lundi 9 juin 2014

BD - Gotlib, 80 ans “d’umour et bandessinées”


Créateur de Gai Luron, le chien marrant qui ne sourit jamais, de Superdupont, le héros franchouillard et de la revue Fluide Glacial, Marcel Gotlib, monument de la BD, expert en parodie fête ses 80 ans.


Alors qu’il va fêter ses 80 ans, le créateur de Gai Luron et Superdupont est à l’honneur dans une grande rétrospective au Musée d’art et d’histoire du Judaïsme à Paris (jusqu’au 27 juillet). On peut y admirer 150 planches originales jamais exposées, ainsi que des archives photographiques, écrites et audiovisuelles.
Gotlib a débuté dans les années 60 dans Vaillant et Pilote et a pris sa retraite il y a une quinzaine d’années. Dans ce laps de temps, infatigable créateur à l’imagination débridée, il a publié des milliers d’histoires comiques ou grinçantes. En fait, il a tout inventé. Le moindre rire intelligent qui retentit en France depuis un demi siècle est forcément un peu inspiré de son œuvre.
Gotlib est l’exemple parfait de l’évolution des mœurs du siècle dernier. De Gai Luron à Pervers Pépère il balaie toutes les formes d’humour, du plus classique au trash absolu. Notamment dans Fluide Glacial, le mensuel qu’il lance en 1976 avec Jacques Diamant. Un mensuel “d’umour et bandessinées” comme c’est toujours inscrit en couverture, 454 numéros plus tard.
L’exposition à Paris rend hommage à cet humoriste qui n’a pas oublié ses racines juives. Dès les années 60 il s’est mis en scène dans des BD, petit Juif caché dans une ferme. Son père est mort en déportation. Cette tragédie, comme beaucoup d’enfants survivant de la Shoah, il l’a transformée en force de vie. Gotlib sait rire de tout. Nous émouvoir aussi.

Exposition « Les mondes de Gotlib », Musée d'art et d'histoire du Judaïsme, Hôtel de Saint-Aignan au 71, rue du Temple à Paris. Du lundi au vendredi et le dimanche jusqu'au 27 juillet.



Une œuvre multiple et sans tabou

Entre Nanar et Jujube, ses premiers héros de papier et Pervers Pépère, l’exhibitionniste crasseux, il y a un monde complet d’écart. Pourtant ils sont issus du même foisonnement créatif, avec quelques décennies de différence il est vrai. Œuvre de jeunesse, Nanar et Jujube constitue les années d’apprentissage de Gotlib, jeune dessinateur qui doit beaucoup travailler pour vivre de sa passion. Dans Vaillant, il arrive à imposer le chien limite dépressif de ses héros qu’il met rapidement au placard.
Années Pilote
Gai Luron va commencer sa longue carrière. Au même moment, un nouveau journal fait beaucoup parler de lui. Pilote, avec Goscinny à sa tête, révolutionne la presse BD. 
Gotlib rêve d’être de la partie. Le scénariste d’Astérix, formidable découvreur de talent, est le premier à lui faire une totale confiance. « Il a été le premier qui m’a symboliquement pris par la main et m’a dit, “Vas-y, t’en es capable !”» explique, des années après, le dessinateur des Dingodossiers. Car pour ses débuts dans Pilote, Gotlib illustre des scénarios de Goscinny. Deux génies de la BD moderne, dans un exercice qu’ils adorent tous les deux : la parodie. Débordé par le succès d’Astérix, Goscinny n’arrive plus à suivre le rythme. Qu’importe, il donne carte blanche à Gotlib pour qu’il continue seul l’aventure. Ce sera la Rubrique-à-Brac, avec Newton, sa pomme et la coccinelle. Mai 68 passe par là. La BD pour enfants, même quand elle est très intelligente comme les séries vedettes de Pilote, semble un peu étriquée. De dessinateur, certains veulent devenir créateurs. Il abandonne le doux cocon de Pilote pour lancer avec Mandryka et Bretécher L’écho des Savanes. Un trimestriel où le seul mot d’ordre est totale liberté. Une sorte de galop d’essai avant la grande œuvre de Gotlib, la création de Fluide Glacial, le plus vieux magazine de BD toujours en activité.
Paradoxalement, c’est le moment où il se met à beaucoup moins produire. Des couvertures, quelques éditoriaux (dessinés puis simplement sous forme de textes), Gotlib ne manque pas d’inspiration mais préfère écrire pour les autres. Notamment Alexis, le complice des Cinémastock de Pilote qu’il embarque comme dessinateur dans l’aventure Superdupont. Un Alexis qui meurt prématurément, devenant, pour l’éternité “directeur de conscience “de la revue.
Génération Gotlib
Gotlib est cependant très présent dans la vie du magazine. Il prend en quelque sorte la place de Goscinny dans le rôle du découvreur de talent. Fluide Glacial, depuis bientôt 40 ans, c’est un esprit et un générique exceptionnel : Manu Larcenet, Binet, Riad Sattouf, Edika, Tronchet, Goossens, Gaudelette, Blutch... On peut parler de génération Gotlib, voire d’école.
À 80 ans, il se fait plus discret. Ces dernières années on l’a vu dans quelques films ou romans photos. Mais il ne crée plus. Ce n’est pas qu’il n’ait plus d’idées, au contraire il a l’esprit toujours vif. Simplement il profite de la vie, comme une enfance à rattraper.

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Des livres pour un anniversaire

Gotlib au musée, mais Gotlib aussi dans les librairies. Si l’auteur a pris sa retraite totale et sans condition depuis de nombreuses années, ses BD et écrits restent toujours disponibles. Chez Dargaud, retrouvez l’intégrale des Dingodossiers (scénarios de Goscinny), tout Cinémastock (dessin d’Alexis) et les fameuses Rubrique-à-bracs.

Marcel Gotlib s’est également essayé à l’autobiographie. Le livre intitulé en toute modestie “J’existe, je me suis rencontré” est paru en 1993 chez Flammarion. Un livre désopilant judicieusement réédité en cette année 2014 chez Dargaud. Gotlib raconte son enfance durant l’occupation. Petit Juif fuyant les nazis, il est caché chez des paysans. C’est dramatique et émouvant, mais il ne peut pas s’empêcher de transformer le tout en un témoignage où le pathos s’efface pour laisser place à l’humour. (Dargaud, 19,99 €)

Dans les kiosques, ne manquez pas le numéro spécial de Pilote et Fluide Glacial. Le défunt magazine qui “s’amuse à réfléchir “partage l’honneur de glorifier Gotlib avec le mensuel “d’umour et bandessinées”. Le premier a vu Gotlib débuter, le second a marqué son émancipation après une première tentative dans l’Écho des Savanes. Vous y trouverez une centaine de pages de la main du maître, de ses débuts avec Nanar et Jujube aux ultimes gags de l’horrible Hamster Jovial. En fil rouge, le récit complet “La Coulpe”, sorte de vade-mecum du créateur, seul face à ses doutes et sa feuille de papier blanche... (en kiosques, 7,90 €)


Dernière nouveauté à ne pas rater : le tome 7 des aventures de Superdupont. Le héros tricolore, béret sur la tête et baguette sous le bras, va s’attaquer à l’AntiFrance, ce monstre insidieux imaginé par Gotlib il y a des années et qui refait surface depuis quelques mois avec le fameux “french bashing” dénoncé par Montebourg à la mâchoire aussi carré que le héros dessiné par Solé. Dans cet album retrouvez des histoires courtes écrites avec la complicité de Lefred-Thouron mais également quelques gags dus au génie de Jacques Lob, le créateur avec Gotlib de notre super-héros national. (Fluide Glacial, 10,80 €),

dimanche 8 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Detroit détruit


La crise économique de ces dernières années aux USA a parfois la puissance d'un ouragan. La même force destructrice, mais au lieu de raser des quartiers en une journée, c'est un peu plus long.
Exemple avec la ville de Detroit, la mégalopole de l'automobile. Des milliers de familles, incapables de rembourser leurs prêts, sont mises à la porte de chez elles. Et souvent, les maisons saisies par les banques sont laissées à l'abandon. Un site internet a utilisé une nouvelle fonctionnalité de Google Street View pour mettre en relief cette profonde mutation du paysage urbain. La fonction « Time machine » permet de voir une rue à différentes époques. Les premiers passages des voitures Google datent de 2008. Les dernières de 2013.
En deux ou trois images on constate toute l'ampleur du phénomène. Première photo : rue d'un quartier résidentiel classique. Trois maisons sont alignées, pelouse tondue, haies taillées, peintures rutilantes. Deuxième cliché : une des maisons a brûlé, la seconde est envahie par les mauvaises herbes, portes et fenêtres défoncées. Troisième vue : il ne reste rien des deux premières maisons remplacées par des broussailles, la troisième est envahie par une montagne de détritus, fauteuils défoncés, matelas crasseux...

Et ne croyez pas que ce soit un cas particulier. Je vous invite à aller sur goobingdetroit.tumblr.com/, vous y trouverez des dizaines de montages photos ou vidéo du même genre. La nation la plus puissante du monde a beau montrer ses muscles et exhiber ses milliardaires, elle semble encore bien fragile socialement.

samedi 7 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Mal de cap final

Parfait. Le reste du séjour (voir l'Indépendant depuis lundi) dans cet hôtel de Catalogne Sud se déroule idéalement. Cerise sur le gâteau, les deux heures passées dans la salle de sport l'ont été en solitaire.
Cette tranquillité me donne enfin l'occasion de galoper sur un tapis de course. Jusqu'à ce jour, j'ai toujours évité cet instrument de torture de peur de chuter comme sur ces vidéos hilarantes vues sur internet. Finalement l'opération se révèle assez simple. Et par chance je ne suis pas tombé. Sinon j'aurais immédiatement exigé l'effacement de l'enregistrement car si la salle est vide, un objectif de caméra est braqué sur les tapis. J'ai pu aussi tester tous les appareils destinés à soulever des poids. Visiblement le précédent utilisateur s'appelle Musclor car la charge était toujours maximale. Tant et si bien qu'au début je crois à une défaillance mécanique. En fait il suffit de baisser le réglage. J'oublie le 15 (des tonnes?) et me contente d'un petit 5 (kilos sans doute!).
Croyant notre malédiction terminée, le dernier soir nous descendons au bar. Mon épouse pour écrire quelques cartes, moi pour consulter mes deux jours de mails grâce au wifi gratuit. Un moment d'inattention et nous replongeons dans l'horreur installés à côté de la tablée Monique, petit mari moustachu et consorts. L'apéro, très chargé, provoque une montée de décibels insupportable. Changement de place. Dans la précipitation je renverse mon cocktail. Au final nous remontons dans la chambre avec un « mal de cap » carabiné.
La prochaine fois ce n'est pas une chambre que je réserve, mais tout l'hôtel. Dès que j'ai empoché l'Euro Millions...  

BD - "Golden dogs", les voleurs trahis


Quatre voleurs. Quatre experts dans leur spécialisation. Orwood est le cerveau, Fanny la belle prostituée qui conquiert les cœurs et les secrets, Lario le castrat transformiste et Lucrèce, sa compagne. Seuls, ils sont vulnérables, unis, ils deviennent les irrésistibles « Golden dogs ». Dans le Londres de la fin du 19e siècle, ils sont sur le point de réaliser un énorme coup. Les trafics de drogues sont en plein essor. L'argent coule à flot et est très tentant. Mais impossible de dérober la recette. Donc les quatre s'attaquent à la matière première. Cela met en colère les malfrats et la police londonienne. 
Cette série écrite par Desberg (omniprésent en cette fin mai avec trois autres albums, deux IRS Team et Miss Octobre) et dessinée par Griffo, après les aventures en commun, s'intéresse aux différents membres du quatuor. Fanny est la vedette de ces 56 pages. Après la dissolution des Golden Dogs, elle parvient à fuir à Paris. Elle devient une célèbre courtisane. Retrouvée par la police britannique, elle se réfugie en Espagne et séduit un riche hidalgo. Ils s'installent au Mexique. Plus qu'une histoire d'amitié, c'est une véritable saga que les auteurs proposent aux lecteurs.

« Golden Dogs » (tome 2), Le Lombard, 14,45 €

vendredi 6 juin 2014

Cinéma - « Tristesse Club », le “Papaoutai“ de Vincent Mariettte


Prenez trois bons comédiens, une région pleine de beaux paysages, une maison ronde et abandonnée au bord d’un lac et quelques tordus de bon aloi. Rajoutez un père que l’on ne voit jamais. Liez le tout avec des dialogues percutants et... une Porsche et vous obtenez un bon petit film français, divertissant tout en étant intelligent. « Tristesse Club », premier film de Vincent Mariette, est la somme de tous ces ingrédients pour 1 h 30 de divertissement assuré.

Ce n’est pas un chef-d’œuvre, certes, mais l’ensemble fonctionne parfaitement. Premier à entrer en scène, Léon (Laurent Lafitte de la Comédie française), ancien champion de tennis, largué par sa femme et détesté par son fils de dix ans. Surtout quand il lui demande un chèque pour payer l’essence de sa Porsche. Second à l’écran, Bruno (Vincent Macaigne), frère de Léon, entrepreneur toujours puceau qui tente vainement de cacher sa calvitie naissante avec ses cheveux longs. Cela fait longtemps qu’ils ne se parlent plus. Pourtant ils vont se retrouver ensemble dans la région de leur enfance devant la porte du crématorium local pour les funérailles de leur père, Arthur. Et dans la salle d’attente, surprise, ils ne trouvent que Chloé (Ludivine Sagnier), troisième enfant d’Arthur, collectionneur de maîtresse et expert en lâche abandon de famille.

Le timide, la mystérieuse
Une fois ce trio composé, le film semble rouler tout seul. Deux trois rebondissements permettent à la famille tombée du ciel de se découvrir, s’aimer ou se détester. Vincent Macaigne, en timide maladif, incapable d’aller vers les autres, surtout les femmes dont il tombe régulièrement amoureux, joue sa partition sans fausse note. Elle n’est pas nouvelle, mais il est le meilleur dans ce personnage plein de tendresse. Le Bouvil du XXIe siècle. Laurent Lafitte est plus caricatural. Beau gosse, attiré par le moindre short moulant (féminin uniquement), il est resté un grand enfant pour qui la frime est un mode de vie. Enfin, Ludivine Sagnier tient le rôle le plus mystérieux. Cette demi-sœur, tombée on ne sait d’où, intrigue. Séduit aussi. Notamment Bruno, qui en retrouverait presque le sourire, si ce n’était les circonstances.
Mais le véritable héros du film, que l’on ne voit jamais, c’est Arthur, le père cavaleur. En se confiant, les trois façonnent son portrait. Pas reluisant, mais attachant quand même.

jeudi 5 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Le coup de la serviette

Les apparences sont trompeuses. Nous en avons fait les frais, mon épouse et moi, au second jour de notre escapade dans ce même hôtel quatre étoiles de la Costa Brava dont je vous parle depuis lundi. Principal motif de notre choix : la possibilité de profiter d'un sauna. Rien de tel pour éliminer toxines et fatigue récurrente qu'un séjour de 15 minutes dans une pièce à 70 °C. On en sort totalement détendu, comme débarrassé du stress accumulé depuis des mois.
Celui de l'hôtel est installé à côté des vestiaires de la piscine couverte. Mon épouse sort la première. Pose sa serviette sur un banc et s'apprête à entrer dans la douche. Arrive un jeune couple avec une fillette de moins de deux ans. Indécrottable, ma femme fait une risette à l'enfant qui lui retourne le sourire. La maman aussi. Je vois la scène de loin, derrière le brouillard formé par ma transpiration aussi intense qu'un arrosage automatique...
Ma femme sort de la douche... Sa superbe serviette Speedo bleue posée sur le banc a disparu. Pour moi, seule explication possible : le couple l'a emportée par inadvertance. "Impossible, réplique mon épouse. Je l'ai mise au bout du banc quand ils sont entrés, très loin de leurs affaires". Et elle pénètre d'un pas décidé dans l'enceinte de la piscine couverte.
Craignant le pire, je jette un œil persuadé de voir le bassin se remplir de sang (faut pas trop énerver ma femme...). Ouf, elle a récupéré sa serviette, effectivement bien planquée, et pas par inadvertance, vu la culpabilité affichée sur le visage de la maman kleptomane. Voler les serviettes de l'hôtel, je veux bien, mais pas touche à celles des clients !
À suivre.

Cinéma - "Edge of Tomorrow" ou la guerre infinie dans une boucle temporelle

Tom Cruise, pris dans une boucle temporelle, met des mois pour gagner une guerre contre des envahisseurs extraterrestres. Scènes spectaculaires en 3D assurées.


Cela commence un peu comme « Starship Troopers », la suite ressemble au « Jour de la Marmotte » : « Edge of Tomorrow » de Doug Liman va cependant beaucoup plus loin dans le scénario de science-fiction futé et bourré de trouvailles.
Adaptée d’un roman japonais, cette superproduction américaine a pour cadre une Europe envahie par des hordes d’extraterrestres sanguinaires. Comme durant la Seconde guerre mondiale, la France est occupée. Les USA sont préservés et utilisent la Grande-Bretagne comme tête de pont d’un gigantesque débarquement. Après de sérieux revers, les Humains peuvent reprendre le dessus grâce à des armures décuplant leurs forces. Le commandant William Cage (Tom Cruise), ancien publicitaire, est chargé de susciter des vocations. Il passe en boucle à la télévision pour galvaniser le peuple. Il prend pour exemple Rita Vrataski (Emily Blunt), surnommée “l’Ange de Verdun”. À la veille du débarquement, il est envoyé à Londres. Ses supérieurs veulent qu’il couvre l’attaque. Problème, Cage est lâche et veule. Il refuse, tente même de s’enfuir.

L’état-major n’apprécie guère. Il est dégradé et affecté à une unité qui sera en première ligne. Les 20 premières minutes du film montrent la préparation et le larguage sur la plage normande. Cage panique, passe à travers les balles et se retrouve nez à nez avec “l’Ange de Verdun”. En tentant de la protéger, il est tué par un Alpha, sorte d’officier alien. Trou noir. Et rebelote. Cage va revivre à l’infini cette journée. À chaque fois qu’il est tué, il revient au début. À force d’expérience, comme dans un jeu vidéo, il va aller de plus en plus loin et finalement comprendre qu’il a ainsi la possibilité de gagner la guerre à lui tout seul.
Amour éternel
Le film est trépidant. Pas un moment de répit. Tom Cruise a un rôle en or. De l’arrogant communicant au héros incompris, il déballe toute la palette de son talent. Si le people fait souvent l’unanimité contre lui, il n’en demeure pas moins que c’est un des meilleurs comédiens, et ce depuis des années.


Il apprend à se battre, tue à tire-larigot, meurt plus que de raison et n’abandonne jamais l’espoir. D’autant qu’il met dans la confidence la rugueuse Rita et en plus de sauver le monde, fait tout pour la maintenir en vie. Car l’amour, dans son cas, devient réellement éternel, même s’il ne dure à chaque fois qu’une petite journée. Seul bémol parfois la grosse artillerie des effets spéciaux occupe un peu trop l’écran (encore plus en 3D), Mais pour une bonne partie du public de ce genre de film, c’est obligatoire. Plus que les paradoxes temporels et parallèles avec l’Histoire mondiale...
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Ô temps, reprend ton vol

“Edge of Tomorrow” est plus un film de science-fiction que d’action. En imaginant la possibilité de revivre à l’infini une même journée, tout en se souvenant des précédentes, les scénaristes démontrent que la meilleure façon de gagner une bataille c’est d’anticiper. À son dixième débarquement, Cage parvient, presque les yeux fermés, à éviter des dizaines d’attaques. Un éloge appuyé à l’apprentissage, le savoir...
Le thème du paradoxe temporel est très présent dans la littérature de science-fiction. Philip K. Dick en est le maître absolu. Mais dans le genre, le film de Doug Liman a des airs de ressemblance avecLa Brèche" de Christophe Lambert (l’écrivain, pas l’acteur). Dans un futur proche, une société de télévision envoie deux reporters dans le passé pour filmer le débarquement du 6 juin 1944. Passé et futur se mélangent, avec des interactions de plus en plus fortes. Comme dans le film, mais en sens inverse... (Fleuve Noir et Pocket)

mercredi 4 juin 2014

DE CHOSES ET D'AUTRES - Bouffer à volonté

Notre séjour, mon épouse et moi, dans cet hôtel quatre étoiles de la Costa Brava (voir chroniques de lundi et mardi) prend enfin la tournure calme et farniente tant espérée. Après un cocktail siroté au bar de la piscine, retour à la chambre pour une mini sieste.
Trois heures plus tard, panique à bord. On descend en vitesse au restaurant en espérant qu'ils servent encore. Heureusement, nous sommes en Espagne. Même si la clientèle est composée à 90 % d'étrangers, les horaires restent très larges.
Nous préférons la véranda pour bénéficier du soleil couchant et allons à tour de rôle détailler le buffet. Très varié. Et très copieux. La pire des choses pour mon régime (obligatoire dans mon cas) et celui de mon épouse (totalement superflu, mais elle sait se sacrifier pour m'encourager). Plein de bonnes résolutions, je me compose une assiette de hors-d'œuvre à base de tomates, salades et concombres frais. Je mâchouille sans conviction mes crudités quand ma chérie revient avec des petits pâtés chauds, des toasts garnis et des friands à la viande "à partager", me dit-elle. J'avoue, je n'avais pas repéré cet étal, sinon ma volonté aurait fondu comme glace au soleil.
Chaque déplacement vers le buffet, à l'intérieur, nous provoque les mêmes sensations. Le bonheur d'un silence feutré en opposition au vacarme de la véranda. La structure n'est pas en cause, mais une tablée de huit personnes et quasiment du double de bouteilles de vin vides. Je reconnais Monique, ses amis et d'autres clients, d'humeur plus enjouée qu'à l'accueil tout à l'heure. Leurs rires résonnent tant et plus. Pour le dîner en amoureux, on repassera...
À suivre...

DVD - Baston à foison dans « Homefront »

Jason Statham, ancien flic et père protecteur.

Depuis son rôle dans la trilogie du « Transporteur », Jason Statham a acquis la stature de vedette de film de baston. Costaud cet Anglais à la gueule de baroudeur. Et raide. Il le prouve à maintes reprises dans « Homefront », film de Gary Fleder sur un scénario de Sylvester Stallone basé sur un roman de Chuck Logan. Phil Broker, flic infiltré, participe à la chute d’un gros bonnet de la drogue. Mais au cours de l’interpellation, il provoque la mort du fils de ce dernier. Mis au vert, il va s’installer, anonyme, dans une petite ville de Louisiane, avec Maddy sa fille de dix ans (Izabela Vidovic). Il retape une vieille maison en bois, tentant de faire oublier la mort récente de sa mère à la gamine.
Le sud des États-Unis, d’après le film, est peuplé de ploucs peu accueillants. Quand Maddy flanque une dérouillée à un gamin qui lui a volé sa casquette, Broker est convoqué à l’école et sermonné par la psychologue (Rachelle LeFevre). Mais la mère du petit voleur, à la rancune tenace, va demander à son frère Gator (James Franco) de dire ses quatre vérités à ce malotru. Et c’est reparti pour quelques scènes de combat, rapides et brèves. Broker, sous des dehors de papa poule, est un redoutable combattant.

Les amateurs de balayette, uppercuts et autres kick-low seront aux anges. D’autant qu’avec la vidéo, ils peuvent se passer au ralenti des combinaisons, qui en réalité ne dépassent que rarement les trois secondes. Le DVD offre quelques curiosités dont une fin “rallongée” digne d’un roman Harlequin et quelques scènes coupées. Souvent des dialogues entre le père et sa fille, en voiture. On ne sait pas si elles ont été écartées en raison de leur manque d’action ou en raison du fait que la jeune débutante semble meilleure actrice que Jason Statham.

Wild Side, 19,99 euros



DE CHOSES ET D'AUTRES - Activités recto verso

Toujours en train de patienter dans le hall de cet hôtel de la Costa Brava (chronique d'hier), mon épouse et moi devons attendre que Monique en ait fini avec Svetlana, la réceptionniste. "J'ai pas eu cette feuille, moi !" réclame-t-elle. La jeune slave lui tend immédiatement un exemplaire des activités comprises dans le séjour. Du sauna au minigolf à la salle de sport. La cliente y jette un œil rapide et repart à l'attaque. "Et je n'ai pas eu le plan de l'hôtel non plus... »
Là, on sent la réceptionniste atteindre des limites dans sa zénitude quand elle répond, fixant Monique dans les yeux : "Retournez la feuille madame." KO debout, Monique ne sait pas quoi répliquer et abandonne enfin ce comptoir. 

Ma femme, toujours compatissante envers les gens dont les emplois requièrent une patience à toute épreuve pour avaler les couleuvres, tend la réservation et nos pièces d'identité avec un grand sourire. Cela prendra trois minutes pour récupérer les cartes magnétiques.
Laps de temps durant lequel j'observe, au guichet d'à-côté, un autre psychodrame se nouer. Le couple ami arrivé en même temps que Monique et son petit mari moustachu, sans doute vexé de ne pas avoir obtenu le repas gratuit, faire le forcing pour obtenir une place dans le parking de l'hôtel. A l'œil bien sûr.
Je ne connaîtrai pas le fin mot de l'histoire. Je suis simplement étonné, en repassant devant la réception trente minutes plus tard, de ne pas les retrouver en train de négocier un avantage supplémentaire au guichet. En chœur, nous pensons "Bon débarras... » Mais c'est oublier qu'un hôtel, même quatre étoiles, c'est petit. Très petit.
À suivre...