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dimanche 19 février 2023

Cinéma – Les illusions chantées de « La grande magie »

Sur des musiques de Feu ! Chaterton, Noémie Lvovsky propose un film « qui chante et qui danse » sur l’amour, les illusions et le temps qui passe.

Pas véritablement une comédie musicale, La grande magie est plutôt, selon la formule de sa réalisatrice, Noémie Lvovsky, « un film qui chante et qui danse ». L’histoire d’une petite troupe de magie dans les années 20, saltimbanques d’un temps révolu, surtout doués pour baratiner les bourgeois en villégiature dans les grands hôtels en bord de mer.

Une certaine effervescence règne dans ce bel hôtel dont le parc arboré donne directement sur l’océan. Les clients attendent avec impatience le spectacle de magie promis par la direction. En vedette Albert, le professeur, (Sergi López), personnage haut en couleur qui peut faire disparaître des colombes, des foulards ou votre femme, au choix. Avec son troisième œil, il peut aussi tout savoir de vous, de la dernière péripétie d’un de vos parents à la conclusion du livre que vous lisez actuellement.

Le professeur est un bel escroc, qui utilise parfaitement les talents de ses complices (François Morel et Damien Bonnard), pour découvrir les petits secrets des clients et ainsi briller à leurs yeux. Tout cela n’intéresse que très peu Charles (Denis Podalydès), mari jaloux de Martha (Judith Chemla). Sauf que lors de la représentation, elle se porte volontaire pour aller dans le cercueil dans lequel Albert compte la faire disparaître. Elle le prend au mot. Car Martha n’en peut plus de vivre sous la surveillance constante de ce mari qu’elle n’aime plus.


Quand l’assistante et femme d’Albert, Zaïra (Noémie Lvovsky), fait passer l’épouse derrière la scène par la trappe dérobée, Martha prend ses jambes à con cou et disparaît pour de bon. Au grand désespoir du magicien. Le mari s’énerve. Alors il improvise, prétend que Martha est dans une boîte en bois, qu’il a le pouvoir de la faire réapparaître s’il croit vraiment en elle. Sinon, elle s’évaporera à jamais dans les volutes de cette Grande Magie qui ressemble à s’y méprendre à de la grande escroquerie.

Donner sa chance à la magie

 Sur cette trame finalement sérieuse sur l’amour et la liberté, Noémie Lvovsky pose des scènes cocasses avec les vies en parallèle des autres membres de la troupe comme la jolie Amélie (Rebecca Marder), amoureuse d’un des garçons d’hôtel. Le tout entrecoupé de petites chansons composées par Feu ! Chaterton.

Le film a des ressemblances avec Tralala des frères Larrieu. Ce côté spectacle permanent de la vie quand on la prend du bon côté. Car finalement, on s’aperçoit que nos existences, au lieu d’être trop sérieuses, gagneraient à être plus légères, avec un peu plus de place pour l’illusion, la magie.

On sort de la séance allégé du poids des vicissitudes du quotidien, joyeux et souriant, capable d’accepter toutes les démonstrations par l’absurde du génial professeur, merveilleux Sergi López, grand manipulateur du public devant l’éternel.

Film français de et avec Noémie Lvovsky et Denis Podalydès, Sergi López, Judith Chemla, François Morel, Damien Bonnard

dimanche 10 avril 2022

Cinéma - Les nouveaux Affreux, Sales et “Sans dents”

 

Cela fait plus de deux ans que Les sans-dents, film de Pascal Rabaté est bouclé. Une sortie longtemps différée à cause de la crise sanitaire. Finalement, cet étrange objet filmique sort en pleine élection présidentielle. Comme pour faire une piqûre de rappel sur le sort de millions de Français trop pauvres pour être concernés par la chose politique. « Ce projet ne pouvait exister que s’il était radical » précise le réalisateur, par ailleurs dessinateur de BD. Et dans le genre extrême, c’est du premier choix. Pas de musique, pas de dialogue et une histoire minimale dans un monde invisible. 

Tout débute par le vol de fils de cuivre. De drôles d’olibrius dérobent des câbles électriques et ramènent leur butin dans leur repaire. Une sorte de caverne d’Ali-Baba, cachée dans les profondeurs d’une décharge sauvage. Affreux, sales, rigolards et outranciers, ils sont une dizaine de sans-dents à vivoter dans la crasse. 

On trouve dans cette clique de membres du quart-monde des habitués des films décalés comme Yolande Moreau (fine gâchette) et Gustave Kervern (savant fou aimant les expériences chimiques et les canards gonflables). Il y a aussi des jumeaux hilares, un vieux parkinson ou un timide maladif. Tous aussi inquiétants au premier abord, ils se révèlent, au final, plein de poésie cachée et d’humanité insoupçonnée. Ils ne demandent pas grand-chose à la société. Juste de les oublier et de les laisser faire leurs petits trafics qui ne causent pas beaucoup de tort à la société. Mais cette dernière veille. Le petit monde des sans-dents est menacé par l’enquête du très ridicule policier, interprété par François Morel, aidé par ses adjoints, tous interprétés par le même acteur (Olivier Parenty). N’allez pas voir ce film comme une séance normale, mais comme une expérience sensorielle unique et parfois déroutante. 

Film de Pascal Rabaté avec Yolande Moreau, Gustave Kervern, François Morel