dimanche 15 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Moches mais bons

S'il est vrai que l'on commence à déguster un produit avec les yeux, il n'en demeure pas moins que laideur et saveur peuvent parfois s'accorder. Dans notre société moderne où le design prend souvent le dessus sur la qualité, fruits et légumes ne font pas exception. Une carotte tordue ? Poubelle.
Pour lutter contre ce gaspillage alimentaire (30 % de la production française), plusieurs enseignes de grandes surfaces lancent des opérations commerciales décalées. Ce week-end, Intermarché renouvelle son opération "fruits et légumes moches" dans plusieurs de ses magasins. Une disgrâce physique entraînant un prix réduit de 30 %.
Chez les concurrents, il existe un rayon joliment nommé "Quoi ma gueule ?" Objectivement, il n'y a rien de bien neuf dans cette opération. Les jardiniers amateurs savent très bien que dame nature est capricieuse. Et très diversifiée.

Lors d'un séjour récent chez ma grande sœur, amatrice des légumes bizarres, elle nous a préparé une grosse platée de topinambours fraîchement déterrés. Un peu comme des salsifis, en plus fin. En accompagnement du poulet de sa basse-cour, c'était divin. Ma femme et moi, nous sommes régalés. Du moins sur le moment. Car il n'a pas fallu plus d'une heure pour que le tubercule étranger à notre système digestif ne se mette à faire la samba dans nos pauvres boyaux habitués à de la nourriture plus docile. 15 m3 de gaz plus tard (soit deux heures de flatulences pestilentielles), nous allions mieux… Mais vous n'êtes pas près de nous faire remanger des topinambours. Qu'ils soient beaux ou moches !

samedi 14 juin 2014

BD - Marcheur fou


Albert Dadas, Bordelais, a véritablement existe. C'est son histoire, et celle de son psychiatre Philippe Tissié, que raconte Christophe Dabitch dans ce roman graphique dessiné par Christian Durieux. Albert est atteint d'un étrange trouble psychiatrique. Il explique :
« Tout d'un coup, j'ai très chaud, j'ai des suées, j'ai mal à la tête. Il faut absolument que je marche. Et après je ne me souviens de rien. » Mais quand il dit marcher, ce sont des centaines de kilomètres qu'il peut avaler en quelques jours. Ses délires lui feront traverser toute l'Europe, de Paris à Moscou en passant par Berlin et Constantinople. Tissié parviendra à presque le guérir grâce à une nouvelle technique : l'hypnose
« Le captivé », terme inventé par le jeune médecin, raconte les errances d'Albert, les doutes de Tissié et l'accueil de cette nouvelle technique de soin par les confrères. Une BD très documentée, quasiment pédagogique mais profondément humaine aussi.  

« Le captivé », Futuropolis, 19 €

DE CHOSES ET D'AUTRES - Chère, très chère auto

L'Automobile club association (ACA)
vient de publier son traditionnel rapport sur le coût réel d'une voiture. Ces chiffres font peur. Le savant calcul expliqué dans un long communiqué de presse ne vaut que par son résultat. Une voiture essence coûte 5 705 €, un véhicule diesel, 7 687 €. Cela semble énorme et pourtant c'est en nette baisse depuis l'an dernier. -5,7 % pour l'essence, -3,8 % pour le diesel.
Surtout, n'allez pas mettre cela au crédit du gouvernement. Au contraire, l'ACA souligne que "les taxes pèsent toujours plus lourd dans le budget auto." La baisse vient de meilleures offres de reprises et de la stabilité du prix des carburants.
Et pour la première fois, une voiture hybride a été ajoutée à l'étude. Surprise, elle n'est pas du tout économe. Au contraire, elle nécessite un budget de 8 782 €. Le poste carburant par exemple est supérieur de plus de 6 % par rapport à un bête diesel. Conclusion de l'Automobile club association : "Il est donc difficile pour l'instant de changer pour un véhicule électrique pour des raisons purement économiques. Il 'menace"' d'être moins onéreux que le moteur thermique, mais il faudra du temps pour en réunir les preuves."
Le terme de "menace" en dit long sur l'inquiétude des adhérents à l'ACA. Oui, pour ces accros à la musique du moteur (essence ou diesel, qu'importe pourvu qu'il fasse du bruit), l'électrique est une abomination. Rouler sans pétarader, ne pas faire ronfler son moteur aux feux rouges… autant rester chez soi dans un fauteuil à jouer à Formula 1 2013 sur PS 3

vendredi 13 juin 2014

DVD - Jacky, l'idole des dames

Le dernier film de Riad Sattouf, drôle et caustique, épingle misogynie, intégrisme et féminisme.

Qui ose encore se plaindre du manque d'originalité du cinéma français ? Dans exception culturelle, il y a « exception ». Loin des comédies formatées ou des drames insipides, « Jacky au royaume des filles » est de ces films qui ne peuvent voir le jour qu'en France. Grâce à des producteurs qui font confiance à des créateurs comme Riad Sattouf. Si le film n'a pas marché très fort en salles, sa sortie en DVD chez Pathé doit rendre sa juste place à cette pépite d'originalité.

Il y a un peu du Mocky dans ce film. Le Mocky de la grande époque, quand il foisonnait d'idées et dynamitait allègrement les règles du genre. En imaginant la dictature de Bubunne, Sattouf invite le spectateur dans un voyage incongru et étonnant. Dans ce pays imaginaire (ressemblant à une ancienne république socialiste mâtinée d'intégrisme religieux), les femmes règnent en maîtres absolus. Pas de lutte des classes, juste une domination d'un sexe sur l'autre. La générale (Anémone) règne sur ce pays replié sur lui-même. Les femmes dirigent et font la guerre, les hommes se contentent de tenir leur foyer, bien cachés derrière leurs tuniques les couvrant des pieds à la tête. Sur la télévision de propagande, les mâles célibataires apprennent que la fille de la Générale, la Colonelle (Charlotte Gainsbourg) cherche son « grand couillon ». Jacky (Vincent Lacoste), en a des vapeurs. Il rêve d'être choisit et de donner plein de petites filles à la future dirigeante de la Bubunne.
Cendrillon inversé
Dans le making-of en bonus du DVD, Riad Sattouf qu'il a simplement voulu inverser le conte de Cendrillon. Mais il va beaucoup plus loin dans la satire sociale. Un pari réussi grâce à des acteurs littéralement habités. 


Vincent Lacoste, en jeune enamouré d'une glaciale Charlotte Gainsbourg, prouve qu'il est un véritable acteur en pas un miroir des jeunes d'aujourd'hui. L'ensemble fonctionne aussi en raison des rôles secondaires minutieusement choisis par le réalisateur. Didier Bourdon, en père cupide est génial, Valérie Bonneton, autoritaire et violente, rend totalement crédible la tyrannie de la dictature, William Legbhil, le rival de Jacky est horripilant de suffisance. Sattouf, qui a débuté dans la bande dessinée, a même puisé dans le monde du 9e art pour offrir deux petits rôles à Fred Neidhart et Blutch.
Mais la palme revient à Noémie Lvovsky. Femme autoritaire de Didier Bourdon, elle a cependant une certaine considération pour Jacky, le petit malheureux martyrisé par ses cousins. Malgré l'uniforme et son aspect « hommasse » elle parvient à insuffler une réelle tendresse au personnage. Déjà remarquée dans le rôle de la mère du héros des « Beaux Gosses », premier film de Riad Sattouf, elle s'impose au fil des films comme une « gueule » féminine du cinéma français. Dernier exemple en date son apparition dans « Tristesse Club » de Vincent Mariette toujours en salles.
C'est cette richesse et cette diversité qui fait de « Jacky au royaume des filles » un long-métrage hors normes, de ces OVNI devenus malheureusement en peu trop rares dans un cinéma français souvent convenu.

« Jacky au royaume des filles », Pathé, 19,99 €


DE CHOSES ET D'AUTRES - Nom d'une région !

La réforme territoriale lancée par le président Hollande a tout l'air d'un feuilleton imaginé par des technocrates parisiens pour détourner l'attention des provinciaux de la véritable crise. Les fusions, désirées ou imposées, s'annoncent sources inépuisables de conflits. Comme toujours en France (et là pas de spécificité régionale...), beaucoup plus de mécontents que de satisfaits se font connaître dès que l'on envisage le moindre changement.
Prenons le Languedoc-Roussillon. Il a l'opportunité, en fusionnant avec Midi-Pyrénées, de devenir la 3e région la plus peuplée de France. Plus fort que PACA et Aquitaine, laissées en l'état. Problème, on ne doit être que dix (et je compte large) a y voir une chance contre plusieurs millions à ne pas vouloir changer les frontières d'un iota...
Et je ne vous parle même pas des débats sans fin quand il faudra trouver le nouveau nom. Un sondage du Figaro place « Occitanie » largement en tête. Outre l'aspect moyenâgeux de l'appellation il faudra surtout convaincre les Catalans. Je vous souhaite bien du plaisir messieurs les technocrates.
Heureusement il reste des endroits plus consensuels. Les institutions de Bourgogne et France-Comté se déclarent favorables à leur union pour devenir plus attractives. Par contre, question nom, l'histoire devient plus épineuse. La Burgondie remporte les suffrages. Mais tous les fans de la série Kaamelott, dans laquelle le chef Burgonde est un gros sauvage, ivrogne et ignare (photo ci-dessus), qui rote et pète à table en riant de bon cœur, riront de concert eux-aussi. Côté attractivité, peut mieux faire...

jeudi 12 juin 2014

Cinéma - "La Ritournelle" ou l'écart de la « petite bergère »

Le monde rural s'émancipe dans « La ritournelle », fable amoureuse de Marc Fitoussi avec Isabelle Huppert et Jean-Pierre Darroussin.


De la Normandie très british au Paris plus cosmopolite, « La Ritournelle » de Marc Fitoussi propose au spectateur un grand écart intellectuel réjouissant. Un film sur les affres amoureux d'un couple de ruraux à des années lumière des paysans solitaires et frustrés des émissions de téléréalité en vogue. A la campagne aussi on s'aime, on s'éloigne et parfois on est tenté par faire un accroc à son contrat de mariage. Une histoire universelle dans un milieu en pleine révolution, servi par deux acteurs d'une rare conviction.

Xavier Lecanu (Jean-Pierre Darroussin) est éleveur de charolaises. Ces vaches destinées à la viande sont dociles et robustes. Elle ont la belle vie dans les vertes prairies de son exploitation en Normandie. Régulièrement il participe à des concours où ses taureaux reproducteurs récoltent nombre de prix. Il s'occupe de ses bêtes avec sa femme, Brigitte (Isabelle Huppert). La cinquantaine, ses deux enfants hors du nid (et pas intéressés par la reprise de l'exploitation familiale), elle aimerait un peu plus de fantaisie dans une vie qui ronronne trop à son goût. Elle repousse cette envie, cette démangeaison qui prend physiquement la forme d'une plaque d'eczéma sur la poitrine. Mais quand des jeunes viennent fêter un anniversaire dans la maison d'à côté, Brigitte se surprend à rêver danse, musique, joie et émancipation. Un songe qui prend forme avec la visite de Stan (Pio Marmai), étudiant loin d'être insensible à la beauté de cette femme mûre et mystérieuse. Mais Brigitte n'ose pas. Et elle quitte la soirée avant de commettre l'irréparable.
Deux jours à Paris
Le lendemain, elle regrette et invente une consultation à Paris chez un dermatologue pour tenter de retrouver Stan. Avec sa petite valise cabine elle va passer deux jours dans la capitale entre rendez-vous ratés avec Stan et rencontre inopinée de Jesper (Michael Nyqvist), dentiste norvégien peu motivé par le congrès international motif de son séjour en France mais très barbant. Pendant que Brigitte se laisse faire la cour, Xavier découvre que le prétendu dermatologue a pris sa retraite. Soupçonneux il confie ses bêtes à son ouvrier agricole et rejoint Paris.
Cette histoire d'épouse lassée et de mari jaloux est beaucoup plus subtile qu'un banal marivaudage. Notamment dans les réactions du mari. Xavier a pour habitude d'appeler sa femme « Petite bergère ». Elle n'aime pas trop mais c'est toute la marque de l'amour fort et entier entre ces deux êtres qui se sont rencontrés à l'école d'agriculture. Le grand risque de Marc Fitoussi était de rendre crédible ses acteurs en ruraux. Jean-Pierre Darroussin, cela n'étonnera personne, est parfait dans ses habits de gentleman farmer. Isabelle Huppert réussi l'exploit de rendre son personnage de bergère rêveuse aussi désirable qu'attachant, malgré des habits qui ne la mettent jamais en valeur. Et en une scène muette, vers la fin, elle donne toute sa profondeur à ce personnage en quête de meilleur tout en conservant l'acquis. Belle et émouvante. Elle mérite son bonheur.
___________________

Jean-Pierre Darroussin gentleman farmer

Acteur tout-terrain, habitué des petits rôles, fidèle à une bande, Jean-Pierre Darroussin éclabousse le film de son talent. Il porte cette histoire de Marc Fitoussi du début à la fin. Que cela soit dans la peau d'un paysan un peu rétrograde (en mode Jean-Pierre Bacri), du petit garçon encore amoureux de sa bergère, en mari jaloux espionnant sa femme ou en grand seigneur à la Raimu, il passe par tous les états avec une facilité et une authenticité déconcertantes. 
Ce n'est certainement pas le comédien le plus « bankable » du cinéma français, mais il est depuis longtemps dans le Top 5 des plus doués. Il sera de nouveau à l'affiche la semaine prochaine pour la sortie de « Au fil d'Ariane », dernière fantaisie de Robert Guédiguian. Il y interprète cette fois un chauffeur de taxi.
 

mercredi 11 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - L'art du rien

Il arrive que des lecteurs s'offusquent du contenu de cette chronique. Dernière en date Rosy, une abonnée qui, par email, me reproche d'être
"inintéressant et insipide" notamment quand je raconte mes vacances en Espagne. Certes, le rythme quotidien (6 jours sur 7 exactement, depuis près de trois ans) est usant, mais je ne pense pas à ce point tirer à la ligne.
Et franchement je pourrais faire pire dans le vide, le rien. Comme Marina Abramovic par exemple. Cette artiste américaine d'origine serbe, surnommée 'la grand-mère de l'art performance' débute aujourd'hui une exposition dans une galerie londonienne. Elle s'est donnée 512 heures pour découvrir "comment faire de l'art à partir de rien". Le concept est simple. Elle circule dans la galerie en compagnie des visiteurs et se concentre sur "la transmission d'énergie entre le public et l'artiste".
Selon elle, "l'art est une question d'énergie et l'énergie est invisible". Marina Abramovic n'est pas à sa 1re expérience du genre. En 2011 au Musée d'art moderne de New York (MOMA), sa performance intitulée "The artist is present" la place, assise face au visiteur, sans parler ni bouger ; elle se contente de fixer son regard.
Aux sceptiques pris de doute quant à la pertinence artistique de Marina Abramovic, ceux qui comme Rosy préféreraient une chronique "basée sur des événements locaux ou sur la tradition", je recommande le documentaire de Matthew Akers tiré de la performance du MOMA. Vous y constaterez comment un regard et le silence peuvent déchaîner un torrent d'émotions.

DVD - "Robocop" 2.0, plus moderne et actuel

Le remake du film de Paul Verhoeven est très abouti techniquement.

Visionnaire en 1987, le film Robocop a depuis fait beaucoup de petits. Des suites, des séries télé et finalement un remake américain en bonne et due forme qui sort en DVD et blu-ray chez Studiocanal. La réalisation en a été confiée à José Padilha, Brésilien qui fait carrière à Hollywood et le rôle titre à Joël Kinnaman (The Killing). Pour le scénario, les producteurs ne se sont pas trop cassé la tête reprenant presque mot pour mot l'intrigue originale. Il y a donc un flic intègre, Murphy, qui est sur la piste de ripoux. Ces derniers n'ont pas l'intention de se laisser démasquer. Ils piègent la voiture de Murphy. Boum ! Le beau flic devient un légume. 
Place alors aux véritables méchants, les capitalistes de la société de robotique Omnicop. Ils fabriquent des robots pour maintenir l'ordre et la loi. Ils inondent le monde mais n'arrivent pas à passer la barrière légale aux USA. Des « rétrogrades » n'acceptent pas que des machines, sans conscience, puissent tuer des humains. Le Pdg Raymond Sellars (Michael Keaton, bien meilleur dans ce rôle cynique que dans le costume de Batman...) a l'idée de récupérer un bout de Murphy (cerveau, visage, cœur et... deux poumons) pour lancer sur la piste du crime le premier homme-cyborg. Robocop est né.


Pas de surprise au niveau de l'histoire si ce n'est une actualisation qui place les usines d'Omnicop en Chine, mais au niveau effets spéciaux, les trente années d'écart avec l'original fait toute la différence. Bourré d'effets numériques, le film en met plein la vue. Notamment au niveau des robots combattants, des bipèdes aux monstres d'acier à la puissance de feu impressionnante. Dans les bonus du DVD et blu-ray, on peut détailler tous les modèles imaginés par les concepteurs des effets spéciaux. Mais la scène la plus impressionnante rester quand Murphy tombe l'armure. Incroyable comme des poumons sous verre sont peu avenants.

« Robocop », Studiocanal, 19,99 €


mardi 10 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le sacrilège de Finkie

Hier matin,
Alain Finkielkraut était l'invité de la matinale de France Inter. Le philosophe, récemment élu à l'Académie française, est un bon client. Il peut parler de tout. Il passe allègrement de la condamnation de Le Pen et de sa saillie antisémite à l'inquiétante montée de l'intégrisme musulman ou de sa passion pour le football malgré toutes les dérives autour du Mundial (argent roi, peuple brésilien en colère). Il a l'air systématiquement intelligent et profond.
Pourtant, il lui arrive parfois de sortir des inepties. Notamment en mai quand il a considéré, avec un réel mépris, la bande dessinée comme un "art mineur". Depuis il est devenu la tête de turc de tous les bédéastes, "artistes mineurs" certes, mais dont le talent dans la satire ne fait pas de cadeau. Yan Lindingre de Fluide Glacial lance l'opération "une BD pour Finkie". Chaque auteur est invité à expédier au philosophe un album qui démontre l'inverse de sa déclaration.
Hier sur France Inter, Finkielkraut revient sur la polémique. Prétend ne pas avoir reçu ces albums. Et avec une certaine ironie : "J'ai osé dire que la BD est un art mineur. Je ne savais pas que cette phrase serait un sacrilège." Étonnant quand même que cet intellectuel ne connaisse pas "Maus" d'Art Spiegelman. L'auteur américain raconte la Shoah en images avec les Juifs en souris et les nazis en chats. Un pur chef-d'œuvre.
Peut-être la BD ne survivra-t-elle pas à la philosophie. Mais depuis que le 9e art existe, il a su quitter les chemins basiques des "illustrés" de l'enfance de Finkielkraut pour acquérir une réelle profondeur. Ne pas s'en rendre compte, c'est se tromper de siècle...

BD - "Lucifer Sam", un thriller satanique chez Glénat


Si vous aimez frissonner en lisant des BD d'horreur, cette nouvelle série italienne est pour vous. Les images ne sont pas spécialement horribles, mais certaines scènes sont très dures. Tout débute aux USA. Liz Frazier, romancière à succès, offre à son fils Sam des vacances à Paris. Alors qu'il s'envole en compagnie d'une charmante mannequin sensible à ses 18 ans, sa mère est kidnappée sur le parking de l'aéroport, assommée, jetée dans un trou, brûlée vive et enterrée. En France, Sam, au lieu de Paris, se retrouve chez de riches amis de sa mère dans un château de la proche banlieue. Il ne sait pas que cette luxueuse demeure va se transformer en prison. 
Victime d'un complot à très grande échelle, il est enfermé dans une pièce aveugle, avec seulement un trou pour faire ses besoins. Seul les premiers jours, il a finalement la compagnie d'un petit chat. Un peu de douceur dans une situation infernale. Puis une évidence : le chat n'est que de la nourriture pour survivre... Son calvaire dure des mois. Après des dizaines de chats. Et quand il décide d'en finir, la porte s'ouvre... Secte satanique, machination, vengeance : la BD de La Neve (scénario) et Nizzoli (dessin) est aussi passionnante qu'angoissante.

« Lucifer Sam » (tome 1), Glénat, 13,90 €