jeudi 4 août 2022

Roman - Panthères rugissantes


Découvertes en mars dernier dans leur première aventure, Amour et vieilles dentelles, les Panthères grises sont déjà de retour pour leur deuxième enquête. Ces Panthères ce sont quatre vieilles dames inventées par Williams Crépin qui se piquent de résoudre des énigmes policières. Attention, si vous êtes amateur des romans de Miss Marple, passez votre chemin, car ces mamies ne sont pas très sortables.

Alice est en pleine dépression. Un chagrin d’amour. Pourtant cette veuve active n’a pas tendance à se laisser aller. Mais cette déconvenue semble être celle de trop. Alors ses copines décident de mettre un peu de paillettes dans sa vie. Pour son anniversaire, elles débarquent dans le petit pavillon de banlieue avec un strip-teaseur. Grosse fiesta à laquelle se joint Chloé, la nouvelle voisine d’Alice.

Une très jeune femme, qui semble battue par son compagnon. Une affaire pour les Panthères ? Pour la police aussi car le couple est soupçonné de préparer un braquage. Voilà comment deux flics vont s’installer chez Alice pour surveiller les suspects tout en supportant les blagues et récriminations des vieilles harpies. On rit beaucoup aux outrances de ces mémés sans gêne.

« Flics au pair » de Williams Crépin, Albin Michel, 15,90 €

mercredi 3 août 2022

BD - Vacances en rouge avec Métal Hurlant


Si vous n’avez pas envie de vous entasser avec les milliers de touristes qui s’agglutinent sur les plages de la région pour ce début août tant redoutée par les agoraphobes. Si même la présence de quelques vaches ou brebis dans les estives des montagnes désertes vous perturbent il ne vous reste plus qu’une solution : partir en vacances sur Mars. Compliqué si l’on n’a pas la fortune d’Elon Musk. Mais pour moins de 20 euros, vous pouvez découvrir les charmes cachés de la planète rouge en vous plongeant dans les 290 pages du numéro 3 de la nouvelle formule de Métal Hurlant.


Que des histoires originales pour cette livraison, avec pour thème, donc, Mars et ses attraits touristiques. Coordonné par Jerry Frissen, le contenu de la revue offre quelques belles surprises comme le retour à la BD de Marc Caro, la découverte de deux signatures féminines talentueuses (Virginie Augustin et Aimée de Jongh).

Seul bémol, c’est beau et intelligent mais manque d’audace et d’originalité, la marque de fabrique du Métal première génération. Exceptée la fresque de Jean Dalin intitulée : A la recherche du Mob.

« Métal Hurlant » (numéro 3), 19,95 €


mardi 2 août 2022

Cinéma - Les gendarmes fêtent “L’année du requin”

Un requin sème la panique sur une plage du Sud-Ouest, mais les gendarmes veillent. Cette réalisation des frères Boukherma oscille entre comédie et série Z. 


Les habitants et touristes de La Pointe, station balnéaire du Sud-Ouest de la France (sorte de mélange d’Arcachon et de Capbreton), l’été venu, aiment se planter le cul dans le sable à regarder. C’est du moins ce que nous apprend le narrateur (Ludovic Torrent, déjà vu dans Teddy) de L’année du requin, film des frères Boukherma. Ces derniers n’ont pas posé leur cul sur le sable mais entre deux chaises. Ils n’ont pas su choisir entre la pure comédie et le film d’horreur classique avec action et attaque de requin. Le spectateur se retrouve donc face à un objet hybride, allant du pire des films de gendarmes quand ils se ridiculisaient à Saint-Tropez au presque plus risible long-métrage de série Z avec requin en carton-pâte.

Pourtant, ils sont prometteurs ces frères. Ils ont de l’idée et on sent bien qu’ils ont beaucoup regardé de chefs-d’œuvre avant de se lancer. Le résultat est encore très bancal, mais à n’en pas douter, ils trouveront leur voie avec le temps

A quelques jours de la retraite 

Tout commence par la canicule. Au moins, ça ne nous changera pas de notre quotidien. Maja Bordenave (Marina Foïs), gendarme à 4 jours de la retraite, s’ennuie ferme. Mais en secourant deux touristes allemands coincés sur un banc de sable, elle voit passer à un mètre de son hors-bord un requin de cinq mètres. Pour elle, il faut fermer les plages, interdire la baignade et se lancer à la chasse au squale. Sauf que tout le monde lui rit au nez. Il n’y a pas de requins dans la région. Jusqu’à la découverte des restes d’un paddliste (il l’a bien mérité !).

Maja va en faire un combat personnel, jurant à son naïf de mari (Kad Mérad) qu’elle allait capturer le mangeur d’hommes avant son pot de départ. La première partie est clairement comique avec un Jean-Pascal Zadi un peu mieux exploité, pour une fois. La suite se veut dramatique, elle n’est souvent que pathétique.

À l’arrivée, plus qu’une galéjade sudiste ou un remake du pauvre Jaws de Spielberg, on a l’impression de voir un film de Jean-Pierre Mocky. La réalisation est parfois bordélique, les dialogues bourrés de références à l’actualité et nombre de comédiens ont des tronches, comme le génial réalisateur du Miraculé aimait en truffer ses créations. Genre Ludovic Torrent, pur Cérétan, arrivé sur Teddy presque par erreur et qui décroche un joli petit rôle dans L’année du requin.

Film français de Ludovic et Zoran Boukherma avec Marina Foïs, Kad Merad, Jean-Pascal Zadi

 

lundi 1 août 2022

Cinéma - Toute une vie “En décalage”

Elle entend les sons en retard. L'héroïne de ce film espagnol voit sa vie bouleversée par une maladie rare.

Exigeante, experte, professionnelle. La meilleure dans son domaine. C. (Marta Nieto) est ingénieure du son dans un studio espagnol. Elle travaille à la synchronisation finale d’un film. Elle rajoute quelques bruitages, affine les tonalités des dialogues. Une femme active par excellence, mais remplie de failles, personnage principal de En décalage, film ténébreux et parfois angoissant de Juanjo Giménez Peña.

Récemment séparée de son compagnon, C. passe beaucoup de temps à son travail. Au point que parfois elle préfère dormir dans la salle de travail au lieu de rentrer dans son appartement. Le surmenage la guette. La dépression aussi. Est-ce cette conjonction de situations conflictuelles qui lui provoque ce dysfonctionnement de l’audition ? Alors qu’elle réécoute le montage son final du film, elle constate qu’un léger décalage existe entre image et son. Dans un premier temps, elle se persuade que c’est un défaut dans le logiciel. Mais, rapidement, elle constate que c’est elle qui perçoit les sons avec quelques secondes de retard. Une durée qui va en s’amplifiant. Incapable de travailler, elle se retrouve en situation très compliquée, virée de son appartement et de son travail.

Obligée de retourner vivre chez sa mère, retraitée, C. replonge dans son enfance, quand elle avait de gros problèmes d’élocution et que son père la faisait travailler en l’enregistrant. Cette maladie du décalage est-elle une réminiscence de ces difficultés enfantines . A moins qu’elle n’ait une origine génétique ?

Le talent de Marta Nieto 

Ce film, entre thriller, étude psychologique avec un soupçon de fantastique (le décalage devient si grand, qu’elle peut entendre des voix dans des pièces longtemps après le dialogue) est un rôle en or pour Marta Nieto. Déjà encensée pour sa composition dans Madre de Rodrigo Sorogoyen, elle confirme sa force et sa présence dans cette histoire où elle doit beaucoup s’exprimer sans parler. L’émotion est très vite omniprésente : son désespoir de ne plus pouvoir travailler, son inquiétude de découvrir les secrets de famille, sa crainte de l’amour de son collègue Ivan (Miki Esparbé). Un sans faute pour cette comédienne d’exception.

Film espagnol de Juanjo Giménez Peña avec Marta Nieto, Miki Esparbé

 

dimanche 31 juillet 2022

BD - Beaux robots


Les Beka et Munuera continuent leur excellente collaboration avec cette nouvelle série de science-fiction pour adolescents. Ils ont imaginé un monde où les robots seraient devenus les esclaves des humains.

Pour comprendre les ressorts de cet univers, on découvre la relation fusionnelle entre jeune Iséa et sa nounou de fer, Debry. Cette dernière, très attentionnée, joue le rôle de maman.


La véritable génitrice d’Iséa, jalouse, décide de se débarrasser de Débry. Iséa va fuguer pour tenter de retrouver Debry qui aurait trouvé refuge dans une ville fantasmagorique où humains et robots vivent libres et égaux.
Une très belle histoire d’amour et de sacrifice avec en fond la trame de Cyrano de Bergerac.

« Les cœurs de ferraille », Dupuis, 13,50 €

BD - Divinités indiennes avec Arjuna


Au XIXe siècle, l’Inde, vaste sous-continent aux multiples divinités, est en train de tomber sous la coupe des colons anglais. Ces derniers, pour asseoir leur domination, interdisent de vénérer ces Dieux et Déesses ancestraux. Alors, la résistance s’organise, car c’est la survie du pays qui est en jeu.

Arjuna, jeune mercenaire locale, préfère aider l’occupant. Elle monnaye sa dextérité à l’épée pour tuer les dernières divinités indiennes comme Kali ou Hanuman, le Dieu-Singe. Au même moment, la fille du gouverneur, blonde délurée aimant se dévergonder dans les bas-fonds de Bombay, se retrouve enceinte. Elle porterait en elle la nouvelle forme humaine de Ravana, le dieu qui veut répandre la destruction sur terre. Résultat les autres dieux et les Anglais la pourchassent.

Elle a la chance d’être protégée par Arjuna (grassement payée par le père de la jeune femme) et un pirate sans foi ni loi.

Beaucoup d’aventures, de combats et de décors merveilleux, dans ce roman graphique grand format, écrit par Mathieu Mariolle, dessiné par Laurence Baldetti et mis en couleur par Nicolas Vial.

« Arjuna », Glénat, 19 €

samedi 30 juillet 2022

Écrivains à Collioure

L’escale du Camion qui livre à Collioure est devenue un incontournable de l’été sur la côte Vermeille. L’opération du Livre de poche sera, une nouvelle fois, présente sur le port, les 2 et 3 août. Trois auteurs sont sur place pour rencontrer les lecteurs, habituels ou occasionnels.

Des séances de dédicaces qui devraient connaître un beau succès, car ce sont Bernard Werber (Les Fourmis ; dernière nouveauté en poche, La planète des chats), Charline Malaval (Le chant du perroquet chez Préludes, au Livre de Poche, le 7 septembre prochain) et Marie-Charlotte François, autrice de littérature adolescente,au Livre de Poche jeunesse.

C’est cette dernière, qui réside en Ariège, qui a la nouveauté la plus récente. Le second tome de sa romance More Than Friends est sorti le 6 juillet dernier. Les plus jeunes se passionneront pour les amours compliqués de Jade, la narratrice, avec Cameron, un mannequin.

Et avant l’arrivée du camion, le lundi 1er août, à 17 h 30 au cinéma Le Mondial, Bernard Werber donnera une conférence masterclass. Entrée gratuite mais il faut réserver sur eventbrite.fr !

Le camion qui livre à Collioure les 2 et 3 août, sur le port, dédicaces des auteurs de 15 h à 18 h.

Thriller - Roman double de Valentin Musso

Imaginé et écrit en pleine période du confinement, L’homme du Grand Hôtel de Valentin Musso est aussi angoissant que de se retrouver cloîtré durant de longues semaines dans un F2 sans balcon. Un roman double. On découvre dans le premier chapitre, le réveil, dans une luxueuse chambre du Grand Hôtel de Cape Cod sur la côte Est des USA, d’un homme aussi désorienté que le lecteur. Il n’a aucun souvenir, ne sait plus qui il est, ce qu’il fait là…

Au fil des pages il apprend qu’il est un célèbre écrivain venu terminer son nouveau roman en toute tranquillité. Changement de lieu pour la suite. A Boston, un jeune homme s’échine à devenir écrivain. Il tape ses histoires bancales sur une vieille machine à écrire. Sans succès. Jusqu’à sa rencontre avec une belle comédienne. Ces deux vies composent les différents chapitres de ce roman psychologique qui en apprend beaucoup, au lecteur, sur la vie des écrivains, célèbres ou inconnus.

A la fin, les récits se rejoignent et on comprend enfin le lien entre l’auteur de best-seller et le raté de Boston. Une intrigue brillante parfaitement amenée jusqu’à sa conclusion.

« L’homme du Grand Hôtel » de Valentin Musso, Seuil, 19,90 €

vendredi 29 juillet 2022

Récit - Solitude abrupte

Un dernier regard et puis plus rien. Dans la voiture de location, sur cette route pittoresque de Marie-Galante, en Guadeloupe, Emmelene Landon a le temps de lancer un dernier regard à Paul, l’amour de sa vie avant le choc. Un accident qui la laisse gravement blessée. Paul, lui, est mort sur le coup. Après ce dernier regard entre deux amoureux depuis plus de 20 ans.

C’était début 2018. Dans Debout, Emmelene Landon raconte comment elle s’est reconstruite, comment elle essaie de « survivre à la dérive ». Avec la présence de Paul à ses côtés, car elle doit « garder à l’esprit le cœur ouvert, ce qu’il reste à vivre. Insupportable néant. »

Un texte puissant, structuré en trois parties. La première, la plus dure, celle de l’accident, du retour sur Paris, pour solder le passé matériel, où elle tente de supporter le quotidien. Par chance, sa fille est enceinte, une petite fille viendra redonner le sourire à l’autrice. La seconde, la plus dépaysante, sur son voyage à bord du D’Entrecasteaux, bâtiment de la Marine nationale basé en Nouvelle-Calédonie.

Enfin, elle découvre la voile avec un ami écrivain. Un final revigorant pour un texte plein d’espoir malgré la solitude abrupte qui lui est tombée dessus à Marie-Galante.

« Debout » d’Emmelene Landon, Gallimard, 20 €

BD - Secours imaginaire


Ana, étudiante, souffre de crises d’éco-anxiété. Une maladie très récente. La jeune fille panique quand elle constate que l’Humanité court à sa perte en maltraitant la planète. Ainsi, en pleine séance chez sa psy, elle constate que la praticienne, qui pourtant lui est d’une grande aide, utilise une cafetière à dosette en aluminium. Cela suffit pour mettre Ana en rage. Depuis son plus jeune âge, elle s’est créé un ami imaginaire.

Un protée, appelé aussi olm, salamandre des grottes. Cette bestiole blanchâtre, vit avec elle dans sa chambre en cité universitaire. C’est presque son seul interlocuteur. Il prend une forme humanoïde, interagit avec elle mais reste invisible du reste du monde. Ana est-elle folle ? Assurément pas quand on comprend pourquoi elle a dû inventer cet ami qui lui aussi est d’un grand secours dans son quotidien.

Écrit par Pog, dessiné par Séverine Lefebvre, L’ami colocataire, roman graphique composé de courts chapitres, va crescendo dans le bizarre. Pour finalement donner la possibilité à Ana de vivre plus en harmonie dans ce monde qu’elle redoute.

Jusqu’à pouvoir vivre sans son colocataire imaginaire. Cet album inclassable est une superbe leçon de vie.

« L’ami colocataire », Marabulles, 20,95 €