samedi 4 février 2023

De choses et d’autres - Le mois des Rois

À quoi servent les députés du Rassemblement national ? Interrogation légitime pour les électeurs des dernières législatives, qu’ils aient voté ou non pour l’extrême droite. En politique, depuis toujours, il y a les promesses avant le vote et la réalité après. Un théorème valable aussi pour les députés victorieux en juin avec la bobine de Marine Le Pen sur leurs tracts malgré leurs promesses de ne pas faire comme les autres.

On a en partie la réponse à la question. Si le RN a déposé cette semaine une motion de censure contre le gouvernement d’Élisabeth Borne, cela n’a pas empêché ses députés de voter parfois avec la majorité (projet de loi sur le pouvoir d’achat).

Mais le RN se distingue surtout par les sujets proposés. Ainsi des députés du Rassemblement national viennent de déposer une proposition de loi qui risque de changer l’avenir culinaire de la France. Un seul article dans cette loi, particulièrement explicite : interdiction de vendre des galettes des Rois avant le 2 janvier et après le 31 janvier. A la base, c’est pour défendre les boulangers traditionnels.

En réalité, je suspecte une volonté de faire le buzz à moindres frais. Les élus expliquent qu’ils se sont inspirés du beaujolais nouveau, qui n’est mis en vente qu’à partir d’une certaine date.

Si par un incroyable hasard la loi était adoptée, j’imagine déjà la descente des forces de l’ordre dans mon supermarché local, la veille de Noël, pour saisir des galettes des Rois illégales. Et l’article en page faits divers qui vantera « le coup d’éclat de la police qui saisit 58 kilos de galette des Rois ».

Ce serait encore plus croquignolesque si entre-temps d’autres députés (un peu plus à gauche eux…), obtenaient la légalisation du cannabis.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 17 février 2023

vendredi 3 février 2023

Série télé - Renaissance en Alaska pour Hilary Swank sur Disney+

Une journaliste américaine en difficulté retourne sur le terrain, en Alaska, pour redorer son blason. Une série sur Disney+ avec Hilary Swank en vedette. 

Diffusée au rythme d’un épisode par semaine depuis 15 jours, Alaska Daily a pour vedette Hilary Swank. La comédienne américaine, découverte dans Boys Don’t Cry (premier Oscar) puis Million Dollar Baby (seconde statuette…), porte cette série en huit épisodes proposée par Disney +. Elle y interprète le rôle d’Eileen Fitzgerald, une journaliste vedette de la presse écrite new-yorkaise. De celles qui révèlent les scandales et font tomber les puissants.

Au début du premier épisode, on la voit boucler une enquête à charge contre un général de l’armée américaine Mais pour une fois, sa principale source l’a manipulée. Le journal la lâche. Quelques mois plus tard, sans boulot, Eileen reçoit une proposition d’un vieil ami : rejoindre la petite rédaction que quotidien Alaskan Daily. Avec un but : enquêter sur une vague de disparition de femmes autochtones.

Si au premier abord, la journaliste un peu trop sûre d’elle est assez détestable (elle harcèle ses collaboratrices comme le pire macho formé avant la vague #MeToo), on découvre ses failles et sa profonde solitude. Les journalistes locaux, notamment ceux qui sont originaires de l’État du grand Nord américain, sont méfiants. Son efficacité et surtout sa façon de toujours aller de l’avant malgré les difficultés vont finalement lui permettre de s’intégrer dans la rédaction.

Une série prometteuse qui développe en toile de fond deux thématiques finalement assez universelles : la violence contre les femmes et les difficultés de la presse écrite locale face aux réseaux sociaux et leur manque d’analyse.

De choses et d’autres - Cachez ce slogan

Vendredi dernier, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, était à Nice pour présenter différentes réalisations autour de la sécurité dans la ville de Christian Estrosi. Au menu, la visite du futur hôtel des polices. Or ce bâtiment se trouve face à une librairie militante pour les droits des femmes, Les Parleuses. Les propriétaires ont donc installé, la veille de la visite, des slogans collés sur les vitrines. Juste des revendications déjà vues et entendues dans les manifs féministes comme « Qui sème l’impunité récolte la colère », ou « Violeurs on vous voit, victimes on vous croit ».

 

Des slogans cachés par une toile noire.

Capture écran Twitter


Mais la veille, deux policiers en civil sont arrivés et ont enlevé avec l’aide d’une dizaine de CRS les slogans collés à l’extérieur. Et pour ceux de l’intérieur, les forces de l’ordre se sont improvisés charpentiers. Ils ont placé un cadre en bois devant les vitrines, recouvert d’une toile noire et opaque. CRS qui sont restés en faction toute la matinée pour empêcher tout enlèvement du dispositif. C’est bien connu dans le monde des autruches : ce qui ne se voit pas n’existe pas…

Le ministre a donc pu déambuler dans la rue, serein, sans avoir l’impression d’être visé directement par ces messages. Les Parleuses ont crié à la censure. Gérald Darmanin n’a fait aucune allusion à l’affaire durant sa visite. Il n’était peut-être même pas au courant. Car trop souvent, ce sont des subalternes qui prennent les mauvaises décisions pour plaire à leurs chefs.

Reste que la liberté d’expression, mise à mal dans certains pays totalitaires (Iran, Qatar, Cuba), a aussi quelques progrès à faire dans notre pays, inventeur des droits de l’Homme, mais à la traîne en ce qui concerne ceux des femmes.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le lundi 12 décembre 2022

De choses et d’autres - Chanceux et généreux


Edwin Castro est chanceux. Généreux aussi. Cet Américain était à la une de tous les journaux, il y a quelques semaines, quand le record de gain au loto avait été explosé. Plus de 2 milliards de dollars remportés par un seul joueur. Le fameux Edwin Castro qui ne devrait plus trop être concerné par la réforme des retraites (d’autant qu’il n’est pas Français…).

Deux milliards de dollars, juste en cochant au hasard des numéros sur une grille. Même s’il a hésité quelques minutes, cela fait le taux horaire le plus élevé jamais atteint pour un travail, tout sauf pénible. Même Messi ou Ronaldo sont obligés de suer un minimum pour empocher une telle somme.

Edwin Castro qui, dès son entrée dans le club très fermé des milliardaires, donne un signal fort à ses coreligionnaires. Il a décidé de faire don de 156,3 millions de dollars aux écoles publiques de Californie. Il ne donne pas de justification à ce cadeau qui permettra d’améliorer le quotidien de millions d’enfants.

On peut l’expliquer de deux façons radicalement opposées.

Jeune, Edwin Castro a beaucoup souffert à l’école. Il a été un élève médiocre et dissipé, menant la vie dure aux professeurs et à ses camarades. La culpabilité aidant, il a décidé de se racheter en léguant une partie de son gain à ce système scolaire qu’il a tant détesté.

À moins que le petit Edwin, malheureux dans sa vie familiale, ait repris goût à l‘existence grâce à une institutrice pleine de bonté et d’empathie qui lui a permis d’avancer plus positivement dans la vie. Pour la remercier, elle et d’une façon générale tout le corps enseignant, il donne des moyens financiers pour continuer cette belle œuvre.

Deux explications mais un seul et même gagnant : le système éducatif californien.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le jeudi 16 février 2023

jeudi 2 février 2023

Série Télé - Red Rose, appli mortelle à « télécharger » sur Netflix

La belle surprise de la semaine sur Netflix a pour nom Red Rose. Une série anglaise sur les dangers de la manipulation des adolescents par les réseaux sociaux. 

Messieurs les Anglais, téléphonez les premiers ! Une nouvelle fois c’est outre-Manche que Netflix (après Disney + et Amazon Prime Vidéo), déniche une excellente série, au scénario machiavélique doublé d’un casting équilibré et qui offre en huit épisodes un suspense total et un final bourré d’angoisse et d’adrénaline. Red Rose est de ces projets qui redonnent un réel intérêt au binge watching. Après le premier épisode, il est très difficile de décrocher avant le dénouement.

Dans la ville de Bolton, proche banlieue de Manchester, c’est jour d’examens. Les lycéens viennent de passer leurs dernières épreuves. Du résultat dépendra leur avenir à l’université. Un groupe d’amis va fêter le début des vacances. Il y a les deux filles inséparables, Rochelle et Wren, Ashley, grande gueule rondouillarde, Taz, naïf et d’origine indienne, Noah, le beau gosse et Anthony, le gay qui se cache encore.

Ce début, très série pour teenagers, permet de mieux comprendre les ressorts du groupe. Rochelle, provocatrice, mène la danse. Wren est dans son ombre, mais veut s’émanciper. Elle aime Noah et c’est réciproque. Cela attise la jalousie de sa meilleure amie.

Tout change quand Rochelle télécharge sur son téléphone portable une application nommée Red Rose. Le fantastique technologique s’immisce dans l’intrigue. Red Rose ressemble à une intelligence artificielle. Elle pose des questions à Rochelle et cette dernière va littéralement se découvrir. Et contre une sorte de promesse d’allégeance, Red Rose s’engage à réaliser trois vœux. La vie du groupe d’adolescents va dès lors changer du tout au tout. En décortiquant la dépendance de la jeunesse actuelle aux téléphones portables et leur semblant de réalité, les concepteurs de la série, les frères jumeaux Clarkson, imaginent le pire de la manipulation en ligne.

Narcissisme et réseaux sociaux

Dépendance aux jeux, narcissisme des réseaux sociaux, perversité de l’anonymat : tout y passe. Le téléspectateur est pris dans ce tourbillon d’émotions fortes, de situations conflictuelles et d’impasses personnelles. Si durant quelques épisodes on soupçonne un brin de fantastique dans la trame de Red Rose, on va vite redescendre sur terre. Les fantômes n’existent pas. Contrairement aux pervers narcissiques devenus tout-puissants avec les nouvelles technologies.

Les deux derniers épisodes, sont particulièrement angoissants. La terreur est omniprésente, on a sa dose d’adrénaline pour les six prochains mois. Et plus trop envie de télécharger des applications inconnues.

De choses et d’autres - Start-up en latex

Quand un «urgent», sur mon téléphone portable m’apprend qu’Emmanuel Macron a décidé de la gratuité des préservatifs pour les 18 - 25 ans à partir du 1er janvier prochain, j’abandonne illico presto mes réflexions assez peu fécondes sur la coupe du monde de foot, les illuminations de Noël ou le second tour chez les Républicains…

Les capotes gratos pour les petits jeunes, en voilà une nouvelle qui suscite forcément sourires en coin et allusions rigolotes. « Mais ne fais pas dans le graveleux » me sermonne, à l’avance, mon épouse qui connaît ma propension à rendre hommage à Frédéric Dard et ses personnages légendaires que sont San-Antonio et Bérurier.


Le problème, c’est que sur des sujets de cet ordre, si l’on se réfrène sur la vanne, si on reste dans l’autocensure et le politiquement correct, il ne reste plus grand-chose à dire. Ironiser sur le coût limité de la mesure pour les budgets de l’État : rares sont les jeunes qui osent acheter des préservatifs, cela a donné quantité de scènes, au cinéma, pour illustrer le summum de la gêne.

Ou se dire que, malgré ses 60 ans révolus, on peut tenter de faire croire au pharmacien qu’on n’en a que 24 et 11 mois et que « oui monsieur, moi aussi j’ai le droit à la capote gratuite ! »

Mais si j’étais véritablement inspiré, je me lancerais dans la rédaction d’un roman social racontant comment un certain Kevin, sans le sou ni avenir professionnel et tout juste majeur, s’est retrouvé à la tête d’une fortune colossale après avoir bénéficié des capotes à 0 euro, revendues un bon prix sur LeBonCoin durant sept ans.

Preuve que la start-up nation prônée par le président Macron a encore de beaux jours devant elle si elle est en latex.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le vendredi 9 décembre 2022

De choses et d’autres – Comme une odeur de reconfinement

Avez-vous, comme moi, ressenti un sentiment de déjà-vu ces derniers jours ? Comme un retour vers le passé, il y a trois ans, quand arrivaient de Chine les premiers signes d’une nouvelle maladie. Depuis le (ou la) covid est connu de tous. Mais c’est l’attitude chinoise qui provoque ce sentiment de bis repetita.

L’abandon de tout confinement a ouvert les vannes de la contamination de masse. Et comme les touristes en provenance de l’Empire du Milieu affluent toujours en masse vers l’Europe, la vague arrivera jusqu’à nos frontières. à ce rythme, comme début 2020, on sera tous confinés avant la fin du mois de mars.

Je ne suis pas plus inquiet que cela pour ma santé : trois fois vacciné, déjà deux fois infecté, je fais confiance à mes anticorps. Je pense reconfinement car on commence à voir de plus en plus de clients dans les magasins qui arborent de nouveau des masques.

J’ai même croisé, le 31 décembre, quelques heures avant le début du réveillon, une dame particulièrement prudente. Non seulement elle portait un masque chirurgical, mais avait par-dessus une visière. De plus, elle poussait son chariot les mains protégées par des gants en latex. Et a attendu une bonne minute qu’il n’y ait plus personne dans son chemin pour franchir, seule, les portes automatiques.

Je ne sais pas ce que décideront les politiques, ni si l’hôpital pourra encore et toujours absorber le flot de malades, mais l’attitude de cette Française lambda me semble plus sérieuse et fiable que n’importe quelle prédiction d’une quelconque Mme Soleil. Même si à tout prendre, j’aimerais tant me tromper sur toute la ligne.

Billet paru en dernière page de l’Indépendant le mercredi 4 janvier 2023

mercredi 1 février 2023

Littérature – "Le crépuscule des licornes" ou les horreurs de la vie moderne

Le premier roman de Julie Girard, "Le crépuscule des licornes" chez Gallimard, a pour cadre New York et le monde de ces entreprises de la nouvelle technologie où l'éthique pèse peu face aux millions de dollars. 


Ce premier roman sent le vécu. Julie Girard, franco-américaine, vit à New York. Exactement comme Éléonore, le personnage central du roman Le crépuscule des licornes. Mais si l’autrice a longtemps travaillé dans le milieu de l’art, Éléonore est journaliste, spécialisée dans l’économie des nouvelles technologies. Mariée à Zack, entrepreneur américain, ils ont une petite fille. Une famille en pleine décomposition, comme à peu près tout ce qui vit dans cette grande ville que la journaliste considère comme « sous vide ». « Dans ce Legoland capitaliste conçu selon un plan en échiquier, » elle a « de plus en plus l’impression de baguenauder dans l’aseptisé le plus stérile. » La critique de notre monde moderne, de ses horreurs au quotidien, est féroce.

Forcément, Éléonore est de plus en plus malheureuse. Souvent elle se remémore les nuits passionnées passées dans un appartement parisien en compagnie de son premier grand amour, un pianiste devenu une star aujourd’hui. Des passages nostalgiques comme des respirations sentimentales et purement sensitives dans le réacteur quantique du roman. Pour son travail, Éléonore rencontre un chercheur allemand installé près de New York. Il vient de lever des millions de dollars pour mettre au point un ordinateur quantique surpuissant.

Humain augmenté par ordinateur quantique

Son projet fait un peu froid dans le dos : il veut le connecter à des sondes implantées dans les cerveaux de riches clients. Ainsi, un homme d’affaires pourra réfléchir, déduire et agir avec la puissance de l’ordinateur. Une sorte d’humain2.0.

La partie « technique » du roman est très réussie. On ne sait pas s’il s’agit de science-fiction ou de possibilités envisageables dans quelques mois, mais la description est criante de vérité. « La machinerie était impressionnante. Au centre, un cylindre long de trois mètres était divisé en trois compartiments sur chacun desquels étaient disposés plusieurs jeux de poignées. Le tout était retenu par un double portique. Cette masse tubulaire, harnachée au plafond, avait des allures de capsule spatiale. » Un génie, un ordinateur, une entreprise qui devient une licorne… Mais toutes les bonnes idées ont leur faille.

Le roman, avec une hargne redoutable, raconte comment le génie va se brûler les ailes en approchant du monde des ultra-riches. Ceux qui gagnent beaucoup d’argent sans le moindre état d’âme. Une attitude expliquée par le mari d’Éléonore, arnaqueur des influenceurs : « On n’oblige pas les influenceurs à s’endetter. D’ailleurs, la plupart des modèles économiques fonctionnent grâce à la bêtise des individus. On gagne de l’argent sur le dos des ignorants depuis des siècles. »

Cette plongée dans le monde moderne actuel se termine paradoxalement dans les montagnes autrichiennes, dans une vallée verdoyante, à lire de la philosophie. Comme si la vraie vie était loin, très loin des ordinateurs quantiques et de l’intelligence artificielle ou augmentée.

« Le crépuscule des licornes » de Julie Girard, Gallimard, 20 €

Cinéma - “Aftersun” et vacances familiales

Film sensible et délicat sur les relations père-fille, Aftersun de Charlotte Wells, à l'affiche à partir de ce mercredi 1er février au cinéma, prend aux tripes. Les vacances familiales finissent mal, en général...

Premier film de Charlotte Wells, Aftersun a beaucoup été nourri des souvenirs de sa relation avec son père. Un film intimiste et universel, sur l’amour entre un père et son enfant. Un récit bouleversant dans son côté inéluctable. Car malgré le soleil, la piscine et les excursions, on devine en filigrane la catastrophe annoncée. Aftersun fait partie de ces réalisations qui prennent aux tripes, tragédie contemporaine des familles éclatées, brisées.

Entre images tremblantes de vacances, tournées par Sophie (Frankie Corio), 11 ans, et exercices de tai chi de Calum (Paul Mescal), le père, le début d’Aftersun est presque bucolique et relaxant. Père et fille arrivent en Turquie pour une semaine de détente et de farniente dans ces hôtels pour touristes étrangers, un peu coupés du monde, parfaits pour oublier  la vie trépidante des grandes métropoles. Mais quand certaines familles sont au complet, la cellule familiale de Calum est réduite à sa plus simple expression : lui et sa fille unique. On comprend qu’il est séparé de la mère, qu’il n’a pas la garde et que cette semaine est peut-être le temps le plus long au cours duquel il peut vivre près de Sophie.

Fraîcheur contre introspection 

Ils doivent donc dans un premier temps se rapprivoiser, trouver la bonne distance, les petits riens qui façonnent la complicité étiolée avec le temps. Avec une simplicité déconcertante d’efficacité, Charlotte Wells raconte ces vacances. Comment Sophie découvre les mystères de l’amour (premier baiser, sortie tardive avec des grands de 16 ans), abandonne ses habits d’enfance, est tentée par les choses plus adultes. À l’inverse, Callum voudrait que Sophie reste la petite fille qu’il peut protéger et entraîner dans des bêtises hilarantes. Mais le temps passe, les mentalités changent et Callum, de plus en plus perdu, perdant pied dans ce rôle de père endossé à de trop rares occasions, semble sombrer.

On soulignera les prestations parfaites des deux comédiens. La fraîcheur de Frankie Corio et l’introspection de Paul Mescal. Sans oublier les propositions souvent décalées mais toujours pertinentes de la réalisatrice Charlotte Wells qui, pour son premier film, a remporté le grand prix au dernier festival du cinéma américain de Deauville.

Film de Charlotte Wells avec Paul Mescal, Frankie Corio, Celia Rowlson-Hall

 

mardi 31 janvier 2023

DVD - "Revoir Paris" et se souvenir des attentats


DVD et Blu-ray.
Revoir Paris (Pathé Vidéo), film d’Alice Winocour permet de se replonger dans l’ambiance après attentats terroristes qui a longuement tétanisé la France. Librement inspiré des attaques des terrasses de café et du Bataclan, le film est une plongée dans la tête d’une des victimes, Mia (Virginie Efira). Attention, on ne ressort pas de ce film intact. La force de l’interprétation, la justesse des réactions, la beauté de certaines émotions risquent de durablement vous rester en tête. Les premières minutes montrent la vie parisienne de Mia. 

Au guidon de sa moto, elle va travailler et retrouve, le soir, son compagnon, médecin. Il doit partir en urgence à l’hôpital. Elle rentre seule. Comme il pleut, elle s’arrête dans une brasserie attendre la fin de l’orage. C’est là que sa vie bascule. Les premiers tirs, une blessure au ventre, puis un grand trou noir. Trois mois plus tard, elle ose revenir à Paris. Mais ne se souvient plus de la soirée fatale. 

Pour tenter de se réapproprier sa vie, son passé, Mia revient à Paris, va sur les lieux de l’attentat, rencontre des membres de l’association des victimes, dont Thomas (Benoît Magimel). Lentement, comme à reculons, Mia va se souvenir, retrouver des détails, comprendre ce qu’elle a fait. Comment elle a pu survivre… Un film inoubliable.