dimanche 17 décembre 2023

BD - Cherche Profs désespérément


Alors que le nouveau ministre de l’Éducation multiplie les interventions médiatiques pour redorer le blason du Mammouth (et préparer son avenir présidentiel…), la réalité de la vie des enseignants est beaucoup plus réaliste dans la série écrite par Erroc et Sti et dessinée par Léturgie. Réaliste et surtout très comique. Car toutes les aberrations qui font que l’Éducation nationale marche souvent sur la tête, sont transformées en multiples sources de gags.

Ce 26e recueil de gags aborde notamment la question du recrutement. Plus personne ne veut enseigner. Pourtant on semble beaucoup s’amuser dans ce lycée imaginaire. Un manque de vocation qui pousse l’équipe pédagogique de mettre en place un plan afin d’attirer les talents. Pas facile de trouver des volontaires. Comme si le prétendu « plus beau métier du monde » avait perdu de sa superbe. Alors le livreur de pizza, qui encaisse la commande en disant « Grazie mille ! » se retrouve bombardé prof d’Italien instantanément.

Un tel manque de volontaires que même Boulard, le pire cancre de tous les temps (ex æquo avec Ducobu) pourrait même être engagé en CDI.

Il ne manque à cet album que la caricature du nouveau ministre. Son air premier de la classe sera, on n’en doute pas, une nouvelle occasion aux auteurs de titrer sur l’ambulance.

« Les Profs » (tome 26), Bamboo, 48 pages, 11,90 €

samedi 16 décembre 2023

BD - Le chat, comme en 40


Occupé à montrer son exposition un peu partout en Europe, Philippe Geluck a délaissé un peu son personnage emblématique. Cela faisait trois ans que Le Chat n’était pas revenu sous forme d’album, deux Noëls où les fans devaient trouver une autre idée pour le cadeau parfait.

Pour ce 24e recueil, l’auteur, en plus de retrouver sa verve et son humour, a rempli 64 pages de dessins, strips, planches et même histoires courtes pour célébrer dignement les 40 ans du personnage. Un feu d’artifice pour tous les drogués à l’absurde en manque depuis trop longtemps.

En résumé, sachez que le Chat est toujours aussi philosophe, parvenant à dédramatiser les pires situations de la vie quotidienne. Il ose aussi l’aphorisme politique quand le placide matou affirme que « Celui qui se soucie vraiment de la souffrance animale ne devrait manger que des œufs pondus sous péridurale. »

Tout l’esprit de la série est condensé dans cette histoire au cours de laquelle le héros doit présenter son prochain scénario au « Bureau de validation des gags ». Il y est question de pont. Mais c’est tout l’esprit de la bureaucratie qui est épinglé avec brio.

« Le chat » (tome 24), Casterman, 64 pages, 15,95 €

vendredi 15 décembre 2023

« Tirant le Blanc », un roman de chevalerie catalan à redécouvrir

Publié pour la première fois en 1490, le roman de chevalerie catalan a été traduit et édité en français dans son intégralité pour la première fois il y a 20 ans. Les éditions Anacharsis de Toulouse, proposent une réédition en cette fin d’année.

Jeune chevalier breton, Tirant le Blanc s’est illustré en combattant les envahisseurs avec l’empereur de Byzance. L’épopée de cette vie tumultueuse est décrite dans « Tirant le Blanc », roman de chevalerie paru en 1490 et signé Joanot Martorell.

Une épopée chevaleresque étonnamment moderne pour l’époque. Un texte majeur, le plus important de la littérature médiévale catalane, cité en exemple (« le meilleur livre du monde ») dans le Don Quichotte de Cervantes. Traduit un peu partout en Europe, il n’était disponible en France que sous forme de résumé. Jean-Marie Barberà, professeur de linguistique hispanique, a mis 20 ans à le traduire à partir de la première édition en catalan.

Un texte édité en 2003 par les toutes jeunes éditions Anacharsis, fondées par deux historiens à Toulouse. 20 ans plus tard, on retrouve Tirant dans cette réédition, devenue référence et agrémentée d’une préface de Marie Cosmay. L’occasion pour Claude Faber, libraire à Port-Vendres (Oxymore) de redécouvrir ce roman qui laisse « une place importante aux femmes fortes, des femmes de conseil. Il y a beaucoup d’érotisme et de scènes explicites pour l’époque. » 

jeudi 14 décembre 2023

Thriller - « Objectif Zéro » : fuyez, vous êtes surveillés !

Dans un futur proche, dix Américains tentent d’échapper à la surveillance d’un géant des réseaux sociaux. Un thriller d’anticipation avant déconnexion.


Entre algorithmes et intelligence artificielle, les Humains semblent sur la bonne voie pour s’autodétruire à brève échéance. Mais avec des si mignonnes vidéos de chatons… Cette extinction programmée se déroule sur les réseaux sociaux.

Des milliards d’utilisateurs mais encore quelques récalcitrants qui ont envie de tirer la sonnette d’alarme. C’est le cas d’Anthony McCarten, romancier néo-zélandais qui vient de sortir Objectif Zéro. Le titre du livre est aussi le nom d’une opération secrète, un bêtatest dans le jargon des geeks, associant la CIA et WorldShare, une multinationale qui ressemble étrangement à Méta de Facebook.

Mais comme l’auteur n’est pas avare de critique, le patron de WorldShare a des airs de ressemblance avec Elon Musk.

La CIA sélectionne 10 Américains, des anonymes et des spécialistes de la cybersécurité. Ils ont pour mission de disparaître dans le pays durant un mois. WorldShare assure les retrouver avant la date fatidique. Sinon, les candidats empochent 3 millions de dollars. Et WorldShare fait une croix sur un contrat avec l’État de plusieurs milliards. La première partie du roman raconte comment ils tentent de se cacher et comment ils se font prendre.

A une semaine de l’échéance, il ne reste plus qu’une fugitive, Kaitlyn Day, une simple bibliothécaire.

La seconde partie, encore plus retorse, explique les véritables motivations de Kaitlyn et du patron de la multinationale. En refermant ce thriller exceptionnel vous aurez envie de supprimer vos comptes sur les réseaux sociaux, ne plus utiliser que de l’argent liquide et bénir l’incurie de certains départements qui permettent encore de « bénéficier » de zones blanches.

Bref, Objectif Zéro rend paranoïaque, voire survivaliste. À moins que l’on n’appartienne à la frange de la population visée par WorldShare : ceux qui « se sentent tellement seuls qu’ils troquent leur vie privée avec soulagement. Ils crèvent d’envie d’être connus, de sortir de l’incognito… Parce que être observé… ça donne un peu l’impression d’être aimé. » À part ça, bienvenue en 2024 !

« Objectif Zéro » d’Anthony McCarten, Denoël, 460 pages, 22 €

mercredi 13 décembre 2023

Polar - Un policier trop surveillé veut « Rester le chasseur »

Quand il découvre qu’une de ses informatrices vient d’être sauvagement assassinée, Alex Dumas, flic à Saint-Brieuc, enquête malgré les réticences de sa hiérarchie. Un polar breton signé Denis Lépée.


Dans la galerie des flics de papier (héros de romans policiers), Alex Dumas imaginé par Denis Lépée fait figure de dernier des Mohicans. Il a l’honneur chevillé au corps. Sans doute un reste de son expérience militaire, avant de devenir responsable des stups à Saint-Brieuc. Inflexible, droit, rigoureux, il n’hésite pourtant pas à prendre parfois des libertés avec les règlements qui ont tendance à lui compliquer la vie.

Après avoir monté un dossier officiel d’informateur pour une éducatrice qui baigne dans le milieu de la jeunesse défavorisé, il a regretté qu’elle n’ait pas bénéficié de ce statut avantageux.

Mais a quand même continué à échanger avec elle. A son grand regret quand il découvre qu’elle vient d’être sauvagement assassinée, après avoir été torturée. Alex Dumas craint que cela ait un rapport avec son enquête très officieuse sur un trafiquant de drogue local de plus en plus ambitieux.

Car « Il n’y a pas que les cadres qui rêvent de vivre en province. Les trafiquants de drogue aussi ont compris l’intérêt du développement du business dans les villes moyennes ». Ceux qui ne restent pas sous-traitants « peuvent se tailler des empires très rentables ». Ce serait le cas d’Alan Kerdec, « un vrai givré » selon l’avis de Dumas. Mais Kerdec semble être protégé en plus haut lieu. Pire, Dumas a l’impression qu’on le surveille, permettant au gros dealer d’avoir toujours un pion d’avance sur lui. La paranoïa est puissante quand on menace directement sa femme et ses enfants.

Ce premier polar de Denis Lépée, plutôt spécialisé dans les romans historiques, est très réaliste. On suit pas à pas l’enquête du héros, ses doutes, sa façon de rebondir et surtout de déjouer les nombreuses chausse-trapes déposées sur son chemin avant un final explosif.

« Rester le chasseur » de Denis Lépée, Fayard Noir, 268 pages, 19 €
 

mardi 12 décembre 2023

Un dictionnaire : La maison de la radio et de la musique


Pour les 60 ans de la maison ronde, c’est un habitué des lieux qui signe ce dictionnaire amoureux. Bernard Thomasson, quand il n’est pas dans les cuisines d’un bon restaurant, bosse dans les studios de la Maison de la radio. Il connaît parfaitement les couloirs (interminables) et surtout l’histoire de ce monument de la radio en France.

Alors de Artur, José de son prénom, créateur du Pop Club à zigotos, les créateurs de l’émission Des Papous dans la tête sur France Culture, souvenez-vous de ces belles heures passées à écouter que s’est toujours fait de mieux en création radiophonique en France.

« Dictionnaire amoureux de la Maison de la radio et de la musique », Bernard Thomasson, Plon & Radio France, 700 pages, 28 €

lundi 11 décembre 2023

Une anthologie : Pablo Neruda


Les amateurs de poésie sud-américaine seront comblés par ce gros (1 600 pages) recueil des œuvres de Pablo Neruda paru chez Quatro. Cinquante ans après sa mort, le Prix Nobel de littérature en 1971, s’impose encore en mythe monumental, en « témoin ardent » des événements politiques qui ont traversé le siècle : guerre d’Espagne, espoir (puis crise) communiste, lutte contre l’impérialisme nord-américain en Amérique latine, arrivée au pouvoir de Salvador Allende…

Ce volume contient, entre autres, Crépusculaire - Vingt poèmes d’amour et une chanson désespérée - Tentative de l’homme infini - L’Habitant et son espérance, « Neruda et ses masques », préface de Stéphanie Decante et enfin une vie & œuvre illustré.

Gallimard Quarto, 1 600 pages, 37 €

samedi 9 décembre 2023

Deux albums jeunesse avec beaucoup de neige

Même si elle se fait de plus en plus rare en hiver, la neige est une source d’émerveillement pour les enfants. Elle est très présente dans deux albums récemment parus.


Paulo sous la neige
de Jean Leroy et Giulia Bruel, pour les plus jeunes, raconte comment le poussin Paulo veut aller jouer dans la neige fraîche. Sa maman ne veut pas mais son papa trouve la solution : un bonnet et une écharpe.


Dans Alors, on dort ?
aussi il neige. Cela donne envie à Boum le chien d’hiberner. Il va donc chercher des conseils auprès des spécialistes de ce sport particulier. 


Avec les frères Passiflore, il rencontre loir, hérisson et chauve-souris. Une jolie histoire écrite et dessinée par Loïc Jouannigot.

« Alors, on dort ? », Daniel Maghen, 13 €

« Paulo sous la neige », Ecole des Loisirs, 11 €

vendredi 8 décembre 2023

Un manga : « Blank Space », amies et très différentes



Jolie variation graphique sur l’amitié entre lycéennes que ce manga de la jeune autrice Kon Kumakura. Blank Space, entre vie quotidienne et merveilleux, décrit la naissance de la relation entre deux jeunes filles que pourtant tout oppose.

Shoko, exubérante, fleur bleue et un peu trop romantique ose adresser la parole à Sui, discrète, introvertie et solitaire. 


Elles vont devenir amies et Sui va partager son secret avec Shoko : elle a le pouvoir de matérialiser les objets qu’elle assemble dans son esprit.

Elle s’abrite ainsi sous un parapluie invisible. Mais elle va aller un peu trop loin et prend le risque de se faire du mal, ou de détruire son lycée, en créant des armes puissantes.

Un premier tome prometteur, finement dessiné avec des héroïnes attachantes.

« Blank Space », 176 pages, Casterman Sakka, 8,45 €

jeudi 7 décembre 2023

Des poches : 10/18 ressort ses classiques


La mode semble à la redécouverte des classiques de la littérature populaire. Les éditions 10/18 profitent de cette fin d’année pour ressortir des titres emblématiques de leur catalogue.

Plongez dans La vallée de la peur, dernier roman mettant en scène Sherlock Holmes. Conan Doyle sort son héros de sa zone de confort pour un affrontement final face à Moriarty en Amérique.

Également à retrouver Double assassinat dans la rue Morgue d’Edgar Allan Poe et Wilkie Collins de Charles Dickens. Sans oublier le titre injustement méconnu La fille du temps de Josephine Tey, paru en 1951 et souvent considéré comme le meilleur roman policier de tous les temps.

Éditions 10/18, de 6,40 à 8 €.