vendredi 22 avril 2022

BD - Jouez maintenant !


Si vous avez des difficultés à faire décrocher vos enfants des jeux vidéo, précipitez-vous sur cet album de Damian et Hernandez. Dans un futur proche, tout est devenu virtuel. Quand Daniel doit aller passer deux semaines en vacances chez ses grands-parents, il redoute le pire. Ils vivent loin de la civilisation, sans connexion internet. 


Mais Papi et Mamie ont plus d’un tour pour transformer le séjour en vaste chasse au trésor dans les bois, ,découverte de la rivière,  fabrique de cerf-volant et surtout rencontre avec la légendaire reine Louve.

« Game au vert », Bamboo, 15,90 €


jeudi 21 avril 2022

BD - Tueur d’État dans les années 50


Les années 50 redeviennent à la mode. Après le récit de Christin et Arroyo, ce sont Noël Simsolo et Dominique Hé qui restituent le Paris de cette époque. Dan est le patron d’une boîte de nuit. Une couverture pour cet ancien Résistant qui a accepté de faire partie des services spéciaux de l’État français. 

Son rôle : éliminer en toute illégalité des hommes qui complotent contre la France. Il a commencé en tuant des collabos, il continue en assassinant ceux qui aident les mouvements indépendantistes, notamment d’Afrique du Nord. Un récit assez sombre, où le héros, perdant toute notion de bien ou de mal, tue sur commande. Mais cela risque de se retourner contre lui et le second tome devrait apporter un peu de rédemption à un homme aux mains sanglantes.

« Du côté de l’enfer » (tome 1), Glénat, 14,50 €


Roman - La fille-troll cherche sa sœur

En Islande, la moindre parcelle de terre est habitée par des êtres minuscules et magiques. Une omniprésence du surnaturel sans doute pour compenser le climat si rude. Le nouveau roman noir de Lilja Sigurdardottir se déroule en été. Les températures ne sont donc pas glaciales.  10° en pleine journée. Mais le soleil ne se couche plus. Difficile dès lors de bien dormir. 

C’est dans cette ambiance déstabilisante que débarque à Reykjavik Aurora. Elle est missionnée par sa mère pour obtenir des nouvelles de sa grande sœur, Isafold

Femme battue

Aurora et Isafold sont aussi différentes que leurs deux parents. Le père (mort depuis quelques années) était un pur Islandais, immense, blond et fier de ses traditions, la mère une écossaise qui n’a jamais su s’adapter à cette terre volcanique légendaire. Si Aurora, grande, musclée et sportive a le gabarit de l’Islandaise de base, elle vit pourtant en Écosse. Isafold, petite et fine, réside depuis quelques années avec Björn, un Islandais qui n’a jamais quitté son île. Le père des deux sœurs si dissemblables a théorisé ce grand écart. Aurora se souvient : « Les filles-elfes et les filles-trolls n’ont pas les mêmes besoins. Pour le petit-déjeuner il place deux toasts dans l’assiette d’Isafold et plusieurs tranches de bacon dans la mienne. Après le repas, elle ira courir et moi j’irai à la salle de musculation avec lui. » La même Aurora confesse à Daniel, un policier séduisant, « qu’elle se sentait parfois comme une sorte de pendule oscillant sans cesse entre la sage Grande-Bretagne et la folle Islande. »

Devenues adultes, l’entente entre les deux sœurs s’est détériorée. Isafold a souvent appelé à l’aide sa sœur car son compagnon la bat. Elle est toujours venue. Mais Björn arrivait toujours à la récupérer. Jusqu’à l’incartade suivante.  Cela fait trois semaines qu’Isafold ne donne plus de nouvelles à sa mère. Aurora débarque et Björn prétend qu’elle est repartie en Grande-Bretagne. Où est Isafold ? Que lui est-il arrivé ? 

Ces questions sont au centre de ce polar même si l’essentiel du récit n’est pas policier. On est surtout happé par les personnages secondaires du récit : Grimur, un homme étrange, visiblement dérangé, qui se rase l’ensemble du corps au moins trois fois par jour, voisin et amoureux transi d’Isafold, Olga, autre voisine d’Isafold, mère dévastée par la mort de son fils, qui revit depuis qu’elle héberge clandestinement un réfugié syrien, Hakon, un propriétaire d’hôtels, grand magouilleur devant l’éternel, expert en détournement de fonds et qui intéresse doublement Aurora, professionnellement et sexuellement. Et puis il y a bien évidemment l’Islande, ses ambiances si particulières, l’ensemble de ses habitants, uniques et aux mœurs incompréhensibles pour nous, Européens du sud. Des filles-trolls comme des filles-elfes.  

« Froid comme l’enfer » de Lilja Sigurdardottir, Métailié Noir, 21 €

mercredi 20 avril 2022

Vidéo - Le choc de "L'événement"

DVD et Blu-ray. Dans cette province française de la fin des années 50, Anne (Anamaria Vartolomei), fille d’un couple qui tient un petit restaurant, a d’excellents résultats à l’université. Mais ses notes chutent du jour au lendemain. Elle a découvert qu’elle est enceinte. Les conséquences d’une aventure, de quelques jours, avec un étudiant bordelais. 

Sur une musique obsédante et virtuose de Sacha et Evgeni Galperine, le spectateur est cloué au siège, tétanisé, durant ces ultimes jours, quand Anne essaie d’avorter par ses propres moyens, puis passe entre les mains d’une “faiseuse d’anges”. 

 Adapté d’un récit d’Annie Ernaux, ce film d’Audrey Diwan a remporté de nombreux prix. Sa sortie en DVD (Wild Side Vidéo), permet de revoir ce plaidoyer en faveur de d’IVG (interruption volontaire de grossesse). 

SF - Redécouvrir les mondes d'Outreterres

Publié une première fois à la fin des années 50, ce roman de science-fiction de Robert Heinlein est le prototype du récit d’aventure. Le jeune Rod, pour obtenir le droit de coloniser les planètes d’Outreterre, doit passer un examen de survie. 

Plongé dans un monde hostile, il va se révéler, face à la faune locale mais surtout aux autres humains. 

Tant et si bien que rapidement « L’examen de survie ne l’intéressait plus, seule la survie importait. » Un texte à redécouvrir dans une version plus adulte, remaniée dan s les années 80 par cet auteur américain à qui l’on doit les fameux Starship troopers.

« Destination Outreterres », Robert Heinlein, Le rayon imaginaire, 22 €

 


mardi 19 avril 2022

Cinéma en streaming - La bulle, humour confiné


Enfin un film sur le confinement véritablement hilarant. « La bulle », écrit et réalisé par Judd Appatow pour Netflix, raconte comment une maison de production, malgré le virus, veut absolument tourner un film. Dans un hôtel luxueux anglais transformé en bulle sanitaire, les comédiens d’une saga d’aventure qui en est à son 6e volet, vont découvrir les joies de la vie en vase clos. Mais comme ce sont d’immenses cabotins, cela va rapidement dégénérer.  

Comme toujours dans les comédies d’Appatow, l’outrance est omniprésente. La caricature des « stars » est savoureuse. On apprécie aussi la critique des nouveaux moyens de communication, avec le rajout au casting d’une jeune influenceuse sur TikTok, mauvaise actrice, mais très prometteuse avec ses 150 millions d’abonnés… 

BD - Loin du soleil avec Liu Cixin


Ambitieuse collection chez Delcourt avec l’adaptation en BD des nouvelles de l’écrivain chinois Liu Cixin. 15 titres sont déjà programmés, dont 7, dès cette année. C’est Bec et Raffaele qui ouvrent le bal avec La Terre vagabonde. Quand des scientifiques découvrent que le Soleil va exploser, ils persuadent les gouvernements de transformer toute la Terre en vaisseau spatial. 

D’énormes réacteurs sont construits et la planète bleue entame une longue dérive vers une autre étoile nourricière, à des milliers d’années-lumière. Un récit à grand spectacle, avec suspense et explications scientifiques. Un monde imaginaire qui inquiète, car tout semble plausible.    

« La Terre vagabonde », Delcourt, 21,90 €


Roman - Le menu de la guerre

Succulent (dans tous les sens du terme) que ce roman de Jennifer Ryan. En 1942, l’Angleterre résiste aux attaques allemandes. La BBC, pour remonter le moral de la population, décide d’organiser un concours de recettes de cuisine. La gagnante pourra présenter une émission régulière. Quatre amies se lancent dans une compétition effrénée. 

Un roman qui dévoile la formidable résistance britannique, capable du meilleur malgré le rationnement alimentaire. Un roman sur l’amitié, qui propose en plus plusieurs recettes de l’époque comme ces très simples friands à la sardine ne nécessitant qu’une boîte de sardines à l’huile, quatre cuillères de farine et deux de légumes.

« Les recettes des dames de Fenley », Jennifer Ryan, Albin Michel, 22,90 €

lundi 18 avril 2022

Série télé - « Drôle » mérite bien son nom


Parfaitement écrite, jouée à l’unisson par quatre comédiens inspirés, alternant humour et émotion : Drôle, la nouvelle série de Fanny Herrero (créatrice de Dix pour cent) est une parfaite réussite. Il faut parfois dire clairement et noir sur blanc des évidences. Car, trop souvent on aime détester pour de mauvaises raisons des œuvres qui pèchent essentiellement par leur diffusion. Les productions françaises de Netflix n’ont souvent pas très bonne presse. À juste titre, quand on repense à la catastrophe Marseille. Avec Drôle, la plateforme a trouvé son programme culte. Pas comme Lupin, qui en plus s’exporte. Mais qui va plaire à toute une génération (jeune) de Français qui vont se reconnaître dans ces quatre portraits si attachants. C’est bien le paradoxe de la série qui, normalement, a pour but de montrer les coulisses du monde du stand-up. De l’humour, mais aussi des vacheries. Et, au final, des tonnes d’émotion. 

Dans ce bar qui fait aussi plateau de stand-up, le soir, le patron est un ancien du milieu. Bling (Jean Siuen) a connu son heure de gloire. Mais est en plein doute. Il n’a plus d’idées et, de toute manière, consomme un peu trop de drogue pour faire bonne figure. Il a investi dans ce lieu qui donne sa chance aux jeunes humoristes de la capitale. Aïssatou (Mariama Gueye) y teste des idées, avant de les finaliser pour son spectacle dans un petit théâtre. Elle est la meilleure amie de Nezir (Younès Boucif), roi de la repartie, qui travaille ses chutes tout en pédalant, car il doit livrer kebabs et sushis pour vivre. La quatrième héroïne de Drôle c’est Apolline (Elsa Guedj). Au début elle n’est que dans le public. Cette fille de grand bourgeois fait des études d’art. Mais rêve de monter sur scène et de faire rire. 

Les six épisodes racontent, en parallèle, ces quatre destins. Aïssatou perce et devient une vedette nationale, au risque de détruire son couple. Bling va tenter un come-back, en utilisant le talent d’écrivain de Nezir. Ce dernier, pour payer le loyer, va accepter d’écrire pour une star de la télévision. Sans jamais être crédité, évidemment. 

Toute la richesse de Drôle réside dans l’arrivée, au cœur de ce milieu, de la très délirante Apolline. Elle va craquer pour Nezir, mais mettra longtemps avant de l’admettre et lui donner sa chance. Une superbe histoire d’amour qui vient apporter son lot d’émotions à une série qui est, avant tout, une succession de vannes et de bons mots. Car, si Fanny Herrero assure l’écriture de l’intrigue, elle a confié à des pros du stand-up (dont Fanny Ruwet et Jason Brokerrs) la partie scène qui est drôle, très drôle !

 


BD - Nostalgie métallique, deux fois !


En redécouvrant Métal Hurlant, l’an dernier, dans les librairies, les nostalgiques de la grande époque du magazine de BD et de science-fiction n’ont pas caché leur déception. On était loin des provocations des années 80, sous la houlette de Dionnet. 

Des critiques qui ont sans doute porté, puisque le second numéro est un spécial nostalgie. Dionnet y est interrogé sur son « management » et les meilleurs récits courts sont repris dans ces 300 pages très denses. On retrouve, avec plaisir, Moebius ou Druillet, mais aussi des auteurs emblématiques, aujourd’hui un peu oubliés comme Macedo, Nicollet, Voss, Nicole Claveloux, Chantal Montellier ou le regretté Michel Crespin.   

« Métal Hurlant » (numéro 2), 19,95 €