jeudi 25 octobre 2007

BD - Immortalité, cause et mode d'emploi


Episode très confiné pour le tome 11 des la série du Chant des Stryges intitulé "Cellules". Nivek est prisonnier d'un homme entièrement revêtu d'une combinaison. Ce dernier lui propose un marché : la vie de Debrah contre celle de Melinda. Debrah est la collègue de Nivek, Melinda sa petite amie. 

Une torture intellectuelle qui finalement poussera Nivek à accepter le marché. Sur ce cas de conscience et ce chantage, Corbeyran (scénario) et Guérineau (dessin) font avancer l'intrigue. On en sait un peu plus sur Weldman et son problème d'immortalité. Regrettons simplement l'absence des Stryges dans ces 48 pages.

Le chant des Stryges, Delcourt, 12,90 euros 

mercredi 24 octobre 2007

BD - "Le grand jeu" et son passé aléatoire et futuriste

Totalement déroutante cette nouvelle série issue de l'imagination féconde de Pécau et mise en images par Pilipovic, auteur serbe au trait réaliste sérieux mais manquant encore de personnalité. Il faut, pour bien comprendre cette histoire, savoir que si l'action se déroule en 1945, c'est dans une Europe totalement différente que celle que l'on connaît. En fait dans le passé imaginé par Pécau, Anglais et Français ont gagné la guerre en 1941. Depuis, il reste un régime nazi en Allemagne, mais assagi et surtout servant de barrage à l'avancée des Soviétiques. 

La ligne de front se situe dans la banlieue de Berlin et les nazis ont le soutien discret mais réel de tous les régimes capitalistes pour contrer les Rouges. Pourtant la menace de l'hégémonie allemande est toujours présente. Pour preuve cette base secrète au Groënland où s'est écrasé le dirigeable Charles-de-Gaulle et ses 250 passagers. 

Le journaliste français Nestor Serge va se rendre sur place avec l'expédition de secours, mais il est également chargé par l'armée française de recueillir le maximum d'informations sur la base secrète nazie. Un récit qui part un peu dans tous les sens, avec des loup-garous nazis, des SS tibétains invincibles et un super-héros fasciste : la Francisque. Et pourtant on est pris au jeu et on attend avec impatience les deux autres volumes de cette trilogie.

("Le grand jeu", Delcourt, 12,90 €) 

mardi 23 octobre 2007

BD - Les loosers du rock

Ils ont un peu la rock'n'roll attitude. Mais la loose prend souvent le pas sur leur enthousiasme. Les Blattes, trio composé d'un guitariste, d'un bassiste et d'un batteur, sont persuadés qu'un jour leur heure de gloire viendra. Qu'un jour ils seront riches et célèbres, adulés par des milliers de fans en délire. Un jour... 

En attendant ils tentent de survivre et, pourquoi pas, de faire un concert. Ils ont enfin une petite opportunité en croisant par hasard un de leur fan (le seul à priori...) qui leur propose de venir jouer au Zénith, comme ça, au débotté. Le Zénith se révélant être un bar PMU crasseux dans une banlieue sinistre, et que ce soir-là, le PSG joue et passe à la télé, le concert est très rapidement compromis. 

Seconde tentative avec la participation à un tremplin rock organisé dans une salle des fêtes. L'inscription de 30 euros dissuade notre groupe de fauchés radins, mais une âme charitable accepte de leur avancer la somme. Le résultat est catastrophique. 

Les Blattes n'ont décidément pas de chance et quand ils rencontrent un riche producteur prêt à investir sur leur talent, ils trouvent le moyen de contrarier sa famille. 

Un album désopilant, scénarisé par Mo CDM et dessiné par Gaël, jeune auteur originaire de Montpellier qui a visiblement été influencé par les premiers Lucien de Margerin.

("Les Blattes", Le Lombard, 9,80 €) 

lundi 22 octobre 2007

BD - Alex Alice réécrit l'histoire des Dieux

Alex Alice, dès sa première série, a connu le succès. « Le troisième testament », sur un scénario de Xavier Dorison, a marqué les esprits. Virtuosité des dessins, thriller ésotérique avant l'heure, les éditions originales des quatre volumes de la série s'arrachent à prix d'or dans le milieu des collectionneurs. 

La nouvelle série d'Alex Alice, en solo cette fois, semble être partie sur la même voie. Le dessinateur s'est inspiré de la légende des Nibelungs pour relater la vie de Siegfried, le héros de ce triptyque. Dans ce premier volume de 72 pages, c'est l'enfance et l'origine du héros qui sont racontées. 

Fils de la fille du dieu Odin et d'un simple mortel, il est recueilli, après la mort de ses parents, par Mime, un forgeron nibelung. Ils vivent au cœur d'une forêt impénétrable. Mime forge, Siegfried chasse et cours les bois en compagnie de ses amis les loups. Mais un jour un visiteur arrive jusqu'à la petite demeure et alors Siegfried va devoir affronter son passé, ses origines et son destin. Odin a besoin de lui pour affronter le dragon Fafnir régnant sur tout l'or du Rhin. 

Alex Alice, en plus des albums BD, travaille sur l'adaptation au cinéma de cette histoire. Pour les passionnés, un tirage spécial enrichi de croquis et peintures ainsi qu'un DVD de l'interview de l'auteur est disponible dans certaines librairies.

("Siegfried", Dargaud, 15 €, 29 € l'édition collector avec DVD) 

dimanche 21 octobre 2007

BD - Pirates indémodables

Les histoires de pirates semblent indémodables. Jimmy Jones, de Francesco Artibani (scénario) et Alessio Coppola (dessin) utilise tous les ressorts de ce genre. 

En ce jour de juillet 1723, l'animation est grande sur la place publique de Newport à Rhode Island. L'armée anglaise va procéder à la pendaison de 26 pirates récemment capturés. Malheureusement, leur chef, le capitaine Low, n'est pas dans le lot. Au milieu du public se trouvent Jimmy et sa mère. Son beau-père, Baker, commande l'exécution. Jimmy est à l'âge de la rébellion. Il rejette Baker et encore plus quand ce dernier décide qu'il sera mousse sur un navire de sa majesté. L'adolescent refuse violemment, la tension est à son comble. 

C'est ce moment que choisit un mystérieux personnage pour contacter Jimmy et lui expliquer qu'il vient d'hériter d'un trois mats et de son équipage. Jimmy, pour contrer son beau-père, décide de quitter le foyer et de profiter de cette occasion pour prendre le large. Aller loin, le plus loin possible. 

Cette série, débutant de façon très classique, bascule au fil des pages vers un univers plus fantastique et inquiétant. D'où vient exactement ce navire et surtout son équipage, étranges gueules cassées aux attitudes énigmatiques ? On est pris par le suspense ainsi que la beauté des dessins de Coppola rappelant parfois Gillon.

("Jimmy Jones", Les Humanoïdes Associés, 12,90 €) 

samedi 20 octobre 2007

BD - Petits tracas d'une adolescente

Les adolescentes d'aujourd'hui ont toutes les chances de se reconnaître dans cette bande dessinée. Le problème c'est que les adolescentes d'aujourd'hui lisent très peu de BD. Elles sont plus sur le net, à commenter les blogs de leurs semblables. C'est peut-être cette constatation qui a guidé le choix de la dessinatrice de cette série écrite par Lorris Murail. 

Laurel a débuté dans le dessin en publiant sur son blog, « Un crayon dans le cœur », des croquis puis des notes plus construites où elle racontait avec force de détail sa vie au quotidien. Sa famille, ses premiers petits boulots, sa fille, sa séparation d'avec le père de cette dernière, ses conquêtes... 

Un blog parfois très fleur bleue, mais affichant une fréquentation qui a fait bien des jaloux. Bref, Laurel a un public et nul doute qu'il achètera le second titre de sa série. Et il n'aura pas tort car le résultat est plus que potable. 

Carmilla, adolescente amoureuse d'un garçon un peu trop passionné de foot, tente de comprendre avec ses copines du Tagada's club ce qui pourrait rendre un peu moins ignare la moitié de l'humanité. C'est souvent bien vu, jamais méchant, peut-être un peu trop superficiel. Mais dans le genre, rien n'égalera le Bidouille et Violette de Bernard Hislaire.

("Le journal de Carmilla", Vents d'Ouest, 9,40 €) 

vendredi 19 octobre 2007

BD - Retour d'une fine gâchette

Il nous aurait presque manqué. Pourtant il est solitaire, froid, sans pitié et très professionnel. Le Tueur imaginé par Matz et Jacamon est de retour. Une éclipse au cours de laquelle il a troqué ses petites lunettes rondes d'intellectuel pour des solaires sportives à la mode. Quatre années au cours desquelles il a pris du recul. 

Il a suffisamment d'argent pour être à l'abri mais il s'ennuie dans le petit paradis tropical du Venezuela : « L'inactivité commençait à sérieusement me peser. J'avais besoin d'action. Et pour moi, cela signifiait faire ce que je savais faire. La seule chose que je savais faire... » Il accepte donc plusieurs contrats d'un même commanditaire. Un courtier en pétrole, le sous-directeur d'une banque.

 Du classique. Mais il a un doute quand il découvre l'identité de sa troisième victime : une religieuse très impliquée dans l'aide aux enfants des bidonvilles de Colombie. Pour la première fois il hésite à presser sur la gâchette. Un petit retard qui n'est pas du goût du commanditaire qui lui fait comprendre (avec force) qu'il n'a pas le choix. 

Retour gagnant pour ce héros hors normes. En cinq tomes il était devenu une référence du polar noir. Il revient un peu contre le gré des auteurs qui voulaient passer à autre chose. Le lecteur, lui, en redemande...

("Le tueur", Casterman, 9,80 €)

jeudi 18 octobre 2007

BD - Quand la réalité dépasse le gore...


Un scénariste, trois dessinateurs et surtout un personnage réel : Richard Trenton Chase surnommé par la police américaine du temps de ses exploits « le vampire de Sacramento ». Un album qui affiche clairement en quatrième de couverture un « Déconseillé aux moins de 16 ans » tout à fait justifié car les dessinateurs n'ont pas occulté les sévices infligés aux victimes. 

Le lecteur suit la traque du tueur par l'intermédiaire des déductions d'un profileur. On découvre grâce à de multiples retours en arrière l'adolescence de Chase, sa difficulté pour s'affirmer face à sa mère, sa découverte des drogues. Il semble en fait ne jamais être redescendu d'un long trip destructeur. 

L'album revient également sur les premiers délits de Chase. Bagarre dans une soirée, menaces sur des colocataires. Il a même été interné dans un hôpital psychiatrique. Ses parents l'en ont sorti. Il a alors commencé son délire sanglant. Il tuait des lapins et buvait leur sang. Puis un soir il est rentré dans une maison et a massacré une jeune femme. 

Scénario très documenté de Mosdi et dessins de Fino, Vitti et Kolle, se partageant les séquences de 5 à 7 pages. L'ensemble est très cohérent et fait froid dans le dos.

("Le vampire de Sacramento", Soleil, 12,90 €) 

mercredi 17 octobre 2007

BD - Inspecteur Saboum : du vieux Chakir


La collection Patrimoine BD exhume des œuvres qui parfois n'ont jamais eu la chance d'être publiées en album. C'est le cas de cette aventure de l'inspecteur Saboum de Jean Chakir, parue initialement dans l'hebdomadaire Bayard entre septembre 1959 et septembre 1960. Une page par semaine avec systématiquement un rebondissement dans la dernière image pour tenir en haleine les jeunes lecteurs de cette revue catholique. 

Saboum est un policier, toujours affublé de lunettes noires, intrépide et plein de bon sens. Il se rend dans le sud de la France pour tenter de découvrir l'identité d'un homme amnésique retrouvé grièvement blessé au fond d'un ravin. Saboum, à partir d'un tout petit indice va remonter la piste, d'un hôtel du Pays basque, au port de Bordeaux en passant par une ferme isolée au cœur de la forêt landaise. 

Courses poursuites (403 Peugeot contre Simca Aronde...), bagarres, abordage en mer, fusillades : cela bougeait beaucoup à l'époque dans les BD. Chakir n'avait pas encore trouvé son propre style (Tracassin dans Pilote quelques années plus tard) et faisait de la ligne claire un peu rigide. Presque une oeuvre de jeunesse en espérant que quelqu'un se penchera sur ses BD plus personnelles et parfois très étonnantes (L'Insulaire).

("L'inspecteur Saboum", Glénat, 20 €) 

mardi 16 octobre 2007

BD - Long poème dessiné sous forme de livre d'art


En quelques années, Arthur Rimbaud a révolutionné la poésie. En décidant d'arrêter d'écrire et d'aller vivre en Afrique, il a laissé toute une génération de poètes orphelins. Mais ils ont toujours espoir de retrouver des originaux de Rimbaud. Parmi eux Adrien, qui avec ses amis de la revue « Le décadent » écrit même des faux pour maintenir l'esprit de Rimbaud. Il va se lancer physiquement sur les traces du poète, à Charleville, puis à Aden en passant par Marseille. 

Cette quête s'achèvera sous le soleil aliénant de l’Érythrée. Elle est racontée par Christophe Dabitsch et mise en images (des aquarelles très lumineuses) par Benjamin Flao, virtuose du croquis sur le vif. Un long poème dessiné sous forme de livre d'art.

"La ligne de fuite", Futuropolis, 19 euros