jeudi 25 novembre 2021

De choses et d’autres - Un gouvernement de confinés

Rien ne sert de se cacher derrière son petit doigt (vieille expression remise au goût du jour par la ministre des Sports), ce mois de décembre n’est pas encore commencé, mais je sens qu’il va être long, très long. Comme l’impression que le cirque Covid est de retour au centre de la place publique.

Avant même le décollage « fulgurant » de la 5e vague et l’arrivée du variant Omicron, l’annonce de la contamination de Jean Castex, Premier ministre, et de sa mise à l’isolement a remis notre détesté virus en tête des débats politiques. Oublié le Z. qui signe ses exploits d’un I majuscule. On n’a même pas le temps de prendre un rendez-vous pour la 3e dose. De toute manière, il n’y a plus beaucoup de place et même Doctolib a craqué.

Un Premier ministre confiné et le lendemain un autre membre du gouvernement testé positif au Covid 19. La ministre déléguée à l’Insertion, Brigitte Klinkert. La pauvre, plaignons-la. Pas d’être malade, elle explique être asymptomatique, mais de se retrouver tout à coup propulsée sur le devant de la scène médiatique pour un test PCR positif. Car il faut bien l’avouer, personne ne se souvenait de sa nomination le 20 juin 2020 à ce poste.

Et l’hécatombe continue puisqu’on a appris ce week-end que Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la ruralité, était lui aussi malade. Ce dernier non plus ne souffre pas d’une surmédiatisation excessive. Mais enfin lui au moins je savais qu’il existait depuis la découverte de « La pause rurale » série de capsules vidéo assez étonnantes mises en ligne chaque mercredi sur les réseaux sociaux de son ministère.

Le générique est chanté par un coq et quand il a un invité, c’est ce dernier qui lance l’épisode. On a ainsi vu un Jean Castex totalement hilare en septembre dernier et le dernier numéro visible montre Olivia Grégoire, autre secrétaire d’État, chargée de l’Économie sociale, solidaire et responsable, glisser que Joël Giraud, en plus d’être incollable sur « les finances publiques », l’est aussi sur le « hard rock ».

Et ce dernier de rebondir en expliquant qu’« Aujourd’hui le coq n’aura pas des accents de Métal et de Rammstein, on va rester dans le classique. » Cocorico ou co-covid-rico ?

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le lundi 29 novembre 2021

mercredi 24 novembre 2021

DVD - Une si belle fleur

Un film sur les roses ? Le concept semble assez incongru. Et pourtant Pierre Pinaud transforme cette idée peu banale en un long-métrage remarquable par sa finesse, son intelligence et son universalisme. Car tel un hybrideur de talent (ceux qui créent de nouvelles variétés de roses), il a greffé sur la tige austère du savoir incarné par Eve (Catherine Frot), la bonne volonté et l’innocence de trois personnes en réinsertion sociale. 

Cette sortie en vidéo de « La fine fleur » (Diaphana vidéo), on retrouve le film mais aussi de nombreux bonus qui éclairent encore plus ce film humain, chaleureux et à l’esthétique léché.  En plus du film commenté par Pierre Pinaud, le réalisateur, le spectateur à droit à six scènes coupées ainsi qu’un petit reportage sur le métier de rosiériste réalisé chez la famille Dorieux, propriétaires de la grande exploitation de roses où le film a été tourné.


De choses et d’autres - Les mots de l’humour

Qui n’a pas, un jour, transformé un mot sans le vouloir. La langue fourche et on se retrouve inventeur d’une drôle d’expression. Parfois cela ne veut rien dire. Ou alors on se retrouve face à un étrange trait d’esprit non voulu. 


Pour Robert Pico, pas de langue qui fourche mais une volonté de triturer les mots et de leur trouver d’autres significations, souvent plus marrantes. Il en a collecté des centaines qu’il propose dans son « Fictionnaire ».

Il est même totalement dans l’actualité du moment sur le genre en inventant « Jarretil : jarretelle pour homme ». Ces mots fictifs, « pour rire et, peut-être, réfléchir », sont souvent un peu scabreux ou tournés vers le sexe. Comme ce très sympathique « Coucherire : s’esclaffer en faisant l’amour » ou ce beaucoup plus imagé et peu sortable : « Introuniser : adopter un nouveau membre dans un club échangiste. »

« Mon Fictionnaire » de Robert Pico, Editions Glyphe, 10 € 

mardi 23 novembre 2021

BD - Une femme sur la Lune


Au moment où la place des femmes dans la société est quotidiennement mise en valeur, ce gros roman graphique en noir et blanc de 160 pages revient sur une légende spatiale : avant Armstrong, une cosmonaute soviétique aurait posé le pied sur la Lune. 


Tatiana Terechmariova a-t-elle réellement existé ? Son incroyable et dramatique histoire est-elle du domaine du possible ? Les auteurs (Perna et Bedouel) ne peuvent pas répondre, toutes les archives sont détruites, mais ils ont pris le parti de raconter son épopée en ce mois de juillet 1969 comme si tout était vrai. Entre fiction et réalité alternative.   

« Kosmos », Delcourt, 22,95 €

De choses et d’autres - Faire ses courses en vitesse

Amazon, le premier, avait tenté l’expérience : des magasins sans caisses. Une déshumanisation complète des courses. On rentre, on se sert, on sort et automatiquement la somme des objets pris dans les rayons est débitée de notre compte. De la science-fiction pour certains. Et pourtant…

A Paris, le premier Carrefour Flash vient d’ouvrir. Même principe avec cette accroche publicitaire « Mes courses en un éclair ». Dans les faits, on peut effectivement en moins de 20 secondes attraper ce paquet de fromage râpé qui va agrémenter le plat de coquillettes et sortir moins d’une minute plus tard. Comment fonctionne ce tour de passe-passe ? Le magasin est truffé de caméras reliées à une intelligence artificielle qui « reconnaît » le visage des clients.

De plus les rayons sont d’immenses balances connectées. Le total de l’addition est calculé en direct et l’argent débité dès qu’on franchit la porte.

C’est bien beau tout ça, mais j’ai un doute de l’utilité pour certains clients. Prenez ma femme par exemple. Hier elle décide d’aller faire deux courses (des yaourts nature et du lait). Même en passant par les caisses, elle n’en a pas pour plus de 5 minutes. Mais disparaît plus d’une heure. Et revient avec un plat chinois, des soupes instantanées (il fait froid), un sapin conceptuel de branches de bois, deux tapis de sol pour la salle de bain (chauds et doux) et du lait… d’amande.

Avec cette complication supplémentaire qui sans doute aurait fait disjoncter l’intelligence artificielle, avant de se décider pour le lait d’amande, elle a mis dans son panier du lait de soja, puis du lait à base de riz. Pour finalement remettre ces produits en rayon de se décider pour le produit à base d’amandes « car sans sucre ajouté ».

Bref, déjà qu’elle évite les caisses automatiques pour faire un brin de causette avec les caissières, le « magasin flash » ce n’est sûrement pas pour elle.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le vendredi 26 novembre

lundi 22 novembre 2021

BD - Le grand retour de l’Espadon


Le nouveau Blake et Mortimer est l’autre sortie BD (après Astérix) qui va booster les ventes de livres en cette fin d’année. Le dernier Espadon, écrit par Van Hamme et dessiné par Berserik et Van Dongen est une suite du Secret de l’Espadon de Jacobs, le créateur des héros emblématiques du genre de la Ligne claire

Alors que Blake va affronter un complot fomenter contre le Royaume, Mortimer se rend au Pakistan pour tenter de récupérer les derniers Espadons, ces avions futuristes qui ont fait rêver des générations de petits garçons.    

« Blake et Mortimer, Le dernier espadon », 15,95 €


De choses et d’autres - Presque comme aux États-Unis

Si selon le slogan publicitaire des années 70 en France on n’a pas de pétrole, mais on a des idées, dans les faits, en France, on ne fait rien qu’à copier nos voisins américains.

Regardez les campagnes pour la présidentielle. On a dans un premier temps tenté d’adapter les fameuses primaires démocrates et républicaines. Les résultats ont été catastrophiques tant à droite qu’à gauche. Même si on doit reconnaître une sorte de vision divinatoire des écolos quand ils ont préféré l’austère et peu connue Eva Joly au flamboyant et médiatique Nicolas Hulot.

Ensuite, pour conquérir le poste suprême, des agitateurs de droite extrême ont pensé faire comme Trump dans sa prise de la Maison Blanche. Pourquoi ne pas sortir du chapeau un animateur télé, lui permettre d’être omniprésent grâce à des télévisions complaisantes et souligner tous les quatre jours combien il progresse dans les sondages.

Mais en France, contrairement aux USA, le candidat choisi n’est pas un milliardaire qui ne regarde pas à la dépense. Il n’a pas un gratte-ciel à son nom au cœur de New York, juste un 100 m2 à Paris, même pas de quoi payer l’impôt sur la fortune. Alors vous pensez bien que pour financer toute une campagne électorale, sans l’aide d’un parti bien implanté, cela semble de plus en plus mission impossible.

Enfin, rions de ce dernier exemple montrant la différence flagrante entre les USA et la France. Le week-end dernier vous avez vu partout ces images d’hommes et de femmes au bord de la route en Californie en train de ramasser des liasses de billets de banque qui se sont échappés d’un fourgon blindé.

En France aussi on a eu droit à une récolte miraculeuse avec un léger décalage. Exactement c’était mardi dans la petite ville de Cassel dans le Nord. Mais après un accident sur un passage à niveau, ce ne sont pas des billets qui ont envahi la chaussée mais des oignons.

Je vous le dis, on fait toujours moins bien que les Ricains. Des oignons vous m’en direz tant. Si encore ça avait été des bottes d’oseille.

Chronique parue (en partie) en dernière page de l’Indépendant le 25 novembre 2021

dimanche 21 novembre 2021

BD - Souvenirs audois d'Olivia Ruiz


Succès littéraire de l’année dernière, le premier roman d’Olivia Ruiz est désormais adapté en BD. Véronique Griseaux a façonné le scénario, Winoc le story-board et Amélie Causse a finalisé le dessin. On retrouve dans cet album de 80 pages l’essentiel de l’histoire des femmes plurielles de la chanteuse audoise


De l’arrivée en France à l’ouverture du commerce à Marseillette, on croise ces femmes fières qui ont su s’élever malgré la misère et le racisme ambiant de l’époque. Une superbe histoire, une belle leçon de vie. 

« La commode aux tiroirs de couleurs », Bamboo - Lattès, 17,90 €

De choses et d’autres - La maltraitance des fins d’année

Chaque fois qu’approchent les fêtes de fin d’année et les agapes culinaires qui vont avec, me vient une subite envie de crustacés. Notamment, un tourteau, gros, plein et si goûteux. Longtemps, j’achetais les crabes déjà cuits. Avec toujours une petite inquiétude sur la fraîcheur. Aussi, quand j’ai découvert qu’ils se vendent aussi vivants, je n’ai pas hésité longtemps.

Mais, il faut le cuire. En clair, plonger la bestiole qui agite frénétiquement les pattes dans de l’eau frémissante ou bouillante. Il existe des façons moins traumatisantes pour mourir. Par chance, on ne s’identifie que très peu aux crabes, contrairement aux si mignons agneaux. Pourtant, il s’agirait, là aussi, de maltraitance animale.

Pour preuve, la Grande-Bretagne, en décidant de réformer ses lois en cours, a rajouté quelques animaux dans la catégorie de ceux dotés de sentience. Autrement dit, ils sont capables de ressentir « des sensations, telles que la douleur, le plaisir, la faim, la soif, la chaleur, la joie, le confort et l’excitation ».

Parmi les entrants : le poulpe et le homard. Par extension, les crabes sont dans le lot. Quand la loi sera adoptée, les cuistots auront interdiction de plonger  le homard dans l’eau bouillante, comme c’est déjà le cas en Suisse et en Nouvelle-Zélande.

Reste à déterminer quelle est la meilleure façon légale de tuer l’animal.

Et cette autre question, qui, soudain, taraude : les escargots éprouvent-ils des sentiments ? Peut-être qu’ils ont un message à nous faire passer, quand ils font des bulles de salive, au moment où on les met sur les braises de la cargolade catalane.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant du Midi le 24 novembre 2021

samedi 20 novembre 2021

BD - Puissante sorcière imaginée par Jérémy


Superbe épopée d’héroic fantasy signée Jérémy, dessinateur réaliste passé par l’école de Philippe Delaby. Chaque planche en couleur directe regorge de cases qui pourraient être exposées dans des galeries. 

Dans ce monde imaginaire, Vesper est une hybride, moitié humaine et moitié chimère mercenaire au service d’un prince dissident, par ailleurs son amant. 

Elle manie l’épée mais aussi la magie pour battre les ennemis. Considérée comme un monstre, elle est trahie, torturée et emprisonnée. Une grande maîtrise pour une série qui devrait faire date.  

« Vesper » (tome 1), Dargaud, 14,50 €