Quelques chroniques de livres et BD qui méritent d'être lus et les critiques cinéma des dernières nouveautés. Par Michel et Fabienne Litout
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mardi 24 mars 2020
Roman - Un écrivain dans sa bulle
Ce joli texte d’Anna Rozen, paru le 12 février dernier, est parfaitement adapté à la situation actuelle. Il décrit le fonctionnement de Germain Pourrières, écrivain, grand pourvoyeur de best-sellers dans l’édition française. Au début du roman intitulé « Loin des querelles du monde », il annonce à son agent, confident et meilleur ami, qu’il a décidé de rompre avec le roman populaire. Sa prochaine œuvre, sa grande œuvre, sera un roman de science-fiction, mais pour mieux « parler du monde d’aujourd’hui, de manière à peine déguisée et de façon critique bien sûr. Je garde la forme roman, mais je fonce dans le tas. » Un grand bouleversement pour cet homme, célibataire qui collectionne les conquêtes mais à l’hygiène de vie très codifiée.
Notamment quand il écrit. Il ne se nourrit que de pain rassit et de sardines à l’huile, avec vin blanc ou champagne pour faire passer le tout. Régulièrement il va au Monop’ au bout de sa rue pour faire provision de liquide et de conserves. Là il a un minimum de relation sociale avec autrui. Sans être en période de confinement ni de crise sanitaire, il respecte naturellement la distanciation sociale. Et à cette réflexion à propos des caissières : « Il faut toujours sourire aux caissières, elles exercent un boulot en voie de disparition. Leur seul avenir à court terme : superviseuses de caisses automatiques et puis chômeuses longue durée. »
Des vérités en février dernier, mais qui le sont moins depuis que ces mêmes caissières nous permettent de nous ravitailler au quotidien, prenant forcément des risques que peu d’entre nous accepteraient.
Si Germain vit dans un appartement parisien luxueux, sa sœur Bergère vit dans les Cévennes, occupée à élever des chèvres. Une partie du roman se passe de ce fait dans la région Occitanie.
Anna Rozen donne l’impression de ne pas savoir exactement quoi penser de son personnage. Il semble parfois intelligent mais par certains côtés, il a tout de l’ordure prétentieuse. A chaque lecteur au final de se faire sa propre opinion.
« Loin des querelles du monde » d’Anna Rozen, Le Dilettante, 17,50 €. Disponible en version numérique (7,49 €) sur le site de l’éditeur ledilettante.com
mardi 4 octobre 2011
Roman - Cette agnosie si savoureuse de « Je vous prête mes lunettes »
« Je vous prête mes lunettes » d'Anna Rozen, entre délire paranoïaque et fable surréaliste, fait partie de ces romans inclassables, carrément bizarres et dont les personnages, ou les scènes, vous trottent longtemps en tête. Construit en trois partie, on entre d'abord dans le quotidien d'une jeune femme perturbée par une fuite d'eau dans sa salle de bain. Après quelques extrapolations libidineuses avec le réparateur, le problème devient plus grave en raison de la présence d'une « bête » dans l'appartement. La seconde partie traite de jalousie et, à l'opposé, la troisième présente un homme agneusique c'est à dire privé de goût. C'est cette portion du roman qui est la plus succulente, la description infernale du quotidien de cet homme se moquant de tout semble, finalement, nous faire terriblement envie.
L'extrait. « Moi je n'aime rien, mais je peux comprendre. Je n'aime ni les gens ni les objets. Non seulement rien ne me passionne, mais rien ne m'intéresse. Je n'ai pas envie de me suicider non plus, ni de vivre comme un reclus. La fadeur ambiante me convient. Je marche, je dors, je mange, je parle – le moins possible. Je ne déteste pas écouter les autres, j'ai du temps, je leur en accorde volontiers. »
« Je vous prête mes lunettes » d'Anna Rozen, Le Dilettante, 15 €
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