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samedi 18 février 2023

DVD - Rire des riches, le credo de "Sans filtre"


Palme d’or à Cannes, en course pour plusieurs Oscars aux USA (meilleur film, scénario et réalisateur), Sans filtre (M6 Vidéo) du Suédois Ruben Östlund est une satire impitoyable de la société du paraître. Les riches, nouveaux et héritiers, en prennent pour leur grade dans ces trois heures de virtuosité cinématographique. Un long métrage découpé en trois parties.

On découvre dans un premier temps le milieu de la mode et les réussites du couple Carl et Yaya (Harris Dickinson et Charlbi Dean Kriek, décédée peu de temps avant la sortie du film en salles, à 32 ans). Un couple loué par sa beauté, invité pour briller sur une croisière de luxe avec de très riches industriels.

Dolly de Leon, une des comédiennes de Sans filtre.
  M6 Vidéo


La suite est un véritable massacre de classe, jouissive en ces temps où le peuple gronde dans la rue contre les superprofits des grands groupes capitalistiques. DVD et blu-ray offrent de jolis bonus pour un film dont l’achat se justifie déjà à lui tout seul. En plus d’un gros quart d’heure de scènes coupées (notamment l’histoire de la bague de fiançailles offerte par Carl à Yaya), deux longues interviews réalisées à Cannes sont proposées ; la comédienne Dolly de Leon et le réalisateur, espiègle quand il explique tout le plaisir qu’il a éprouvé en filmant le repas durant la tempête sur le bateau, prouesse cinématographique qui restera dans les annales du 7e art. 

lundi 5 septembre 2022

Cinéma - “Sans filtre” massacre le capitalisme et le luxe

Palme d’or à Cannes, Sans filtre est une féroce satire des dérives de la société capitaliste et consumériste

Le dîner du commandant (Woody Harrelson) va virer à la farce macabre. Plattform-Produktion


Rarement un film aura aussi bien démasqué les dérives de notre société capitaliste occidentale. Sans filtre, de Ruben Östlund, est d’une méchanceté qui n’a d’égale que sa justesse. Un pamphlet féroce qui est reparti de Cannes avec la Palme d’or. Méritée, même si le long-métrage (2 h 30) est parfois inégal. 

La première partie, sur la relation déséquilibrée entre deux mannequins (une femme et un homme), tout en abordant le problème des inégalités salariales, inversées dans ce cas précis, est un peu répétitive. Le final, sur une île déserte, avec quelques rescapés d’un naufrage, aurait mérité un film à lui tout seul. Certains regretteront, d’ailleurs, une fin un peu trop ouverte.  Reste la prouesse de ce Sans filtre, toute la partie se déroulant sur un yacht de luxe réservé à des croisières destinées aux ultra-riches. On retrouve, à bord, les deux mannequins, par ailleurs influenceurs, Carl (Harris Dickinson) et Yaya (Charlbi Dean Kriek). 

Ils vont côtoyer un oligarque russe, fier de clamer partout qu’il a fait fortune en « vendant de la merde » (il commercialise des engrais), le patron très coincé d’une start-up ou un couple de vieillards anglais, charmants, polis et prévenants, si ce n’est qu’ils ont gagné des milliards en vendant des mines antipersonnel à toutes les dictatures de la planète. Sur ce bateau, loin du bruit du monde et surtout des pauvres, les clients ont tous les droits. Quand la femme du Russe décide que les employés doivent aller se baigner, la décision est immédiatement validée par la responsable du personnel. 

Un monde feutré, où Carl et Yaya font un peu figure de tâches car, eux, ne sont pas encore riches à millions. La croisière leur est offerte, en échange de photos et de vidéos dithyrambiques. Un seul problème sur ce bateau : le capitaine (Woody Harrelson). Lors du classique et très attendu repas du commandant, il reçoit à sa table les plus riches. Mais ce soir-là, la mer est démontée. 

Rapidement, caviar, champagne, poulpe et autres mets raffinés se transforment en jets de vomis à l’effet burlesque absolument réjouissant. Ruben Östlund semble prendre beaucoup de plaisir à filmer ces très distingués capitalistes transformés en simples outres nauséeuses, glissant et roulant tels des ballots à l’abandon dans le roulis de la coursive répugnante de dégueulis et de merde. 

Le capitalisme dans toute son horreur. Sans filtre.

Film de Ruben Östlund avec Harris Dickinson, Charlbi Dean Kriek, Dolly de Leon, Woody Harrelson, Jean-Christophe Folly