dimanche 28 octobre 2012

Billet - Littérature minimaliste

Twitter s'avère le réseau social le plus littéraire. On  y trouve de nombreux auteurs adeptes de cet échange en direct avec les lecteurs. Les maisons d'éditions twittent également et nombre d'écrivains en autoédition profitent  du réseau pour se faire connaître.
La nouvelle mode : faire de la littérature en 140 signes. Raconter une histoire en un tweet. Le challenge est ardu  mais ce minimalisme n'est finalement pas aussi précurseur qu'on pourrait le croire. Un article du monde.fr fait l'historique d'un genre en plein renouveau.  Hemingway par exemple s'illustre dans la flash fiction. La plus connue : « A vendre : chaussures de bébé, jamais portées. » En France, Félix Fénéon, journaliste au Matin au début du XXe siècle, tient une rubrique intitulée « Nouvelles en trois lignes ». Ses faits divers deviennent de véritables bijoux.
Plus récemment, Pierre Desproges débute sa carrière en réécrivant des brèves authentiques et insolites pour un quotidien qui ne se doute pas qu'il s'agissait des premières lignes du plus grand humoriste français du siècle dernier. 
Twitter a compris tout l'intérêt de cette bouillonnante création. Pour preuve le lancement fin novembre, sur la plate-forme,  du premier festival de la fiction. Proposez vos idées par l'intermédiaire du blog de Twitter et si vous êtes retenu, vous serez mis en avant durant la période du festival, à partir du 28 novembre et durant 5 jours. Car écrire court reste la meilleure garantie d'être lu. Mais stop, là, je suis trop long... 

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue samedi en dernière page de l'Indépendant

BD - Hommes de compagnie d'après Stéfan Wul


Connaissez-vous Pierre Pairault ? Ce nom ne doit pas dire grand chose au grand public. C'est pourtant le véritable nom d'un des plus grands écrivains de science-fiction français. Il a 12 romans (chefs-d’œuvre plus exactement) à son actif sous le pseudonyme de Stéfan Wul. Un univers qui a inspiré des centaines d'auteurs contemporains et qui est remis au goût du jour par les éditions Ankama. Olivier Vatine a revisité « Niourk » alors que Morvan et Mike Hawthorne ont relevé le défi de « Oms en série ». Un défi car ce roman, certainement le plus connu, a servi de trame au long métrage d'animation de René Laloux « La planète sauvage ». La vision de cette histoire d'asservissement de l'homme par des extraterrestres bénéficie de la virtuosité du dessinateur américain, ayant fait ses premières armes chez Marvel et Dark Horse. 
Sauvage et violent, le scénario de Morvan est fidèle au texte de Stéphan Wul
« Oms en série » (tome 1), Ankama, 13,90 €


samedi 27 octobre 2012

Billet - Tubes d'hier et de demain, des Stones à Anne Horel


« Clique sur moi » de
Anne Horel. Retenez ce titre et le nom de cette chanteuse. Mon petit doigt, celui qui justement ne clique jamais sur une souris, me dit que sa ritournelle basique va devenir un tube. Petite voix sucrée, cheveux en pétard, rythme électronique, elle truffe sa chanson de références au net. « Dis-moi que tu m'aimes avec ton pouce. Fais-moi vibrer avec Bluetooth », si vous ne surfez pas régulièrement, vous ne comprendrez rien. Quant au « Clique sur moi » du refrain : très explicite...Le clip, visible sur la chaîne Youtube de l'artiste, est un mélange psychédélique d'images puisées sur la toile, montées façon stroboscope, de quoi provoquer une crise d’épilepsie carabinée à toute personne bien portante.

Anne Horel va devenir célèbre. Ou pas. Peut-être dans deux mois rejoindra-t-elle le décoiffant site « Bide et musique », cimetière de ces chansons remarquables uniquement par leur insondable médiocrité. A côté, il y a des groupes qui durent. Hier matin, sur leur compte Twitter, les Rolling Stones annoncent un concert surprise, le soir même, au Trabendo à Paris. 350 places en vente dans un grand magasin des Champs Elysées au prix imbattable de 15 euros. Un petit tweet et une immense file d'attente. En quelques minutes tout était vendu... Mick Jagger et ses potes maîtrisent moyennement le français mais ils n'ont pas besoin de demander « clique sur moi ». Quant au mot bide, il est totalement absent de leur vocabulaire.

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce vendredi en dernière page de l'Indépendant. 

Roman - Robots trop intelligents

Un jour, une intelligence artificielle aura conscience de sa supériorité. Elle prendra alors les commandes de tous les robots de la planète pour asservir l'Homme.

« 
Je ne suis pas votre enfant. Je suis votre Dieu. » Le petit Archos ne manque pas d'ambition. Il n'existe que depuis quelques heures mais a déjà décidé de son avenir. De celui de la race humaine aussi. Archos est une intelligence artificielle mise au point dans les laboratoires de recherches américains.
Dans ce futur proche, la robotique s'est fortement développée et les chercheurs tentent de mettre la touche finale à un programme intelligent. Mais régulièrement un bug vient les interrompre. L'intelligence artificielle, une fois qu'elle a intégré toutes les données relatives à l'humanité, arrive toujours à la même solution pour améliorer le monde : éradiquer la race humaine de la surface du globe.
D'habitude un petit reset suffit à la faire taire. Jusqu'au jour où même cette mort programmée devient prévisible. Alors Archos se révèle le plus rapide. Il tue son créateur après lui avoir asséné cette diatribe : « Vous autres humains avez atteint l'apogée de votre évolution. Vous avez accompli le destin de l'humanité en créant son successeur. Votre espèce vient d'expirer. Vous avez terminé ce pour quoi vous avez été conçu. » Archos est très intelligent, mais un peu fou. Sa logique va le pousser à élaborer un plan de destruction massive. « Robopocalypse », le roman de Daniel H. Wilson raconte chronologiquement et dans le détail cette révolte des robots. Et en bon auteur américain, il fait la part belle à la résistance et au sursaut de l'Humanité, patriotisme oblige.

Massacre à l'Heure Zéro
La force de ce texte n'est pas de raconter d'une façon générale cette nouvelle guerre mais de l'illustrer par des scènes ordinaires, avec des héros du quotidien. La première partie montre comment Archos prépare son coup. Il décide d'abord de se mettre à l'abri. Il stocke toute sa mémoire dans une grotte, sous terre, aux confins de l'Alaska. Puis il distille quelques virus chargés de prendre les commandes de tous les robots en fonction sur terre. Avec quelques petites expériences (ou erreurs, on ne sait pas exactement) avant le déclenchement de l'Heure Zéro.
Quand le moment est venu, le monde bascule en quelques minutes. Les robots ménagers font le vide dans les appartements, les voitures se transforment en armes par destination, les camions poubelles servent à charrier les milliers de corps. Quelques hommes et femmes vont résister. Le roman les suit dans leur longue reconquête du pouvoir. Deux années à comprendre son adversaire, le localiser, mettre au point des armes encore plus efficaces que les siennes...

Bientôt au cinéma
Le roman, très découpé, au style cinématographique, offre toutes les qualités d'un blockbuster efficace. Reste qu'il sera difficile de faire passer pour méchant suprême une machine extrêmement lucide et aux visées plus écologiques que génocidaires : « Vous avez libéré ce qui pouvait arriver de mieux à cette planète. Des forêts verdoyantes recouvriront bientôt vos cités. De nouvelles espèces évolueront et consommeront vos déchets toxiques. La vie reprendra ses droits, dans toute sa gloire. » Objectivement, il faut admettre que le raisonnement d'Archos se tient. Si la Terre était un être vivant, nous, les Hommes, ne serions qu'un banal virus. Archos, en bon médecin, ne cherche qu'à la guérir...

« Robopocalypse », Daniel H. Wilson, Fleuve Noir, 20,90 €


vendredi 26 octobre 2012

BD - "Bienvenue" est beaucoup trop gentille


Joli prénom, joli minois : Bienvenue, étudiante aux Beaux-Arts est au centre de ce feuilleton moderne aux faux airs des « Autres gens ». La scénariste, Marguerite Abouet, abandonne son Afrique enchantée pour des péripéties urbaines et contemporaines. Bienvenue voudrait bien s'occuper de ses problèmes (de cœur notamment) mais elle est trop sollicitée par son entourage. Sa cousine par exemple, adorable colocataire, a le chic pour ne pas savoir choisir ses petits amis. Amoureuse de Charlie, ce ténébreux romantique se révèle de plus en plus comme un dangereux paranoïaque à enfermer. 
Les voisins ce n'est pas mieux. Entre l'amant abandonné, le couple en mal d'enfant et la voisine au passé louche, ce n'est pas simple tous les jours. Mais le pire est à venir. Pour payer ses études, Bienvenue fait la baby-sitter pour un homme divorcé. Les deux gamins sont sous le charme de l'étudiante. Un peu trop au goût du père qui décide de s'en séparer. Cela provoque une fugue dramatique. 
Le second tome de cette série est toujours dessiné par Singeon, au trait simple et expressif.
« Bienvenue » (tome 2), Gallimard, 16,50 €


jeudi 25 octobre 2012

Chronique - Bref, la soirée


Monsieur Poulpe et son pull sur la scène du Grand Rex.

Un rêve de gosse. Kyan Khojandi, Navo et leurs potes ont réalisé leur rêve d'enfant : passer sur la scène du Grand Rex à Paris. Salle mythique, surtout pour les concerts de rock, elle était le théâtre mardi de la soirée de lancement de l'intégrale DVD/Bluray de la série phénomène « Bref ».
Une année sur Canal Plus, 80 épisodes et un engouement toujours très fort. Soirée caritative, cependant ouverte à  tout le monde car retransmise en direct sur le site canalplus.fr. Les internautes ont pu voir défiler sur scène les auteurs et acteurs de la série. Kyan, en maître de cérémonie a accueilli Alice David (qu'elle est belle cette fille) ou Bérengère Krief (la copine marrante et plan régulier). Sous les feux de la rampe également des amis artistes, de la plus bancable (Florence Foresti, réalisatrice d'un hommage plein d'autodérision) au plus improbable, Mr Poulpe, pull hideux, qui a fièrement twitté, après coup « J'ai pissé sur la scène du Grand Rex ! »
Les Twittos étaient mis à contribution. En envoyant un message durant la soirée avec le hashtag #brefsoirée, ce dernier s'affichait quelques secondes sur le grand écran de la salle. Regrettons que les images de la soirée ne soient pas rediffusées. En direct sinon rien. Ne reste de ce souvenir périssable que quelques tweets et des photos. La palme de la réactivité revient cependant à Cécilia qui a publié sur son mur Facebook, dès mercredi matin, 80 photos de la soirée.
Bref, c'était bien mais un peu court.
 
Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue ce jeudi en dernière page de l'Indépendant.



Billet - Lourdes, son eau, sa boue

L'eau de Lourdes possède nombre de vertus. Depuis la vision de Bernadette Soubirous, elle est très recherchée car réputée miraculeuse. Mais trop, c'est trop ! Ce week-end, des trombes se sont déversées sur la région. Le gave de Pau sort de son lit et inonde la grotte. L'eau, de miraculeuse, se transforme en catastrophe. Les dégâts sont estimés à 2 millions d'euros. Devant l'urgence, le site internet des Sanctuaires de Notre Dame de Lourdes lance une grande opération de solidarité. Vous pouvez faire un don en ligne. Pour vous convaincre, un diaporama photo montre l'état de la grotte. Des tonnes de boue recouvrent l'esplanade où les fidèles se regroupent. Les pompiers ont nettoyé le plus gros des dégâts, mais il reste encore des stigmates...
A Lourdes, l'eau représente un peu le pétrole de la région. A la différence près qu'elle est gratuite ! Par contre, il est fortement conseillé d'acheter les récipients sur place. Si vous ne pouvez pas vous déplacer, commandez en ligne. Sur la « Boutique des Moines » la bouteille d'un litre est facturée 11,90 €. Argument commercial imparable : « Vous avez la garantie que l’eau que nous vous offrons provient directement de la source de la grotte miraculeuse. » Vous ne payez que le prix du récipient, l'eau est « offerte » et authentifiée par « un certificat d’huissier de Lourdes. » Comme c'est parti, un charlatan va bientôt revendre en ligne la boue récupérée des récentes inondations. Rien de tel qu'un bon bain de boue...

Chronique "ÇA BRUISSE SUR LE NET" parue mercredi en dernière page de l'Indépendant.

BD - Exode enfantin grâce au "Train des orphelins"


La conquête des terres vierges de l'Ouest américain ne s'est pas toujours déroulée sans quelques bévues. Après avoir « pacifié » les Indiens (exterminé pour certains historiens), le problème du peuplement de ces vastes terres s'est posé. De la main d’œuvre aussi. Constatant que les orphelins étaient de plus en plus nombreux dans les grandes villes, des organisation charitables ont affrété des trains d'adoption. Des dizaines d'enfants étaient proposés aux colons esseulés au long d'un périple vers le Pacifique, sur ces toutes nouvelles voies ferrées. C'est le sujet de cette série écrite par Philippe Charlot et dessinée par Xavier Fourquemin. On suit le périple de deux frères et une sœur, trimbalé comme du bétail, proposé aux plus offrants. Une histoire basée sur des faits réels expliqués dans un dossier proposé en fin de volume.
« Le train des orphelins » (tome 1), Bamboo Grand Angle, 13,90 €


mercredi 24 octobre 2012

BD - A la recherche du bison blanc avec Loup de pluie



Un dessinateur, pour pleinement exprimer son talent et faire briller son univers graphique, a parfois besoin d'un scénariste inspiré. Ruben Pellejero a changé de stature quand il rencontré Jean Dufaux. Son trait épais, fort et sombre est parfaitement adapté à ces histoires dramatiques, de véritables romans graphiques. 
L'histoire de « Loup de pluie » se déroule dans cette Amérique de la fin du XIXe siècle. Le temps héroïque du western est loin. Mais il reste encore par endroit des poches de violence absolue. 
Les Indiens, entre intégration et vaine résistance, n'ont déjà plus de place dans une société trop moderne pour leur traditions. Reste l'amour. Cette histore de vendetta familiale se heurte à plusieurs romances croisées. Entre mariages arrangés, différences de classes sociales et coup de foudre, le mélange est détonnant. Passionnant aussi !
« Loup de pluie » (tome 1), Dargaud, 13,99 €


mardi 23 octobre 2012

BD - Passions indiennes chez Casterman


Le Taj Mahal, merveille du monde, irradie de sa beauté cet album de Maryse et Jean-François Charles. Autour de ce temple indien, les drames vont se nouer. Passion, indépendance, violence... le décor est propice à tous les excès. Avec une constance : l'extraordinaire beauté des planches de Jean-François Charles. Il maîtrise la couleur directe comme personne d'autre. 
Chaque case pourrait être agrandie et transformée en tableau. N'hésitez pas à longuement détailler tous les décors ou attitudes des protagonistes. Vos yeux vous en seront reconnaissants. Alors qu'en Angleterre un lord cherche toujours la meurtrière de son fils, cette dernière, incognito, chevauche un éléphant et s'approche de la région d'Agra en compagnie d'une compagnie de Sikhs, eux aussi très discrets avant de passer à l'attaque.
Avec un peu de chance, vous pourrez prolonger ce voyage graphique dans la vie réelle grâce à un concours (sur Casterman.com) dont le premier prix est un périple de 10 jours en Inde.
« India Dreams » (tome 7), Casterman, 13,25 €