vendredi 5 octobre 2018

BD - Double cauchemar signé Franck Thilliez



Franck Thilliez, scénariste de BD ! Quand a nouvelle a fuité, nombre de fans de Sarko et Hunebelle, son couple de flics récurrent, ont espéré une adaptation de cet univers sombre et violent. Mais Franck Thilliez, tout en restant dans le domaine du thriller, a préféré s’adresser aux adolescents en créant une série à part relevant plus du fantastique que du polar. « La brigade des cauchemars », confiée aux crayons de Yomgui Dumont (un habitué du travail avec les écrivains puisqu’il a illustré les scénarios d’Olivier Bleys), met en scène trois adolescents ayant la possibilité de pénétrer dans les rêves des personnes perturbées. 


Sarah, Tristan et Esteban vont tenter de comprendre ce qui angoisse à ce point Nicolas. Dans son cauchemar, se déroulant à Tchernobyl, une entité maléfique transforme en pierre des touristes déambulant dans la ville fantôme. Une histoire qui donne le corps à cet album déroulant aussi un peu de l’intrigue de la série. Car le but final du trio est de pénétrer dans le cauchemar de Léonard pour délivrer la femme du professeur Angus, la première à avoir testé sa machine permettant de pénétrer dans l’esprit des patients. Léonard qui parvient lui aussi à s'enfoncer dans le cauchemar de Nicolas. Un double cauchemar... Si vous rajoutez un embryon d’amour contrarié entre Tristan (handicapé moteur) et Sarah, puis des interrogations sur l’identité véritable d’Esteban, vous avez la matière pour un futur best-seller en dix tomes. 
« La brigade des cauchemars » (Tome 2), Jungle, 13,95 €

jeudi 4 octobre 2018

BD - Jeremiah en roue libre



Arrivé à un certain âge et une certaine reconnaissance, on ne s’embête plus à faire semblant. Hermann, 80 ans, créateur des séries à succès Bernard Prince, les Tours de Bois-Maury ou Jeremiah, fait ce qu’il aime le plus : dessiner et jouer avec les couleurs. Donc il ne faut pas s’étonner si le dernier album en titre de sa riche carrière soit un peu faiblard au niveau scénario. 
L’essentiel de l’intrigue débute par un incendie. Juste pour justifier la destruction des motos de Jeremiah et Kurdy obligés de repartir à pied. 

En plein désert, ils se retrouvent dans la demeure d’un riche père de famille voulant protéger sa fille, la belle et très dépressive Douliana. Qui, en voyant Jeremiah, a immédiatement un faible pour le beau héros. C’est tragique, comme toujours dans ce monde post-apocalyptique qui nous pend au bout du nez. Une fois l’histoire évacuée, place au meilleur : les planches en couleurs directes. Un régal pour les yeux, avec des compositions audacieuses prouvant que le dessinateur, sans doute un des plus doués de sa génération, a encore des choses à tenter, expérimenter et prouver. 
« Jeremiah » (tome 36), Dupuis, 12 €

mercredi 3 octobre 2018

BD - L'humanitaire planétaire de "Renaissance" par Duval, Blanchard et Emem


On se demande parfois pourquoi l’Humanité n’aurait pas droit, elle, à l’erreur. Quand on voit ce que les Hommes sont en train de faire à leur planète, leur berceau, on est partagé entre le dégoût et le rêve d’une révélation pour que tout aille mieux. Cette ambivalence, Fred Duval l’a transformée en scénario d’une série de science-fiction ambitieuse. Dans un futur proche, le réchauffement climatique exponentiel a provoqué des dégâts irréversibles. La seine a débordé, Paris a les pieds dans l’eau. L’Oregon, allié au Nevada, a déclaré la guerre à la Californie. Au Texas, les pompiers tentent d’éteindre un feu gigantesque des dernières ressources pétrolières alors que des machines de guerre intelligentes et sécessionnistes attaquent les villes alentours. Rien ne va plus. L’Homme semble condamné. Non, car à des milliards d’années lumière de là, une fédération de civilisations extraterrestres débat sur l’opportunité d’intervenir. Quand la décision est prise d’envoyer un contingent pour « sauver » la Terre, la vie de Swänn, un soldat de la planète Nakhan, va basculer.


Le premier tome de cette série dessinée par Emem sur des designs de Fred Blanchard, est en trois partie. On découvre la catastrophe écologique, puis on voit le quotidien de Swänn sur sa planète d’origine et son inquiétude de partir si loin, sur un monde où la race dominante, nous, s’évertue à s’autodétruire avec violence en usant de mensonge et d’individualisme. Enfin on assiste au contact entre Terriens et Aliens. Ils arrivent en sauveurs, pacifistes et non-violents. Leur technologie leur assure une longueur d’avance. Mais c’est sans compter sur l’esprit de survie de certains Humains. 
« Renaissance » (tome 1/3), Dargaud, 14 €

mardi 2 octobre 2018

Cinéma - "Nos batailles" : un père seul au pied du mur de l'enfance


Olivier (Romain Duris) travaille beaucoup. Beaucoup trop. Ce chef d’équipe dans un immense entrepôt s’investit à 200%. Pour l’entreprise mais aussi et surtout ses gars. Au point qu’il entre au syndicat pour encore mieux les défendre. Un militantisme qui lui bouffe encore plus de temps. Olivier est donc peu présent dans son foyer. Il abandonne l’éducation de ses deux enfants à sa femme, Laura (Lucie Debay). Cette dernière est fragile. Semble perdue, dépassée par les événements. Un matin, elle part. Sans prévenir. Ni dire où elle va. Olivier se retrouve avec ses deux enfants sur les bras.

Second film de Guillaume Senez, réalisateur belge, « Nos batailles » explore le monde du travail et de la famille. Car tout est lié. Olivier se détache de sa femme et de ses enfants en raison de ses horaires décalés et extensifs. Une famille idéale ? Non, cela n’existe pas. Malgré l’amour de Laura pour ses enfants, elle décide de partir. Pour se protéger. Les protéger eux aussi, peut-être. Le personnage de la mère reste un peu fantomatique.

L’essentiel du film se déroule entre les trois restants, tentant vaille que vaille de combler le vide de l’absence. Cela aurait pu donner un mélodrame larmoyant, mais le réalisateur parvient à donner du sens à ces scènes parfois brouillonnes mais criantes de sincérité. La fugue des enfants, l’échappée sexuelle du père, le rayon de soleil de la tante, la ténacité de la grand-mère : tout est fait pour que la vie reprenne le dessus. Le titre du film prend alors tout son sens. Olivier, mais aussi Elliot et Rose, les deux enfants, doivent batailler pour reprendre le dessus. Les batailles de la vie, tout simplement.

Romain Duris porte le film et livre une composition très convaincante de père déboussolé mais qui sait se remettre en question.

➤ « Nos batailles », drame de Guillaume Senez (France, 1 h 38) avec Romain Duris, Laure Calamy, Lætitia Dosch.

lundi 1 octobre 2018

De choses et d'autres - Paillettes mortelles

Mesdames, l’avenir de la planète est entre vos mains. Les microplastiques en nombre croissant asphyxient lentement mais sûrement les océans. D’où viennent ces polluants de la pire espèce ? En partie de votre fond de teint. Selon Trisia Farrelly, une anthropologue environnementale à l’université de Massey en Nouvelle-Zélande, les paillettes contenues dans les maquillages se retrouvent toutes sans exception dans les océans. Une prise de conscience qui passe difficilement auprès des vamps en herbe et leurs fournisseurs de beauté.

En boîte de nuit, la paillette est devenue incontournable pour capter la lumière. Son petit côté pétillant et éblouissant renforce (selon certaines d’entre vous) la séduction. Jusqu’au jour où l’un de vos prétendants, expert en biologie marine, vous traitera en public d’arme de destruction massive des organismes primaires. Car tout ce qui vit dans les eaux du globe avale les paillettes et en meurt, du plancton aux gros mammifères en passant par tous les poissons. Même leurs prédateurs, les oiseaux, peuvent en souffrir, les particules mortelles restant dans leur estomac après digestion.

Alors mesdames, concédez à notre terre en souffrance ce simple geste. Vous disposez de tant d’autres possibilités de briller.

Chronique parue le 1er octobre en dernière page de l'Indépendant

dimanche 30 septembre 2018

BD - Suivez Wallace et ses deux amis


Les auteurs américains adorent raconter la vie quotidienne des enfants. Les Peanuts du XXIe siècle s’appellent Wallace, Spud et Amelia. Trois gamins imaginés par Will Henry. Dans une petite ville en bord de mer, ils s’amusent et s’inventent de grandes aventures. Wallace est un gamin qui aime par dessus tout marcher pieds nus en été durant les vacances. 
Quand arrive la rentrée des classes, son principal problème est de remettre ces chaussures si contraignantes. Par chance, il n'est pas seul en classe. Il est à côté de son meilleur ami, Spud. Le plus grand trouillard de tous les temps. Spud, qui tombe vite amoureux mais sans jamais le dire aux concernées. Comme Amélia, la nouvelle. Son premier fait d'arme : dégommer un nid de frelons. Intrépide, garçon manquée, elle va entraîner les deux amis dans des aventures mémorables. Enfin surtout Wallace, car Spud refuse toujours de prendre le moindre risque. C’est tendre, réellement comique et parfois complètement loufoque.

« Wallace l’intrépide », Jungle, 20 €

BD - Alix sur les traces du César historique


Nouveau changement de main pour Alix. David B. (scénario) et G. Albertini (dessin) signent « Veni vidi vici », 37e titre de la série lancée par Jacques Martin. Un récit se déroulant en Asie mineure, dans la ville où César prononcera les fameux mots après une bataille sanglante. Mais avant cela, Alix, chargé de récupérer des livres pour une bibliothèque, se trouvera au centre d’une histoire de divinités et de sacrifices. 
Une multitude de dieux sont honorés dans cette ville qui compte quantité de temples. Ils sont tous reliés par des souterrains. Même celui du culte de la Peur qui n'honore aucune divinité. C'est dans ce lieu qu'Alix et Enak croiseront le chemin de Personne, une femme géante, guerrière impitoyable. Un album assez sombre, dans le style des premiers albums même si les dialogues et textes déclaratifs sont sérieusement allégés par rapport aux années 50.

« Alix » (tome 37), Casterman, 11,95 €

samedi 29 septembre 2018

BD - Les nouveaux conquistadores de Conquêtes


Dans un futur très lointain, la Terre devenue inhabitable, cinq convois de vaisseaux spatiaux s’envolent vers des exoplanètes. Première histoire avec la conquête d’Islandia, la planète glacée. Jean-Luc Istin (avec la complicité de Nicolas Jarry) a écrit cette ambitieuse série en cinq volumes confiés à quatre dessinateurs. Radivojevic, au trait réaliste léché, illustre l’arrivée des colons sur cette planète où la température ne dépasse jamais le zéro dedré celsius.
 Les autochtones y vivent dans des huttes. Pas de technologie. Quasiment comme s'ils étaient au Moyen-Age, voire à l'époque des cavernes. La lieutenant Konig fait partie de l’avant-garde chargée de la prise de contact. Malgré des différences physiques, les Islandiens ont beaucoup de points commun avec les Humains. Le rire par exemple. L'amour aussi. Mais qu'en est-il du côté belliqueux ? Une première partie qui fait rêver, une seconde où les armes se mettent à parler. Et rapidement les choses dégénèrent car la vérité est ailleurs. Du très grand spectacle que James Cameron ne renierait pas.

« Conquêtes » (tome 1), Soleil, 16,95 €

vendredi 28 septembre 2018

De choses et d'autres - Ces sports de l'extrême

Il y a les sports rois, le foot partout dans le monde, le rugby sous nos latitudes sudistes. D’autres tentent de se faufiler au sommet au gré des résultats des équipes nationales (hand, basket). Restent les disciplines bizarres ou anecdotiques, celles dont le chemin à parcourir avant la consécration s’apparente plutôt à un chemin de croix.

Tel le Chase tag par exemple, connu en France sous le nom de « touche-touche » ou « loup », jeu que nous avons tous pratiqué dans les cours de récréation. Non sans humour, la fédération mondiale le présente comme « Le sport le plus reconnu et populaire du monde » dans la présentation officielle du site internet. En gros, il suffit de courir et d’effleurer son « adversaire ».

En version sport il se déroule sur un terrain fermé parsemé d’obstacles. Physique et spectaculaire, chaque membre des équipes de 4 tente à tour de rôle de toucher un adversaire. Des compétitions mondiales sont organisées régulièrement et la meilleure équipe est le Marrero Gang. En réalité, cette course s’apparente plus à une épreuve de parkour (acrobaties sur des mobiliers urbains) qu’à un amusement de cour de récréation.

Encore moins connu (pour ne pas dire fantaisiste), le « ventriglisse » imaginé par trois jeunes Castrais qui, enfants, ont trop regardé « Intervilles ». Ils ont pour ambition de faire entrer cette discipline aux jeux Olympiques. Le principe : une bâche agricole et du liquide vaisselle. On s’élance et celui qui glisse le plus loin l’emporte. Spectaculaire, mais pas forcément très académique.

Et si l’alcool est considéré comme produit dopant, fort peu de concurrents franchiront la ligne d’arrivée sans être éliminés. L’avantage : les participants, même vacillants, ne peuvent pas tomber, ils démarrent déjà ventre à terre.

jeudi 27 septembre 2018

De choses et d'autres - Des claques pour Nicky Larson

Adapter une bande dessinée au cinéma est devenu la grande mode des producteurs français en mal d’imagination. Le résultat peut s’avérer très concluant (Les vieux fourneaux) ou beaucoup moins réussi (Le Petit Spirou). Plus étonnante, la transposition d’un dessin animé japonais lui-même issu d’un manga. Le 6 février 2019 « Nicky Larson et le parfum de Cupidon », film écrit, réalisé et interprété par Philippe Lacheau sortira sur tous les écrans de France et de Navarre.

Une première bande-annonce a été dévoilée hier et la réaction des fans n’a sans doute pas été à la hauteur des espoirs du cinéaste pourtant habitué au succès depuis Babysitting. Rarement on se sera moqué à ce point d’un extrait de film. Plus de 150 000 vues en une journée mais surtout trois fois plus de « je déteste » que de « j’aime », des commentaires désespérés ou méchants et un début de jeu pour imaginer comment Philippe Lacheau « massacrerait » des films ou dessins animés connus (le meilleur, Matrix avec en vedette un… Minitel).


En endossant le costume de Nicky Larson, Philippe Lacheau réalise sans doute un rêve de gosse, quand il regardait le dessin animé dans « Club Dorothée ». Mais à la base, la BD City Unter de Tsukasa Hojo avait un caractère sexuel affirmé, atténué dans le dessin animé, complètement gommé dans la version française coupée et censurée. Philippe Lacheau a gardé un peu le côté salace de City Hunter, mais cela vole très bas. L’impression générale pour les fans de City Hunter est résumée dans cette appréciation de Mish9volt : « Acteurs pas crédibles ayant l’air de cosplayeurs (fans qui se déguisent à l’image de leur héros préféré NDLR) qui posent dans une convention. »