lundi 21 février 2022

Cinéma - Très étonnant Big Bug


Tous les cinéastes français ne disent pas non à Netflix. Certains sont mêmes très contents que la multinationale américaine repêche un projet qui se trouvait dans une impasse. Jean-Pierre Jeunet, malgré ses précédents succès, ne parvenait pas à financer son nouveau film de science-fiction. Netflix a accepté, n’a pas lésiné sur le chèque et cela se voit à l’écran.

 « Big Bug » se passe dans un futur proche où les robots domestiques sont aussi fidèles que des chiens. Par contre de nouveaux androïdes, les Yonyx (François Levantal) semblent vouloir prendre la place des Humains, voire les exterminer. Le film est un huis clos dans une maison qui a des airs de villa futuriste du film « Mon oncle » de Tati

L’ensemble est assez décousu et inégal. Reste une certaine poésie, des idées percutantes et malheureusement quelques incongruités, comme d’affubler un accent marseillais caricatural à Youssef Hajdi.


De choses et d’autres - Limace poisseuse

La pluie a fait un timide retour en ce début de semaine dans la région. Pas suffisamment cependant pour faire sortir les escargots. Encore moins les limaces. Pourtant cette peu appréciée bestiole s’est retrouvée à l’honneur dans la campagne de la présidentielle.

C’est Marine Le Pen qui a utilisé l’image de la limace pour stigmatiser le supposé ralliement de Nicolas Bay à l’autre candidat d’extrême droite. Porte-parole de la candidate du Rassemblement National, Nicolas Bay est accusé d’avoir joué l’espion au profit de la Zemmourie divulguant aux ennemis héréditaires les plans pour conquérir l’Élysée.

Il a donc été suspendu du parti et la candidate, qui pourtant, depuis longtemps, tente d’adoucir son image, a été sanglante dans son commentaire : après avoir parlé de « haute trahison » et de « sabotage » elle a fustigé « la stratégie de la limace », la limace car « elle est lente, mais aussi parce qu’elle est poisseuse ».

Nicolas Bay, une « limace poisseuse », le voilà habillé pour l’hiver. Cette campagne électorale semblait un peu morne. Rien de transcendant, pas encore de gros scandales et encore moins d’affrontements tonitruants. Pour l’instant, on devait se contenter de la bataille de cour de récréation entre les très nombreux représentants de la gauche, en espérant que le président Macron n’attende pas le dernier jour pour déclarer sa candidature.

Et puis, comme à chaque fois, l’extrême droite est arrivée avec ses gros sabots et a changé la donne. La « limace poisseuse » a fait des taches indélébiles. Désormais, les insultes et anathèmes en tous genres risquent de pleuvoir entre les anciens meilleurs amis. On a beau tenter de chasser le naturel, il revient toujours au galop.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le jeudi 17 février 2022

dimanche 20 février 2022

BD - Les origines de Buck Danny


Buck Danny est devenu un véritable empire de BD à lui tout seul. En plus de ses aventures classiques qui sont ancrées dans la réalité diplomatique actuelle, le pilote américain créé par Charlier et Hubinon, bénéficie de séries sur ses débuts. 


Une collection Buck Danny Classic, longtemps dessinée par Jean-Michel Arroyo et désormais Buck Danny Origines, scénarisé par Yann et dessiné par Giuseppe de Luca. En pleine guerre du Pacifique, le encore très jeune Buck, apprend lors d’une permission que son père vient de mourir. Il repart au combat et va se retrouver prisonnier des Japonais. Depuis un sous-marin il va tenter de déjouer une attaque suicide contre le sous-marin USS Enterprise. Une nouveauté pour les premiers fans…

« Buck Danny Origines » (tome 1), Dupuis, 14,95 €

De choses et d’autres - Métavers solitaire

Si le mot de l’année 2020 a été coronavirus et celui de 2021 test PCR ou passe vaccinal, je crains que ce qui restera de 2022 commence par « méta » et se termine par « vers ». Une sorte de logique virtuelle en quelque sorte.

Dans le vrai monde, la maladie nous a poussés à rester chez nous, à nous couper complètement des autres. Et quand on osait reprendre une vie normale, on était rapidement puni avec, au mieux, l’introduction d’un coton-tige interminable dans la narine ; au pire, quelques jours en réanimation.

Ainsi, le concept de métavers a pris son envol. Pourquoi prendre des risques dehors alors qu’un univers infini et totalement sûr est à disposition ? J’ai toujours bien aimé les nouveautés technologiques. Mais je sens que ce métavers va rapidement se transformer en grosse escroquerie pour gogo.

Certains signes ne trompent pas. En premier lieu, Facebook veut absolument y être présent. Dès que le géant du réseau social tente de s’accaparer d’un concept ou d’une idée, méfiez-vous : il y a sans doute des données à utiliser à l’insu de votre plein gré. Ensuite, je suis bombardé d’emails expliquant pourquoi les cadres-artistes-retraités (cochez la catégorie voulue) doivent être présent sur le métavers. Quand on veut vous attirer à un endroit précis, c’est pour vous faire les poches.

Le métavers a d’ailleurs anticipé cet attrait, puisque certaines entreprises ont acheté des zones de ce monde virtuel. En déambulant au hasard, vous risquez de vous retrouver dans un magasin Carrefour ou une usine Nike

Dernier indice prouvant que le métavers est à éviter : face à des signalements de harcèlement, les avatars ne peuvent désormais plus se rapprocher de plus de 3 mètres les uns des autres. Mais alors, pourquoi avoir créé un métavers solitaire ?

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mercredi 16 février 2022

samedi 19 février 2022

BD - Picsou Magazine a 50 ans

50 ans et toujours pas à la retraite. Picsou est devenu un des personnages Disney préféré des jeunes. Ce capitaliste odieux a son propre magazine depuis 1972. Un succès phénoménal puisque c’est le numéro 590 qui marque le début des célébrations du 50e anniversaire de la revue. Sous une couverture de Paolo Mottura vous pourrez lire 240 pages de BD. Ne manquez pas les cinq copieux chapitres des aventures des Canards en Italique, racontant la vie de Picsou au temps de l’empire romain. Côté bonus, un ex-libris collector est offert ainsi que des autocollants et un poster signé Andrea Freccero.

« Picsou Magazine », 5,95 €

Cinéma - La cavale du “King”

King a tout d’une peluche. King c’est le nom de ce lionceau perdu dans la ville d’Orly après qu’il se soit échappé de la cage qui l’amenait en France. Une adorable peluche qu’on a envie de caresser et de dorloter. Inès (Lou Lambrecht), adolescente mal dans sa peau depuis la mort de sa mère et l’arrivée d’une belle-mère au foyer familial, craque immédiatement en découvrant ce bébé lion dans sa chambre.


Mais il faut se méfier. Selon un vétérinaire (Artus), ce genre de fauve grandit très vite. Dans deux mois il fera deux fois son poids et mangera cinq poulets vivants par repas. Voire autre chose s’il est toujours en liberté…

Mais Inès n’a pas l’intention de garder King. Ce qu’elle veut avant tout c’est le ramener en Afrique, chez lui, et de le confier à une réserve spécialisée dans la réintroduction des fauves nés en captivité.

Ce film de David Moreau, loin d’enjoliver la situation, décrit avec réalisme la triste condition de ces animaux déracinés. King, dont le propos plaira aux plus jeunes, s’apparente à un road trip mouvementé de Troyes à Vulcania, en passant par le Lac du Salagou dans l’Hérault et finalement Sète. C’est aussi une belle histoire de famille. Pour réussir son projet, Inès recevra l’aide de son frère (Léo Lorléach) et surtout de son grand-père (Gérard Darmon), escroc qui se cache sous une fausse identité dans une maison de retraite. Un drôle d’équipage pour sauver le petit King.

Film français de David Moreau avec Gérard Darmon, Lou Lambrecht, Léo Lorléac’h

vendredi 18 février 2022

BD - Le final de Neige


Débutée en 1986, la saga de Neige, série postapocalyptique de Convard et Gine est définitivement refermée avec de 15e album. Alors que le dérèglement climatique n’était pas encore d’actualité à la fin des années 80, les deux auteurs ont imaginé une Europe recouverte de glace


Neige, un adolescent, découvrait les causes de ce froid mortel. La suite l’a vu grandir et dans cet ultime épisode il se retrouve à l’heure des choix. Car il a enfin la clé permettant de mettre fin à ce blizzard soufflant sans cesse. Il lui faut aller en Espagne et relancer une centrale qui permet de gérer la météo. Il découvre également qu’il est un remède contre une maladie qui fait des ravages. Une conclusion brillante et finalement pleine d’espoir.  

« Neige » (tome 15), Glénat, 14,50 €

De choses et d’autres - Redoutable Macarena

D’un côté les flashballs, de l’autre la Macarena. Deux concepts radicalement différents, mais qui, pourtant, peuvent servir en théorie à la même chose : disperser des manifestations anti vaccin. Les premiers sont copieusement utilisés par les policiers français, avec les dégâts physiques qui vont parfois avec. L’autre, c’est l’ultime arme dégainée, ce week-end, par la police de Nouvelle-Zélande.

Dans les faits, la technique française est beaucoup plus efficace. Ce week-end, à Auckland, le Parlement a décidé de ne plus faire appel à la force, les précédentes charges ayant fait plusieurs blessés et renforcé la détermination des opposants. Alors, un responsable a eu l’idée lumineuse de tenter la guerre psychologique. Face aux protestataires, les forces de l’ordre ont déployé d’énormes haut-parleurs et diffusé sans cesse des tubes comme la Macarena ou Baby Shark.

En théorie, tout être normalement constitué prend ses jambes à son cou en entendant plus de deux fois d’affilée ce genre de succès. Mais il en fallait plus pour déloger les antivax. Non seulement ils ont supporté, mais ils ont, eux aussi, en représailles, diffusé des tubes du même acabit. Aux dernières nouvelles, la technique dite de la Macarena est définitivement abandonnée.

En raison de son inefficacité et surtout à la demande des policiers postés sur place et forcés, eux aussi, d’entendre les « armes psychologiques » de la police néo-zélandaise.

À la place de la Macarena, la police d’Auckland aurait peut-être dû taper dans des chansons véritablement détestées par les Néo-Zélandais. Facile à trouver : n’importe quelle chanson en français a un effet dévastateur sur les oreilles kiwis.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 février 2022

jeudi 17 février 2022

Thriller - Charlie Parker fouille dans les bois du Maine

L’alchimie fonctionne toujours aussi bien. Depuis des années, John Connolly mélange dans ses romans le thriller et le fantastique. Des épreuves imposées à son héros, Charlie Parker. Ce privé, désabusé et fataliste, vit dans le Maine. Dans La jeune femme et l’ogre, il va être engagé pour découvrir l’identité d’une femme découverte enterrée au cœur des forêts du Maine. 

Mais avant de se retrouver face à face avec ce cadavre, Parker va s’occuper du moral de ses meilleurs amis, Louis et Angel. Ses deux associés, homosexuels en couple, redoutables gâchettes, tueurs sans pitié, sont au plus mal. Exactement c’est Angel qui souffre d’un cancer. Soigné dans un hôpital, il est très affaibli. Alors Louis, pour oublier sa peine, va aider Parker dans cette quête de vérité. La femme, retrouvée sous un arbre déraciné, est morte en couches. L’image va durablement marquer le détective : « Un corps en position fœtale dans une tombe de terre nue. La main gauche ramenée vers la bouche, comme pour étouffer quelque ultime cri […] Un peu de peau adhérait encore au crâne. » Qui est-elle ? Son enfant a-t-il survécu ? 

Une autre personne se pose des questions sur cette femme. Un Anglais à qui elle aurait dérobé un livre. Ce dénommé Quayle semble distingué : « Ses pommettes étaient hautes, ses yeux bruns profondément enfoncés. Ils étaient en partie dissimulés par les lunettes teintées avec lesquelles il lisait un recueil de poésie. » Parker mettra du temps à le rencontrer. Mais cette entrevue avec l’Ogre risque de longtemps marquer la saga écrite par John Connolly. .

« La jeune femme et l’ogre » de John Connolly, Presses de la Cité, 22 €


De choses et d’autres - WC sur roulettes

Les propriétaires de voitures sont souvent des maniaques de la propreté. Après chaque pluie de sable, ils sont des dizaines à faire la queue pour passer leur belle auto sous les rouleaux afin de la récupérer rutilante.

Le problème, c’est que si la saleté extérieure est visible et donc rapidement à éliminer, la crasse intérieure elle se voit beaucoup moins. Et pourtant elle est beaucoup plus importante. Une étude (britannique), révèle que l’intérieur d’une voiture est plus sale que des toilettes. Cinq voitures récentes ont été analysées de même que deux cuvettes de toilettes.

Résultat il y a beaucoup plus de bactéries fécales dans les véhicules que dans les WC. Le lieu les plus contaminé ? Le coffre, suivi du siège du conducteur.

Si en temps normal les voitures sont donc sales, je préfère ne pas imaginer l’état des véhicules qui ont participé aux « convois de la liberté ». Durant cinq jours, les protestataires ont roulé, mangé et dormi dans leur véhicule chéri. Arrivés à Paris, les forces de l’ordre n’ont pas pris de pincettes pour arrêter et immobiliser ces hypothétiques fauteurs de trouble.

Pourtant, s’ils avaient eu connaissance de cette étude, ils auraient sans doute pris un peu plus de précaution avant de déloger les conducteurs de derrière leur volant.

En fait, le meilleur argument que l’État aurait dû sortir pour stopper le cortège de protestataires, c’est tout simplement de mettre en avant le risque sanitaire. Car en réalité, ces voitures étaient de véritables bombes bactériologiques qui s’ignoraient.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 14 février 2022