mardi 19 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Dernière pirouette

Ils nous auront fait rire jusqu'au bout ces footballeurs français. Passons sur les déclarations guerrières de Giroud "prêt à mourir sur le terrain" (on n'en demande pas tant, trois buts suffisent...) et intéressons-nous à un canular devenu information. Un site parodique de France Football, FootballFrance.fr, annonce que la chaîne de la TNT, D8, se positionne sur les rangs pour acquérir les droits de diffusion télé des matches de l'équipe de France. Et pour rendre le programme plus attractif, Cyril Hanouna serait aux commentaires. Après le match, Enora Malagré animera un talkshow intitulé "Touche pas à mon équipe de France"...
Faut-il que les Bleus aient perdu de leur crédit pour que Le Figaro reprenne au comptant cette fausse information. Il est vrai que parfois, plus c'est énorme, plus ça marche. Mais là, quand même... Et devinez qui a dévoilé le pot aux roses ? Le blog de Jean-Marc Morandini. Non pas que l'animateur radio s'intéresse au foot, mais dès que le nom de Cyril Hanouna apparaît quelque part, il lance ses "limiers" pour tenter de trouver le petit détail qui pourrait desservir l'animateur vedette de D8 et ennemi numéro 1 de Morandini.
En fait FootballFrance.fr aurait dû taper encore plus fort. Hanouna titularisé à la pointe de l'attaque et Morandini à la place de Deschamps. Au moins le Figaro ne se serait pas fait piéger. Et on aurait eu une petite chance de se qualifier...

lundi 18 novembre 2013

BD - Niklos Koda bascule du côté noir


Cinq ans que le magicien Niklos Koda avait disparu du rayon nouveautés BD. Son dessinateur, Olivier Grenson a mené quelques projets différents, dont « La douceur de l'enfer » en solitaire. Il retrouve là son scénariste attitré, Jean Dufaux, pour la première partie d'un nouveau cycle. Le héros, de magicien blanc, est passé (en partie seulement), du côté obscur de la magie. 
Pour sauver sa femme et sa fille, Séleni, il a invoqué l'esprit maléfique niché au sein du 6e livre, le Spiborg, la spirale Borgès. Depuis il glisse vers les ténèbres. Pour mettre fin à ce mouvement, Niklos doit retrouver le livre et le détruire. Il se rend à Shanghai et participe à la vente aux enchères de ce livre très convoité. Niklos y retrouve quelques uns de ses adversaires, anciens nazis et autres mafieux comme l'ennemi implacable Hali Mirvic. La confrontation est violente et sans pitié. 
Olivier Grenson, après ce long intermède, revient avec un dessin encore plus précis et délicat. Le tout mis en couleur par Bekaert qui signe pour la première fois de son véritable nom.

« Niklos Koda » (tome 11), Le Lombard, 12 €



dimanche 17 novembre 2013

Livre - Amours et contrariétés chez Philippe Djian et Gaëlle Héaulme


Histoire d'amour presque classique pour Philippe Djian, somme de contrariétés pour Gaëlle Héaulme : la vie n'est jamais simple dans les romans français...


Le style de Philippe Djian, simple et évident, cache l'essentiel de sa démarche : montrer toute la complexité de l'être humain. Mission réussie avec « Love song », roman d'amour contrarié. Le texte se lit avec une facilité déconcertante. Pourtant, à l'opposé, les agissements des divers personnages sont complexes, tortueux... Daniel est une star. De ces chanteurs de variétés, limite rockstar, vendant de millions de disques et enchaînant tournée sur tournée. Les feux de la rampes, il connaît. Depuis longtemps. Un peu trop longtemps. A 50 ans passés, il se doute que le succès ne peut qu'aller en décroissant. Les crises, financières et de l'industrie du disque, sont passées par là. Mais cela ne lui coupe pas l'inspiration. Au contraire, il puise des idées dans cette existence cruelle et difficile. Ses chansons sont tristes. La dernière encore plus que les autres. Il y parle de Rachel, sa compagne, partie il y a huit mois avec un de ses guitaristes. Son manager Walter (par ailleurs frère de Rachel) adore ce nouveau titre, mais nuance immédiatement « on ne pourra pas faire un album entier avec des trucs qui donnent envie de se foutre en l'air. » « Ils nous ont à l'œil, Daniel. Tu le sais. Ils vont nous serrer la ceinture. » Daniel répond sèchement « Qu'ils aillent au diable. » Le chanteur a d'autres problèmes, plus terre à terre comme gérer le retour de Rachel au domicile conjugal (mais enceinte...) et convaincre Amanda, prostituée de luxe, sexagénaire ancienne musicienne, d'entrer en cure de désintoxication.
Le lecteur se met dans les pas de Daniel, heureux du retour de Rachel, même si elle refuse qu'il la touche. La bascule du roman se fait, dans un premier temps (il y aura d'autres rebondissements), quand le musicien, père de l'enfant de Rachel, vient à la villa. Il arrive en pleine livraison d'un piano. L'instrument de musique, comme mu par la volonté de Daniel, se décroche et fracasse la tête du rival.
Accident. Scandale... Il en faut cependant plus pour déstabiliser la bête de scène harcelée par les paparazzis qu'est Daniel. Il fait le dos rond et parvient même, quelques mois plus tard, à de nouveau posséder Rachel. Mais Philippe Djian a d'autres cartes maîtresses dans sa manche. Le lecteur sera bluffé, comme toujours avec ce romancier hors du commun.

Nouvelles méchantes

Écrire simple, Gaëlle Héaulme aussi sait faire. Pourtant il s'agit de sa première publication. Un recueil de nouvelles, des textes courts, intenses et radicaux. Comme cette femme qui depuis des années ne supporte plus les manies de son mari. Un jour elle craque et lui sort la liste de tout ce qu'il fait de travers ou n'a pas fait, tout court. Il ne comprend pas. Jusqu'à l'arrivée inopinée d'une bûche. Alors, enfin, « Je déjeune toute seule dehors en écoutant les oiseaux ». Les femmes sont omniprésentes dans les nouvelles et les hommes souvent dépassés. Un père divorcé a sa fille pour le week-end. Une épreuve pour lui qu'il fait passer à grand renfort d'alcool fort. Aussi, quand la gamine tombe d'un arbre et se blesse, il est loin, très loin, perdu dans ses regrets et pensées négatives. Il est aussi question de cancer, de violence, de doutes et de maladie. La vie est remplie de ces « petits contretemps » qui parfois nous conduisent direct au cimetière. Gaëlle Héaulme les affronte dans ces nouvelles désenchantées.

« Love song », Philippe Djian, Gallimard, 18,90 €

« Les petits contretemps », Gaëlle Héaulme, Buchet Chastel, 15 €


samedi 16 novembre 2013

BD - Buck Danny au Basran


Nouvel envol pour Buck Danny. Le pilote de chasse américain, après des années passées sous la plume de Hubinon et Bergèse, change de mains. Fred Zumbiehl se charge du scénario, Francis Winis du dessin. Le premier est un ancien pilote de l'aéronavale française alors que le second était ingénieur dans l'aérospatiale et instructeur d'astronautes à la NASA. Bref des professionnels de la profession pour qui la post-combustion ou les balises IR n'ont aucun secret. Cela donne un album assez technique, certainement irréprochable côté réalisme, mais un peu figé côté humains. 
« Cobra Noir » est le nom de l'opération secrète de Buck et ses amis (Tumbler, sérieux et fiable, Sonny, éternel coureur de jupons et quota humoristique de la série). Ils doivent découvrir si l'armée du Basran (pays imaginaire mais qui ressemble à 100 % à l'Iran) peut empêcher des frappes aériennes contre ses installations nucléaires secrètes. Pour être totalement incognito, les pilotes américains vont mener leurs mission aux commande de Sukhoï russes. Plaisant, pas trop manichéen, cet album est de plus en plein dans l'actualité.

« Buck Danny » (tome 43), Dupuis, 12 €

NET ET SANS BAVURE - Les coulisses de l'info

L'essentiel des informations des pages Actu et Société de l'Indépendant provient de l'AFP, l'Agence France Presse. Travail ingrat que celui de journaliste d'agence. Souvent le premier sur place, mais jamais cité. C'est peut-être pour réparer cette injustice que le blog "Making-of" est disponible sur le net.
Sous-titré "Les coulisses de l'info", il permet aux reporters de l'AFP de retrouver cette part d'humanité qu'ils doivent mettre de côté dans leur travail. Car dans une dépêche il faut des faits, juste des faits étayés de sources solides. Oublier le pathos, même si on est entouré de cadavres.
Dans la section "Témoignages", ils sont nombreux à raconter comment ils ont failli perdre la vie au travail. Sammy Ketz est le directeur du bureau de l'AFP à Beyrouth. En septembre dernier, il part avec photographe et cameraman pour Maaloula, ville syrienne où rebelles et armée régulière s'affrontent. Alors qu'il traverse une rue, il est pris pour cible par des tireurs isolés. "Je me jette au sol et me dissimule derrière le muret du terre-plein central. Dès que je bouge, je vois la poussière causée par les balles qui frappent le muret, à quelques centimètres de moi." Sammy Ketz croit mourir dans cette rue déserte de la "cité de la culture et de l'histoire". Il en réchappera et raconte comment sur le blog.
Un récit à la première personne comme celui d'Amy Coopes au cœur d'un incendie en Australie ou celui de Patrick Fort sur la chasse aux pillards à Bangui. Des compléments édifiants à des dépêches factuelles et dénuées d'émotion.

Chronique "Net et sans bavure" parue ce samedi en dernière page de l'Indépendant

vendredi 15 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Buzz sans frontière

BuzzFeed
, site lancé en 2006 aux États-Unis, se décline désormais en français. Faut-il vraiment se féliciter de cette adaptation sachant que le site se définit comme "le réseau des gens qui s'ennuient au bureau" ?
Sur BuzzFeed vous ne trouverez que des articles constitués à 95 % de photos agrémentées de légendes décalées. Chaque entrée est une liste du genre "Les 20 moments les plus gênants de la vie en couple" (magnifique ode à la scatologie) ou "Les 22 pires façons d'être sexy", summum dans la vulgarité.
Le site s'enorgueillit de 80 millions de visiteurs par mois dans le monde. En lançant cette version francophone, nul doute que l'audience augmentera de manière significative ; quantité de gens, semble-t-il, trouvent leur boulot assommant dans notre belle société évoluée... 
Transposition à moindre frais puisque la version française est mise au point par une équipe constituée d'une seule et unique personne. Basée à New York en plus.
L'essentiel du site n'est qu'une traduction de la version anglaise. Et là aussi pour des clopinettes puisque BuzzFeed a passé un accord avec Duolingo, une plateforme d'enseignement de langues étrangères. Les traductions sont réalisées par des étudiants dans le cadre d'exercices.
Enfin ne manquez pas "Les 23 photos qui prouvent que notre société va à sa perte". Vous y verrez des gens fascinés par leur smartphone alors qu'ils conduisent, dansent, regardent la télé ou mangent. Mais là BuzzFeed se mord la queue : 50 % de son audience passe par lesdits smartphones...

jeudi 14 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Bisous bisous pour la Journée de la gentillesse

Hier, c'était la journée mondiale de la gentillesse. Je ne sais pas qui dans les instances supérieures de l'Humanité décide des thèmes de ces journées mondiales, mais ça ne pouvait pas mieux tomber. Un sourire, quelques bisous, un mot aimable... des gestes et des attentions devenus aussi rares qu'un abattement fiscal ou une fin de mois sans découvert bancaire. Oui, soyons gentils. Une journée. Enfin, essayons...
Franchement, croyez-vous que Christiane Taubira, pourtant brocardée sur son supposé laxisme, ait envie d'être gentille après la Une de Minute et les tombereaux d'insultes racistes qu'elle reçoit au quotidien ? Comment rester zen au dixième coup de téléphone d'un démarcheur téléphonique désireux de placer des panneaux photovoltaïques sur votre toit ? Les artisans, nouveaux 'sacrifiés' sur l'autel du dieu "Taxagogo" peuvent-ils encore sourire à la fin d'une journée de travail ? Et leurs clients, ont-ils la moindre envie de trépigner de joie en recevant la facture ?
La journée mondiale de la gentillesse ressemble à une vaste escroquerie en ces temps aigris. Même sur les réseaux sociaux les gens n'y croient plus. Les quelques photos de chatons ou de maximes complètement neuneu (une spécialité de Facebook) ne font pas le poids.
En fait, pour recevoir un peu de gentillesse, rien ne vaut la méthode forte préconisée par @Inzecity sur Twitter : "Celui qui ne sera pas gentil aujourd'hui se prendra une grosse mandale ! #JourneeDeLaGentillesse".



D'autres chroniques sur le blog lelitoulalu

mercredi 13 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Serge, Mambo, Laïka... les animaux font aussi la Une de l'actualité

Une grosse épidémie de unes animalières frappe la presse quotidienne ces derniers jours. Grâce à internet, on peut profiter le jour même des premières pages de quasiment tous les journaux régionaux. L'affaire commence avec un "bête" fait-divers à Bordeaux. La virée arrosée dans le tramway d'une bande de joyeux drilles avec un lama. Comme en plus l'animal se prénomme Serge, il devient une véritable star. Sur le net essentiellement. La fréquentation du site internet de Sud-Ouest, le journal local, a littéralement explosé en quelques jours.
À côté du champion toutes catégories, d'autres bestioles tentent de se faire une place sur le front de l'information. L'Union de Reims ouvre sa Une avec "Un petit lézard paralyse le chantier", alors que le Berry Républicain s'intéresse aux "Périples à dos d'ânes". A l'Indépendant nous ne sommes pas en reste. Pour preuve la rencontre entre Alain Delon et Mambo, le chien martyr.
Pondre des lignes et des lignes sur les animaux n'est pas nouveau. Reprenons la presse du 4 novembre 1957. Que trouve-t-on en première page ? Le nom d'une petite chienne russe, star éphémère des étoiles. Laïka, premier être vivant à rejoindre l'espace, est morte 7 heures après le lancement de Spoutnik 2. Entre célébrer l'exploit de l'industrie spatiale soviétique et avoir un pincement au cœur en imaginant la fin atroce du petit animal de compagnie, le choix est vite fait. Mambo, au moins s'en est tiré. Quant à Serge le lama, pas évident qu'il comprenne ce qui lui arrive...

Chronique "Net et sans bavure" parue ce mercredi en dernière page de l'Indépendant.

mardi 12 novembre 2013

NET ET SANS BAVURE - Prude pomme qui censure les BD trop chaudes...

Les grands groupes américains de l'internet sont prudes. Facebook désactive votre compte à la vue du moindre téton, même s'il est tiré d'une œuvre d'art connue et reconnue.
Apple n'est pas en reste sur sa plateforme de vente en ligne. Iznéo, leader de la commercialisation des BD franco-belges sur le marché numérique, pense faire le bon choix en signant un contrat avec Apple. Mais les Américains trouvent quantité de planches un peu trop explicites. Aux USA, la barrière entre érotisme et pornographie est vite franchie. Résultat, Iznéo doit retirer pas moins de 1 500 BD sur les 4 000 titres du catalogue. Avec quelques best-sellers incontournables et parfaitement tout public comme XIII, Largo Winch et même Blake et Mortimer... La pomme sur les iPad ressemble de plus en plus à celle du Paradis, croquée par une Eve responsable de tous les malheurs de l'Humanité.
Ces problèmes de censure sont peut-être la raison cachée de la sortie le 15 novembre prochain de deux versions différentes du tome 9 de la série "Murena" chez Dargaud. L'édition de base, tirée à 100 000 exemplaires, est expurgée d'une scène torride entre un homme et deux femmes. Deux planches que l'on retrouve dans la version "complète", imprimée elle à 7 000 exemplaires sous une autre couverture. Cette modification (pour ne pas parler de censure) en accord avec les auteurs Jean Dufaux et Philippe Delaby, permettra de commercialiser la BD chez Apple. Quant à la version "hot", nul doute qu'elle deviendra rapidement un collector très recherché par les passionnés.

Chronique "net et sans bavure" parue ce mardi en dernière page de l'Indépendant.


lundi 11 novembre 2013

BD - Titeuf a 20 ans...

« 20 ans... et toujours à l'école ! » Triste sort pour les héros de bande dessinée souvent condamnés à ne jamais grandir. De Tintin à Spirou en passant par Boule et Bill ou Astérix, ils ne prennent pas une ride en plusieurs décennies d'aventures et de gags. Titeuf rejoint cette cohorte de malheureux, figés dans une époque, un âge, qu'ils voudraient tant quitter. 
En 1993, Zep, dessinateur Suisse « survivant en illustrant la rubrique économique d'un hebdomadaire » se lance dans un 261e projet de BD. La mise en images de ses souvenirs d'enfance. Des gags publiés dans un fanzine et repérés par les éditions Glénat. Dix années plus tard Titeuf domine le marché. 
Aujourd'hui il a 20 ans et Zep raconte cette incroyable success story dans un luxueux album collector. Reprise des meilleurs gags, chronologie originale, bons mots du créateur : ces 100 pages sont une excellente mise en bouche pour ceux (mais cela existe-t-il encore) qui auraient raté le phénomène Titeuf. Et comme le tirage de cet album anniversaire est limité, c'est aussi un excellent placement financier...

« Titeuf » (hors série), Glénat, 18 €