mardi 20 octobre 2009

BD - Surprenante planète Altaïr-3 des "Terres lointaines" de Léo et Icar


De plus en plus passionnante l'exploration de la planète Altaïr-3. Il est vrai que cette civilisation extraterrestre est tout droit sortie de l'imagination de Léo, le créateur des mondes d'Aldebarran. Cette fois il se contente du scénario laissant le dessin à Icar. Ce dessinateur français a donc la lourde charge de donner une image à ces bêtes fabuleuses, ailées, massives, dentées, agressives et toujours surprenantes. 

C'est le principal intérêt de cette série dont les héros n'ont pas encore réussi à s'imposer. Il est vrai qu'en étant humains ils paraissent parfois très fades. Seul le stepanerk, sorte de crevette géante aux incroyables pouvoirs de persuasion sort du lot dans la petite équipe chargée d'explorer une planète encore sauvage. On suit dans un premier temps la découverte de ruines puis le travail de Paul Clauden chargé de cueillir les perles de vie. 

Un voyage merveilleux s'offre à tous ceux qui acceptent de s'immerger dans l'univers de Léo. Ils sont de plus en plus nombreux car force est de reconnaître que notre monde, quasiment privé de territoires vierges, ne nous fait plus rêver...

« Terres lointaines » (tome 2), Dargaud, 10,40 €  

lundi 19 octobre 2009

"La promesse du feu", thriller brûlant sur les hauteurs de l'Hérault

Dans la garrigue sèche héraultaise, les flammes dévorent tout sur leur passage. Pompiers et incendiaires s'affrontent dans la « Promesse du feu ».


A proximité du Lac du Salagou, sur les hauteurs du département de l'Hérault, le premier feu de la saison met pompiers et pilotes de Canadair en alerte. Cet incendie, qui rapidement prend de l'importance, a débuté par l'accident puis la combustion d'un 4X4. A son bord Baptiste Legendre, garde forestier. Dès les premières pages de ce thriller français signé Mikaël Ollivier, seul le lecteur sait que Legendre, mort dans sa voiture, a en fait été assassiné. Drogué, attaché à son volant, il a assisté à sa propre mort, dévoré par les flammes issues de l'essence de ses tronçonneuses renversée dans sa voiture par son meurtrier.

Un foyer qui va vite s'étendre aux alentours. Entre alors en action Târiq Amraoui, ancien de l'armée de l'air, reconverti dans la sécurité civile, pilote de Canadair 38. Ce fils d'immigré, issu des cités de la région parisienne, a découvert l'aviation en scrutant les gros porteurs rasant le toit de son immeuble. Il a beaucoup travaillé pour accéder à son rêve. Pour lui et sa mère, morte alors qu'il venait de réussir son bac avec mention.

Fascination du feu

Après des années à piloter des Mirage, il a refusé la reconversion lucrative de l'aviation d'affaires pour continuer le combat, dans le civil, contre le feu cette fois. Dans la fournaise, se trouve également Tiffany Roche, ancienne petite amie de Legendre, photographe. Armée de ses deux appareils, un Leica argentique et un Nikon numérique, elle veut capter la violence du feu au plus près. Au risque d'y laisser sa chevelure rousse.

Ces cinquante première pages permettent à l'auteur de décrire avec un étonnante précision la fascination de la photographe pour cet incendie de forêt progressant à la vitesse d'un cheval au galop : « La forêt se tordait, impuissante, soumise à la langue fauve de l'incendie qui s'immisçait au creux des racines et s'étirait jusqu'à lécher la cime des arbres qu'elle nettoyait comme des os. L'air crépitait, claquait, craquait, gémissait sous l'avancée du sinistre aux ronflements de forge. » Vu du ciel, du cockpit de Târiq, le spectacle aussi vaut le détour : « La fournaise était en vue. La limite mouvante de l'incendie mangeait la cime des arbres, des flammes gigantesques jaillissaient et disparaissaient au gré des bourrasques de vent. »

Jeune gendarme persévérant

Une fois l'incendie éteint, les avions rentrés à la base et Tiffany à l'abri, place à l'enquête. Elle sera menée par Damien Le Guen, gendarme scientifique, exactement technicien d'identification criminelle. Il fera les premières constatations sur le cadavre calciné de Legendre. L'hypothèse de l'accident semble la plus plausible. Mais c'est la première enquête en solo de Le Guen et il va explorer toutes les pistes. Celle de la petite amie, des pompiers présents sur l'incendie, à terre et dans le ciel. Aidé de sa mère, retraitée passionnée par les romans policiers, il va tenter de découvrir la vérité.

On croit alors entrer dans un roman policier plus classique mais Mikaël Ollivier va prendre ses lecteurs à revers, laissant passer du temps et orientant son texte vers un récit plus psychologique. On découvrira ainsi les névroses de Tiffany, la solitude de Damien et l'esprit de revanche de Târiq. Un trio au centre du roman qui reprendra son cours plus tragique l'été suivant pour un nouvel incendie, le dernier d'une longue série.

« La promesse du feu », Mikaël Ollivier, Albin Michel, 19,90 € 

dimanche 18 octobre 2009

BD - "Boulevard des crimes", sixième titre des aventures de l'Agence Hardy


Paris 1959. La Ve république est encore balbutiante et déjà, dans l'ombre, des factieux tentent de renverser celui qui a voulu cette grande réforme des institutions françaises : le général de Gaulle. Edith Hardy, détective privée mais également républicaine, va aider les services secrets français pour faire capoter ce projet d'attentat. 
Mais ce n'est qu'une des multiples intrigues proposées dans le 6e tome des aventures de l'Agence Hardy, imaginées par Pierre Christin et dessinées par Annie Goetzinger. Si la patronne s'occupe des hautes sphères, Victor, son jeune assistant enquête dans le milieu du spectacle. Par deux fois, un acteur est abattu sur scène au final d'une pièce de l'auteur Jehan Lanouilh. 
Victor va donc prendre le rôle du jeune premier et flirter avec la vedette, Thelma, au grand désespoir de sa fiancée, Rosa, journaliste à Combat. 
Cette série, débutée comme une simple suite d'intrigues parisiennes, se transforme au fil des albums en une reconstitution brillante et criante de vérité de la France du milieu du XXe siècle, avec personnages attachants, ressort comique ou tragique en fonction des événements.

« Agence Hardy » (tome 6), Dargaud, 10,40 € 

samedi 17 octobre 2009

BD - Bienvenue à Sable Noir, deux fois...


"Vampyres Sable Noir" est un vaste projet autour de l'univers des vampires à travers trois modes d'expression : la littérature, le cinéma et la bande dessinée. A la base, six écrivains ont fourni des nouvelles à partir du pitch suivant : « Dans le village de Sable Noir, la malédiction s'abat le 3 novembre... » Ensuite, des cinéastes s'emparent de ces écrits pour les adapter à l'écran pour la chaîne Ciné Cinéma Frisson. Tr

oisième étage de la fusée, cette année, des duos scénaristes-dessinateurs proposent leur propre vision. Cela donne deux gros albums contenant chacun trois récits de 25 pages. Et pas mal de surprises car les talents sont au rendez-vous : des textes originaux de Thierry Jonquet, Ann Scott, Brigitte Aubert ou Pierre Pelot, des adaptations d'Alcante, Krassinsky, Filippi ou Ricard sans oublier les dessinateurs (par ordre d'entrée en scène), Laumond, Redolfi, Lieber, Matteo, March et Durand.

Du contemporain à l'ancien, du romantique au gothique, vous aurez du vampire à toutes les sauces. Avec cependant une constante : la couleur rouge du principal ingrédient.

« Vampyres » (tomes 1 & 2), Dupuis, 16 € 

vendredi 16 octobre 2009

BD - Hervé Bourhis, écolo à vélo


Et si la crise écologique qui nous pend au bout du nez était plus proche qu'on ne le croit ? Les pessimistes parlent d'une dizaine d'années, les optimiste un bon siècle. Et si c'était l'année prochaine ? C'est le postulat de départ de cette BD de Hervé Bourhis. 

Le héros, dessinateur de BD insouciant travaillant sans grand entrain à un projet ésotérique, met de longues semaines à prendre conscience de la réalité, notamment quand son éditeur lui avoue que la boite a fermé, que plus personne n'achète de BD, objet superflu par excellence. Sont beaucoup plus prisés les légumes frais, le kilo de tomates affichant un incroyable 50 euros... Passé le choc, le narrateur trouve une solution en devenant vélotaxi (il n'y a plus d'essence). 

Cela fait de belles fesses, de beaux mollets et un peu d'argent. Mais le must ce serait de faire son potager sur la terrasse. Reste à apprendre à faire pousser légumes et fruits.

 Demander à son père serait la meilleure solution. Encore faut-il se réconcilier avec lui et franchir les 400 kilomètres qui séparent Bordeaux de Tours. Une BD visionnaire, entre noir pessimisme et vert optimisme...

« La main verte », Futuropolis, 15 € 

jeudi 15 octobre 2009

Roman - La fête des juges dans "Parquet flottant" de Samuel Corto

Portrait au vitriol d'une partie de la magistrature, ce « Parquet flottant » basé sur une expérience réelle est édifiant et un peu inquiétant.


Qui ne craint pas la justice ? Et notamment le parquet, ces juges qui accusent, demandent réparation. Samuel Corto (il s'agit d'un pseudonyme) a décidé de transformer son expérience de substitut du procureur en un roman acidulé. L'homme, qui se revendique aujourd'hui écrivain à temps complet, a débuté de l'autre côté des prétoires. Avocat, il a perdu de ses convictions au fil des années et des affaires. Il tente une reconversion dans le camp de l'adversaire : juge au parquet.

Le roman débute donc par l'arrivée d'Etienne Lanos, en plein été, dans ce petit tribunal de province. La justice, il connaît. Le parquet, il découvre. Et de détailler par le menu ce petit monde, imbu de sa personne, fonctionnaire jusqu'au bout des ongles, respectueux de la hiérarchie et prêt à tout pour plaire à son chef. Le roi, c'est le président. Vient ensuite le procureur. Etienne a le défaut de ne pas jouer le jeu. N'étant pas passé par le moule de l'Ecole nationale de la Magistrature, il ne pense pas comme ses collègues. Ou du moins, lui, il pense, comprend ce qu'il fait, quelles sont les conséquences de ses décisions.

Il explique ainsi que toute ouverture de dossier doit déboucher sur, au minimum, une mise en examen. La garde à vue, cela fait mieux dans le dossier pour l'avancement. Mais attention, le pire c'est la relaxe au moment du procès. Mais il y a peu de risque : même si leur fonction est tout autre, les juges du siège rendant les décisions sont souvent amis et solidaires de ceux rattachés au Parquet. Magouille ? Non, simplement de la bonne intelligence entre amis et connaissances. Une connivence visible dès le cérémonial. « Précédés d'une sonnette d'un autre temps, nous étions entrés en rang d'oignons, solennellement et dans un ordre immuable, avant de nous installer derrière nos bureaux-bunkers, empêtrés dans nos panoplies de corbeau, l'air grave. Devant nos allures de comédiens professionnels, n'importe quel esprit raisonnable pourrait croire que ce protocole usé, nous ne ferions que le subir, comme un tribut dû à l'Histoire. Qu'il se détrompe immédiatement : rien n'est plus important que ces privilèges d'autorité visuelle. »

Un peu trop misogyne

Rapidement Etienne va se rebeller contre ce système qui écrase les justiciables. Il va notamment prendre en grippe une collègue femme. C'est aussi la partie la plus criticable du roman, une certaine forme de misogynie semblant justifier toutes ses positions. Valérie, qui « prenait régulièrement fait et cause pour les justiciables de ses dossiers », serait avant tout une féministe se vengeant des hommes. « Le massacre était en piste, ronronnant, légal, conforme à l'esprit du siècle : toutes les plaintes des femmes, même les moins étayées, les plus farfelues, aboutissaient directement devant le tribunal, avec la bénédiction bienveillante de la hiérarchie tout à ses statistiques ministérielles. » Certes la Justice s'est féminisée depuis quelques années. Mais force est de reconnaître qu'il faudra encore pas mal de siècles pour rattraper le déséquilibre qui a frappé le sexe dit faible. Il n'y a pas très longtemps, les femmes soupçonnées de sorcellerie étaient brûlées en place publique alors que les notables, violeurs de soubrettes, ou les prêtres, notoirement pédophiles, étaient donnés en exemple...

Reste que ce roman, si l'on met de côté ces attaques misogynes d'un autre âge, est une plongée dans un monde qui semble avoir oublié l'essentiel de son rôle : juger avec humanité.

« Parquet flottant », Samuel Corto, Denoël, 16 € 

mercredi 14 octobre 2009

BD - De Bois-Maury et la fureur cosaque


La saga des Tours de Bois-Maury achevée, Hermann semblait avoir définitivement détourné ses pinceaux du Moyen Age. Finalement c'est son fils, Yves H., scénariste, qui l'a poussé à prolonger la série en signant des histoires complètes ayant pour personnage central un descendant de la célèbre famille. 

L'occasion par ailleurs d'explorer des contrées et des périodes nouvelles de cette Europe remplie de bruit et de sang. Vassya, titre de ce 14e tome, est le nom d'un chef cosaque. Il s'est associé avec les Polonais pour chasser le tsar Boris Godounov et y placer Dimitri à sa place. 

De la grande histoire racontée à travers les amours d'un jeune hussard et d'une belle autochtone.

« Bois-Maury » (tome 14), Glénat, 9,40 € 

mardi 13 octobre 2009

BD - Cassio et les secrets romain


Cassio, série écrite par Desberg et dessinée par Reculé, se déroule entre l'empire romain une centaine d'années après Jésus Christ et l'Europe contemporaine. D'un côté Cassio, médecin aux pouvoirs paranormaux, est sur la piste d'une machination qui lui coûtera au final sa vie ; de l'autre la belle archéologue italienne Ornella Grazzi tente de découvrir comment Cassio, laissé pour mort, a réussi à se venger de ses quatre meurtriers.

 Dans ce troisième tome, l'action se déplace en Égypte. Cassio fait face à la belle Odisséa, ancienne prostituée devenue richissime en favorisant la haine des Égyptiens envers les Juifs, déjà... Entre polar et histoire des religions, une BD palpitante qui connaîtra son épilogue au prochain titre.

« Cassio » (tome 3), Le Lombard, 10,40 € 

lundi 12 octobre 2009

BD - Intrigues vénitiennes


Après quelques années d'absence, Pleyers revient à son héros emblématique : Jhen. Jacques Martin, le scénariste original a laissé la place à Hugues Payen. L'architecte, au service de Gilles de Rais, se rend en Italie pour récupérer un codex, recette d'alchimie qui donnerait la clé de la vie éternelle. Il se retrouvera dans une Venise puissante mais minée par les intrigues et les guerres larvées avec les cités voisines. 

Le dessinateur restitue les rues et canaux de la Sérénissisme dans des images d'une grande richesse. Le lecteur plonge également au cœur du carnaval, ses excès et libertinages de toutes sortes. Jhen, au passage, y trouvera une compagne de jeu experte en intrigue et manipulation.

« Jhen » (tome 11), Casterman, 10 €  

dimanche 11 octobre 2009

BD - Érotisme et vie de château


Eté 1936. Les congés payés, instaurés par le Front populaire, lancent des milliers d'ouvriers français sur les routes de l'Hexagone. Anatole et Simon, jeunes et fringants sur leurs bicyclettes, partent à la découverte. Surpris par la nuit, ils comptent demander le gite dans une grosse demeure perdue dans un parc. Ils sont accueillis par la maîtresse de maison qui est persuadée que ce sont les deux nouveaux domestiques envoyés par son époux, patron à Paris. 

Harassés, ils jouent le jeu et après une bonne nuit de repos, endossent leurs nouveaux uniformes. Ils vont alors découvrir les mœurs très libres régissant la maisonnée. Et se mettre au service, corps et âmes (surtout corps...), de la patronne, sa bonne et la fille de cette dernière. Simon, par ailleurs dessinateur amateur, va croquer ces dames dans leur plus simple appareil faisant encore progresser l'ambiance torride de cette BD grivoise. 

Grégory Mardon signe un récit complet léger et érotique, devenant même encore plus osé dans deux pages scellées pour qu'elles ne tombent pas sous les yeux de n'importe qui.

« Madame désire ? », Fluide Glacial, 14,95 € (réédité en 2023 chez Dynamite)