dimanche 19 février 2023

De choses et d’autres - Voir le bon côté des choses

En cette fin d’année, il est temps de relativiser et de tirer des enseignements de ces 12 derniers mois. 2022 s’annonçait comme une année positive. On sortait enfin de la pandémie, l’économie repartait… Et puis Poutine a un peu douché les prévisions par trop optimistes. La guerre en Europe, les pénuries, la crise de l’énergie : d’un futur rose on est passé à un avenir sombre.

Et si on arrêtait de se plaindre ? Voir le bon côté des choses, comme une philosophie obligatoirement positive ? Par exemple, la grève à la SNCF. Certes, cela met des milliers de Français dans l’embarras. Mais le positif c’est la fin définitive du risque de coupure d’électricité à Noël. Car des trains en moins c’est de l’électricité économisée pour éclairer les sapins et faire cuire les dindes au four électrique.

Et franchement, si l’oncle lourd, celui qui ne peut pas s’empêcher de sortir une plaisanterie graveleuse à 2 grammes et des allusions racistes à 3, reste bloqué chez lui, personne dans la famille ne va s’en plaindre.

De plus, statistiquement, dans le rebond de l’utilisation du covoiturage, il y aura forcément de belles histoires d’amour qui vont naître. Quand la lutte finale devient conte de Noël : Monique, sans train pour aller d’Albi au Barcarès, accepte de faire le trajet avec un certain François. La première veut découvrir le village de Noël, le second rejoint sa fille pour les fêtes. A Castelnaudary les deux divorcés rient, à Narbonne il fait très chaud dans la voiture, à Leucate ils prennent ensemble un Airbnb.

Dans un an, ils seront mariés et brûleront chaque 23 décembre un cierge à Saint Joseph, patron des travailleurs et par extension protecteur des grévistes purs et durs.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 24 décembre 2022

Cinéma – Les illusions chantées de « La grande magie »

Sur des musiques de Feu ! Chaterton, Noémie Lvovsky propose un film « qui chante et qui danse » sur l’amour, les illusions et le temps qui passe.

Pas véritablement une comédie musicale, La grande magie est plutôt, selon la formule de sa réalisatrice, Noémie Lvovsky, « un film qui chante et qui danse ». L’histoire d’une petite troupe de magie dans les années 20, saltimbanques d’un temps révolu, surtout doués pour baratiner les bourgeois en villégiature dans les grands hôtels en bord de mer.

Une certaine effervescence règne dans ce bel hôtel dont le parc arboré donne directement sur l’océan. Les clients attendent avec impatience le spectacle de magie promis par la direction. En vedette Albert, le professeur, (Sergi López), personnage haut en couleur qui peut faire disparaître des colombes, des foulards ou votre femme, au choix. Avec son troisième œil, il peut aussi tout savoir de vous, de la dernière péripétie d’un de vos parents à la conclusion du livre que vous lisez actuellement.

Le professeur est un bel escroc, qui utilise parfaitement les talents de ses complices (François Morel et Damien Bonnard), pour découvrir les petits secrets des clients et ainsi briller à leurs yeux. Tout cela n’intéresse que très peu Charles (Denis Podalydès), mari jaloux de Martha (Judith Chemla). Sauf que lors de la représentation, elle se porte volontaire pour aller dans le cercueil dans lequel Albert compte la faire disparaître. Elle le prend au mot. Car Martha n’en peut plus de vivre sous la surveillance constante de ce mari qu’elle n’aime plus.


Quand l’assistante et femme d’Albert, Zaïra (Noémie Lvovsky), fait passer l’épouse derrière la scène par la trappe dérobée, Martha prend ses jambes à con cou et disparaît pour de bon. Au grand désespoir du magicien. Le mari s’énerve. Alors il improvise, prétend que Martha est dans une boîte en bois, qu’il a le pouvoir de la faire réapparaître s’il croit vraiment en elle. Sinon, elle s’évaporera à jamais dans les volutes de cette Grande Magie qui ressemble à s’y méprendre à de la grande escroquerie.

Donner sa chance à la magie

 Sur cette trame finalement sérieuse sur l’amour et la liberté, Noémie Lvovsky pose des scènes cocasses avec les vies en parallèle des autres membres de la troupe comme la jolie Amélie (Rebecca Marder), amoureuse d’un des garçons d’hôtel. Le tout entrecoupé de petites chansons composées par Feu ! Chaterton.

Le film a des ressemblances avec Tralala des frères Larrieu. Ce côté spectacle permanent de la vie quand on la prend du bon côté. Car finalement, on s’aperçoit que nos existences, au lieu d’être trop sérieuses, gagneraient à être plus légères, avec un peu plus de place pour l’illusion, la magie.

On sort de la séance allégé du poids des vicissitudes du quotidien, joyeux et souriant, capable d’accepter toutes les démonstrations par l’absurde du génial professeur, merveilleux Sergi López, grand manipulateur du public devant l’éternel.

Film français de et avec Noémie Lvovsky et Denis Podalydès, Sergi López, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard

samedi 18 février 2023

De choses et d’autres - De l’origine des ingrédients

Un écrivain, chargé par son épouse d’aller faire les courses dans les grandes surfaces, a récemment fait part de son étonnement face aux indications qui se rajoutent sans cesse sur les emballages des produits manufacturés. Avec parfois d’étonnantes précisions. Il prend pour exemple du jambon italien. L’étiquette précise les ingrédients utilisés, mais également ceux qui ne le sont pas.

Avec stupeur, il découvre ainsi que son jambon est « sans gluten, sans dérivés du lait. » Une précision à destination des allergiques, sans doute, mais qui fait cependant bizarre, car qui utilise du lait pour faire sécher du jambon ? Comme c’est un chicaneur de la pire espèce, il aimerait que ces étiquettes soient un peu plus précises « ainsi mon jambon italien pourrait être garanti sans alcool, sans sulfate de mercure, sans hydrogène liquide, sans résidus de craie, sans extrait de houx, etc. » Par contre on ne saura jamais si le jambon est bon. Ou même s’il a le goût du jambon.

La grande mode, depuis quelques années, sur les étiquettes est de préciser, en gros et avec, si possible, un logo tricolore, l’origine française des ingrédients. Lait, pomme de terre, cochon ou haricots sont français, alors il faut l’écrire en gros. Par contre, on sait depuis l’an dernier que l’huile de tournesol est essentiellement ukrainienne et les graines de moutarde canadiennes.

Mais les industriels ont plus d’un tour dans leur sac. Le « origine France » est parfois remplacé par un « fabrication française » ou « conditionné en France ». Mais pas un seul produit n’échappe à cette récupération cocardière.

Même les bananes sont fièrement françaises puisque originaires des Antilles. On ne peut pas le rater, elles sont vendues entourées d’une bande autocollante… bleu , blanc, rouge.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le samedi 11 février 2023

DVD - Rire des riches, le credo de "Sans filtre"


Palme d’or à Cannes, en course pour plusieurs Oscars aux USA (meilleur film, scénario et réalisateur), Sans filtre (M6 Vidéo) du Suédois Ruben Östlund est une satire impitoyable de la société du paraître. Les riches, nouveaux et héritiers, en prennent pour leur grade dans ces trois heures de virtuosité cinématographique. Un long métrage découpé en trois parties.

On découvre dans un premier temps le milieu de la mode et les réussites du couple Carl et Yaya (Harris Dickinson et Charlbi Dean Kriek, décédée peu de temps avant la sortie du film en salles, à 32 ans). Un couple loué par sa beauté, invité pour briller sur une croisière de luxe avec de très riches industriels.

Dolly de Leon, une des comédiennes de Sans filtre.
  M6 Vidéo


La suite est un véritable massacre de classe, jouissive en ces temps où le peuple gronde dans la rue contre les superprofits des grands groupes capitalistiques. DVD et blu-ray offrent de jolis bonus pour un film dont l’achat se justifie déjà à lui tout seul. En plus d’un gros quart d’heure de scènes coupées (notamment l’histoire de la bague de fiançailles offerte par Carl à Yaya), deux longues interviews réalisées à Cannes sont proposées ; la comédienne Dolly de Leon et le réalisateur, espiègle quand il explique tout le plaisir qu’il a éprouvé en filmant le repas durant la tempête sur le bateau, prouesse cinématographique qui restera dans les annales du 7e art. 

vendredi 17 février 2023

De choses et d’autres - Accélération de l’actualité

La semaine qui vient de s’écouler est un exemple pour les écoles de journalisme. L’actualité est souvent conditionnée par un agenda prévisionnel et incontournable. Et puis l’inattendu bouscule tout.

Depuis la quasi fin de la pandémie, tout semblait être revenu à la normale. En dehors de la réforme des retraites et des suites de la guerre en Ukraine, rien ne semblait pouvoir perturber les sujets traités. Même la Saint-Valentin avait une petite chance de se tailler une jolie place dans les gazettes.

Mais patatras, tout change sur des impondérables. Alors que les députés insoumis semblent maîtres du temps et de l’opinion à l’Assemblée, mettant en difficulté un gouvernement en manque de popularité, il suffit d’une photo d’un certain Thomas Portes, élu LFI, pour que tout soit inversé. Il pose fièrement, tel un chasseur africain, le pied sur un ballon à l’effigie du ministre du Travail.

Ce dernier, de « super vilain » qui va pourrir la fin de vie de millions de Français se transforme en victime qu’on ne peut que plaindre… Certains élus à gauche regrettent cette propension à se tirer des balles dans le pied (l’image est doublement explicite et justifiée).

Tempête à l’Assemblée. On ne parle plus de la retraite. Ça crie, s’invective et le RN ricane. Le débat de fond disparaît totalement.

Jusqu’à ce fait divers horrible sur une route de la région parisienne. Une collision frontale, cinq blessés, un bébé mort. Comme un des conducteurs (celui qui a quitté sa voie de circulation) est connu et contrôlé positif à la cocaïne, c’est l’hallali. On ne parle plus que des dérives de Pierre Palmade, l’amuseur qui a cessé de faire rire. Un gros titre en chasse un autre. L’actualité s’accélère et redevient incontrôlable.

Si la tendance se confirme selon la classique loi des séries, je redoute le missile nucléaire lancé par inadvertance mardi ou la mort violente d’un grand de ce monde jeudi.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 13 février 2023

DVD - La petite voix intérieure de Jeanne la tourmentée

Pour son premier long-métrage, Céline Devaux tente le film hybride. Plutôt spécialisée dans le film d’animation (trois de ses courts-métrages sont proposés en bonus dans la version vidéo de Tout le monde aime Jeanne, (Diaphana Vidéo), l’histoire de Jeanne mêle prises directes et courtes séquences animées. Jeanne (Blanche Gardin), est une jeune femme brillante. Chercheuse, elle tente de sauver les océans. Mais sa dernière invention se révèle être un fiasco. De « sauveuse de l’humanité » elle se retrouve bombardée « mème comique sur le net ».

Déjà assez introvertie et propice à la dépression, Jeanne s’enfonce. Criblée de dettes, elle doit se rendre à Lisbonne pour tenter de vendre l’appartement de sa mère, morte l’an dernier. Tout l’intérêt du film réside dans la petite voix intérieure de Jeanne (les séquences en animation), souvent en totale contradiction avec ses réactions. Une sorte de petit fantôme, sarcastique, négatif et parfois moralisateur, contrepoint des actions souvent décousues d’une femme de plus en plus paumée, seule et fatiguée.

A Lisbonne, elle retrouve Victor (Nuno Lopes), un ancien amant et croise un certain Jean (Laurent Lafitte), ami d’enfance mais dont elle a totalement oublié l’existence. Jean, encore plus fou que Jeanne, passé par la case dépression et qui désormais vit selon une philosophie entre anarchisme débridé, farniente et vol dans les grandes surfaces. Le film prend une autre tournure quand ces deux inadaptés de la société tentent de se rapprocher. C’est beau et finalement plein d’espoir.  

jeudi 16 février 2023

Cinéma - L’amour à sens unique de “La femme de Tchaïkovski”

Marié pour faire taire les rumeurs sur son homosexualité, Tchaïkovski a fait vivre un véritable enfer à la femme qui, elle, l’adorait à la folie.

La célébrité n’autorise pas tous les excès. Ce qui est vrai aujourd’hui, l’actualité récente nous le prouvant par le tragique, l’était également au XIXe siècle. Kirill Serebrennikov, cinéaste russe, propose le biopic d’Antonina Milioukova (Alyona Mikhailova), La femme de Tchaïkovski.

Le musicien russe, de plus en plus célèbre vers 1877, cherche un moyen de faire taire les rumeurs circulant sur son compte. Quand il reçoit une lettre d’amour enflammée de cette jeune étudiante en musique, il se laisse tenter. Tout en la prévenant qu’il sera un très mauvais mari, sans passion ni amour, il accepte de l’épouser. Elle est aux anges, ne soupçonnant pas que l’artiste utilise ce stratagème pour persuader admirateurs et mécènes qu’il n’est pas homosexuel.

Le film, qui débute par une scène oppressante sur les obsèques du musicien, raconte comment cette femme, idéaliste, sans doute trop bercée de jolis contes, persuadée que la prière lui permettra d’arriver à ses fins, est aveuglée par un amour à sens unique. Car elle l’aime ce grand compositeur. Elle l’admire. Mais lui semble de plus en plus méfiant, hostile. Mariée, elle croit que tout va s’arranger. Mais Tchaïkovski comprend chaque jour son erreur. Non seulement il n’arrive plus à composer, mais il est gagné par une haine tenace de cette femme. Il demande le divorce quelques mois plus tard. Antonina refuse, ne le verra jamais plus mais restera sa femme jusqu’à la mort du musicien.

Dans l’esprit de l’épouse 

Ce film, très classique dans sa reconstitution historique, novateur par des effets de temps et d’espace, raconte les faits, sans trop les montrer (notamment la vie privée de Tchaïkovski comme si ce n’était pas le plus important du problème), tout en invitant avec subtilité et grâce le spectateur dans l’esprit de cette femme. On l’accompagne dans sa longue descente aux enfers. La comprenant en grande partie quand le réalisateur explique par petites touches les conditions de vie des femmes russes à cette époque.

Être mariée c’est souvent la solution pour se sortir de la misère, même si c’est toujours au détriment de sa liberté. Et si la femme de Tchaïkovski, au début, ne voulait pas divorcer par passion, au fil des années y a essentiellement vu un avantage financier impossible à remettre en cause.

Le film, qui s’arrête à la mort du mari, ne montre pas la fin de vie de l’épouse. Elle a terminé ses jours dans un asile pour fous. C’est compréhensible tant elle a subi, dès son plus jeune âge, une existence hors normes qui en aurait brisé plus d’une avec beaucoup plus de rapidité. Un film d’une rare intensité sur un amour impossible.


Film russe de Kirill Serebrennikov avec Odin Lund Biron, Alyona Mikhailova
 

Série télé - Jeunes chasseurs de fantômes dans « Lockwood & Co » sur Netflix

Réalisation anglaise destinée aux adolescents, Lockwood & Co sur Netflix propose de suivre trois jeunes chasseurs de fantômes dans Londres. 

La création télévisuelle anglaise a toujours été d’une étonnante vitalité. Confirmation ces derniers mois sur les plateformes de streaming. Périphériques, les mondes de Flynne sur Amazon, Extraordinary sur Disney + et Netflix n’est pas en reste avec Lockwood & Co, série en huit épisodes, destinée au public jeune d’après une série de romans de Jonathan Stroud (Albin Michel et Livre de Poche en France).

Dans un présent légèrement différent, du jour au lendemain, des fantômes sont arrivés en nombre dans les villes anglaises. Pour les combattre, seuls les adolescents sont efficaces. Cela a donné naissance à des agences de chasseurs de spectres, armés de chaînes, de bombes au phosphore et d’épées.

La jeune Lucy Carlyle (Ruby Stokes), très douée pour déloger les ectoplasmes, est embauchée par Lockwood (Cameron Chapman) et George (Ali Hadji-Heshmati). Un trio qui forme l’entièreté de l’agence Lockwood & Co, différentes des autres structures pas sa petitesse et surtout l’absence d’adultes pour superviser les nettoyages nocturnes des maisons hantées.

Effets spéciaux convaincants, psychologie des protagonistes très poussée mais pas trop caricaturale (Lucy est mal dans sa peau, Lockwood trop sûr de lui et George excessivement geek et prudent), la sauce prend dès le premier épisode. En huit chapitres parfaitement renouvelés, sans négliger la trame générale, Lockwood & Co est une jolie surprise de ce début d’année sur Netflix. Surprise british, encore une fois.

 

mercredi 15 février 2023

De choses et d’autres - Oiseaux de malheur

Entendez-vous ces cris d’oiseaux dans la campagne profonde ? Depuis dimanche, le doux chant d’une nature bienveillante, pour certains du moins, est devenu un véritable cauchemar pour mon épouse et moi. La faute aux pigeons qui prolifèrent dans le village.

Le grand hangar agricole ouvert placé derrière chez nous est régulièrement colonisé par des dizaines de volatiles. Les propriétaires ont tout tenté pour les faire fuir. Chats, filets… en vain. Ils semblent avoir trouvé l’arme ultime avec l’installation d’un effaroucheur sonore.

Un haut-parleur, très puissant, diffuse des cris d’oiseaux en détresse et d’autres de rapaces qui chassent. Une bande sonore d’un peu plus d’une minute qui se répète incessamment, dès 8 heures du matin et pour toute la journée… Effet immédiat sur les pigeons qui détalent à tire d’aile. J’en ai même retrouvé un totalement groggy sur un trottoir, de l’autre côté du pâté de maison, comme tétanisé par tant de frayeur.

Le problème c’est que l’effet est tout aussi rapide sur nos nerfs. Même les fenêtres (à double vitrage) fermées, le cri des oiseaux fictifs résonne dans le salon et les chambres.

Alors maintenant, après un jour seulement, je peux affirmer sans trop de risque qu’il n’existe rien de plus exaspérant que des cris de geais en panique durant des heures et des heures. J’ai demandé au propriétaire de cesser au plus vite cette torture. Il a juste consenti à diminuer un peu le volume.

C’était sans compter sur mon épouse. Réveillée en sursaut par ces bruits affreux, révoltée par tant de cruauté, elle a réussi à faire promettre au gars (très gentil au demeurant), d’éteindre définitivement sa machine diabolique. Dès demain.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mardi 3 janvier 2023

La nouvelle série britannique de Disney+ est extraordinairement impertinente

Imaginée par Emma Moran pour Disney+, la série Extraordinary se moque d'un monde où tout le monde, ou presque, a des pouvoirs de superhéros. Rires assurés aux déboires de Jen et Carrie interprétées par Máiréad Tyers et Sofia Oxenham.

Complicité explosive entre Carrie (Sofia Oxenham) et Jen (Máiréad Tyers).
Disney+ -  Natalie Seery

Si les premiers mois de Disney+ étaient exclusivement réservés aux séries pour la jeunesse (la famille par extension) et les amateurs des grandes franchises US comme Star Wars, Marvel ou National Geographic, la suite s’est révélée plus disruptive. Il manquait une offre plus adulte, pour ces jeunes trentenaires qui aiment rire ou se faire peur. La chaîne Star est venue enrichir l’offre. C’est dans ce cadre que Disney+ a marqué des points, récoltant des abonnés parmi les premiers fidèles de Netflix, un peu lassés de ne plus être surpris par les nouvelles séries, sorte de copies affadies des succès de la première heure.

Une marche importante vient d’être franchie dans l’intérêt du public décalé pour Star avec la mise en ligne de la série britannique Extraordinary. Pas de gentille souris ni d’adolescents courageux au sein d’une famille unie : tous les personnages d’Extraordinary auraient en fait leur place dans un hôpital psychiatrique fermé. Pourtant à la base, la série britannique en huit épisodes de 25 minutes créée par Emma Moran, traite d’un sujet archi-classique : les superhéros. Mais dans ce futur dystopique, tout le monde (ou presque) a un pouvoir. Il apparaît vers 18 ans environ et c’est la grande loterie. Si certains se retrouvent avec une force surhumaine, la possibilité de lire les pensées ou de voler, d’autres doivent se contenter de facultés moins utiles comme se transformer en aimant, faire venir à soi les poissons ou contraindre à son interlocuteur de dire la vérité, l’exacte vérité.

Jen, sans pouvoir à 25 ans 

C’est ce qui arrive à Jen (Máiréad Tyers) dans la première scène. Elle veut décrocher un job et répond à une femme borgne. « Comment s’est passé votre transport ? » « Mal, je suis tellement stressée que je me suis presque chiée dessus dans le bus et mon tampon est à moitié sorti… » Comme Jen, à 25 ans, n’a toujours pas de pouvoir, décrocher un job est impossible dans cette société de l’extraordinaire. Mais elle a un atout pour elle : son impertinence. Même si souvent cela lui amène plus d’inconvénients que d’avantage.

Elle vit en colocation avec Carrie (Sofia Oxenham). Employée chez un notaire, elle a le pouvoir de convoquer les défunts dans son corps et de leur céder la parole. Parfaits pour régler des différends entre héritiers.

Après un premier épisode centré sur ces pouvoirs et la société radicalement différente, la suite se concentre sur les difficultés du quotidien de ces deux copines. Jen toujours sur la brèche, Carrie conciliante mais profondément insatisfaite. Un duo d’opposés qui laisse un peu de place aux seconds rôles : Kash, le petit ami totalement immature de Carrie et Jizzlord, le chat errant recueilli par Jen.

Les gags fusent, les rires sont francs et justifiés, l’émotion se glisse parfois entre deux situations grotesques et au final, Extraordinary se révèle court, trop court. Mais avec le rebondissement des dernières secondes du dernier épisode, on sait que la suite sera savoureuse et tout aussi impertinente.