vendredi 1 juillet 2022

Roman. Javier Cercas règle son compte à l’« Indépendance » catalane

Écrivain reconnu en Espagne, Javier Cercas n’a pas dû se faire beaucoup d’amis en Catalogne lors de la parution du second tome de sa série Terra Alta retraçant les aventures du policier barcelonais Melchor Marin. Le titre Indépendance est trompeur. Car c’est en filigrane une dénonciation implacable du processus lancé par les indépendantistes qui est raconté dans ce roman brillant et passionnant. La classe politique est passée à la moulinette.

Les clés pour comprendre l’évolution de la province qui veut devenir un pays sont en réalité données au milieu du roman « La Catalogne a toujours été entre les mains d’une poignée de familles. Ce sont elles qui décidaient de tout avant le franquisme, qui ont décidé de tout pendant le franquisme, qui ont décidé de tout après le franquisme, et qui décideront de tout quand toi et moi on sera mort et enterrés… »

Melchor accepte de revenir à Barcelone pour aider des collègues qui travaillent sur une tentative de chantage à la sextape sur la maire de Barcelone. Il va croiser le chemin de trois de ces fils de famille qui ont tous les pouvoirs. Riches, ambitieux, sans morale, capables de tout pour conserver leurs prérogatives : ce sont des êtres malfaisants au plus haut point. Melchor va tenter de les faire tomber, mais comment ce fils de prostitué peut-il avoir le moindre pouvoir face à ces notables de pères en fils ?

La fin vous surprendra, car Javier Cercas n’a peur de rien et sait que souvent, ce sont les pires méthodes qui permettent les meilleurs résultats.

« Indépendance » de Javier Cercas, Actes Sud, 23 €  

jeudi 30 juin 2022

Cinéma - “Irréductible” fonctionnaire


Pas sûr que les fonctionnaires apprécient ce film de Jérôme Commandeur. Pourtant il est désopilant ce Irréductible. Au point qu’il a remporté le Grand Prix, au Festival de la comédie de l’Alpe d’Huez. Seconde réalisation de Jérôme Commandeur, l’histoire de ce fonctionnaire attaché à son emploi (exactement à la sécurité de son emploi…), a le grand avantage de nous faire voyager. 

De la France profonde à la Suède moderne, en passant par une base en Arctique et la jungle équatorienne, ces 90 minutes sont trépidantes. Trépidant, un adjectif qui, pourtant, ne colle pas du tout au héros. Vincent est fonctionnaire à Limoges. Il s’occupe de la nature et de ses principaux utilisateurs : les chasseurs. Il a une vie bien réglée entre pots-de-vin, sa famille, sa fiancée et sa future belle-famille. Une existence pépère, garantie à vie, sans ambition, mais avec une sécurité à toute épreuve. 

Sauf quand le nouveau ministre (de droite), décide de « dégraisser le mammouth ». Quelques postes vont être supprimés. Exactement, de belles primes sont offertes aux « inutiles » s’ils sont volontaires au départ. Or, Vincent, ne veut pas abandonner son petit paradis. Les services du ministère sortent alors les armes de dissuasion que sont les mutations. 

Scientifique et ours blancs

Vincent, provincial absolu, doit accepter ses nouvelles affectations, sous peine d’abandon de poste. De la banlieue triste aux montagnes isolées, il accepte tout et tient bon. La chargée des « licenciements qui ne disent pas leur nom » passe à la vitesse supérieure en le nommant dans une base en Arctique, chargé de protéger les scientifiques des attaques d’ours blanc. On est loin de la vie familiale sereine de Limoges… Pourtant, c’est dans cette immensité glaciale qu’il rencontre Eva, jolie chercheuse qui va craquer pour lui. Vincent va découvrir une nouvelle routine dans la vie suédoise d’Eva, engagée pour l’écologie. 

Partant un peu dans tous les sens, le film ne laisse jamais le spectateur s’ennuyer. Jérôme Commandeur, bon bougre, obnubilé par son idée de conserver son poste, va pourtant devoir choisir entre l’amour et la sécurité de l’emploi. Un dilemme cruel pour cet irréductible de la fonction publique.

"Irréductible', film français de et avec Jérôme Commandeur, et avec Laetitia Dosch, Pascale Arbillot


mercredi 29 juin 2022

Cinéma - Le policier sous le charme de la veuve

Dans Decision to leave, un policier insomniaque s’interroge sur une veuve un peu trop belle.


L’amour est aveugle. Il frappe toujours sans prévenir, provoquant d’improbables passions entre des êtres radicalement différents. Decision to leave, le nouveau film de Park Chan-wook, virtuose du cinéma coréen, est une belle et triste romance qui débute par la découverte d’un cadavre. Hae-Joon (Park Hae-il), est chargé de cette enquête de routine. Un homme est retrouvé mort au pied d’une montagne. Il aurait dévissé lors de son ascension. 

Cet ancien agent de l’immigration est marié avec Sore (Tang Wei), une jeune Chinoise, récemment naturalisée. Le policier, un modèle de professionnalisme, consciencieux, opiniâtre, passant au crible tous les détails de l’enquête, ne peut pas s’empêcher de suspecter la veuve. Assistante de vie auprès de personnes âgées dépendantes, elle a pourtant un alibi en béton. Lors de la chute du mari (qui la battait, on l’apprend assez rapidement), elle était au chevet d’une vieille personne, déclaration de la patiente, géolocalisation du téléphone et vidéosurveillance le prouvent. Mais son attitude, très éloignée de la tristesse éplorée, pousse Hae-Joon à maintenir la surveillance de Sore. 

Surveillance nocturne

Insomniaque, il va occuper ses nuits à l’observer dans son appartement, de plus en plus fasciné par cette femme mystérieuse et énigmatique. Elle aussi remarque ce policier qui passe ses nuits à son chevet et va se trouver attirée par lui. D’une banale intrigue policière, Park Chan-wook transforme Decision to leave en film d’amour ambigu. Les non-dits se multiplient. On assiste à la naissance d’un amour fou entre le policier intègre et la veuve secrète. Que cache-t-elle ? Va-t-il la démasquer, au risque de mettre fin, définitivement, à cette passion interdite (il est marié et fidèle) si troublante ? Toute la virtuosité du film passe par la coupure du milieu. La première enquête est oubliée et Hae-Soon, comme redevenu raisonnable, retourne auprès de sa femme, en province, après une phase de dépression. Quelques mois plus tard, Sore réapparaît dans cette petite ville sans charme. Elle vient de s’y installer avec son nouveau mari. Le policier redoute les véritables raisons du retour de cette femme dans sa vie. Car l’amour, comme expliqué précédemment, est définitivement aveugle.

Au dernier festival de Cannes le réalisateur coréen a remporté le Prix de la mise en scène. Objectivement, les deux comédiens principaux auraient mérité eux aussi des récompenses tant leur jeu est habité par la passion et le talent.

"Decision to leave", film coréen de Park Chan-wook avec Tang Wei, Park Hae-il, Go Kyung-pyo 

mercredi 22 juin 2022

DVD et Blu-ray - "Les promesses" politiques

Présenté en compétition au dernier Festival du film politique de Carcassonne, Les promesses de Thomas Kruithof qui vient de sortir en vidéo chez Wild Side Vidéo, est une véritable plongée dans le mécanisme qui fait avancer les hommes politiques. En l’occurrence une femme, Clémence (Isabelle Huppert), maire d’une cité de banlieue parisienne. Au pouvoir depuis deux mandats, elle a publiquement annoncé un an avant la nouvelle élection qu’elle ne se représenterait pas. Sa première adjointe a été désignée par le parti pour lui succéder. En négociant des subventions avec un haut fonctionnaire, Clémence va recevoir une proposition de ce dernier qui va radicalement changer la donne. Un revirement qui va totalement désarçonner Yazid (Reda Kateb), son directeur de cabinet qui espère après l’élection un poste dans un ministère à Paris.

Le scénario permet de surfer sur plusieurs intrigues. La première, la plus importante, l’avenir de la cité. Mais on découvre aussi en filigrane les ambitions de Yazid, ses difficultés à gérer au quotidien son origine modeste dans un monde où même très efficaces, on reste avant tout issu d’une minorité. Le plus passionnant est l’analyse des décisions de Clémence, femme politique dont la complexité est remarquablement interprétée par Isabelle Huppert. Et dans les bonus, vous pourrez voir un long entretien avec le réalisateur.

mardi 21 juin 2022

Cinéma - Caustique “El buen patrón”

"El buen patron", film espagnol de Fernando León de Aranoa avec Javier Bardem, Manolo Solo, Almudena Amor


Fernando León de Aranoa s’est fait une spécialité de films sociaux assez critiques. Il manie l’humour noir et caustique avec une dextérité rare. Cette fois, il s’attaque à un symbole de l’Espagne qui gagne : la petite et moyenne entreprise. Exactement, au patron qui répète à longueur de journée que sa famille, c’est sa boîte ; ses enfants ses employés. Pour endosser le costume d’El buen patrón, le réalisateur retrouve Javier Bardem, avec qui il a déjà tourné Les lundis au soleil, au début des années 2000. 

Spécialiste des balances, depuis des décennies, l’entreprise Blanco est dirigée par le fils du créateur. Le film retrace une semaine de la vie de l’entreprise et de son patron qui ne manque pas de contrariétés au quotidien. Car, si tout semble parfait au pays de la précision, en réalité les problèmes s’accumulent. Et, au pire moment, car l’entreprise va recevoir la visite d’une commission qui doit décider de la remise d’un important prix économique régional. Alors, il faut faire bonne figure. Malgré les erreurs à répétition du chef de fabrication, très négligeant dans son travail, depuis qu’il a appris que sa femme a un amant. 

Comptable récalcitrant

Autre souci, ce comptable, récemment licencié et qui a décidé de camper devant l’entrée de l’usine en arborant des slogans vengeurs sur le patron qui licencie sans état d’âme. Seule bonne nouvelle, les nouvelles stagiaires sont arrivées et la jeune Liliana (Almudena Amor) semble sensible au charme de Blanco. Mais, là aussi, cela devient un problème quand il découvre, après une nuit d’amour torride, que c’est la fille d’un de ses meilleurs amis. Bref, le jeudi, la vie du patron est sur le point de s’effondrer. Mais il a de la ressource, le filou.

Le film va crescendo, on attend la chute de l’abominable manipulateur. Mais, comme dans la vraie vie, le capitaliste, celui qui a le pouvoir et l’argent, parvient toujours à s’en sortir. Malheur aux faibles et vive les « bons patrons ».

lundi 20 juin 2022

Cinéma - Le téléphone de la peur sonne dans “Black phone


"Black phone", film de Scott Derrickson avec Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke

Les histoires d’enlèvements et de séquestration sont de plus en plus à la mode. Nouvelle version, avec Black Phone, film Blumhouse adapté d’un roman de Joe Hill. Dans une petite ville de province, depuis quelques semaines, les adolescents sont inquiets. Les disparitions se multiplient, les rumeurs vont bon train. Selon les ragots, un « Attrapeur » capture les jeunes qui ont prononcé son nom. Une erreur que ne fera jamais Finney (Mason Thames), l’archétype du jeune intello harcelé au collège. Il n’est pas très bon au base-ball, est passionné par les fusées et n’a que peu d’amis. Par chance il bénéficie de la protection d’un des caïds, expert en art martial. Il l’aide pour ses devoirs en maths. 

Tout bascule quand le protecteur est enlevé, puis c’est Finney qui tombe dans le piège de l’Attrapeur. Rapidement, le film devient plus angoissant, montrant longuement les vaines tentatives de Finney pour quitter sa prison. Une cave en béton, avec juste un matelas et un téléphone noir accroché au mur. Un de ces vieux combinés à cadran (l’action se situe dans les années 70). Un téléphone qui sonne régulièrement, terrifiant le prisonnier. 

Dans ce film de Scott Derrickson, le rôle du méchant est tenu par Ethan Hawke, assez peu méconnaissable, le visage recouvert de masques particulièrement horrifiques.

jeudi 16 juin 2022

Cinéma - Ce conduit souterrain est “Incroyable mais vrai”

Film énigmatique qui doit le rester, la dernière réalisation de Quentin Dupieux est fidèle à sa folie douce.


Mission quasi impossible de raconter Incroyable mais vrai, film de Quentin Dupieux. Exactement, il ne faut surtout pas dévoiler le ressort comique et dramatique de l’histoire. Se contenter de généralités, éluder le sujet, rester énigmatique et le moins précis possible. Donc, au début, Alain (Alain Chabat) et Marie (Léa Drucker) décident d’acheter une maison en banlieue parisienne. Une belle bâtisse moderne, spacieuse entourée d’un jardin arboré. Ils ont immédiatement un coup de cœur. 

Pourtant, selon l’agent immobilier qui fait visiter, ils n’ont pas encore vu le meilleur, ce petit plus qui donne tout son cachet à l’ensemble. Un agent immobilier très mystérieux, refusant d’en dire trop. Il faut le voir pour le croire, selon lui. Il conduit donc le couple dans la cave et ouvre une trappe qui donne sur un conduit s’enfonçant dans les profondeurs des fondations. 

Motus et bouche cousue

C’est à partir de ce moment que le critique de cinéma et scribouillard de service ne peut plus rien dévoiler du scénario. Qu’y a-t-il au bout de ce conduit ? Quel effet a-t-il sur les aventureux qui l’empruntent ? Vous ne saurez rien en lisant la suite de cet article qui peut concourir au grand prix national du journalisme creux et abscons. 

L’effet de surprise doit être préservé pour que le spectateur profite pleinement de la folie du réalisateur (également scénariste et monteur) et de l’évolution des personnages principaux, pris dans ce processus souterrain. Silence sur le conduit, mais on peut quand même parler un peu des amis du couple : le patron d’Alain (Benoît Magimel) et sa maîtresse du moment (Anaïs Demoustier). Eux aussi ont un secret à révéler. Mais dans le même ordre d’idée, mieux vaut ne pas dévoiler ce qui arrive à Benoît Magimel. 

Ce dernier est le meilleur ressort comique du film. Macho, arrogant, prétentieux : il se donne à fond dans ce rôle de composition. La distribution s’en tire d’ailleurs avec les honneurs dans cette histoire abracabradantesque. Alain Chabat reste le plus normal face à l’exceptionnel, Léa Drucker va être la plus influençable alors qu’Anaïs Demoustier, en charmante cruche de service (parfait pendant du macho), apporte ce côté populaire que l’on retrouve toujours dans un film de Quentin Dupieux. Enfin, dernier indice pour les amateurs d’animaux, il y a dans Incroyable mais vrai des chats, des fourmis et même des puces. Mais ces dernières sont électroniques.

Film français de Quentin Dupieux avec Alain Chabat, Léa Drucker, Benoît Magimel et Anaïs Demoustier


mercredi 15 juin 2022

Série télé - The Boys, encore plus fort, encore plus loin


Saison 3 pour The Boys, série de superhéros tout sauf politiquement correcte. Imaginée par Eric Kripke pour Amazon Prime Vidéo, c’est certainement la plus belle réussite de la plateforme qui d’ordinaire ne se distingue pas par son originalité. Dans un monde où les superhéros sont des sortes de héros de téléréalité et d’influenceurs qui servent plus à des placements de produits qu’à sauver le monde, un groupe de citoyens ordinaires tente de démontrer que ces gloires médiatiques font plus de dégâts que de bien à la communauté. 

Dans ce 3e volet, Butcher (Karl Urban) doit cesser de dégommer du héros pour rentrer dans le rang. Une commission sénatoriale a officialisé son groupe qui tend à dénoncer les « erreurs fatales » dont sont victimes des innocents. Dans le genre, la première scène risque de devenir d’anthologie. Un nouveau superhéros a la possibilité de jouer sur sa taille Il peut devenir un géant, mais également aussi petit qu’un microbe. 

Après force absorption de drogue, au cours d’un jeu sexuel qui risque de rester longtemps dans la rétine des téléspectateurs, il éternue et reprend sa taille d’origine. Cela provoque une jolie explosion de chair et de sang. Bref, The Boys sont de retour, cela va saigner et vous devrez vous attendre à tous les excès, des deux côtés.  

mardi 14 juin 2022

DVD - Du nouveau au Département V

Tirées des romans de Jussi Ader-Olsen (Albin Michel), Les enquêtes du Département V font partie des belles réussites du cinéma danois. Les thrillers sont adaptés sur grand écran et c’est déjà le 5e qui sort en DVD et blu-ray. Directement en vidéo (après une diffusion sur Canal +), car la crise sanitaire est passée par là, restreignant les sorties cinéma durant de longs mois. Les amateurs des quatre précédents films seront sans doute déstabilisés car le casting a totalement changé. Pour interpréter Carl Morck, on ne retrouve plus Nikolaj Lie Kaas mais Ulrich Thomsen. De même, son fidèle assistant Assad perd les traits de Fares Fares pour désormais être personnalisé par Zaki Youssef. Si vous voulez jouer au jeu des ressemblances (ou des différences) on ne peut que vous recommander de faire l’acquisition du coffret reprenant cinq longs-métrages, dont le 5e, L’effet Papillon, l’inédit de ce mois de juin chez Wild Side Vidéo. 

Carl Morck, dont la vie est loin d’être un long fleuve tranquille, tente de revenir au travail le plus vite possible. Pourtant il a été le témoin direct d’un drame raconté dans la première scène du film. Mais il est comme ça Morck, dur au mal, sans état d’âme. Même si on comprend vite qu’il a été secoué car il devient de plus en plus borderline dans ses enquêtes. Son département, cantonné au début dans les enquêtes abandonnées, est devenu une pièce maîtresse de la police de Copenhague. Quand un jeune Gitan est arrêté à la frontière en possession du passeport d’un diplomate disparu depuis quatre ans et suspecté d’être un pédophile, l’enquête est rouverte et le département V va mettre toutes ses ressources sur cette énigme. Mais l’adolescent ne collabore pas et va même réussir à s’enfuir d’un centre fermé. 

Sa cavale est racontée en parallèle avec les investigations de Morck auprès d’une jeune nageuse qui a accusé le diplomate, de sa femme, qui a toujours clamé son innocence et d’un journaliste suédois persuadé que cette disparition cache un vaste complot d’État. Le film de 2 heures est rythmé et très sombre. Il s’attache surtout à montrer l’obstination du héros, persuadé qu’il peut, seul contre tous, faire justice et aider ce jeune témoin gênant.  


lundi 13 juin 2022

DVD et Blu-ray - "Les jeunes amants" avec Fanny Ardant et Melvin Poupaud


La magie du coup de foudre ou de l’amour tout court n’a que faire de l’âge. On peut succomber à 10 ans comme à 70 ans. Basé sur un scénario de Solveig Anspach, Les jeunes amants de Carine Tardieu vient de sortir en vidéo chez Diaphana et raconte comment Shauna (Fanny Ardant), architecte à la retraite de 70 ans va tomber amoureuse de Pierre (Melvil Poupaud), médecin hospitalier de 45 ans. 

Exactement c’est Pierre qui est irrésistiblement attiré par cette femme qui était l’amie de son meilleur copain. Une première rencontre sans lendemain et des années plus tard des retrouvailles et l’envie d’aller explorer cette passion dévorante, malgré les risques. Pierre a toutes les chances de détruire sa famille (une femme qu’il aime et deux enfants). Shauna a elle aussi des réticences à se donner corps et âme, notamment en raison de sa santé chancelante (elle souffre d’un début de Parkinson). La performance de Fanny Ardant, filmée sans chercher à cacher ses sept décennies, est remarquable. 

Un drame, servi par d’excellents seconds rôles (Cécile de France, Florence Loiret Caille), s’il semble au début un peu lourd de bons sentiments, devient beaucoup plus consistant quand les deux amants décident de tout dire à leurs proches. L’incompréhension va les faire douter. Notre société du « qui se ressemble s’assemble » est ainsi faite…