes-Maries-de-la-Mer est le plus grand rassemblement des gens du voyage en Europe. Des milliers de Gitans se retrouvent fin mai pour une cérémonie religieuse devenue une véritable attraction touristique pour la région. 

Le reportage dessiné de Kkrist Mirror est pourtant à l'opposé absolu de ces clichés vus et revus. L'auteur a participé à quatre pèlerinages. Il s'est imprégné de cette ambiance, regardant ces hommes et femmes persécutés des siècles durant. Il a retrouvé dans les portraits cette fierté mise en avant dans la préface de Tony Gatlif. 

Une BD très personnelle suivie de plusieurs textes inédits sur le peuple rom, toujours illustrés par cet auteur ayant déjà signé « Tsiganes », toujours chez EP Editions.

« Gitans », Emmanuel Proust Editions, 19,90 euros 

dimanche 14 juin 2009

SF - Fondation, la totale

Les éditions Folio SF proposent, au format poche, les cinq titres du cycle de Fondation d'Isaac Asimov. Un chef-d'oeuvre de la science-fiction.


Dans le Cycle de Fondation (qui a reçu, en 1966, le prix Hugo de « la meilleure série de tous les temps »), Isaac Asimov imagine le futur de l'humanité. Il commence avec l'effondrement d'un empire galactique qui se décompose. Les trois premiers tomes, écrits entre 1951 et 1953, composent le coeur du cycle. Les deux derniers opus ont été rajoutés en 1982 et 1986. Voici les résumés fournbis par l'éditeur des cinq volumes :

FONDATION

En ce début de treizième millénaire, l'Empire n'a jamais été aussi puissant, aussi étendu à travers toute la galaxie. C'est dans sa capitale, Trantor, que l'éminent savant Hari Seldon invente la psychohistoire, une science nouvelle permettant de prédire l'avenir. Grâce à elle, Seldon prévoit l'effondrement de l'Empire d'ici cinq siècles, suivi d'une ère de ténèbres de trente mille ans. Réduire cette période à mille ans est peut-être possible, à condition de mener à terme son projet : la Fondation, chargée de rassembler toutes les connaissances humaines. (416 pages, 5,50 €)

FONDATION ET EMPIRE

Tandis que les crises qui secouent l'Empire redoublent de violence et annoncent son effondrement définitif, la Fondation devient de plus en plus puissante, suscitant naturellement convoitise et visées annexionnistes. C'est alors qu'apparaît un mystérieux et invincible conquérant, surnommé le Mulet, que le plan de Seldon n'avait pas prévu... (432 pages, 6 €)

SECONDE FONDATION

La Fondation est désormais aux mains du Mulet, un mutant imprévisible capable de manipuler les esprits et d'imposer sa volonté à quiconque. Avec ses pouvoirs et les immenses ressources que lui procurent la Fondation, il s'est donné pour objectif d'étendre sa domination aux ultimes vestiges de l'Empire défunt. Mais déjà une nouvelle légende prend forme : il existerait une seconde Fondation, consacrée aux sciences mentales, œuvrant de façon occulte pour garantir l'accomplissement des desseins du légendaire Hari Seldon... (432 pages, 6 €)

FONDATION FOUDROYÉE

Cinq siècles après l'établissement des deux fondations, alors même que la Première Fondation n'a jamais été aussi puissante, un nouveau protagoniste semble entrer en jeu, œuvrant dans l'ombre à l'insu de tous. Peut-être tient-il entre ses mains le devenir de l'humanité tout entière... (640 pages, 7 €)

TERRE ET FONDATION

Tout porte à croire que le légendaire berceau de l'humanité se trouve au cœur d'un vaste plan à l'échelle galactique, destiné à garantir en coulisses la pérennité de la civilisation : une synthèse parfaite entre le matérialisme de la Première Fondation et le mentalisme de la Seconde. (688 pages, 7,60 €)

Ces titres, qui peuvent se lire indépendamment les uns des autres, sont également proposés dans un élégant coffret à 32,10 euros.

samedi 13 juin 2009

BD - Rubine, aussi belle que Natacha


François Walthéry a la réputation d'être lent. Très lent. Un dessinateur exceptionnellement doué, mais trop pointilleux, méticuleux. Après avoir usé ses fonds de culottes aux studios Peyo, il a volé de ses propres ailes en lançant Natacha : la première héroïne ouvertement sexy tout en étant publiée dans un journal pour la jeunesse. Elle a remporté un beau succès, et c'est pour qu'elle soit plus présente dans les pages de Spirou qu'il a pris des assistants pour dessiner les décors. Mittéï, Laudec, Jidéhem et même Will.

Natacha existe toujours, mais n'est plus la priorité de Walthéry. Il préfère se consacrer aux aventures de Rubine, flic américain à la plastique tout aussi rebondie que Natacha. Mais même là, Walthéry est au service minimum. Normalement, il se contente de dessiner l'héroïne. Mais dans le 11e titre de la série, « Photo de classe », il semble que Di Sano, le nouveau dessinateur, ait tout réalisé. Cela n'enlève rien à l'intérêt de l'album qui bénéficie toujours des scénarios denses et plein de rebondissements de Mythic. La belle Rubine, filmée 24 h/24 par une équipe de télévision pour faire la promotion de la police de Chicago, va enquêter sur une histoire de chantage. Dix ans auparavant, un adolescent est mort noyé dans un lac gelé. Une cassette vidéo prouve qu'il a été poussé par ses camarades. Des élèves devenus adultes, riches, et qui doivent payer pour cette faute de jeunesse. Une intrigue qui se double des agissement machiavéliques d'une riche famille bourgeoise. Ce nouveau cycle verra sa conclusion dans le prochain titre, « Lac Wakanala ».

« Rubine » (tome 11), Le Lombard, 9,45 €


P. S.
Pour les nostalgiques de Natacha, les éditions Dupuis reprennent les aventures de la belle hôtesse de l'air dans des intégrales richement documentées. Le 3e tome, récemment paru, reprend les « Voyages dans le temps » dont les excellents « Instantanées pour Caltech » et « Les machines incertaines ». (Dupuis, 18 €) 

vendredi 12 juin 2009

BD - Le Petit Spirou en best of


Comment bonifier le succès d'une série bien installée ? En proposant des compilations permettant de faire patienter les lecteurs avides de nouveautés. Après avoir testé la formule avec Cédric, les éditions Dupuis récidivent avec Le Petit Spirou, héros culotté du au talent de Tome et Janry. « Le Petit Spirou présente » comptera cinq volumes mettant en vedette cinq personnages-clés de la série. 

Les deux premiers titres viennent de sortir et mettent à l'honneur M. Mégot, les prof de gym et Grand-Papy. Trois autres suivront prochainement, Mademoiselle Chiffre, Vertignasse et les copains puis Suzette et autres amours du Petit Spirou. Ces albums à petit prix (7,50 euros) sont composés d'une trentaines de gags et d'une histoire complète. Dans le premier on retrouvera toute la force comique de M. Mégot, le prof de gym le plus idiot de la planète. 

Des compilations qui offrent en plus la possibilité aux amateurs de dessin de suivre l'évolution du trait de Janry car il y a plus de 15 ans d'écart entre les premiers gags et les récents.

« Le Petit Spirou présente » (tomes 1 & 2), Dupuis, 7,50 € 

jeudi 11 juin 2009

BD - Histoire de bougies


Cela ressemble au cadeau idéal à offrir à un ami pour son anniversaire. Ces albums très marketing, pas toujours très réussis. Mais Jim, sur un sujet qui pourtant s'y prête, a choisi la difficulté. Au lieu d'accumuler les gags et poncifs sur le thème, il débute son album sur une réflexion sur l'âge et le temps qui passe. 

Le héros, Benji, a 29 ans. Pour un jour encore. Demain, il fête ses 30 ans. Une fête qui l'angoisse car pour lui c'est le début de la fin, les prémices de la vieillesse. Ses amis vont organiser une fête surprise, mais il va l'ignorer, passant une soirée déprimante en compagnie de sa voisine, une retraitée fan de « Questions pour un champion ». 

La fête aura finalement lieu, ailleurs, et avec quelqu'un d'autre en vedette, car il n'y a pas que Benji qui prend une bougie de plus en pleine figure chaque année. Une histoire fluide, entre humour, nostalgie et désespoir. Le dessin très gros nez et caricatural augmente les effets. Et cela se termine en happy end. Enfin presque...

« Et paf ! Un an de plus en pleine figure ! », Soleil, 9,95 € 

mercredi 10 juin 2009

BD - L'élève Ducobu fait relâche


Le seul intérêt de l'école, selon l'élève Ducobu, c'est que cela justifie les vacances d'été. Et il faut bien deux mois complets pour permettre au plus grand cancre de la BD franco-belge de récupérer de ses brimades quotidiennes, interros surprises et autres punitions. 

Ce quinzième recueil de gags du héros imaginé par Zidrou et dessiné par Godi paraît en juin. Intitulé « Ça sent les vacances ! » il est fidèle aux précédents. Ducobu, toujours aussi nul, invente quelques astuces pour copier sur Noémie Gratin, la bonne élève, seule consolation de l'instituteur Latouche mis à rude épreuve par les trouvailles du héros. 

Car si Ducobu ne sait pas (et ne saura jamais) combien font 6 x 7, il parviendra malgré tout à obtenir la réponse par mille subterfuges aussi inventifs que farfelus, souvent dignes des plus grands savants et scientifiques. Ducobu n'est pas idiot. Simplement fainéant et surtout hermétique à cette façon de transmettre le savoir. 

Ducobu en fait rire certains, il devrait en faire réfléchir d'autres, notamment du côté du corps enseignant.

« L'élève Ducobu » (tome 15), Le Lombard, 9,45 € 

mardi 9 juin 2009

Thriller - "La bête" : dérangeant et bestial

Ce polar suédois de Roslund et Hellström plonge le lecteur dans l'horreur de la pédophilie et de la vengeance aveugle.


Pour faire un bon thriller, l'intrigue compte beaucoup. Mais les personnages peuvent parfois rattraper une histoire un peu trop simple. C'est un peu le cas de ce roman suédois. L'histoire, on la devine assez rapidement au bout d'une trentaine de pages. Mais le dénouement attendu intervient en milieu d'ouvrage. Toute la force du bouquin réside dans cette seconde partie, s'éloignant du roman policier classique pour marcher sur les platebandes de la psychologie et des faits de société.

Roslund et Hellström, le deux auteurs, commencent par bien présenter les différents protagonistes. Avec un prologue qui fait froid dans le dos. On suit Bernt Lund dans sa chasse aux petites filles. Comment il parvient à accaparer l'attention de deux amies rentrant d'un entraînement de gymnastique, sa méthode pour les mettre en confiance pour mieux les violer et les massacrer après.

Evasion et récidive

C'était il y a dix ans. Aujourd'hui, Lund est en prison. Le « pointeur » comme le surnomme les autres prisonniers n'éprouve aucun regret. Il n'est pas guéri. Au contraire, il n'a qu'une idée, qu'une envie : recommencer. Lund placé à l'isolement mais qui profite d'une consultation chez un médecin à l'extérieur de la prison pour s'évader.

Au même moment, on suit les destinées des autres protagonistes qui vont se retrouver mêlés à l'histoire de Lund. Fredrik Steffansson, écrivain, récemment divorcé, habitant avec sa fille Marie, âgée de cinq ans. Le commissaire Ewert Grens, bourru et taciturne, ne vivant que pour son travail, Sven Sundkvist, son adjoint ; il devait fêter ses 40 ans en compagnie de sa famille. La petite réunion attendra. Un flic calme et à l'écoute mais de plus en plus dégoûté par un métier trop exigeant.

Et puis il y a la vie dans la prison. Lillmasen, violent et bagarreur, est le prisonnier modèle. La prison c'est son monde. Il a essayé, mais ne peut plus vivre à l'extérieur. Il a une haine viscérale des pointeurs ayant été lui même victime d'un oncle pédophile. C'est d'ailleurs à cause de lui qu'il a fait son premier séjour derrière les barreaux. Il s'était vengé avec un pic à glace. Il n'avait pas tué l'oncle mais fait le nécessaire pour qu'il ne viole plus les petits garçons.

Le malheur du père

Toute une galerie de personnages qui vont se croiser, se rencontrer, se tuer. Cela commence par Lund. Assis sur un banc à l'entrée d'un jardin d'enfant, Fredrik, en y conduisant Marie, le salue, croyant avoir affaire à un parent. Quelques heures plus tard, Marie se fera accoster par le monsieur à qui son papa à dit bonjour. Elle lui fera confiance... Marie avait cinq ans. Son autopsie, décrite avec réalisme par les auteurs, donne une exacte idée de l'ampleur de l'horreur et du malheur qui frappe Fredrik. Persuadé que Lund va recommencer, il décide de se mettre en chasse. De le trouver avant la police pour l'éliminer, pour protéger les futures victimes.

Le roman glisse alors vers l'analyse de ce besoin de vengeance, de l'utilité de la peine de mort et, d'une façon plus générale, de l'efficacité de la justice. Avec cet exemple qui peut transformer un père de famille meurtrier en héros de toute une nation.

« La bête », Roslund et Hellström, Presses de la Cité, 20,50 € 

lundi 8 juin 2009

BD - Hommes contre bêtes dans "Le bois des vierges"


En créant un pole BD, les éditions Robert Laffont avaient lancé des séries très prometteuses. Mais au bout d'une année, l'éditeur généraliste jetait l'éponge. Heureusement les éditions Delcourt ont repris le fond et proposent une nouvelle édition de la BD la plus remarquée à l'époque : « Le bois des vierges ». 

Au scénario, Jean Dufaux a signé un conte entre Roman de Renart et la Belle et la Bête. Il a offert ce récit à Béatrice Tillier qui a magnifiquement illustré cette histoire universelle de guerre entre les races. Au début du premier tome, pourtant, tout semble s'arranger. Les hommes ont fait la paix avec les bêtes de grande taille. La belle Aube va d'ailleurs épouser Loup de Feu. Mais au cours de la nuit de noces, l'animal est assassiné par sa jeune femme. La vengeance des bêtes sera sanglante. Aube s'enfuira, trouvant refuge dans le Bois des vierges. 

Des années plus tard, la guerre fait toujours rage. La paix pourrait passer par la réconciliation des anciens protagonistes. On est en admiration devant les dessins criant de réalisme de Béatrice Tillier.

« Le bois des vierges » (tome 1), Delcourt, 13,95 €