dimanche 10 août 2014

BD - Un classique de la littérature en images


Certains classiques n'en finissent plus d'inspirer les jeunes auteurs. Si tout le monde n'a pas lu « Notre Dame de Paris » de Victor Hugo, personne de plus de 12 ans n'ignore plus rien de l'histoire de la belle Esmeralda et du laid Quasimodo. Jean Bastide (aidé de Robin Recht au scénario) propose sa version de ce classique de la littérature française. Fidèle à l'histoire (mais comment pourrait-il en être autrement tant elle est forte) Bastide se concentre surtout sur Esmeralda. La belle Égyptienne, aux jupes trop courtes et décolletés généreux, est d'une rare beauté sous son pinceau. Quasimodo, surtout présent en fin de volume, est plus musculeux que déformé. Quelques gros plans sur son regard suffit à lui donner cette humanité chère à l'auteur.
Reste Frollo, l'abominable Frollo, monstre de cruauté pour cause d'amour impossible. Certaines planches quasi muettes sont dignes d'être exposées dans des musées.
« Notre Dame » (tome 2), Glénat, 14,95 €

samedi 9 août 2014

BD - Playmate à vif


Mais qui a décidé de violer, tuer et lacérer au couteau de jeunes Américaines, tellement belles qu'elles pourraient toutes poser pour Playboy ? Le troisième et dernier tome de « Miss Octobre », écrit par Desberg et mis en images par Queireix donne enfin toutes les explications au lecteur impatient. L'assassin, dont on ne voit le visage que dans les deux dernières planches, tue une nouvelle fois. Et la prochaine sur la liste est Viktor Scott, la fille d'un riche promoteur de Los Angeles. Sourde, elle est de plus amnésique depuis qu'elle a subi une tentative de viol dans sa chambre. Elle se sent menacée et demande à une ancienne prostituée mexicaine devenue détective de surveiller ses arrières. Cette dernière est également la maîtresse du lieutenant Clegg Jordan, chargé de l'enquête. Il se dispute le leadership avec l'inspecteur Ariel Samson, lui-même amant de Mme Jordan... Un joli imbroglio dans l'Amérique des années 60, bel hommage aux romans et films noirs de la grande époque. Queireix, au dessin prend beaucoup de plaisir à dessiner les courbes des jolies Américaines... femmes comme voitures.
« Miss Octobre » (tome 3), Le Lombard, 12 €

vendredi 8 août 2014

DVD ET BLU-RAY - Survie en ère glaciaire

Film post-apocalyptique, « The Colony » traite de survie et d'humanité.


Dans un futur pas si lointain (il nous pend au bout du nez en réalité), le réchauffement de la planète fait des ravages. D'immenses tours sont construites un peu partout pour contrôler la météo. Elles se détraquent et c'est un froid glacial qui fige toute la surface de notre bonne vieille terre. « The Colony », production canadienne inédite au cinéma et qui sort directement en DVD, blu-ray et VOD, débute quelques années plus tard. Plusieurs communautés survivent tant bien que mal dans des colonies enterrées. Quand le groupe de survivants mené par Briggs (Lawrence Fishburne) reçoit un SOS de la colonie 5, il décide de se rendre sur place avec deux volontaires dont Sam (Kevin Zegers). Signé Jeff Renfroe, ce long-métrage est bourré d'effets spéciaux. Pour aller jusqu'à la Colonie 5, le petit groupe traverse une grande ville figée dans la glace. Les plaines sont recouvertes de neige, seuls quelques poteaux électriques émergent encore de ce monde du passé. Un grand fleuve s'est transformé en glacier et le pont qui le traverse est fragilisé par le gel. Chaque minute passée dehors est un défi à la mort.
Arrivé sur place, le trio ne trouve pas trace de vie. Par contre les flaques de sang sont omniprésentes. C'est en descendant dans les profondeurs de la Colonie qu'ils découvriront une menace encore plus redoutable que le froid. Le film bascule ouvertement dans l'horreur avec des scènes particulièrement gores mais tout à fait justifiées.
Côté distribution, Lawrence Fishburne (Morpheus dans Matrix) est impeccable dans son rôle de chef plein de compassion. Bill Paxton et son regard qui tue est utilisé à bon escient. Quant au vrai méchant (Dru Viergever, déjà entraperçu dans Saw), il vous filera les chocottes pour quelques nuits cauchemardesques...
Le DVD propose en bonus un petit reportage de 10 minutes sur le making of du film, notamment le lieu étrange de tournage, une base militaire désaffectées et enterrée au plus profond d'une montagne. Claustrophobes s'abstenir.

« The Colony », Wild Side, 17,99 euros


jeudi 7 août 2014

Cinéma - Quand l'hiver turc est d'or

 

Film de l'intériorité « Winter sleep » explore les rapports humains dans une petite localité turque, perdue au cœur de l'Anatolie. Intérieur des maisons, troglodytes, sombres et silencieuses. Intérieur de l'âme, tout aussi sombre parfois.

L'hiver rend encore plus rudes les conditions de vie dans cette région. Aydin (Haluk Bilginer), ancien acteur, est revenu au pays gérer l'hôtel légué par son père. Il dérouille son anglais auprès de Japonais ou routards européens attirés par une nature sauvage et authentique. Sa jeune femme, Nihal (Melisa Sözen) s'ennuie désespérément. Elle s'occupe en animant une association de bienfaisance chargée de rénover les écoles publiques. Le début du film montre Aydin faire le tour de ses terres en compagnie de son homme de confiance. Dans leur 4x4 brinquebalant ils vont de maison en maison, récupérer les loyers. Aydin possède quasiment tout dans la région. Il a encore l'aura d'un seigneur auprès de certains. D'autres le détestent comme ce gamin qui jette une pierre sur la voiture. Il a très mal vécu la saisie de la télévision par un huissier et l'humiliation de son père pour cause de loyer impayé.
L'histoire de Nuri Bilge Ceylan a des accents sociaux. Mais ce n'est qu'une infime partie des trois heures de cet hiver turc. L'essentiel se déroule dans le bureau de cet homme partagé entre tradition et modernité. Il y reçoit des amis, sa femme et sa sœur, Necla (Demet Akbag) récemment divorcée et échouée bien malgré elle dans cet hôtel triste et silencieux.

Magnifiques paysages
Pendant qu'Aydin écrit son éditorial hebdomadaire pour un journal local, elle est étendue dans le canapé, derrière elle, à lui poser des questions existentielles. La magie du film opère alors à plein. Dans une atmosphère tamisée, les acteurs jouent à merveille ces nantis en mal de reconnaissance. Et de s'interroger sans cesse sur leur passé, leurs erreurs et errements. Necla qui a quitté son mari, ivrogne et violent, regrette. Elle demande à son frère si elle n'aurait pas du donner une chance au mal. En gros, ne pas interrompre les violences par son départ, simplement subir, jusqu'à ce que le mari se rende compte par lui même du mal qu'il provoque. Ces discussions philosophiques émaillent sans cesse le film et le rend passionnant. D'autant que loin de faire la morale ou imposer un point de vue, le réalisateur laisse tout ouvert. A chacun de réfléchir, une fois sorti de la salle, sur ces questions universelles.
Et puis il y a aussi les décors, superbement mis en valeur par la caméra. Notamment quand la neige tombe et étouffe encore plus le paysage. Sans oublier quelques scènes d'anthologie comme la beuverie entre Aydin, son ami et l'instituteur qui a parfois un petit côté à la Lelouch. Un film magique, où le temps immobile semble paradoxalement passer plus vite qu'ailleurs. La Palme d'Or à Cannes est peut-être un peu surestimée, mais la virtuosité de Nuri Bilge Ceylan devait être récompensée.



Amour en retenue

Lors de sa présentation en mai à Cannes, nombre de critiques ont assimilé « Winter Sleep » à un film de Bergman. Il est vrai que les longs dialogues (parfois plus de 20 minutes sans la moindre action) donnent cette impression. Il y a également les relations tendues entre Aydin et sa femme Nihal. On semble alors plonger dans les mythiques « Scènes de la vie conjugale ». A une énorme différence près. Quand Bergman montrait le couple dans son ensemble (au lit, dans la salle de bain, dans la cuisine...), le réalisateur turc limite leurs relations au minimum. Et si Aydin dit aimer la très belle Nihal, il ne s'en approche jamais à moins de trois mètres. Quand il la découvre pleurant dans son lit de désespoir, il ne fait pas un pas vers elle. Jamais on ne le voit la toucher, l'embrasser... Différence de civilisation certainement, mais cela rend quand même difficile l'identification pour le spectateur occidental qui obligatoirement aurait réagi différemment car prendre une femme qui pleure dans ses bras est naturel dans nos contrées.
Du Bergman donc, mais sans le côté physique de certains films du maître suédois. Cette froideur et la distance entre les protagonistes renforcent le climat glacial du film.

mercredi 6 août 2014

BD - Troll dépressif


Une nouvelle fois, en découvrant cette 18e aventure des aventures des Trolls de Troy, on se dit que décidément Uderzo aurait dû choisir Arleston et Mourier pour assurer la reprise d'Astérix. Ferri et Conrad ont fait du bon boulot avec leurs Pictes, mais l'univers des Trolls colle tellement à celui du petit Gaulois que se passer de leurs services relève du suicide éditorial. Alors à défaut de potion magique, profitons de notre chance de lire près de deux fois par an un album hilarant avec du troll, des jeux de mots idiots, des pétaures et quelques références bien senties à l'actualité. « Pröfy Blues » débute par un runing gag de la série. Le troll Pröfy tente une nouvelle fois de construire une maison, condition pour qu'il puisse un jour épouser la belle Waha

Et comme d'habitude, sa bâtisse s'écroule. Envolés ses rêves de lune de miel... Et ça lui file un sacré coup au moral. Prostré, il reste immobile plusieurs jours. Waha, qui n'est pas sans cœur, décide de le faire soigner par un docteur de la tête. Une caricature de Freud qui fera bondir certains psychanalystes et rire tous les autres. Pröfy, pour guérir complètement, va partir à la recherche de son père et croise au passage un maléfique Tonsantöh, agriculteur adepte des rendements intensifs.
« Trolls de Troy » (tome 18), Soleil, 13,95 €

mardi 5 août 2014

BD - La guerre imaginaire dans « Zeppelin's war »


Avec des si, on peut refaire l'histoire. Richard D. Nolane s'est fait une spécialité de ces uchronies dont le public est de plus en plus friand. Après avoir imaginé une autre fin à la seconde guerre mondiale dans « Wunderwaffen » (cinq tomes parus), il s'attaque au premier conflit mondial. En 1916, la guerre se déroule essentiellement dans les airs. Les Allemands ont une armada de zeppelins pour bombarder Paris
La différence réside dans la nature du gaz. L'hélium, trop inflammable, a été remplacé par un composé inerte permettant de multiplier par trois le poids de la charge transportée. Illustré par Villagrasa, le récit est truffé de personnages très connus. Dans les airs, un certain Hitler commande un zeppelin alors que Goering est aux commandes d'un avion de chasse. Il croise le fer avec l'as français Guynemer. Et en parallèle aux combats, on découvre les manigances de Raspoutine, espion à la solde de Berlin ayant pour mission de déstabiliser le Tsar. Une sacrée revue d'affectifs de salauds en devenir...

« Zeppelin's war » (tome 1), Soleil, 14,50 €

lundi 4 août 2014

Livre - Justice à retardement

Un industriel allemand est assassiné dans sa chambre d'hôtel. Le tueur, Fabrizio Collini reconnaît le meurtre mais refuse de s'expliquer. Son avocat va enquêter dans le passé.

La société allemande, tout en triomphant mondialement au niveau sportif ou économique, n'en finit pas de solder son passé. Il y a moins de 70 ans, la terreur nazie s'abattait sur la totalité de l'Europe. La défaite a permis de juger certains responsables, mais d'autres sont passés à travers les mailles du filet. De simples exécutants, loyaux à leur supérieurs et leur pays, ou des hommes et femmes, en état de juger et donc complices actifs de crimes de guerre et de génocide ?
Cette interrogation, sorte de devoir d'inventaire jamais véritablement achevé, est au centre du terrible roman de Ferdinand von Schirach, « L'affaire Collini ». L'auteur, par ailleurs avocat au barreau de Berlin depuis 1994, est un fin connaisseur de la justice de son pays. Une partie du roman porte d'ailleurs sur les droits des accusés, la façon dont les affaires criminelles sont instruites et la méthode de désignation des avocats commis d'office.
Tout débute en 2001. Dans une chambre d'hôtel à Berlin, un homme se faisant passer pour un journaliste, prend rendez-vous avec Hans Meyer, industriel allemand. Une fois en tête à tête, Fabrizio Collini, le faux journaliste et véritable force de la nature, sort un révolver de son manteau, fait agenouiller Meyer et l'abat de plusieurs balles dans la tête. Puis, « de sa chaussure, il retourna le corps. Soudain, il asséna un coup de talon dans la face du cadavre, le regarda, puis lui donna un autre coup. Il ne pouvait plus s'arrêter, il tapait et tapait encore, sang et substance blanche giclaient sur son pantalon, sur le tapis, sur le bois du lit. » Un meurtre horrible, un émoi considérable.

Meurtre inexplicable
Collini s'étant constitué prisonnier dans le hall de l'hôtel, l'instruction peut débuter immédiatement. Il faut cependant lui trouver un avocat. Le jeune Leinen, installé à son compte depuis quelques semaines, est de permanence. Malgré sa totale inexpérience des procès d'assises il accepte de prendre la défense du géant muet. Cet homme, d'origine italienne, est venu travailler en Allemagne durant les années 50, fuyant la misère de son pays. Sans casier judiciaire, discret, il est à la retraite depuis peu.
Rien ne semble pouvoir expliquer de coup de folie. Même à son avocat il ne dit rien de son mobile. Leinen, qui a accepté de défendre Collini sans connaître l'identité du mort, a un gros coup au moral en découvrant qu'il s'agit d'Hans Meyer. Il a côtoyé cet homme durant sa jeunesse. C'était le grand-père de son meilleur ami. De Johanna aussi, son amour de jeunesse inachevé, qui se concrétise finalement à la faveur des événements tragiques. Pris entre son amitié avec la famille de la victime et sa détermination d'avocat, Leinen va aller jusqu'au bout. En creusant dans le passé de Hans Meyer, il risque de perdre Johanna, mais aussi y trouver le mobile, l'explication qui pourrait inverser les rôles, Collini devenant la victime de ce drame.
Écriture puissante, passion tourmentée, professionnalisme à toute épreuve : ce roman ne manque pas d'intérêt. Reste avant tout de cette « Affaire Collini » une leçon d'Histoire et l'exhumation de pratiques peu glorieuses dans une Allemagne qui, des années après la fin de la guerre, a bien caché son double jeu.

« L'affaire Collini », Ferdinand von Schirach (traduction Pierre Malherbet), Gallimard, 16,90 €

dimanche 3 août 2014

BD - La guerre 14-18 en Afrique


Si la guerre 14/18 est devenue planétaire, c'est aussi en raison de l'implication des puissances coloniales dans le conflit. Pendant que Français et Allemands s'affrontaient dans les tranchées du Nord, d'autres soldats mouraient sous la chaleur des tropiques. Barly Baruti, dessinateur d'origine zaïroise installé en Belgique, retrace une partie de cette bataille africaine. Sur les rives du lac Tanganyika, forces belges et allemands sont face à face. Les premières viennent de recevoir des avions. Les seconds ont pour eux la puissance de feu d'un cuirassé quasi indestructible. 
Gaston Mercier, jeune aviateur, survole la région à la recherche du gigantesque bateau pour tenter de le détruire. Il est aidé par un autochtone surnommé « Madame Livingstone » car il prétend être le fils du célèbre explorateur et se balade en... kilt. Scénarisée par Christophe Cassiau-Haurie, cette histoire, en partie basée sur des faits avérés, permet à Baruti de faire passer un message fort contre le colonialisme. Étrangère au conflit européen, l'Afrique a pourtant payé un lourd tribut, tant dans les tranchées que sur les rives de ce fleuve de légende.

« Madame Livingstone », Glénat, 22,50 €

samedi 2 août 2014

BD - L'origine de la guerre 14/18

Le monde entier célèbre cette année le centenaire du début de la première guerre mondiale. Un siècle nous sépare de la pire boucherie de l'Humanité. Une occasion en or pour mieux comprendre comment on en est arrivé là. Parmi les nombreuses BD récemment parues sur le sujet, la biographie sommaire de François-Ferdinand, celui par qui tout est arrivé, est la plus sérieuse et documentée. Jean-Yves Le Naour, historien, a vulgarisé la dernière année d'existence de l'héritier du trône d'Autriche, Chandre l'a dessinée. L'archiduc, en opposition avec le souverain régnant, n'est pas belliqueux. Il se désintéresse des affaires d'état pour se consacrer à sa vie de famille. C'est pourtant lui qui est désigné pour aller inspecter les troupes en Bosnie, région récemment annexée. 
A Sarajevo, le 28 juin, il défie les Serbes dans sa voiture décapotable. Un extrémiste parvient à l'abattre. On comprend dans cet album que cette visite, imposée à François-Ferdinand, était une provocation fomentée par l'axe. Ce coup de feu est le top départ d'un déchaînement de violence. Guerre contre la Serbie, puis la France, la Russie et le reste du monde. La faute à l'impérialisme allemand et un certain nationalisme exalté par des partis bellicistes dans les autres nations. Une leçon d'Histoire à se remémorer en ces temps de plus en plus violents.
« François-Ferdinand », Bamboo, 13,90 €

vendredi 1 août 2014

BD - Petit ogre deviendra grand


Ogrest est un des personnages de la série Dofus. Ce manga à la française, doublé d'un jeu, a fait le succès de la maison d'édition Ankama, pionnière dans le multimédia. Pour démultiplier le succès de cet univers imaginé par Tot, il est donné carte blanche à des auteurs pour imaginer des aventures parallèles. Mig, brillant dessinateur réaliste à qui l'on doit un des succès de ces derniers mois « Le petit livre oublié sur un banc », s'est emparé d'Ogrest. Cet ogre, musculeux à la dentition démesurée, a été un enfant. Recueilli par Papa Otomaï, un alchimiste retiré sur une petite île portant son nom, il passe ses journées à éviter les leçons pour aller jouer avec Dathura, une poupée plus vraie que nature. Les premiers chapitres bucoliques et humoristiques laissent rapidement la place au drame. Une horde d'aventuriers débarque sur l'île pour tenter de voler le Dofus (œuf de dragon) détenu par Otomaï. En voulant le protéger, Ogrest entre en contact avec l'objet magique et devient le monstre que l'on connaît. Près de 200 pages d'un manga tricolore frisant la perfection. Une série à suivre.

« Ogrest » (tome 1), Ankama, 6,95 €