dimanche 20 juillet 2014

BD - Wika, jolie petite fée


Attention, claque graphique assurée. Si la couverture déjà en jette un maximum, l'intérieur est sublime. Olivier Ledroit travaille sur ce projet depuis plus de deux ans mais cela valait la peine d'attendre. Il signe des planches en couleurs directes d'une incroyable richesse. Impossible de lire cet album en dix minutes. En fait, c'est le temps qu'il faudrait consacrer à chaque case pour en apprécier tous les détails. Alors si vous êtes du genre pressé, lisez ce tome 1 d'un coup, mais surtout reprenez-le après et savourez chaque composition. 
Dans cet univers d'heroic fantasy mâtiné de steampunk, le prince Obéron prend le pouvoir en tuant le duc Claymore Grimm et la duchesse Titania. Mais sa victoire n'est pas totale car leur petite fille, Wika, est sauvée. Pour passer inaperçue, son protecteur coupe les ailes de cette jeune fée. 13 années plus tard, Wika quitte la ferme où elle a été élevée et va à la grande ville, Avalon. Elle y rencontre un jeune voleur, Bran, et apprend l'art de dérober aux plus riches. Devenue adulte, Wika, en plus de l'amour, découvre ses pouvoirs magiques. Elle ne peut plus se cacher d'Obéron et ses sbires, ses sept enfants-loups et l'ogre Kabulguen. L'histoire, imaginée par Ledroit, est retravaillée par Thomas Day, écrivain de SF français régulièrement primé.

« Wika » (tome 1), Glénat, 14,95 €

samedi 19 juillet 2014

BD : Courts mais bons


Les revues de BD se font de plus en plus rares. Un modèle économique triomphant dans les années 80, complètement dépassé dans ce 21e siècle. Mais cela n'empêche pas certains auteurs de toujours rechercher les bienfaits de la prépublication. Lewis Trondheim, jamais en mal d'idées, a lancé « Papier », une revue trimestrielle, format manga, en noir et blanc, composé de récits de 5 à 30 pages. Les auteurs viennent de tous les horizons. 
Dans la troisième livraison, sur le thème de la magie, deux récits sortent du lot. Boulet revisite l'histoire du prince charmant, de la gentille princesse et du méchant sorcier. Du rêve à la réalité, le célèbre blogueur tord le cou à quelques clichés et propose une fin machiavélique. L'autre histoire à ne pas manquer est signée Trondheim en personne. Un dialogue surréaliste entre deux copains, l'un juge, l'autre s'énerve. Dessin minimaliste mais intelligence supérieure.

« Papier » (Numéro 3), Delcourt, 9,95 €

vendredi 18 juillet 2014

Cinéma - Faut-il courir voir le film "FastLife" de Thomas Ngijol ?

Thomas Ngijol réalise un film hybride sur l'air du temps.


Comédie ou réflexion philosophique ? Parodie ou premier degré ? Démarche sincère ou simple machine à fric ? En sortant de la projection de « FastLife », second film de Thomas Ngijol, on a l'esprit encombré d'une multitude de questions. Quel est le véritable message de ce film sur un sprinter français tombé dans l'oubli après une grande performance de classe internationale ? On balance entre le « Tous pourris » et « Il y a toujours un espoir de rédemption ». Cette indécision est-elle aussi voulue ? Nouvelle interrogation dont on n'a pas plus la réponse...
Comme nombre de petits Africains, Franklin Ebagé (Thomas Ngijol) est repéré par un agent français. Il rejoint la métropole et progresse rapidement dans sa discipline de prédilection : le sprint. Jusqu'à la consécration, une médaille d'argent aux Jeux Olympiques. C'est la belle vie. Un temps... Le film, après cette intro très paillettes, débute sept ans plus tard. Franklin n'est plus au top physiquement, mais dans sa tête il est toujours persuadé d'être le meilleur.

Il redescend sur terre quand son agent (Julien Boisselier) lui annonce que son image ne fait plus vendre. Il n'est plus sur la « liste » des équipementiers. Tout ce qu'il peut lui proposer c'est une campagne de promotion pour des... poulets fermiers. Grandeur et décadence ! Et pour couronner le tout, sa copine Pauline (Karole Rocher) lui annonce qu'elle est enceinte.

Olivier Marchal irrésistible
Entre grosse comédie et presque drame social, la frontière est étroite parfois. En montrant le chemin de croix de cet homme trop vite adulé par les foules, Thomas Ngijol frappe parfois juste. Mais la caricature semble toujours l'emporter. Saluons au passage la composition parfaite d'Olivier Marchal, en gros bonnet de la volaille estampillée « Made in France », ancien rebelle rock reconvertit au capitalisme cynique. Le flic aux rôles sombres et dépressifs donne de plus en plus à sa carrière un côté fun et rigolo.
Reste le retour au pays natal (Aimé Césaire est d'ailleurs cité) de Franklin. Dans ce Cameroun grouillant de vie et de jeunesse, non contaminée encore par les artifices de la vie moderne, le sprinter se ressource, retrouve ses racines et la volonté de vaincre. Les dernières scènes du film, tournées dans le Stade de France durant un authentique meeting d'athlétisme, est un tour de force étonnant, le comique parvenant à remporter un 100 mètres de légende face aux meilleurs spécialistes. Mais là aussi il faut nuancer le propos, Thomas Ngijol ne semble jamais se contenter d'une seule et unique fin.

jeudi 17 juillet 2014

BD - Manipulations à Rio dans le 3e tome de "Mermaid Project"


Dans un futur proche imaginé par Léo et Jamar, l'équilibre du monde a basculé. Les pays émergents ont pris le dessus sur les vieux empires. Ainsi les Européens sont devenus les parias de ce monde dominé par l'Asie, l'Amérique du Sud et l'Afrique. Romane Pennac, policière à Paris, a un gros handicap : elle est blanche. Blonde de surcroit. Elle doit donc être deux fois meilleure que ses collègues basanés pour être remarquée. Envoyée à New York pour enquêter sur un mystérieux cadavre, elle est recrutée par les services secrets pour tenter de démasquer les agissements d'une multinationale qui joue un peu à l'apprenti sorcier dans le domaine des manipulations génétiques
Dans ce troisième chapitre, elle est envoyée à Rio, pour prendre contact avec son frère, chercheur dans la fameuse multinationale. Dessinée par Fred Simon, cette série de science-fiction a pour elle d'être tout à fait réaliste. Les « horreurs génétiques » dénoncées dans la BD sont peut-être déjà en pleine expérimentation...

« Mermaid Project » (tome 3), Dargaud, 13,99 €

mercredi 16 juillet 2014

DVD - Petite Jungle vaguement effrayante


Depuis le projet Blair Witch, les films d'horreur à petit budget peuvent terroriser sans rien montrer. Il suffit que l'image soit sautillante, floue et fugitive pour que l'angoisse monte. Andrew Traucki, réalisateur australien spécialisé dans les grosse bêtes dentées (crocodiles et requins), s'essaye au genre avec « The Jungle ». Ce n'est pas toujours convaincant, mais suffisamment bien fichu pour filer les chocottes une petite heure. 
Un écologiste part en Indonésie filmer les dernières panthères de Sumatra. Avec son équipe de pisteurs locaux, il s'enfonce dans une jungle de plus en plus oppressante, isolée et dangereuse. Jusqu'à cette zone maudite où un démon sévit. Bien que le film soit court (1 h 20), il y a malgré tout de nombreuses longueurs. Notamment les interminables disputes entre l'Occidental et les locaux pour savoir s'il faut continuer ou rebrousser chemin. Bref, un petit film d'horreur réservé aux inconditionnels du genre.
« The Jungle », inédit au cinéma, sort en version DVD minimale avec un unique bonus : la bande annonce qui en montre autant que le long-métrage.

« The Jungle », Wild Side, 14,99 €

mardi 15 juillet 2014

BD - Natacha d'hier et d'aujourd'hui


Héroïne de BD la plus sexy depuis des décennies, Natacha n'a pas pris une ride. Sous le pinceau de Walthéry elle vit toujours des aventures mouvementées aux quatre coins de la planète. La belle hôtesse de l'air a une double actualité : un nouvel album, le 22e de la série, et une intégrale des aventures parues dans les années 90. 

« L'épervier bleu » est tiré d'un scénario de Sirius. Le créateur de Timour, avant de disparaître, a comme bien d'autres célébrités de la BD belge, écrit des scénarios pour un Walthéry toujours avide de nouveaux horizons. Natacha, bloquée un soir de Noël dans un hôtel pour cause de tempête de neige, raconte à Walter les aventures de sa grand-mère. A la fin des années 40, sur un voilier, elle parcourt les îles du Pacifique Sud et se lance sur les traces de voleurs de perles. Paysages paradisiaques pour un album hors du temps. 
C'est un peu aussi le cas des trois récits repris dans l'intégrale, sur des scénarios de Peyo, Tillieux et Mythic.

« Natacha » (tome 22), Dupuis, 10,60 €, Intégrale, 20,50 €

lundi 14 juillet 2014

Thriller : "Le sourire des pendus" édité au format poche au Livre de Poche


« W3 », la nouvelle série de Jérôme Camut et Nathalie Hug plonge les lecteurs dans un monde perverti. La mise en bouche de ce roman est percutante. En juillet 2002, des hommes cagoulés pénètrent dans une riche demeure. Ils tuent la femme et enlèvent les enfants avant de se charger du propriétaire des lieux, un célèbre avocat, Eric Moreau. Le tueur s'appelle Ilya Kalinine
Dix ans plus tard, Lara Mendès, jeune journaliste à la télévision, cherche par tous les moyens a découvrir le fin mot de ce meurtre sauvage. Parfaitement découpé, ce roman, déjà sombre dans ses premières pages, devient de plus en plus noir. 
Les auteurs, en observateurs attentifs des dérives de notre société, mettent en lumière les agissements de véritables monstres. (Le Livre de Poche, 8,90 €)

dimanche 13 juillet 2014

BD - Les sacrifices de Betty


Sympathique et très sexy personnage récurrent de la série XIII, Betty Barnowsky se retrouve sur le devant de la scène dans le 7e opus de XIII Mystery. Lancées en parallèle à la reprise de la saga d'espionnage imaginée par Vance et Van Hamme, ces histoires complètes se penchent sur les personnages secondaires, comme pour donner aux fans plus d'éléments pour mieux comprendre cet univers si riche en péripéties. Une simple opération marketing pour certains râleurs. Si le travail était bâclé, ce serait certainement vrai, mais chaque titre est d'une très grande qualité. 
Cette fois ce sont Callède et Vallée qui « récupèrent » Betty à la fin de l'album « Rouge Total ». La belle militaire, encore toute émotionnée de ses aventures au San Miguel en pleine rébellion des SPADS et de ses rencontres avec XIII et le Marquis de Préseau, vient d'être décorée par le président des USA en personne. Mais ce n'est pas encore l'heure du repos pour la bouillante rousse. Elle va rempiler pour finir le travail en compagnie du général Carrington. Une mission risquée qui va rapidement tourner à la débâcle. On en apprend un peu sur le passé de Betty, sa propension à craquer pour les beaux mecs et aussi comment elle a définitivement tourné la page avec le distingué Marquis. Sylvain Vallée, au dessin, excelle dans ce style réaliste parfaite symbiose entre les styles de Vance et Giraud.

« XIII Mystery » (tome 7), Dargaud, 11,99 €

samedi 12 juillet 2014

BD - Temps glacial pour Lancaster, nouveau héros de Bec et Dzialowski


Si Christophe Bec s'est imposé dans la BD en tant que dessinateur, il a rapidement débordé de projets. Incapable matériellement de dessiner toutes les histoires issues de son imaginaire fécond, il a distribué ses intrigues à plusieurs illustrateurs. Voilà comment le scénario de Lancaster est arrivé entre les mains de Dzialowski
Ce récit, hommage assumé aux grandes séries des années 50 et 60 comme Bob Morane ou Valhardi..., met en scène Jim Lancaster, lord anglais épaulé par un ami Français, Robert, amateur de jolies filles, de cognac et de bagarre. Ils ont été contactés par un savant pour aller explorer un mystérieux gouffre découvert en Antarctique. Le scénariste a mis un maximum de références dans ces 48 pages très denses : civilisation perdue, nazis revanchards, voyage dans le temps sans oublier une pin-up, la journaliste Audrey. Impossible de réaliser mieux dans le genre « faisons du neuf avec du vieux ».
« Lancaster » (tome 2), Glénat, 13,90 €

vendredi 11 juillet 2014

BD - Black-out mondial dans le passionnant "Prométhée" de Bec et Raffaele


Série la plus ambitieuse de Christophe Bec, « Prométhée » est en phase finale. La tension est à son comble, les rebondissements se multiplient, l'heure est grave. Dans ce 10e épisode (chaque album ressemble à un chapitre de roman fantastique), à 13 h 13, un jour avant la date fatidique, l'électricité disparaît de la surface du globe. 
Une partie de l'histoire montre comment la planète réagit à ce retour aux âges sombres. Transports stoppés, avions en perdition, centrales nucléaires en surchauffe, communications coupées... la civilisation risque de s'éteindre en quelques heures. Heureusement quelques vieilleries fonctionnent encore pour permettre aux personnages principaux de poursuivre leur course contre la montre. Arrivé à ce stade de l'histoire, impossible de prendre le récit en cours. Il faut absolument avoir lu les précédents épisodes pour saisir toutes les péripéties. Un véritable feuilleton, à rythme accéléré grâce à la virtuosité et la dextérité de Stefano Raffaele, le dessinateur.

« Prométhée » (tome 10), Soleil, 13,95 €