mercredi 11 novembre 2015

Cinéma : James Bond, 007 à jamais



L'espion le plus célèbre de la planète est de retour dans "Spectre", superproduction avec Sam Mendès derrière la caméra, Léa Seydoux et Monica Bellucci dans les rôles des femmes fatales et Daniel Craig, pour la quatrième fois dans le costume de James Bond. Retour sur un phénomène.


De Londres à Tanger en passant par Mexico, le nouveau James Bond permet au héros interprété par Daniel Craig de beaucoup voyager. Il y affronte le chef de "Spectre", une organisation mondiale, le mal incarné par un homme froid et calculateur qui a les traits de Christoph Waltz. Pour adoucir ce face-à-face mouvementé, rythmé par des explosions, des combats et des courses-poursuites (dans les rues de Rome cette fois), deux femmes sont en vedette. Une veuve, rapidement consolée par le bel anglais, Monica Bellucci, et une orpheline, tout aussi rapidement réconfortée par Bond qui n'a pas l'empathie sélective, Léa Seydoux. Le film de plus de 2 h 20, le 24e de la série, ne souffre pas du moindre temps mort. Passée la scène d'ouverture (plan séquence virtuose dans des rues de Mexico noires de monde), on retrouve tout l'univers créé par Ian Fleming dans les années 50 et perpétué depuis sur grand écran.

Modernes contre anciens
Le nouveau M (Judy Dench n'est plus de la partie depuis la fin dramatique de Skyfall) pique une grosse colère. Les écarts de Bond nuisent au service. D'autant qu'un certain C, politicien ambitieux, veut le moderniser, voire le démanteler. Heureusement il reste toujours l'adorable Moneypenny (Naomie Harris) et l'ingénieux Q (Ben Whishaw) pour prêter main-forte à l'espion de plus en plus isolé. Sam Mendès, après le formidable succès de Skyfall, a longtemps hésité avant de signer pour un nouvel opus. Daniel Craig semble avoir mis tout son poids dans la balance pour convaincre le réalisateur qu'il pouvait encore apporter quelque chose à la franchise. Le résultat est époustouflant, du début à la fin. Tout en conservant cette dimension humaine insufflée au personnage depuis "Casino Royale". "Spectre" s'annonce comme un des plus gros succès de cette année 2015, "Daniel Craig paraît à son apogée. Il maîtrise le rôle à la perfection. Pour bon nombre d'amateurs, il est désormais le chaînon manquant entre Sean Connery et Timothy Dalton. À la fois, violent et tourmenté, cynique et vulnérable", souligne Guillaume Evin, spécialiste du personnage de Bond. Le film met une nouvelle fois une actrice française en vedette, Léa Seydoux, interprète de Madeleine Swann (clin d'œil des scénaristes à la littérature française, preuve qu'il n'y a pas que des incultes à Hollywood). Si dans un premier temps, elle rejette violemment l'espion anglais responsable de la mort de son père, elle va vite découvrir un homme déterminé à la protéger quoi qu'il arrive. Menacée par les sbires de Spectre, elle échappe à une tentative d'enlèvement en pleine montagne et montre des talents étonnants à la bagarre dans un train marocain. Elle finira dans les bras de James après cette jolie réplique : "Et maintenant, qu'est ce qu'on fait ?" Comme si ce n'était pas évident. Enfin, saluons le petit rôle, mais très lumineux, de Monica Bellucci. Celle qui a été auditionnée mais non retenue pour "Demain ne meurt jamais", est totalement irrésistible en veuve de 50 ans. Car Bond séduit toutes les générations.

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"Spectre", paroles des comédiens

Lors d'une conférence de presse récemment à Paris, les principaux acteurs de ce 24e James Bond se sont confiés.

Daniel Craig : "Je suis prêt à tourner de nouveau avec Sam Mendès"
"Quand j'ai accepté d'interpréter James Bond, je savais que c'était un rôle difficile à jouer. J'ai demandé aux producteurs si je pouvais participer au processus, à donner mon avis et à être vraiment présent. Ils ont accepté et très généreusement ils m'ont également crédité du titre de coproducteur de ce dernier Bond. Tourner un James Bond est un immense défi, c'est quand même huit mois de tournage. Mais je suis entouré de gens extrêmement talentueux et je ne suis qu'une toute petite partie de cette équipe. Je suis un grand fan de Léa Seydoux et dès que je l'ai vue, j'ai voulu jouer avec elle. Nous avons eu beaucoup de chance car quand on prépare un James Bond, on fait des listes d'acteurs et ils ont tous accepté. Je suis évidemment prêt à retourner avec Sam Mendès. Mais actuellement, ce n'est pas d'actualité. En ce moment, tous, nous n'avons qu'une envie : ne plus penser à James Bond".

Léa Seydoux : "Loin du cliché de la femme objet"
"Lorsqu'on a un appel pour passer un casting pour James Bond, on n'y croit pas, on se dit que ça ne marchera jamais, c'est comme le loto, on joue mais on sait qu'on ne gagnera jamais. D'ailleurs, j'ai totalement raté mon premier essai. Mais ensuite, mon agent m'a dit que Sam Mendès m'avait beaucoup appréciée et au rendez-vous suivant, il m'a accueillie les bras ouverts en me disant 'bienvenue dans la famille'. En lisant le scénario j'ai constaté que c'était une James Bond's girl plus moderne, qu'ils voulaient s'éloigner du cliché de la femme objet. Madeleine est un vrai personnage, qui a un trajet émotionnel et qui va devoir affronter son passé. Et finalement, elle a beaucoup de points communs avec le James Bond actuel". La suite ? Je n'ai pas de projet en ce moment, mais j'adorerais interpréter une super-héroïne !".

Monica Bellucci : "Une femme mûre et féminine"
"J'ai été très surprise de l'appel de Sam Mendès car je me suis dit : 'Qu'est ce que je fais à 50 ans dans un James Bond ?'. Mais lui cherchait une femme mûre à mettre à côté de James Bond. Lucia, la veuve, n'a plus la jeunesse mais elle a une féminité encore vivante qui lui sauve la vie. Que l'on fasse les méchantes ou les gentilles, il y a toujours quelque chose de magique à interpréter une James Bond's girl. Ce sont des rôles objet, mais peu importe... Je ne suis restée qu'un mois sur le plateau de "Spectre", ce qui est peu quand on pense que je tourne depuis trois ans dans le prochain Kusturica".

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Encyclopédie et roman

 Présenté comme le spécialiste français de James Bond, Guillaume Evin a de nouveau mis tout son savoir à la disposition de ceux qui auraient quelques lacunes. "James Bond, l'encyclopédie 007", soit 224 pages richement illustrées avec une multitude d'anecdotes et la présentation chronologique des 24 films composant la saga. Ce beau livre qui sera du plus bel effet sous les sapins de Noël, est une mine d'informations. En plus de longs articles sur la production des films, le choix des acteurs pour le rôle-titre et celui des James Bond's Girls, indispensables au succès des films, des éclairages plus anecdotiques vous permettront de tout savoir sur les différentes voitures conduites (et parfois massacrées) par l'espion ou des armes qu'il a utilisées pour faire un sort aux méchants. On apprécie particulièrement les nombreuses photos des tournages, pour mieux comprendre l'ambiance qui régnait sur les plateaux. Tel Sean Connery, endormi sur relax, quelques bouteilles de bière vides abandonnées par terre ou Roger Moore au volant du bolide le plus étonnant de la saga : une 2CV jaune, criblée de balles. Au rayon des méchants, à côté des grandes légendes que représentent Donald Pleasance, Christopher Lee ou Christopher Walken, les Français ne sont pas en reste avec Michaël Lonsdale, Louis Jourdan et plus récemment Mathieu Amalric.
"James Bond, l'encyclopédie 007", Hugo Image, 24,95 €.
En roman aussi....
Avant de s'animer sur grand écran, James Bond est un héros de romans. Ian Fleming a signé une quinzaine de titres avant de mourir en plein succès au milieu des années 60. Depuis, l'espion a déserté les librairies. Mais fort du succès des derniers films, notamment depuis que Daniel Craig a repris le rôle, l'idée de nouveaux romans a titillé les héritiers. Une nouvelle fois, Anthony Horowitz s'est mis derrière la machine à écrire. Après avoir ressuscité Sherlock Holmes, l'écrivain anglais a plongé dans l'univers de Ian Fleming. Pour être le plus fidèle possible, il s'est appuyé sur des notes originales censées être le support d'un épisode des aventures de 007 dans le milieu de la course automobile. Un roman qui file à toute vitesse, avec cette pointe de nostalgie si agréable.
"Déclic Mortel", Anthony Horowitz, Calmann-Lévy, 18 €.


Cinéma : singes charmeurs


Documentaire réalisé par Mark Linfield et Alastair Fothergill (USA, 1 h 21), narratrice : Claire Keim. 

Pour son sixième long-métrage, la société de production Disneynature emmène petits et grands 'Au royaume des singes'. Durant 1 000 jours, les équipes de Mark Linfield ont suivi une tribu de macaques à toque dans la forêt du Sri Lanka. Un documentaire animalier scénarisé, avec de véritables 'acteurs' tant ces singes ont des bouilles et des personnalités facilement reconnaissables. L'héroïne, Maya, une femelle de 8 ans, a un enfant, Kip, qu'elle doit défendre face aux velléités du mâle dominant. Chercher de la nourriture, défendre son territoire, fuir face aux attaques de prédateurs : le quotidien de la petite troupe n'est pas de tout repos. 
Parmi les seconds rôles, le chef d'une tribu ennemie a une gueule impossible à oublier : balafré de partout, il respire la méchanceté. Le moment de l'éclosion des termites ailés est également à mettre dans l'anthologie des scènes cultes du cinéma animalier. 
Au final, le spectacle proposé est éblouissant. Précision des cadrages, beauté des décors, péripéties entre rire et larmes, l'histoire de Maya est contée avec beaucoup de sensibilité par Claire Keim, très impliquée dans la protection de la nature.

DE CHOSES ET D'AUTRES : Slipman attaque à la pelle


Envie de devenir célèbre ? Facile : armez-vous d'une pelle et molestez des écologistes (accompagnés d'un journaliste de l'AFP). Sans oublier le détail décisif : passez à l'attaque pieds nus et en slip. 
Une incroyable photo a fait le tour du net hier après-midi en moins de temps qu'il n'en faut pour enfiler un pantalon. La scène, totalement surréaliste, se déroule dans les Landes. Un petit groupe de militants de la LPO (Ligue de protection des oiseaux) s'engage dans un champ de maïs pour détruire des pièges à pinsons, oiseaux protégés mais toujours chassés dans cette région par quelques irréductibles. Action largement médiatisée en présence d'Allain Bougrain-Dubourg. Alors que les écolos détruisent les pièges, un riverain surgit de chez lui. Furieux, pieds nus, armé d'une pelle et en slip. Il assène quelques revers bien sentis aux écolos et remarque un photographe de l'AFP en plein boulot. Le journaliste a le temps de prendre un cliché, juste avant de recevoir un coup de pelle. 
Cette photo incroyable a déchaîné internet hier. L'indigène, qui ensuite a porté plainte pour violation de propriété privée, est devenu une sorte d'icône moderne. A cause de la pelle peut-être, à moins que la raison en soit son regard mauvais et haineux. Sans compter aussi et surtout ce slip, tenue incongrue qui lui a permis de récolter le surnom de « Slipman, le super héros à la pelle ». 
Il ne devait pas se douter qu'en sortant de chez lui précipitamment il allait décrocher une telle célébrité. Morale de l'histoire : magie mais aussi futilité des moyens modernes de communication.

mardi 10 novembre 2015

Livre : Philosophie pratique façon Botul

Frédéric Pagès a retrouvé Jean-Baptiste Botul, le faux philosophe cité par BHL : il était au bordel !


Philosophe originaire de l’Aude, Jean-Baptiste Botul, est devenu mondialement célèbre depuis que Bernard-Henri Lévy l’a cité dans un de ses livres. Or, Botul n’existe pas, simple délire collectif de quelques farfelus qui conjuguent philosophie et humour. BHL, berné et mortifié, a immédiatement cessé toute intervention médiatique. Durant une petite demi-journée, faut pas exagérer non plus...
Et Botul dans cette affaire, que devient-il ? Il est toujours étudié par quelques Botuliens dont Frédéric Pagès, auteur de ce roman-récit sur le bref passage du grand homme dans l’Éducation nationale. Botul, embauché comme professeur de philosophie dans un lycée de la préfecture audoise en 1928, a décidé de conduire sa classe de terminale au “Mon Caprice” situé 1, rue de la Digue. Une maison à terrasses abritant un bordel tenu par Madame Berthe.
Comme un puzzle en forme d’enquête policière, Frédéric Pagès retrace ce fameux “Banquet” au cours d'une conférence savante. Botul organise cette sortie pédagogique peu banale dans une maison de tolérance. Il estime  que « si l'école ne va pas au bordel, ce sera le bordel à l'école ». Les élèves vont discourir, alanguis, en buvant et admirant des femmes dénudées. Un programme théorique bousculé en pratique car les « professionnelles », pour une fois, ne vendront pas leur corps mais diront leur façon de penser.

Reine de Saba et canal du Midi
La faute à l'une des pensionnaires, Divine la Sublime, tombée un peu amoureuse de Botul, bourreau des cœurs qui a épinglé à son tableau de chasse Marthe Richard, la princesse Marie Bonaparte et même Simone de Beauvoir. Divine, « Quelle allure ! La finesse de sa taille, l'arrondi prestigieux de ses seins ne devaient pas troubler que les hommes. Cette peau d'ébène, ces grands anneaux argentés aux oreilles, ces  bracelets d'or aux chevilles... Elle vient de la lointaine Afrique, c'est sûr. C'est la reine de Saba descendue du Nil vers le canal du Midi. » Divine meneuse d'hommes et de femmes, profitera du banquet pour sonner l'insurrection au sein de son régiment de filles faciles. Un sacré scandale qui coûtera sa place à Botul. Mais l'homme a de la ressource.
Toute la force de l’auteur est de rendre cette histoire crédible, en convoquant pour la défense de Botul quelques grands noms, de Simone Weil à Mgr Danielou en passant par un joueur de rugby narbonnais. Et finalement on se dit que l'idée iconoclaste du faux philosophe n'est pas si farfelue que cela.

« Botul au bordel », Frédéric Pagès, Buchet-Chastel, 10 €



BD : Sœurs de sang



Etrange mélange des genres dans « Monika », série complète en deux tomes. Monika, jeune artiste à la plastique parfaite, vit avec un lourd secret. Enfant, sa mère et son compagnon sont morts dans l'incendie de la maison familiale. Sa sœur, Erika, parvient in extremis à la sauver des flammes. Monika est-elle responsable de l'incendie ? Elle se pose la question sans cesse et vit avec cette interrogation qui la taraude. Devenues adultes, les deux jeunes femmes restent très proches. Monika mène sa carrière d'artiste, inspirée par Erika. Mais cette dernière disparaît du jour au lendemain. Une nouvelle énigme pour l'héroïne. En parallèle à ce récit familial compliqué, Monika tombe amoureuse d'un homme politique brillant. De plus elle cache un ami chercheur, inventeur d'une intelligence artificielle. Ces deux albums surfent entre manigance politique, terrorisme, science-fiction et polar. Le scénario de Thilde Barboni, par ailleurs romancière, est très dense. Le tout est dessiné par Guillem March au trait fin et précis, rehaussé de couleurs directes pastels du plus bel effet. Surtout les scènes où Monika s'effeuille avec sensualité...

« Monika » (tome 2), Dupuis, 64 pages, 14,50 euros

DE CHOSES ET D'AUTRES : En avoir dans la culotte


L'expression "en avoir dans la culotte" (ou dans le slip) est spécifiquement masculine. Pourtant, les femmes pourraient en dire autant qui chaque mois subissent une semaine "d'indisposition" peu agréable. Incontournable surtout. Une réalité assez abstraite chez les hommes. Po
ur preuve, le récent débat à l'assemblée nationale sur une histoire de TVA. Tampons et serviettes hygiéniques sont taxés à 20 %.
Une députée a déposé un amendement pour ramener ce taux à 5,5 %, celui des produits de première nécessité. Réponse du gouvernement, pas question, ils sont classés dans la catégorie luxe. D'ailleurs, argumente Christian Eckert, ministre du Budget, les mousses à raser pour les hommes sont aussi taxées à 20 %. Certaines ont failli s'étouffer en entendant cette comparaison peu judicieuse. Malgré une forte mobilisation sur le net, les 15 millions de femmes qui chaque mois sont obligées de se protéger continueront à payer le prix fort.
Le même débat a eu lieu en Angleterre. Mais pour ramener la taxe à 0 %. La bataille sémantique fut épique, les hommes s'obstinant à utiliser le mot "produits" en lieu et place de tampons et serviettes.
Le rejet de l'amendement par une assemblée française très largement masculine peut sembler logique. Mais il aurait été autre "si les hommes avaient des règles…" comme Twitter s'en est amusé. Alors, "les tampons seraient distribués gratuitement", "un congé maladie spécifique serait créé" et, le meilleur et aussi le plus juste "tous les mois, il faudrait les emmener aux urgences car ils seraient en train de mourir".

lundi 9 novembre 2015

BD : La bible ou l'épée, choix crucial pour "Le maître d'armes"


Toutes les guerres ont pour origine la religion. Une évidence qu'il ne faut cesser de rabâcher aux générations futures. En vain malheureusement, les conflits se multipliant un peu partout dans le monde. Actuellement les chiites et les sunnites se mènent un combat à mort au Moyen Orient. Comme pour faire oublier le conflit entre Juifs et Palestiniens à quelques centaines de kilomètres de là. En Europe, nous sommes souvent enclins à donner des leçons mais notre histoire prouve que ces querelles de paroisse ont également provoqué des milliers de morts au fil des siècles. Prenez la fin du Moyen Age. Le clergé catholique règne en maître absolu. Mais quelques croyants ne se reconnaissent plus dans cette religion qui donne tout à une petite minorité. Ce sera la Réforme, début du protestantisme. Dans « Le Maître d'armes », écrit par Xavier Dorison et dessiné par Joël Parnotte, ont découvre les prémices de cette sanglante répression. A la base, des érudits veulent que la parole de Dieu soit directement accessible par tous. Enlever l'intermédiaire des religieux. Pour cela il suffit de traduire la Bible en « vulgaire », nom donné au français compris par la majorité. Rien de bien méchant à priori. Mais cette volonté d'éclairer le peuple ne passe pas auprès de ceux qui ont le pouvoir. Le véritable personnage principal de cette longue BD est la traduction de la bible. Gauvin de Brême, médecin érudit, réformiste, vient de finir son manuscrit. Il doit maintenant le faire parvenir en Suisse où il sera imprimé et largement diffusé. Mais les sbires du clergé le pourchassent. Dans les montagnes du Jura, il va demander l'aide de Hans Stalhoffer, ancien maître d'armes du roi François 1er. Une course poursuite en plein hiver, dans la nature implacable. Si le récit fait la part belle à la prise de conscience de certains hommes et femmes, il montre aussi dans toute son horreur (les dessins de Parnotte sont parfois d'une extraordinaire violence) les exactions d'autres soldats, toujours plus cruels et intransigeants, au nom d'un Dieu qui n'est plus du tout miséricordieux. Une histoire qui se répète, sous d'autres latitudes et pour d'autres raisons, mais à la base le problème est le même : la volonté d'un petit nombre de contraindre la majorité à ne pas penser par elle-même

« Le maître d'armes », Dargaud, 98 pages, 16,45 euros

dimanche 8 novembre 2015

BD : Sillage face à un redoutable virus psy


Nävis, la dernière humaine de la série de SF « Sillage », est de nouveau mise à contribution pour sauver le convoi d'espèces extraterrestres à la recherche de nouvelles planètes à coloniser. Alors qu'elle tente de faire intégrer la jeune Juliette à Sillage, une entité est libérée par mégarde. Il s'agit d'un virus qui s'attaque à toute espèce qui a des pouvoirs psy. L'effet est immédiat : dégradation physique et surtout, tels des zombies incontrôlables, l'envie de tuer et détruire. Bref rien ne va plus dans Sillage. Un scénario bourré d'action signé Morvan, dessiné par Buchet, toujours aussi pointilleux dans ses créations aliens. Bien que publiées en grand format, ces planches bourrées de détail mériteraient une exploitation encore plus grande. Alors si vous voulez pleinement profiter de ce grand art, munissez-vous d'une loupe et n'hésitez pas à détailler chaque case.

« Sillage » (tome 18), Delcourt, 14,50 €

samedi 7 novembre 2015

BD : La France qui se bat


Encore une histoire d'uchronie. Encore une réécriture de l'Histoire de la seconde guerre mondiale. Souvent, les scénaristes partent du postulat que les Nazis remportent la guerre. Cette fois Jean-Pierre Pécau (scénario) préfère imaginer une France qui ne capitule pas. « Et si la France avait continué la guerre » se déroule durant cet été 40. Alors que les divisions nazis déferlent sur le pays, le gouvernement de Paul Reynaud, replié dans un château de la Loire, décide de respecter la parole donnée aux alliés britanniques. Pétain, chef de file des tenants d'un armistice, est arrêté pour haute trahison, De Gaulle est nommé chef des armées, la première bataille est perdue mais la France ne capitule pas. Le tome inaugural, dessiné par Ukropina, est essentiellement politique. Les événements sont racontés par l'intermédiaire d'un aviateur et de sa compagne, jeune franco-américaine qui n'a pas froid aux yeux. Aux commandes de son avion peint en rose, elle va servir de messagère. Le tome 2 la verra arriver à Toulouse pour tenter de coordonner la contre-offensive tricolore. Passionnant.

« Et si la France avait continué la guerre » (tome 1), Soleil, 14,95 €

vendredi 6 novembre 2015

DE CHOSES ET D'AUTRES : Malchance à tous les étages

On se dit parfois qu'on manque de chance, que le mauvais œil nous traque. Avant de vous plaindre, dites-vous qu'il y a pire. Une amie nous raconte sa semaine. Impossible d'enchaîner autant de contrariétés.  
La série commence quand sa voiture tombe en panne près de Toulouse "avec les enfants, chargés à bloc, dans la nuit, etc. La totale !". Retour à Perpignan en taxi. Deux jours plus tard, cap sur Toulouse "pour récupérer titine remise à neuf." Sauf que ses mésaventures continuent, capot mal fermé, grosses vibrations et belle frayeur de la conductrice. Nouvel arrêt chez un garagiste. Il comprend le problème, mais avoue son incompétence. Direction un carrossier, la réparation nécessite un point de soudure. Désespoir de l'amie : "Le mécano a eu un problème avec son poste à souder pile à ce moment-là... » Deux heures supplémentaires de perdues. 
Suite de l'histoire dans Perpignan, toujours en voiture. Pressée par le temps, elle se gare dans le premier parking souterrain venu pour ne pas rater la séance de cinéma. Sauf que le parking était privé, elle le retrouve fermé. Impossible d'y entrer. Encore moins d'en sortir. Elle devra batailler des heures avant de réussir à s'extraire de ce piège en se faufilant derrière une voiture, comme un vulgaire resquilleur au péage. Seule satisfaction, elle n'aura pas payé un centime. 
Une série de déboires qu'elle pourrait, si elle était superstitieuse, mettre au crédit du chat noir qu'elle a écrasé la semaine d'avant sur la route. Pour conjurer le sort il ne lui reste qu'une solution : jouer à l'Euromillions...