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lundi 13 juin 2022

DVD et Blu-ray - "Les jeunes amants" avec Fanny Ardant et Melvin Poupaud


La magie du coup de foudre ou de l’amour tout court n’a que faire de l’âge. On peut succomber à 10 ans comme à 70 ans. Basé sur un scénario de Solveig Anspach, Les jeunes amants de Carine Tardieu vient de sortir en vidéo chez Diaphana et raconte comment Shauna (Fanny Ardant), architecte à la retraite de 70 ans va tomber amoureuse de Pierre (Melvil Poupaud), médecin hospitalier de 45 ans. 

Exactement c’est Pierre qui est irrésistiblement attiré par cette femme qui était l’amie de son meilleur copain. Une première rencontre sans lendemain et des années plus tard des retrouvailles et l’envie d’aller explorer cette passion dévorante, malgré les risques. Pierre a toutes les chances de détruire sa famille (une femme qu’il aime et deux enfants). Shauna a elle aussi des réticences à se donner corps et âme, notamment en raison de sa santé chancelante (elle souffre d’un début de Parkinson). La performance de Fanny Ardant, filmée sans chercher à cacher ses sept décennies, est remarquable. 

Un drame, servi par d’excellents seconds rôles (Cécile de France, Florence Loiret Caille), s’il semble au début un peu lourd de bons sentiments, devient beaucoup plus consistant quand les deux amants décident de tout dire à leurs proches. L’incompréhension va les faire douter. Notre société du « qui se ressemble s’assemble » est ainsi faite…


lundi 13 janvier 2014

Roman - De la courtoisie à l'amour dans "Les amants" de Joël Schmidt

Le roman « Les amants » de Joël Schmidt est une transposition de l'amour courtois moyenâgeux à notre époque.

Roman érudit mais dérangeant, « Les amants » de Joël Schmidt a pour but de faire découvrir les richesses de l'amour courtois du Moyen âge. L'originalité du propos tient dans le fait que le texte n'est pas historique. Il se passe de nos jours et montre toute la difficulté d'être différent dans un monde moderne. Le narrateur, Johann, médiéviste émérite, débarque dans une petite ville de province. Nommé professeur de lettres dans un khâgne, il est toujours célibataire malgré sa cinquantaine bien tassée. Il a eu des compagnes, des maîtresses, des conquêtes... mais jamais l'amour absolu dont il rêve. Johann est un romantique éthéré. Il se réserve pour la Belle qui comprendra sa démarche. Coup de foudre à la rentrée scolaire. Ce sera Aurore, une de ses étudiantes. 19 ans, fille de très bonne famille, intelligente et vierge. Quand elle quitte la classe, Johann a « le temps d'admirer la blancheur de sa peau, ses jambes élancées et moulées dans des bas résille noirs dont une jupe courte dévoile les cuisses. » L'amour courtois et ses 31 codes est à l'opposé de l'amour platonique. Il y a certes toute une partie de cour chaste et respectueuse, mais c'est aussi l'occasion de pleinement profiter des joies de la chair, de tous les excès des sens et du corps.
Le roman de Joël Schmidt, comme le code ancestral, est très progressif. Le professeur va mettre en place toute une stratégie pour conquérir la jeune fille. « Je sais que c'est par ces codes que j'atteindrai le cœur d'Aurore, que c'est le première étape pour l'entraîner avec moi, après l'avoir capturée dans la nasse de mon imaginaire. » Malgré la différence d'âge, Johann va se faire aimer d'Aurore et accepter par des parents trop modernes pour être honnêtes. Ils se marieront et pourront alors consommer cet amour.

Jusqu'à la mort
Le malheur de Johann, c'est qu'il sait parfaitement que cela ne peut que mal finir. Il existe un code qu'il ne faut jamais respecter, un code rajouté par l'Église pour détruire le bel ensemble. Il fait tout pour l'éviter, mais Aurore cède au besoin impérieux de respecter l'ordre, d'aller au bout du bout. Il la perd. Mais va pouvoir la reconquérir. Cela se passera dans des caves, hors du temps, des bas-fonds de Nuremberg. Là, il va participer à une de ces orgies signe de la grande liberté des codes, « mélange de douleur et de plaisir qui nous ont tant frappé Aurore et moi au cours de tous les avatars de notre amour. » Pour l'auteur l'amour courtois est le symbole malheureusement oublié de cette renaissance médiévale « où la femme prend des droits qu'elle n'a jamais eus et où l'homme accepte de souffrir pour elle jusqu'à la mort. » Un amour fou qui conduit inéluctablement à la folie.
Michel LITOUT

« Les amants » de Joël Schmidt, Albin Michel, 16 €