lundi 14 juillet 2014

Thriller : "Le sourire des pendus" édité au format poche au Livre de Poche


« W3 », la nouvelle série de Jérôme Camut et Nathalie Hug plonge les lecteurs dans un monde perverti. La mise en bouche de ce roman est percutante. En juillet 2002, des hommes cagoulés pénètrent dans une riche demeure. Ils tuent la femme et enlèvent les enfants avant de se charger du propriétaire des lieux, un célèbre avocat, Eric Moreau. Le tueur s'appelle Ilya Kalinine
Dix ans plus tard, Lara Mendès, jeune journaliste à la télévision, cherche par tous les moyens a découvrir le fin mot de ce meurtre sauvage. Parfaitement découpé, ce roman, déjà sombre dans ses premières pages, devient de plus en plus noir. 
Les auteurs, en observateurs attentifs des dérives de notre société, mettent en lumière les agissements de véritables monstres. (Le Livre de Poche, 8,90 €)

dimanche 13 juillet 2014

BD - Les sacrifices de Betty


Sympathique et très sexy personnage récurrent de la série XIII, Betty Barnowsky se retrouve sur le devant de la scène dans le 7e opus de XIII Mystery. Lancées en parallèle à la reprise de la saga d'espionnage imaginée par Vance et Van Hamme, ces histoires complètes se penchent sur les personnages secondaires, comme pour donner aux fans plus d'éléments pour mieux comprendre cet univers si riche en péripéties. Une simple opération marketing pour certains râleurs. Si le travail était bâclé, ce serait certainement vrai, mais chaque titre est d'une très grande qualité. 
Cette fois ce sont Callède et Vallée qui « récupèrent » Betty à la fin de l'album « Rouge Total ». La belle militaire, encore toute émotionnée de ses aventures au San Miguel en pleine rébellion des SPADS et de ses rencontres avec XIII et le Marquis de Préseau, vient d'être décorée par le président des USA en personne. Mais ce n'est pas encore l'heure du repos pour la bouillante rousse. Elle va rempiler pour finir le travail en compagnie du général Carrington. Une mission risquée qui va rapidement tourner à la débâcle. On en apprend un peu sur le passé de Betty, sa propension à craquer pour les beaux mecs et aussi comment elle a définitivement tourné la page avec le distingué Marquis. Sylvain Vallée, au dessin, excelle dans ce style réaliste parfaite symbiose entre les styles de Vance et Giraud.

« XIII Mystery » (tome 7), Dargaud, 11,99 €

samedi 12 juillet 2014

BD - Temps glacial pour Lancaster, nouveau héros de Bec et Dzialowski


Si Christophe Bec s'est imposé dans la BD en tant que dessinateur, il a rapidement débordé de projets. Incapable matériellement de dessiner toutes les histoires issues de son imaginaire fécond, il a distribué ses intrigues à plusieurs illustrateurs. Voilà comment le scénario de Lancaster est arrivé entre les mains de Dzialowski
Ce récit, hommage assumé aux grandes séries des années 50 et 60 comme Bob Morane ou Valhardi..., met en scène Jim Lancaster, lord anglais épaulé par un ami Français, Robert, amateur de jolies filles, de cognac et de bagarre. Ils ont été contactés par un savant pour aller explorer un mystérieux gouffre découvert en Antarctique. Le scénariste a mis un maximum de références dans ces 48 pages très denses : civilisation perdue, nazis revanchards, voyage dans le temps sans oublier une pin-up, la journaliste Audrey. Impossible de réaliser mieux dans le genre « faisons du neuf avec du vieux ».
« Lancaster » (tome 2), Glénat, 13,90 €

vendredi 11 juillet 2014

BD - Black-out mondial dans le passionnant "Prométhée" de Bec et Raffaele


Série la plus ambitieuse de Christophe Bec, « Prométhée » est en phase finale. La tension est à son comble, les rebondissements se multiplient, l'heure est grave. Dans ce 10e épisode (chaque album ressemble à un chapitre de roman fantastique), à 13 h 13, un jour avant la date fatidique, l'électricité disparaît de la surface du globe. 
Une partie de l'histoire montre comment la planète réagit à ce retour aux âges sombres. Transports stoppés, avions en perdition, centrales nucléaires en surchauffe, communications coupées... la civilisation risque de s'éteindre en quelques heures. Heureusement quelques vieilleries fonctionnent encore pour permettre aux personnages principaux de poursuivre leur course contre la montre. Arrivé à ce stade de l'histoire, impossible de prendre le récit en cours. Il faut absolument avoir lu les précédents épisodes pour saisir toutes les péripéties. Un véritable feuilleton, à rythme accéléré grâce à la virtuosité et la dextérité de Stefano Raffaele, le dessinateur.

« Prométhée » (tome 10), Soleil, 13,95 €

jeudi 10 juillet 2014

Cinéma : Les jolies vacances du Petit Nicolas


La nostalgie est omniprésente dans le second film inspiré du personnage de Goscinny et Sempé. « Les vacances du Petit Nicolas » ensoleilleront votre été.


Une douce nostalgie est distillée dans « Les vacances du Petit Nicolas », film de Laurent Tirard tiré des œuvres de Goscinny et Sempé. On peut, au gré des plans, savourer quelques clins d'œil aux cinéphiles ou simples amoureux de cette époque révolue des années 50/60. Un gamin, sur la plage, est plongé dans la lecture d'un Spirou, période demi-planche en couverture; un vacancier tente en vain de régler un transistor portatif, ancêtre des ipods de nos jours; si le père de Nicolas enfourche un vieux vélo, il semble intégrer un film de Jacques Tati, quand il dépasse sans se retourner de vigoureux sportifs.

Le film s'adresse essentiellement aux plus jeunes, mais ces mini-hommages rendent le long-métrage très agréable à toutes les générations. Le spectacle familial par excellence à ne pas manquer cet été. Quand il pleut (ou fait trop chaud) sur la plage.

Terrifiante Isabelle
Dernier jour d'école. Le Petit Nicolas (Mathéo Boisselier) est désespéré de quitter son amoureuse, Marie-Edwige, mais il doit d'abord assister à la traditionnelle dispute entre son père (Kad Mérad) et sa mère (Valérie Lemercier) sur leur destination de vacances. Et pour une fois, le papa a le dernier mot. Ce sera la mer. « Avec ma mère » précise immédiatement la perfide maman. Mémé (Dominique Lavanant) est la grande et belle nouveauté de ce second film. Une belle-mère caricaturale mais géniale. Son « Un bisou ! » reste longtemps dans les mémoires.
Une fois à l'hôtel Beau-rivage, la famille va passer ses journées à bronzer sur la plage (quand il ne pleut pas...), nager et déjeuner au restaurant de l'hôtel. Nicolas, tout en écrivant régulièrement à Marie-Edwige se fait de nouveaux copains. Des gamins aux caractères bien trempés, de celui qui veut toujours avoir raison à celui qui mange tout en n'importe quoi sans oublier le plus petit de la bande, toujours à la traîne, toujours en train de se plaindre et de pleurer. Le père de Nicolas, en retrouvant un ami d'enfance, Bernique (Bouli Lanners, toujours aussi irrésistible), impose aussi Isabelle, la fille de ce dernier, aux jeux de Nicolas. Les vacances se transforment en cauchemar tant la fillette semble terrifiante. Au passage, le réalisateur glisse de nouveaux hommages aux films d'horreur, Shining notamment.
Les vacances ne seront donc pas de tout repos pour les enfants. Les parents aussi auront leur lot de surprise. Si le père ne peut s'empêcher de remarquer quelques jolies filles sur la plage, la mère ne laisse pas les vacanciers mâles indifférents, notamment un producteur de cinéma. Au final le divertissement est plaisant et saura séduire les petits comme les grands.

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Une œuvre foisonnante

 Le Petit Nicolas, création de René Goscinny et Jean-Jacques Sempé, semble intemporel. Les relations de ce gamin avec ses parents, ses professeurs et surtout ses copains sont universelles. Écrites durant les années 60 par le créateur d'Astérix, ces nouvelles sont régulièrement rééditées. Depuis quelques années ce sont les éditions IMAV, notamment dirigées par la fille de Goscinny, la romancière Anne, qui proposent une valorisation de la série. L'intégrale est disponible en 14 volumes et les différents titres sont traduits en diverses langues (yiddish, arabe maghrébin, corse ou latin).
Le film qui sort ce mercredi est tiré en partie des 18 histoires contenues dans « Les vacances du Petit Nicolas ». Un recueil remis en vente avec un bonus, une histoire inédite. « La veillée d'adieu », écrite en 1961, n'a jamais été publiée. Le texte a été retrouvé dans les affaires de René Goscinny, sous la forme d'un tapuscrit. Sempé a repris ses pinceaux et s'est replongé avec délice dans l'univers si poétique du Petit Nicolas.
« Les vacances du Petit Nicolas », IMAV éditions, 180 pages, 10,90 euros.

mercredi 9 juillet 2014

DVD - Louis De Funès, immensément comique

Louis de Funès aurait eu 100 ans cette année. L'occasion de redécouvrir ce monstre sacré du cinéma comique français.

Il faut trop souvent passer par la case « mort » pour voir son talent reconnu à son juste titre. Louis de Funès, malgré une popularité inégalée et des succès commerciaux phénoménaux, n'a pas échappé à la règle. En ce mois de juillet 2014, le cinéma français se souvient de lui et célèbre ses 100 ans. « L'aile ou la cuisse » et « La soupe aux choux », deux de ses derniers films, sortent en DVD et Blu-ray remastérisés alors que Jean-Marc Loubier consacre une imposante biographie très documentée chez Robert Laffont sur le comique le plus célèbre de France.

Après de graves problèmes cardiaques au milieu des années 70, Louis de Funès ne tourne plus beaucoup. Les médecins lui préconisent du repos et encore du repos. Le bouillonnant acteur, frustré de ne pouvoir remonter sur les planches, reçoit pourtant quantité de scénarios. Et notamment des projets du producteur Christian Fechner. Après bien des déboires pour trouver des assureurs, Claude Zidi lance enfin son projet « L'aile ou la cuisse ». De Funès partage la vedette avec un jeune comique en plein essor: Coluche. En salles, le film fait un triomphe sur un sujet toujours d'actualité, la malbouffe.

Cœur fragile

Quelques années plus tard, De Funès retrouve Jean Girault (le réalisateur des gendarmes) pour une adaptation du roman de René Fallet, « La soupe aux choux ». Un projet qui tient à cœur à l'acteur. Il assure l'adaptation et coréalise cette histoire de voisins, paysans à la retraite, contactés par un extraterrestre (Jacques Villeret). On retient surtout de ce film champêtre la confrontation entre De Funès et Carmet. Deux stars de l'époque, complices dans la caricature de ces poivrots péteurs. Le DVD offre en bonus un documentaire de 30 minutes sur les conditions de tournage très particulières. Louis de Funès avait l'interdiction formelle de jouer de nuit. Et devait faire une sieste de deux heures après le repas de midi. Il est convalescent, mais cela ne se voit pas du tout à l'écran.
On retrouve nombre d'anecdotes sur le tournage du film dans la biographie signée Jean-Marc Loubier. Ce pavé de 550 pages balaye toute la carrière de l'homme aux millions d'entrées. 

Des débuts difficiles comme simple pianiste de bar aux ors de la République (Chevalier de la Légion d'honneur), on en apprend beaucoup sur son rapport avec l'argent, son amour de la famille et sa foi inébranlable. Par exemple, il a tourné deux fois dans l'Aude, à Carcassonne pour « Le Corniaud » et près de Narbonne pour « Le petit baigneur ». A chaque fois, il passe de longues heures dans les églises et cathédrales. Jean-Marc Loubier dévoile ce pan méconnu de la personnalité du clown facétieux.
Michel Litout
« La soupe aux choux » et « L'aile ou la cuisse », Studiocanal, 14,99 euros

« Louis de Funès, petites et grandes vadrouilles », Jean-Marc Loubier, Robert Laffont, 22,50 euros



mardi 8 juillet 2014

BD - Bitch ô ma bitch !


Les blogs BD de filles regorgent de talent. Il y a eu Pénélope Bagieu, Laurel, Margaux Mottin... Mais elles sont toutes battues à plate couture par Bérénice. Dessinatrice pour des agences de pubs, elle manie la couleur à la perfection. Et les filles qu'elle dessine sont fines, racées, jeunes et modernes. Dévergondées aussi. C'est tout l'attrait de cette série de gags. Les paroles sont en opposition complète avec les images. Certes, elle sont jolies et souvent sexy, mais leur langage est d'une crudité jamais atteinte. 
Un album à réserver aux adultes. Par contre il convient autant aux garçons qu'aux filles. Les premiers baveront sur les audaces des copines de Bérénice (elle avoue dans la préface que rien n'est inventé, tout est véridique), les secondes y trouveront peut-être le courage de mettre en pratique des expériences que la morale réprouve mais qui s'avèrent très efficaces pour atteindre le 7e ciel. Et au final, le sexe s'avère beaucoup moins sale quand il est dessinée par Bérénice.

« Des yeux de bitch », Delcourt, 14,95 €


lundi 7 juillet 2014

BD - Au cœur du Krakatoa avec l'Agence Quanta


La déesse noire a laissé des traces dans de nombreuses civilisations très anciennes. Une femme qui a suffisamment marqué les esprits pour que des prêtres ou des artistes veuillent en garder une représentation gravée par la pierre. Le colonel Goldsmith, des services secrets américains, est à la recherche de la moindre information sur cette mystérieuse déesse. En fait il s'agit de Iona, jeune femme employée par l'Agence Quanta. Elle est passeuse. Un don (inexpliqué et qui donne tout son sel à l'intrigue au long cours de la série) lui permet de transporter les gens dans le temps.

 Quand Goldsmith est sur le point d'investir les locaux de l'Agence Quanta, Iona est en fâcheuse posture, incapable de rejoindre le présent alors que dans quelques minutes, dans son présent en 1883, le volcan Krakatoa va exploser semant mort et désolation à des dizaines de kilomètres à la ronde. Cette série sur les voyages temporels, imaginée et dessinée par Jean-Marc Krings, est assez futée. Notamment dans le choix du personnage principal, la belle Iona insensible au poids des ans.

« Agence Quanta » (tome 2), Vents d'Ouest, 11,50 €

dimanche 6 juillet 2014

BD - Flic à bout en plein burn out

Scénariste assez prolifique depuis quelques années, Antoine Ozanam semble avoir trouvé son style et sa voie. « Burn Out » séduit par son ambiance, son découpage, l'enchaînement des coups de théâtre et surtout une fin on ne peut plus politiquement incorrecte. Cela aurait pu faire une excellente Série noire publiée sous un pseudo américain, c'est au final une BD sombre et réussie, grâce aussi au dessin de Mikkel Sommer : juste ce qu'il faut de crade et faussement bâclé. Ethan Karoshi est le personnage principal de ce roman graphique de 100 pages. Flic dans une petite ville des USA, il est marié avec la fille du shérif. Mais comme c'est un amateur de polar, il a une maîtresse, une rousse volcanique qu'il voit chaque mardi et vendredi avant le boulot. Juste pour s'accorder avec le cliché du flic tombeur véhiculé par les polars. Sa vie se complique quand un matin il est appelé pour enquêter sur un meurtre. Une rousse retrouvée étranglée avec du fil à pêche. La pêche, seconde passion d'Ethan... Obligé de faire des recherches sur la mort de sa maîtresse, le flic n'est pas au bout des ses surprises. En fait, on meurt beaucoup dans son entourage... De quoi péter les plombs en beauté.
« Burn out », Casterman, 18 €

samedi 5 juillet 2014

BD - Machination dans l'univers d'Alter Ego


Troisième et dernier volet autonome de la saison 2 de la série Alter Ego. Comme pour la première saison, le principe est que chaque récit est indépendant des autres. Il y a un ordre de parution, mais les albums peuvent être lus dans le désordre. Rien ne vous empêche par exemple de lire d'abord « Gail », paru cette semaine, puis de vous plonger dans Teehu et Delia en librairie depuis le début d'année. Les trois histoires, trois récits, du point de vue de ces trois personnages importants, forment un puzzle. 
Vous pouvez alors tenter d'imaginer la conclusion concoctée par les scénaristes, Lapière et Renders et les dessinateurs Reynès et Beneteau. Vous pouvez aussi attendre octobre prochain et dévorer le quatrième et ultime tome. L'expérience est originale, un peu déstabilisante, mais idéale pour les lecteurs pressés. « Gail » raconte comment ce scientifique ambitieux et imbu de sa personne, est désigné pour trancher sur la valeur scientifique des Alter Egos. Il est sceptique, mais a peu la tête à sa mission, préférant se réserver du temps pour batifoler avec son assistante à Singapour loin de son épouse. Quelques péripéties plus tard, il pourrait bien changer d'avis.

« Alter Ego » (saison 2, tome 3), Dupuis, 12 €