lundi 24 juillet 2023

Polar régional - Un flic très perspicace


Originaire de Rivesaltes, Michel Blanque connaît parfaitement le Roussillon. C’est donc logiquement qu’il situe cette enquête du commandant Philippe Aliot à Perpignan. L’avocate de Mammon (Les 3 colonnes, 224 pages, 18 €) débute par la mort d’une ambitieuse avocate. Renversée par un 4x4 devant le gymnase du Moulin-à-vent. Pour s’occuper de cette affaire très problématique, c’est un « local », qui a fait sa carrière à Montpellier, qui redescend prêter main-forte à la capitaine Sylvie Ramos.

Un drôle de flic ce Aliot. Particulièrement perspicace. Il devine immédiatement que c’est un meurtre et qu’il a été commis par une femme. Alors, il mène ses investigations à charge avec une suspecte qui se révélera… la coupable. Car il n’y a pas de rebondissement dans ce polar qui ressemble à une enquête de routine. Avec quelques sujets qui semblent tenir à cœur à l’auteur, comme le trop grand pouvoir des francs-maçons, le délitement des mœurs des politiques et même l’emprise des sectes sataniques sur les notables. Sans oublier la pédophilie, tout en louant la messe en latin.

On a parfois l’impression de se retrouver dans la version française d’une fiction écrite par un membre francophone de la mouvance conspirationniste Qanon.

dimanche 23 juillet 2023

BD - Trafic à Saint-Saturnin autour du garage à Gégé


Dans le genre très particulier du polar rural d’antan en bande dessinée, Bruno Heitz est le meilleur. Après sa série Un privé à la cambrousse, il s’est lancé dans la révélation des Dessous de Saint-Saturnin. La troisième partie se penche sur les trafics qui semblent prendre leur source au sein du Garage de Gégé (Gallimard Bande dessinée, 104 pages, 14 €).

A Saint-Saturnin, paisible bourgade du sud-est de la France, la vie est très calme en ce milieu des années 60. Tout commence par une lubie de Mme Germaine. Cette retraitée voudrait aller faire trempette dans la rivière locale. Mais comme elle ne sait pas nager, elle achète une chambre à air à Gégé, le garagiste. Ensuite, c’est Annie, la coiffeuse (son salon a pour nom Tiff’Annie…) qui met sa Renault Floride à la révision avant de partir en vacances.

Rien de bien mouvementé et de palpitant me direz-vous. Mais rapidement les sièges de la voiture sont volés, Germaine manque de se noyer, un homme meurt en tombant d’une terrasse et un autre est abattu d’une balle dans le cœur. Un album aussi réjouissant qu’une après-midi de farniente à l’ombre des platanes de Saint-Saturnin en plein cagnard.

samedi 22 juillet 2023

Polar - L'inspecteur Higgins, Christian Jacq et l’Égypte


L’Égypte est la grande passion de Christian Jacq. Sa connaissance de cette période de l’Histoire de l’humanité lui a permis de signer quelques best-sellers. Mais il aime aussi l’Angleterre traditionnelle et les romans policiers à énigme. Il a donc créé le personnage de l’inspecteur Higgins, ancien de Scotland Yard, expert pour démasquer les meurtriers. Dans sa 49e aventure, Les larmes d’Isis (XO Éditions - J Éditions, 224 pages, 14,50 €) Higgins permet à Christian Jacq de mêler polar et culture pharaonique.

Isis Seatwell découvre que son mari, Onnofrio, a disparu. Il participait, la veille, à la fête d’anniversaire organisée par son frère Story. Fugue ou enlèvement ? La police temporise, mais Higgins comprend vite que le couple est fusionnel et que jamais Onnofrio aurait abandonné son épouse adorée, son petit garçon de trois ans et son université privée, basée sur les anciennes connaissances des Égyptiens.

Avec son efficacité habituelle, Higgins va remonter le fil des événements, constatant que nombre de personnages louches ont participé à la fête. Reste deux inconnues : qui a enlevé Onnofrio et surtout, pourquoi ? Si l’intrigue est un peu linéaire, on en apprend beaucoup sur la philosophie des anciens égyptiens.

vendredi 21 juillet 2023

BD - La pilule de Champignac


De toutes les séries dérivées de l’univers de Spirou et Fantasio, Champignac est sans doute la plus originale. Celle qui va aussi le plus loin pour donner une âme à un personnage qui n’est qu’un faire-valoir comique dans la série d’origine. Une des plus belles réussites du scénariste BeKa constitué du duo ariégeois Caroline Roque et Bertrand Escaich.


Le troisième tome des aventures du comte Pacôme de Champignac, Quelques atomes de carbone (Dupuis, 15,50 €) après les années guerre, raconte une période de sa vie du début des années 50. Dans sa propriété où pullulent les lapins, il vient de mettre au point sa dernière invention : une pilule contraceptive donnant enfin aux femmes la possibilité de choisir en toute liberté le moment où elles veulent être mère. La fondatrice du Planning familial aux USA, Margaret Sanger, veut que Pacôme présente sa formule à des industriels de Boston. Mais sur place, la rencontre se transforme en course-poursuite périlleuse : l’Amérique puritaine de la Guerre froide ne semble pas prête pour cette révolution des mœurs.

Un sujet sérieux, voire grave, pour un album qui conserve sa légèreté avec le côté savant distrait qui s’en tire en faisant des gaffes.

jeudi 20 juillet 2023

Manga – Holyland, bienvenue au royaume des combats de rue


Trop violents les mangas ? Une généralisation parfois inexacte. C’est pourtant le cas avec Holyland (Dupuis - Vega, 8,35 €) dont les deux premiers tomes viennent de sortir. Une histoire de Kouji Mori, parue au Japon, il y a plus de 20 ans. L’occasion de découvrir cette saga prévue en 18 tomes, sorte de documentaire romancé sur les combats de rue dans les quartiers de Tokyo.

Combats par des lycéens, qui tentent de faire triompher leur établissement. Une violence exacerbée, gratuite, mais pas sans règles. Reste que les plus faibles sont souvent harcelés et tabassés, juste en servant de punching-ball. C’est le cas de Yu, le héros de Holyland. Petit, chétif, craintif, il est martyrisé au point d’avoir des envies de suicide. Mais en lisant un livre sur la pratique de la boxe, il décide de se défendre, de rendre les coups. Et la nuit, Yu se transforme en chasseur de Yankees (surnom donné aux voyous qui s’habillent à l’américaine) et les met au tapis en deux coups.

Les deux premiers tomes racontent la motivation de Yu, comment il est devenu excellent et pourquoi il ne peut plus faire marche arrière. Une série à déconseiller aux allergiques à la violence. Les autres savoureront ces combats savamment mis en scène.
 

mercredi 19 juillet 2023

Jeunesse – Bleuette, la chipie qui cache bien son jeu


Les adorables petites filles modèles ! On n’a jamais assez d’adjectifs élogieux pour décrire ces fillettes gentilles, serviables, sages comme des images.

Exactement comme Adorable Bleuette, nouvelle héroïne d’album illustrés destinés aux plus jeunes. Avec ses cheveux bleus elle est charmante. Mais Bleuette cache bien son jeu. En réalité, c’est la pire peste qui soit. On l’apprend dans les deux premiers titres de la série, (Splash !, 8,50 €). Le premier se déroule à l’école. On apprend de quelles techniques use Bleuette pour rester la chouchoute de la maîtresse et surtout reporter toutes ses bêtises sur ses camarades.


Le deuxième titre raconte sa stratégie pour empêcher l’arrivée à la maison d’un petit frère qui pourrait être plus aimé qu’elle. Cela commence par le massacre des rosiers et des choux dans le jardin... Des histoires peu politiquement correctes, écrites par Pierre Joly, expert en bêtises, et illustrées par Viranpheuille.

mardi 18 juillet 2023

Thriller – Atlee Pine, agent spécial du FBI et sœur de choc


Atlee Pine. Retenez ce nom. Agent spécial au FBI, cette jeune femme est la nouvelle héroïne de l’écrivain américain David Baldacci. Le second épisode de ses aventures vient de sortir, Une minute avant minuit (Talent Éditions, 550 pages, 22,90 €). En poste en Arizona, Atlee est placée en congés forcés par sa hiérarchie après une arrestation un peu trop mouvementée.

Elle décide de mettre à profit ce temps libre pour revenir en Georgie, à Andersonville, là où sa sœur jumelle, Mercy, a été enlevée en pleine nuit. Elles avaient six ans. Le ravisseur a violemment frappé Atlee, la laissant pour morte. 30 ans plus tard elle va tenter de retrouver les survivants de cette affaire qui avait fait grand bruit dans la petite ville de province.

Pour corser cette intrigue secondaire, David Baldacci plonge son héroïne dans une autre enquête : les meurtres d’un serial killer, visiblement fasciné par les reconstitutions historiques. Or, Andersonville est réputé pour son passé durant la guerre de Sécession.

Un thriller mouvementé, où on se passionne de plus en plus pour le passé de la belle et très physique Atlee. Et pour les retardataires, la première enquête, Sur le chemin du pardon vient de paraître en poche (Talent, 9,60 €)

lundi 17 juillet 2023

BD – L’Histoire de Narbonne passe par toute une série de cases


Les éditions Petit à Petit proposent une belle collection sur l’histoire des plus grandes villes de France. Le second tome, consacré à Narbonne (Petit à Petit, 80 pages, 18,90 €), vient de paraître en ce début d’été. On retrouve, au scénario des neuf histoires complètes illustrées par divers artistes (Ghorbani, Nhieu, Del Rincon…), le local de l’étape, Jean-Luc Garréra. Le gagman a fait un beau travail de vulgarisation de certains grands moments de la ville.

Une seconde partie qui parle beaucoup de vin, ce produit qui, depuis des siècles, permet à une importante partie de la population de vivre. Notamment avec la révolte de 1907 et le combat de Marcelin Albert et d’Ernest Ferroul, le maire de Narbonne. Insurrection tuée dans l’œuf par un Clemenceau impitoyable. Ensuite, il est question de catastrophe climatique avec les inondations meurtrières de 1927. Un petit passage sur l’action des maquisards, dans l’Aude, durant la seconde guerre mondiale et finalement un dernier chapitre sur le musée Narbo Via qui fait le lien entre la grande époque romaine et nos jours.

Des récits en BD, truffés d’informations complétées par une partie pédagogique signée Béatrice Merdrignac.

dimanche 16 juillet 2023

Poches – La battante des lettres et ses « Petites merveilles »


La littérature se conjugue de plus en plus au féminin. Un nombre croissant d’autrices mais surtout un basculement très net du public. La grande majorité des lectrices, des acheteuses de livre, sont des femmes. Un phénomène qui permet l’émergence de toute une communauté qui se reconnaît dans certains titres, certaines romancières. La sortie en poche du nouveau roman de Lena Walker Les petites merveilles (Pocket, 336 pages, 8,30 €) en est l’exemple parfait.

Le roman, paru en grand format chez Michel Lafon, a connu un beau succès. Son édition en poche, au début de l’été, l’assure des premières places au palmarès des ventes. Les lectrices adoreront se reconnaître dans le portrait de l’héroïne, Eva. Une passionnée de littérature qui a trouvé un petit job dans une librairie typique de Paris. Mais quand elle perd son boulot, elle voit sa vie s’écrouler. Sa meilleure amie et confidente lui trouve un travail de dépannage : nounou de trois enfants dans une famille très aisée.

Un changement radical dans la vie d’Eva, une solitaire, amoureuse des livres, obligée de composer avec des gamins très exigeants. Tout un monde brillamment décrit par Lena Walker, jeune romancière (maman aussi), qui a percé grâce aux réseaux sociaux.

samedi 15 juillet 2023

BD - L’enfant de la guerre du second cycle de « L’adoption »

Non, la bande dessinée n’est pas que gags et aventures pour les plus jeunes et fantasy ou romans graphiques prises de tête pour les aînés. La BD peut aussi émouvoir et aborder des sujets de société graves. Exemple parfait avec L’Adoption (Bamboo Grand Angle, 16,90 €) de Zidrou et Monin.

Les auteurs y parlent du combat des parents, des malheurs des enfants. Et parfois rien ne se passe comme prévu. Dans le second tome du deuxième cycle, les Guitry viennent de prendre une décision qui leur coûte : ils ne veulent plus de Wajdi, le gamin de dix ans, survivant de la guerre au Yémen.

Trop violent, trop agressif. Problème, Wajdi, en comprenant cela, préfère fuir que de retourner dans des camps ou foyers inhumains. On suit son périple dans un parc, survivant en faisant les poubelles ou volant les croquettes qu’une mamie dépose pour les chats errants. Les parents, de leur côté, comprennent à rebours la violence de leur décision et font désormais tout pour retrouver le fugueur.

Pas trop larmoyante, pleine d’espoir et de signes prédisant que notre société individualiste n’est pas totalement foutue, cette BD redonne foi en l’avenir. Et provoque chez les plus empathiques une petite larme rédemptrice.