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vendredi 13 juin 2014

DVD - Jacky, l'idole des dames

Le dernier film de Riad Sattouf, drôle et caustique, épingle misogynie, intégrisme et féminisme.

Qui ose encore se plaindre du manque d'originalité du cinéma français ? Dans exception culturelle, il y a « exception ». Loin des comédies formatées ou des drames insipides, « Jacky au royaume des filles » est de ces films qui ne peuvent voir le jour qu'en France. Grâce à des producteurs qui font confiance à des créateurs comme Riad Sattouf. Si le film n'a pas marché très fort en salles, sa sortie en DVD chez Pathé doit rendre sa juste place à cette pépite d'originalité.

Il y a un peu du Mocky dans ce film. Le Mocky de la grande époque, quand il foisonnait d'idées et dynamitait allègrement les règles du genre. En imaginant la dictature de Bubunne, Sattouf invite le spectateur dans un voyage incongru et étonnant. Dans ce pays imaginaire (ressemblant à une ancienne république socialiste mâtinée d'intégrisme religieux), les femmes règnent en maîtres absolus. Pas de lutte des classes, juste une domination d'un sexe sur l'autre. La générale (Anémone) règne sur ce pays replié sur lui-même. Les femmes dirigent et font la guerre, les hommes se contentent de tenir leur foyer, bien cachés derrière leurs tuniques les couvrant des pieds à la tête. Sur la télévision de propagande, les mâles célibataires apprennent que la fille de la Générale, la Colonelle (Charlotte Gainsbourg) cherche son « grand couillon ». Jacky (Vincent Lacoste), en a des vapeurs. Il rêve d'être choisit et de donner plein de petites filles à la future dirigeante de la Bubunne.
Cendrillon inversé
Dans le making-of en bonus du DVD, Riad Sattouf qu'il a simplement voulu inverser le conte de Cendrillon. Mais il va beaucoup plus loin dans la satire sociale. Un pari réussi grâce à des acteurs littéralement habités. 


Vincent Lacoste, en jeune enamouré d'une glaciale Charlotte Gainsbourg, prouve qu'il est un véritable acteur en pas un miroir des jeunes d'aujourd'hui. L'ensemble fonctionne aussi en raison des rôles secondaires minutieusement choisis par le réalisateur. Didier Bourdon, en père cupide est génial, Valérie Bonneton, autoritaire et violente, rend totalement crédible la tyrannie de la dictature, William Legbhil, le rival de Jacky est horripilant de suffisance. Sattouf, qui a débuté dans la bande dessinée, a même puisé dans le monde du 9e art pour offrir deux petits rôles à Fred Neidhart et Blutch.
Mais la palme revient à Noémie Lvovsky. Femme autoritaire de Didier Bourdon, elle a cependant une certaine considération pour Jacky, le petit malheureux martyrisé par ses cousins. Malgré l'uniforme et son aspect « hommasse » elle parvient à insuffler une réelle tendresse au personnage. Déjà remarquée dans le rôle de la mère du héros des « Beaux Gosses », premier film de Riad Sattouf, elle s'impose au fil des films comme une « gueule » féminine du cinéma français. Dernier exemple en date son apparition dans « Tristesse Club » de Vincent Mariette toujours en salles.
C'est cette richesse et cette diversité qui fait de « Jacky au royaume des filles » un long-métrage hors normes, de ces OVNI devenus malheureusement en peu trop rares dans un cinéma français souvent convenu.

« Jacky au royaume des filles », Pathé, 19,99 €


samedi 15 septembre 2007

BD - Le roi des machos


Planquez vos abattis, Pascal Brutal est de retour... Pascal Brutal c'est une gourmette, des baskets torsion, un bouc et des phéromones en pagaille (surtout quand il oublie d'acheter du déodorant...). Intitulé « Le mâle dominant », ce second recueil d'histoires courtes publiées dans Fluide Glacial nous dévoile un peu plus la personnalité de cet homme, un vrai, imaginé par Riad Sattouf. 

Pascal Brutal, enfant de la banlieue, dans ce futur proche où la présidence de la République est assurée par Alain Madelin, a pléthore d'occasions de prouver sa virilité débordante. Il a beaucoup de succès avec la gent féminine. Il parvient dans une histoire à coucher avec 49 femmes en une après-midi. Un défi qu'il s'était lancé après s'être surpris à rêver d'embrasser un homme. Et malgré l'épuisement sexuel résultant de cette débauche de coïts et de domination, en rentrant chez lui, quand il croise trois ouvriers en salopette, Pascal Brutal a une brusque envie de se faire prendre. 

Pauvre héros macho, particulièrement malmené en Belgique devenue une gynarchie : système politique et social de la domination violente de la femme sur l'homme. Humour dévastateur, sans tabou, se moquant ouvertement de ces frimeurs banlieusards, la BD de Riad Sattouf devrait rapidement devenir culte. 

("Pascal Brutal", tome 2, Fluide Glacial, 9,95 €) 

mercredi 19 juillet 2006

BD - Pauvre petit Pascal Brutal


Pascal Brutal, c'est le héros de l'avenir. Un futur proche, dans quelques années, quand Alain Madelin sera président de la République et que la société française sera devenue ultra-libérale. Une société qui donne sa véritable place à un homme musclé et sans tabou. Pascal Brutal règne en maître dans sa ville. Les filles sont à ses pieds, les garçons aussi. Car Pascal, monstre de virilité, ne se refuse pas parfois une petite aventure homosexuelle. C'est tellement agréable de rejeter, le lendemain, son amant d'une nuit. Les pleurs sont encore plus déchirants. Pascal Brutal sait être odieux. Imaginé par Riad Sattouf, l'homme à la gourmette en argent n'est pas très sympathique d'un premier abord. Mais toute l'astuce de Sattouf est de dévoiler, par petites touches, le côté gros bébé de Pascal. Il refoule son complexe d'oedipe, n'est pas remis de son amour caché pour une ancienne professeur et pleure en voyant des chatons. Loin de tout ce qui a été fait jusqu'à maintenant dans le domaine de l'humour corrosif, Riad Sattouf a inventé la psychologie de la testostérone. (Fluide Glacial, 9,95 €)