mardi 21 décembre 2021

Beau livre - Luxe vigneron


Les amateurs de bon vin et d’architecture du Sud vont se délecter à feuilleter ce livre écrit par Laure Gasparotto sur des photos d’Aurelio Rodriguez. En 2000, Jean-Claude Mas a décidé de créer les Domaines Paul Mas. Des propriétés réparties dans ce Languedoc allant des Costières de Nîmes à Perpignan en passant Limoux, les Terrasses du Larzac et les Corbières. À travers ce livre, Jean-Claude Mas partage les passions qui l’animent au quotidien : les paysages à fort caractère ; des vins évidents, subtils ou complexes, issus de quarante-cinq cépages différents ; les plaisirs du goût au restaurant Côté Mas, établi avec une maison d’hôte à la cave de Montagnac, son fief ; le besoin des produits simples du potager, du verger, des ruches, de la mer, des causses et des prés, qu’il cuisine lui-même ; la science des belles mécaniques à réparer et à faire vrombir ; le sens des matières nobles, de l’art et de l’artisanat…

« Luxe rural en Languedoc », Glénat, 39 €

lundi 20 décembre 2021

Cinéma - “Chère Léa”, petit précis de fin d’histoire d’amour


Jonas (Grégory Montel) est amoureux fou de Léa (Anaïs  Demoustier). Une jeune artiste qu’il a quittée depuis un mois. Entrepreneur plongé dans les difficultés financières, il a presque quitté sa femme Harriet (Léa Drucker) pour Léa. Après une quasi nuit blanche, il décide de retourner chez Léa. Pour tenter de la récupérer. En vain. Alors, au lieu de retourner bosser, il s’installe dans le café au pied de l’immeuble de son ancienne maîtresse et décide de lui écrire une longue lettre d’explications. Il mettra une journée à la finaliser et à se rendre compte que finalement, cette belle histoire d’amour est effectivement terminée.  

Chère Léa, comédie de Jérôme Bonnell, est beaucoup plus sombre et réaliste que son dernier film A trois on y va, a parfois des airs de pièce de théâtre. Depuis le bar, Jonas surveille Léa et la faune locale qui fréquente le zinc. Le patron (Grégory Gadebois), intrigué par cet homme à l’air si fatigué et désespéré, va réussir à lire la lettre. Il va alors conseiller à Jonas de ne pas la donner à Léa. Parfaite ment maîtrisé, ce film semble couler de source. Tout s’en chaîne avec un brio porté par des comédiens investis, vrais,  authentiques. Une mention spéciale à Grégory Montel, passant par toutes les émotions dans une journée charnières de son existence.

Film français de  Jérôme Bonnell avec Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier 


Beau livre - Les lumières du Sud


Bien connu des lecteurs de l’Indépendant depuis des années, Christophe Levillain, en plus d’être un expert en randonnée dans l’Aude et les Pyrénées-Orientales (une excursion chaque semaine dans ces pages magazines), est un remarquable photographe. Après l’édition de plusieurs livres ces dernières années, il récidive avec ce « Llums, lumières du Pays Catalan ». Ce livre est le fruit d’un travail photographique mené au gré des saisons, des terroirs et du patrimoine de ce territoire d’Orient des Pyrénées, terre de soleil et de lumière balayée par la Tramontane. “Llums”, qui signifie lumières en catalan, célèbre la terre, l’air, la mer et le feu du Roussillon, au fil des quatre saisons. Ces pages sont le résultat de 30 ans de prospections, de découvertes et de rencontres sur les sentiers maritimes et montagnards.

« Llums, lumières du pays catalan », Christophe Levillain, 49 €

dimanche 19 décembre 2021

Cinéma - "Un héros" raconte l’Iran en pleine psychose

Pour sortir de prison, un homme va profiter de l’emballement des réseaux sociaux avant d’en être une nouvelle victime.


Si pour les Occidentaux l’Iran est un pays dominé par la religion et ses chefs, en réalité ce sont plutôt les réseaux sociaux qui dictent désormais la pensée du peuple. En racontant l’histoire simple et tragique de Rahim (Amir Jadidi), Asghar Farhadi, réalisateur iranien du film Un héros, ausculte la psychose de son pays, sa paranoïa omniprésente entretenue par un soupçon permanent. Ce film majeur, thriller psychologique angoissant, a remporté le Grand Prix au dernier festival de Cannes. Un héros est aussi l’histoire de la réhabilitation ratée d’un homme sans doute bon au fond de lui.

Le soupçon permanent

Rahim est en prison depuis quelques mois. Il a tenté de créer sa propre petite entreprise. Il a emprunté une grosse somme à un usurier. L’associé est parti avec l’argent. Le beau-père a remboursé, mais a dénoncé son gendre qui est en prison tant qu’il ne peut pas rembourser. Au cours d’une sortie, Rahim, toujours souriant, annonce qu’il va pouvoir rembourser sa dette. La nouvelle femme de sa vie a trouvé un sac à main dans un abribus. Dedans des pièces en or. Presque de quoi rembourser. Presque seulement. Le beau-père refuse cette avance.

Rahim, rongé par la culpabilité, décide alors de retrouver la propriétaire du sac et de lui rendre. La transaction se déroule par l’intermédiaire de la sœur du prisonnier. Mais quand les autorités pénitentiaires l’apprennent, Rahim, détenu honnête, est propulsé sur le devant de la scène.

Un mouvement de sympathie va dès lors naître dans cette ville de province par l’intermédiaire des réseaux sociaux pour obtenir la libération de ce "héros" du quotidien. Rahim, toujours souriant, va alors un peu trop embellir son histoire, mais toujours le sourire aux lèvres.

Pris au piège de sa propre histoire

Malheureusement pour lui, en Iran comme en Occident, les sceptiques sont aussi nombreux que les enthousiastes. Et qu’est ce qui prouve que cette histoire de sac rendu n’est pas une combine inventée pour être élargi ? La rumeur enfle, alimentée par le créancier et d’autres détenus. Et quand Rahim tente de retrouver la propriétaire du sac, il va se retrouver face à une impasse.

Ce film, implacable, montre toute la mécanique de la rumeur et de la médisance. Rahim, malgré sa bonté, son sourire et sa volonté de s’en sortir pour refaire sa vie et aider son fils handicapé, va se retrouver pris au piège de sa propre histoire.

Film iranien d’Asghar Farhadi avec Amir Jadidi, Mohsen Tanabandeh, Sahar Goldust

Beau livre - Auprès de nos arbres


Nature
. Majestueux, capable de s’adapter à tout type d’environnement, et parfois millénaire, l’arbre est depuis toujours au cœur des récits et des mythes, des contes et des légendes. Marqueur du temps qui passe, guérisseur et parfois source d’effroi, l’arbre fascine ou inquiète, mais ne nous laisse jamais indifférent.

Édith Montelle retrace l’histoire symbolique de l’arbre, compagnon des hommes et des femmes, depuis l’apprentissage de l’écriture jusqu’aux stratégies de protection mises en œuvre ces dernières années. Mêlant histoire, botanique, récits et beaux-arts, elle rend hommage aux relations que nous entretenons avec « nos » arbres.

« Auprès de nos arbres », Delachaux & Niestlé, 39,90 €

samedi 18 décembre 2021

Série Télé - Un tantinet lente cette « Roue du temps »

Dans la catégorie des séries télé qui ambitionnent de prendre la suite de Game of Thrones, La roue du temps, diffusée sur Amazon Prime, au rythme d’un épisode chaque vendredi, a des qualités mais manque un peu de vigueur pour rafler la mise. 

Cinq épisodes sur huit ont déjà été diffusés et l’ensemble n’est pas spécialement convaincant, pour l’instant. Adaptée des romans de fantasy signés Robert Jordan, cette Roue du Temps raconte comment une femme puissante, Moiraine (Rosamund Pike, photo) recherche celui qui sera le nouveau Dragon réincarné. Elle pense qu’il se trouve parmi quatre adolescents. Avant qu’ils ne soient massacrés par des créatures lancées à leurs trousses par le Ténébreux, elle les met à l’abri avec l’aide de son chevalier protecteur, Lan (Daniel Henney). 

Un premier épisode très mouvementé, bourré d’effets spéciaux, mais une suite assez lente, juste ponctuée de longues fuites dans les forêts, steppes et montagnes, de ce pays imaginaire, mais qui ressemble grandement à l’univers du Seigneur des anneaux. Il faut attendre le quatrième épisode pour que l’intrigue rebondisse un peu. Finalement, le dragon réincarné se trouverait ailleurs. Une production très internationale où on retrouve des comédiens de plusieurs nationalités (USA, Australie, Grande-Bretagne) dont l’Espagnol, Alvaro Morte, plus connu pour son interprétation du Professeur, le stratège de La Casa de Papel

Beau livre et BD - Gaulois insolites

Héros français par excellence, Astérix est sans doute le personnage de fiction originaire de l’Hexagone le plus connu au monde. Pourtant vous pourrez encore être surpris en feuilletant ce dictionnaire insolite élaboré par Philippe Durant. Savez-vous par exemple que les producteurs de dessin animé américains Hanna et Barbera ont failli sortir un Astérix. Un projet abandonné, au grand soulagement des auteurs tant le résultat, au niveau de l’intrigue, était affligeant. 

Autre anecdote, Alain Chabat, soucieux de véracité et de dérision, a placé dans les décors de son film Astérix et Cléopâtre, un panneau en hiéroglyphes qui dit « Celui qui lit ça est un égyptologue ».

« Dictionnaire insolite d’Astérix », Nouveau Monde éditions, 25,90 € 

vendredi 17 décembre 2021

Cinéma- "Les lois de la frontière" d'après Javier Cercas


Streaming
. Adapté du roman de Javier Cercas, Les lois de la frontière, paru chez Actes Sud, prix Méditerranée étranger en 2014, ce film de Daniel Monzón, diffusé sur Netflix, se déroule, à Gérone, à la fin des années 70

Un jeune fils de fonctionnaire, souffre-douleur de ses camarades, s’encanaille avec des petits voyous des quartiers populaires. Il va abandonner ses lunettes (il est surnommé méchamment le Binoclard) et se révéler plus téméraire et aventureux. 

Un joli film sur la découverte de soi, doublée d’une histoire d’amour très compliquée, voire impossible. Saluons, à ce sujet, l’interprétation de Begoña Vargas, seule fille de la bande.


BD - Eternel Métal Hurlant


La revue Métal Hurlant, après des décennies d’hibernation, est ressortie de son coffret de cryogénie. L’occasion pour Gilles Poussin et Christian Marmonnier de dépoussiérer et de ressortir le livre qu’ils ont consacré à la revue de BD et de SF. 

Une première partie raconte la naissance et l’essor de ce magazine unique créé par Moebius, Dionnet et Druillet. C’est l’histoire de la BD underground qui s’écrit sous vos yeux. 

Et en fin de volume, savourez un portfolio par année avec des dessins de Jano à Voss en passant par Chaland ou Montellier.

« Métal Hurlant, la machine à rêver », Denoël Graphic, 34,90 €

jeudi 16 décembre 2021

Série télé - Hellbound, l’autre cauchemar coréen


Attention, petit chef-d’œuvre d’une noirceur absolue. Hellbound est la nouvelle série coréenne qui fait sensation sur la plateforme de streaming Netflix. Après le choc Spide Game (série qui a battu des records d’audience, partout dans le monde, beaucoup plus subtile et politique que les raccourcis faits par des critiques abrutis sans doute fans en secret de Plus belle la vie et Joséphine Ange gardien), place aux enfers de Hellbound, série en six épisodes seulement, que l’on doit à Sang-Ho Yeon, révélé avec le film de zombies Dernier train pour Busan.

Dans un Séoul contemporain, des démons apparaissent dans les rues et se mettent à pourchasser un homme paniqué. Ils le frappent à mort, puis le carbonisent. La scène d’ouverture de Hellbound marque les esprits. Effets spéciaux impeccables, monstres réellement effrayants, tension maximale : impossible de faire plus virtuose. La suite sera du même acabit. Un policier est chargé de l’enquête. Un franc-tireur qui est sceptique sur cette histoire de démons venus de l’enfer pour punir des pécheurs. Quand une mère de famille est, elle aussi, désignée comme prochaine victime, elle demande la protection d’une avocate qui pense voir dans ces manifestations la main d’une religion émergente, la Nouvelle Vérité.

Durant les trois premiers épisodes, on est assailli de doutes sur ces démons. Réalité ou simple manipulation de religieux fanatiques ? La suite, sur les trois derniers épisodes, bouleverse toutes nos certitudes. Et les scènes d’action et de violence permettent, en réalité, de remettre en cause toutes nos certitudes, doutes ou croyances. Hellbound, en creux, est une sévère critique des sectes et autres religions. Et, dans le lot, on met également les télévisions qui cherchent, par tous les moyens, (en Corée encore plus qu’en France), à faire de l’audience. Ou, quand le fantastique et l’horreur servent, comme dans Spide Game, à dénoncer les dérives en cours de nos sociétés.