mercredi 25 mars 2020

BD - Albums en numérique gratuits : Le Lombard et Dupuis régalent


Non, vous ne risquez pas vous ennuyer durant ce long confinement. Si vous avez une connexion internet correcte et un peu de mémoire dans votre ordinateur, vous allez pouvoir lire des BD en quantité, sans faire chauffer la carte bleue. Après Dargaud, ce sont les éditions Dupuis et du Lombard qui offrent aux lecteurs quelques classiques de leur catalogue gigantesque. 
Pour les éditions Dupuis, l’opération a pris pour nom Lundi Énergie. Depuis ce lundi, des surprises sont réservées aux amateurs de BD frustrés de nouveautés. Pour l’instant trois albums sont en libre lecture sur cette page du site dupuis.com : pour les plus jeunes le tome 8 des gags de Kid Paddle, le roi des jeux vidéo, par Midam ; les amateurs de polar dévoreront « Aïna », 25e enquête de Jérôme K. Jérôme, le détective parisien qui se déplace en solex sorti de l’imagination débridée de Dodier.
Enfin un titre un peu oublié de la collection Aire Libre permet de voir presque les premiers pas d’Emmanuel Guibert : « La fille du professeur ». Ce récit, écrit par Joann Sfar, raconte les amours compliquées entre une momie égyptienne et Liliane, la fameuse fille du professeur.
De plus les éditions Dupuis offrent sur le site du journal Spirou spirou.com des activités quotidiennes comme des jeux avec la Petite Lucie, des activités de Petit Poilu ou des dessins à colorier d’Arthur de Pins pour occuper les enfants obligés de rester à la maison. 

Les éditions du Lombard offrent durant le confinement dix albums en lecture gratuite sur le site de la maison d’édition Sur lelombard.com. place au patrimoine avec des pépites comme les premières aventures de Bob Morane dessinées par Dino Attanasio ou le premier tome des aventures de Comanche, sans doute le meilleur western dessiné de tous les temps (mieux que Blueberry à notre humble avis) signé Greg et Hermann. Mais en version anglaise, histoire de faire travailler cette langue à vos enfants… 

mardi 24 mars 2020

Fabrice Tarrin : « Uderzo était adorable et très bienveillant »

Fabrice Tarrin, dessinateur vivant à Narbonne et qui a illustré un album d'Astérix, a rencontré Albert Uderzo fin 2018.



Fabrice Tarrin fait partie des rares dessinateurs qui ont signé un album d’Astérix. Il a même été choisi par Uderzo. Fin 2018, il a adapté sous forme de livre illustré le film « Astérix, le secret de la potion magique ».
Il a rencontré Uderzo à cette occasion et s’en souvient avec émotion. « L’éditeur m’a présenté avant la projection du film et ça a été un échange très marrant, très cocasse aussi. Il était vraiment adorable et bienveillant avec un regard très positif sur mon travail. Il m’a fait plein de compliments, sur le fait que j’avais bien cerné le personnage. Mais il était déjà malade et avait des problèmes de mémoire. Un peu plus tard il demande à son éditeur « Il n’est pas là le jeune, celui qui ne signe pas beaucoup ? » Le jeune c’était moi et c’est vrai que je n’ai pas fait beaucoup de livres à côté de lui qui était un bourreau de travail. Quand il a compris que le jeune c’était moi, il m’a répété les mêmes compliments. »
Cette rencontre est d’autant plus inoubliable pour Fabrice Tarrin qu’il avait fait le déplacement avec son fils âgé de 5 ans et demi. « Il avait fait un dessin d’Astérix et l’a montré à Uderzo qui a plaisanté : « La relève est assurée ». Durant tout l’entretien, il a tenu la main de mon fils. Uderzo adorait les enfants ; il a souvent dit qu’Astérix, c’était pour eux qu’il le dessinait.

"Un maximum de détails"

Pour moi Uderzo c’était le 2e géant de la BD avec Franquin. Le dessin d’Uderzo était tellement riche de détails, de décors… Il avait une force de travail incroyable et on ne se rend pas compte du travail que ça représente pour dessiner ses albums. Ça fourmille de partout. Il dessine sur de grands formats pour mettre un maximum de détails et à l’époque les imprimeurs ne pouvaient pas restituer son travail. Ce n’est que plus tard lors de la parution des albums de luxe en grand format qu’on a pu apprécier à sa juste valeur son travail. »
Et Fabrice Tarrin n’en a pas terminé avec Astérix puisqu’il devrait illustrer l’adaptation du prochain film, celui que Guillaume Canet doit tourner cet été en France en en Chine. Ce sera sans doute pour l’an prochain, si l’épidémie de Covid19 le permet.  

Nob : « Graphiquement, il n’y a pas meilleur professeur qu’Uderzo ! »

Habitant dans les Pyrénées-Orientales, Nob, dessinateur de la série Dad aux éditions Dupuis réagit à la mort de celui qui a été son « premier et meilleur professeur de bande dessinée. »



Est-ce Uderzo qui vous a donné envie de devenir dessinateur de BD ? 
Nob : Il paraît que mon père a commencé acheté les albums d’Asterix à ma naissance. De fait, je me souviens des albums dans la bibliothèque, que j’ai commencé à feuilleter dès l’âge de 4 ou 5 ans. Comme je ne savais pas encore lire les bulles, j’essayais de deviner ce que disaient les personnages en fonction du dessin des cases. En apprenant la lecture, J’ai par la suite pu découvrir ce que racontaient vraiment les albums, mais je suppose que c’est vraiment là que j’ai commencé à apprendre la grammaire de la bande dessinée. Et graphiquement, il n’y pas meilleur professeur qu’Uderzo ! Je n’ai pas tant que ça recopié ses dessins. Mais c’est bien longtemps après, quand j’ai commencé Dad, que je me suis rendu compte de ce que mon dessin devait à Uderzo.
Dans votre trait, qu’est-ce qui vous rapproche de celui d’Uderzo ?
Je crois que j’ai hérité de lui un certain goût pour les personnages ronds, une certaine forme de gourmandise graphique. Uderzo pouvait rendre tout appétissant, je me rappelle qu’une fois, étant petit, j’étais malade, je n’avais pas faim, et j’ai retrouvé l’appétit en voyant les sangliers rôtis d’Obélix ! Mais en plus de sa souplesse graphique, ce qui émerveille toujours chez Uderzo c’est le dynamisme qu’il insuffle à ses personnages. On ne s’en rend pas forcément compte, parce que justement le grand talent d’un dessinateur de bande dessinée est de s’effacer derrière ses personnages au point que le lecteur ne se pose pas la question technique de celui qui les anime, mais quand un auteur arrive à rendre vivants et réels aux yeux de millions de lecteurs des dizaines de personnages différents, juste par la grâce de son pinceau, c’est de la magie !
De tous les albums d’Astérix, y en a-t-il un que vous préférez ou une scène qui vous lisez toujours avec les yeux d’un petit garçon émerveillé ?
Il y en a beaucoup. « Le tour de Gaule », car il me donnait envie de visiter toute la France, et surtout j’avais envie de goûter à toutes les spécialités culinaires que Astérix et Obélix amassaient au fur et à mesure de leur périple. C’est vraiment le banquet final auquel j’aurai voulu assister !

David Ratte : « Uderzo, un graphiste exceptionnel »


Le dessin de David Ratte à ses débuts, a été comparé à celui d’Uderzo. Un critique l’a présenté comme un fils spirituel d’Uderzo. L’auteur installé à Latour Bas-Elne avoue qu’il avait été flatté de cette comparaison.
Pour lui « Uderzo était un graphiste exceptionnel. Dans mon bureau j’ai une reproduction d’une planche de « La Grande traversée » au format original et c’est magnifique, l’encrage, la composition, c’était un grand graphiste. Je suis de ceux qui regrettent que le succès aidant il n’ait pas pu se consacrer à autre chose qu’à Astérix. Il aurait pu apporter plein de choses à la BD réaliste ».
« Ce que j’adorais dans Astérix c’était les centurions romains qui étaient des caricatures d’acteur. Je me souviens de Lino Ventura. Uderzo donnait des trognes aux centurions qui étaient vraiment extraordinaires. Mes albums préférés sont ceux qui se passent dans le village comme la Zizanie ou le Devin. »
David Ratte reconnaît aussi un faible pour Obélix car « graphiquement, il y a quelque chose dans le geste de rond. Et puis c’est un faire-valoir au début, mais c’est un vrai duo qu’on a la fin. »

BD - Les éditions Dargaud offrent plusieurs albums en numérique


Grands classiques, albums pour les jeunes, virtuoses du dessin, les éditions Dargaud, poids lourd du secteur de la BD en France, ont décidé de participer au grand effort national du #RestezChezVous. Sur le site de la maison d’édition https://www.dargaud.com vous trouverez une sélection de dix albums à lire gratuitement et en intégralité. Dargaud explique offrir ces « dix albums en lecture numérique gratuite sur notre site, pour occuper les petits et grands lecteurs. »

Une sélection dans laquelle on retrouve un classique absolu de la BD franco-belge : « La Marque Jaune », 6e album de la série Blake et Mortimer de Jacobs. Dans ce Londres merveilleusement dessiné, l’auteur belge signe son chef-d’œuvre, de la couverture devenue iconique à l’intrigue, souvent copiée mais jamais égalée.
Les amateurs de dessin réaliste de grande qualité sont gâtés avec les premiers tomes du Scorpion de Desberg et Marini et de Long John Silver de Dorison et Lauffray. Une histoire de cape et d’épée contre un récit de pirates.



Mais le summum du classicisme est à retrouver dans le premier tome de Murena de Dufaux et Delaby. Les intrigues cruelles et sanglantes de la Rome antique prennent un relief très particulier sous la plume de Delaby, décédé en 2014. On peut aussi réviser gratuitement le tome 1 de la série XIII de Van Hamme et Vance. 
Pour les plus jeunes aussi le choix est judicieux et très large. Du très classique avec les gags de Boule et Bill dessinés par Verron dans le 34e album intitulé « Un amour de cocker ».
Les plus jeunes pourront rêver avec Anna Anna d’Alexis Dormal. De la BD qui ressemble beaucoup à un album de littérature jeunesse. Alexis Dormal qui est également au dessin du premier tome de Pico Bogue (scénario de Roques), véritable phénomène de l’édition de ces dix dernières années.
Sardine de l’espace de Sfar et Guibert et Le monde de Milo de Marazono et Ferreira complètent cette sélection qui vous permettra de trouver le temps moins long, obligés que vous êtes de rester chez vous.

Série Télé - « The Umbrella Academy », super héros pleins de failles sur Netflix


Dans l’univers des super héros il n’y a pas que Marvel et DC. D’autres maisons d’éditions de comics aux USA ont leurs petits génies aux pouvoirs extraordinaires. Des outsiders qui parfois sont bien plus convaincants que les grosses artilleries aux budgets illimités. Dans cette seconde division qui fait parfois mieux que la première, The Umbrella Academy est une réussite totale. Parues chez Dark Horse dès 2007 (en France chez Delcourt), les BD ont été adaptées par Steve Blackman pour Netflix. Mise en ligne en 2019, The Umbrella Academy a été un des plus gros cartons de la plateforme, une seconde saison devrait être diffusée cette année. 
L’académie des parapluies (en bon français) ce sont en réalité sept bébés recueillis en 1989 par un milliardaire, Sir Reginald Hargreeves. 
Dotés de pouvoirs exceptionnels (force, télékinésie…) il les transforme en jeunes héros. Mais la ‘famille’ se désagrège après la mort d’un des membres. Ils se retrouvent tous pour les obsèques de leur père. Tous sauf Numéro 5. Il n’a pas de prénom quand il fugue à l’âge de 13 ans, utilisant sa capacité à se déplacer dans le temps, passé et futur. Il arrivera finalement avec un peu de retard, pour annoncer à ses frères et sœurs que dans huit jours, c’est la fin du monde. 
Les dix épisodes racontent cette course contre la montre, avec retour sur le passé, découvertes de nouveaux ennemis, bagarres et retournements de situation.
Parmi les acteurs de cette distribution hétérogène, Ellen Page dans le rôle de Vanya, très névrosée et seule sans pouvoir, marque les esprits ainsi que Aidan Gallagher, l’apparence physique de Numéro 5, soit le corps d’un gamin de 13 ans mais avec le vécu d’un homme de plus de 50 ans ayant assisté à la fin du monde. Sans oublier Mary J. Blige et Cameron Britton, hilarants interprètes de Cha-Cha et Hazel, deux tueurs venus du futur.

Roman - Un écrivain dans sa bulle


Ce joli texte d’Anna Rozen, paru le 12 février dernier, est parfaitement adapté à la situation actuelle.  Il décrit le fonctionnement de Germain Pourrières, écrivain, grand pourvoyeur de best-sellers dans l’édition française. Au début du roman intitulé « Loin des querelles du monde », il annonce à son agent, confident et meilleur ami, qu’il a décidé de rompre avec le roman populaire. Sa prochaine œuvre, sa grande œuvre, sera un roman de science-fiction, mais pour mieux « parler du monde d’aujourd’hui, de manière à peine déguisée et de façon critique bien sûr. Je garde la forme roman, mais je fonce dans le tas. » Un grand bouleversement pour cet homme, célibataire qui collectionne les conquêtes mais à l’hygiène de vie très codifiée. 
Notamment quand il écrit. Il ne se nourrit que de pain rassit et de sardines à l’huile, avec vin blanc ou champagne pour faire passer le tout. Régulièrement il va au Monop’ au bout de sa rue pour faire provision de liquide et de conserves. Là il a un minimum de relation sociale avec autrui. Sans être en période de confinement ni de crise sanitaire, il respecte naturellement la distanciation sociale. Et à cette réflexion à propos des caissières : « Il faut toujours sourire aux caissières, elles exercent un boulot en voie de disparition. Leur seul avenir à court terme : superviseuses de caisses automatiques et puis chômeuses longue durée. » 
Des vérités en février dernier, mais qui le sont moins depuis que ces mêmes caissières nous permettent de nous ravitailler au quotidien, prenant forcément des risques que peu d’entre nous accepteraient. 
Si Germain vit dans un appartement parisien luxueux, sa sœur Bergère vit dans les Cévennes, occupée à élever des chèvres. Une partie du roman se passe de ce fait dans la région Occitanie. 
Anna Rozen donne l’impression de ne pas savoir exactement quoi penser de son personnage. Il semble parfois intelligent mais par certains côtés, il a tout de l’ordure prétentieuse. A chaque lecteur au final de se faire sa propre opinion. 

« Loin des querelles du monde » d’Anna Rozen, Le Dilettante, 17,50 €. Disponible en version numérique (7,49 €) sur le site de l’éditeur ledilettante.com

lundi 23 mars 2020

Cinéma sur Netflix - Spenser débarque et casse tout sur son passage


Privé de cinéma depuis plus d’une semaine, regarder des DVD ne compense pas notre soif de nouveautés. Au moins avec « Spenser Confidentiel », véritable film de cinéma, on le voit ni plus ni moins que dans les conditions originales de sa sortie officielle : sur un écran de télévision et sur Netflix. Espérons cependant que cette crise sanitaire ayant entraîné la fermeture de toutes les salles, en Europe et bien ailleurs dans le monde, ne transforme ces sorties en norme. 
Donc, dans notre malheur, visionnons ce « Spenser Confidential » qui n’a rien de transcendant dans la catégorie des « films d’action à prétention comique avec cascades de voitures tous les quarts d’heure » (le genre n’existe pas véritablement, c’est juste pour ne pas faire une référence directe à Fast & Furious…) Spenser (Mark Whalberg) était policier. Quand il a découvert que son chef était corrompu, il a craqué et l’a tabassé. Quelques années plus tard, il sort de prison et a bien l’intention de se faire oublier. Mais les « méchants flics » sont toujours aux commandes et veulent faire la peau de Spenser. Il va devoir se défendre et entraîner dans son combat son colocataire, Hawk (Winston Duke), un immense bodybuilder taciturne. On rit beaucoup à quelques bons gags liés à la coupure pénitentiaire de Spenser, notamment quand il veut récupérer des preuves qui sont sur le cloud. Il demande alors avec insistance où ce trouve ce cloud pour qu’il aille le dérober… Quant à la fille du film, Cissy (Iliza Shlesinger), ancienne petite amie de Spenser, elle a le coup de poing facile et l’injure facile. Ça tombe bien, elle a une envie irrépressible de frapper son ex. Dans ces scènes, la comédie fonctionne à merveille.

Roman historique - Une modiste devient espionne pour Marie-Antoinette


Rose Bertin est modiste. Léonard Autier officie comme coiffeur. Marie-Antoinette est reine. Ou plus exactement comme elle l’a proféré un jour : « Je ne suis pas la reine, je suis moi ». Frédéric Lenormand signe une très divertissante série policière historique avec des personnages originaux et bien campés. 
« La mariée était en Rose Bertin » est le 3e titre des aventures de ces deux agents secrets d’un genre tout à fait différent. Rose et Léonard, à la base, n’avaient aucune envie de devenir des espions. Ils pensaient avoir atteint leur Graal en cette année 1777 en devenant respectivement la modiste et le coiffeur de la reine. Mais cette dernière a décidé de les solliciter pour enquêter. Car la jeune Marie Antoinette est beaucoup moins bête que son mari, Louis XVI, baudruche qui n’a jamais rien compris à la diplomatie. Ni à son peuple d’ailleurs. 
Mais elle doit être discrète, « Que dirait-on si l’on savait que la reine se mêlait de diplomatie ? On lui reprochait déjà ses frivolités ! La frivolité est pourtant le meilleur alibi d’une reine. » La modiste et le coiffeur, qui ne se supportent pas, c’est un des ressorts comiques des romans, doivent retrouver le code pour décrypter des messages secrets des espions de Louis XV. Un code récemment dérobé au comte de Broglie par une audacieuse jeune femme. 
Or Suzelle Olivier est bien connue de Rose, elle a acheté quelques mois auparavant dans sa boutique parisienne une robe de mariée. 
L’enquête se déroule alors que le frère de Marie-Antoinette est à Paris, lui aussi pour renforcer son réseau d’espions. On apprécie dans ce roman la description de la vie quotidienne à Versailles du temps de Louis XVI mais aussi dans les boutiques parisiennes comme celles de nos deux héros. C’est frais et léger, comme une tenue de Rose Bertin ou un parfum de Guermain, autre protagoniste important de cette enquête policière. 

« Au service secret de Marie Antoinette - La mariée était en Rose Bertin » de Frédéric Lenormand, éditions de la Martinière, 14 €, existe en version numérique, 9,99 €

BD - Deux dragueurs catastrophe

Le premier, Clunch, n’est pas à proprement parler le héros de la série. Le second, Will est lui de tous les gags. Deux jeunes hommes, glandeurs, pas très débrouillards et qui donnent une étrange image du sexe fort dans ces BD humoristiques où le mâle Alpha en prend pour son grade.


Rob est un prototype de robot ménager. Il a débarqué dans l’appartement de Clunch en septembre 2013, date de la première publication de ces gags dans le journal de Spirou. Rob, mêle s’il ne doit en théorie que d’acquitter des tâches ménagères (cuisine, nettoyage, lessive, vaisselle) a un intelligence artificielle à peu près 100 million de fois supérieur à son propriétaire.
 L’opposition entre le robot stakhanoviste et le fainéant fans de jeux vidéos et de chips a longtemps été le ressort de la série. Elle a passé un cap, devenant plus adulte et désormais directement publiée sous forme de gros albums dans la collection Patakès de Delcourt. James (scénario) et Boris Mirroir (dessin) mettent d’abord Clunch au chômage. Puis il devient vendeur de cuisine, va au musée, rencontre une jeune fille cultivée, en tombe amoureux et conclu grâce à son petit robot malicieux. 
On dérive alors vers une sorte de série familiale avec Rob dans le rôle de l’enfant. On rit beaucoup, c’est sans cesse renouvelé et toujours aussi pertinent dans la critique de la société. A découvrir. 



Will aussi aimerait découvrir la femme de sa vie. Mais Will a un gros problème : Will est totalement obsédé par sa voisine, Maëva, caricature de la « blonde à forte poitrine » des sketches d’Elie Seimoun, mais en version rousse. Will tente quand même de lui faire la cour, mais son chien, Kleber, encore plus attiré par la fornication que son maître, gâche souvent ses effets. Will est le meilleur remède à tous les losers en amour. Oui, il y a pire. 
Comme pour Rob, Will a été publié dans une revue (Lanfeust), avant de renaître chez un autre éditeur, Bamboo, peu habitué d’ordinaire à publier des BD aussi explicites. Mais il faut savoir que Will est en quelques sorte le péché de jeunesse de Guillaume Bianco devenu depuis un auteur qui manie poésie et fantastique avec brio, notamment dans le formidable « Billy Brouillard ». 

« Rob » (tome 2), Delcourt, 13,95 € 
« Will » (tome 1), Bamboo, 10,95 €