lundi 28 février 2022

Cinéma - « Super-héros malgré lui », exploits comiques

Gags et quiproquos à gogo dans ce film hommage au cinéma de genre.

Les quatre Fantastiques du cinéma comique français : Elodie Fontan, Philippe Lacheau, Tarek Boudali et Julien Arruti. Julien Panié

En quelques années, Philippe Lacheau est devenu une valeur sûre de la comédie française. Il a entraîné dans son sillage Tarek Boudali, complice d’écriture et de délires. Assurés d’attirer des centaines de milliers de spectateurs dans les salles (quand ce ne sont pas des millions), ils se permettent de plus en plus de trucages, scènes d’action et cascades. Dans Super-héros malgré lui, Philippe Lacheau franchit un cran dans la démesure en parodiant un film de super-héros. Ils ne s’attaquent pas directement au phénomène mais à sa représentation si populaire dans la jeunesse actuelle. Cédric (Philippe Lacheau), petit comédien n’arrivant pas à percer, a l’opportunité d’interpréter le rôle-titre de la superproduction « Badman ». En réalité, c’est un assez mauvais film de série B, avec surtout la participation d’un vieil acteur sur le retour pour interpréter le méchant. Mais qu’importe, Cédric en profite au maximum. Jusqu’à ce moment où victime d’un accident, il perd la mémoire et se découvre affublé de la combinaison de Badman. Il se persuade, dès lors, d’être véritablement un justicier de la nuit. Un enchaînement de gags et de quiproquos qui vont le propulser à la Une des journaux. Ses meilleurs amis (Elodie Fontan, Tarek Boudali et Julien Arruti) vont tenter de lui faire retrouver sa véritable personnalité. Mais difficile de persuader un super-héros qu’il n’est en réalité qu’un petit acteur surtout connu pour des publicités honteuses…

Le film rythmé et toujours aussi bien dialogué, donne l’occasion à la petite bande de multiplier les gags visuels. Un côté burlesque encore plus marqué que d’ordinaire. La partie romance est très légère ; par contre, les ficelles sont un peu grosses en ce qui concerne la reconnaissance du père. Cédric est le fils du commissaire Dugimont (Jean-Hugues Anglade), un grand flic qui n’a pas supporté que son garçon devienne saltimbanque, contrairement à sa sœur, devenue une militaire d’élite. Tout change quand il devient Badman…

Venu présenter le film dans la région, l’an dernier, en compagnie de Julien Arruti, le réalisateur a expliqué au public présent en masse son plaisir à interpréter un super-héros. Mais entre arrêter les vilains et faire rire le public, le choix est vite fait pour Philippe Lacheau. Ça tombe bien, il est quand même plus crédible dans le second rôle.

Film français de et avec Philippe Lacheau, avec aussi Julien Arruti, Tarek Boudali, Elodie Fontan.




dimanche 27 février 2022

Cinéma - Dans le film « Selon la police », le drame est permanent


Présenté en janvier dernier au festival du film politique de Carcassonne, Selon la police de Frédéric Videau est une accumulation de tranches de vie dans un commissariat au bord de l’implosion. Pourtant des travaux viennent d’être effectués dans les toilettes, resplendissantes. Et des plantes vertes ornent les couloirs. Mais c’est juste car le ministre de l’Intérieur est de passage.


Une fois parti, Ping-Pong (Patrick d’Assumçao), brûle sa carte de police dans le lavabo. Il n’aime plus son métier, lui qui a débuté comme flic de proximité, chargé de parler avec les jeunes des quartiers. Maintenant le ministère exige des résultats. En clair des chiffres pour gonfler les statistiques des affaires résolues.

Pyramide Ce film, parfois aussi authentique qu’un documentaire, raconte aussi le quotidien d’une policière stagiaire. En plus des réflexions machistes, elle doit subir les insultes racistes car issues d’une famille maghrébine. On suit aussi le groupe dirigé par Tristan (Simon Abkarian), formé de filles et de garçons animés souvent d’envies contradictoires.

L’histoire la plus forte reste celle de ces deux frères (Alban Lenoir et Émile Berling), fils de flic. Le premier a la foi en son métier, le second au contraire est au bout du rouleau. Émotion garantie. Tout comme la fin du film où plusieurs personnages de retrouvent pour un sacrifice poignant.

 

samedi 26 février 2022

Cinéma - Maigret, bloc d’humanité

Gérard Depardieu endosse le pardessus du commissaire Maigret avec humilité, lui conférant une incroyable humanité.  SND 


Deux monuments. De la littérature francophone et du cinéma français. La rencontre de Gérard Depardieu avec le personnage de Maigret fait partie de ces miracles qui redonnent confiance à la puissance de la création. Souvent cantonné dans des seconds rôles peu valorisants ces dernières années, Depardieu retrouve son statut d’immense vedette avec le nouveau film de Patrice Leconte. Un Gérard Depardieu fatigué physiquement, taciturne, tourmenté et qui pourtant donne une humanité incroyable au commissaire imaginé par Simenon

Ce flic, usé, n’a plus l’envie. Il perd l’appétit, ne veut plus sortir et se voit même interdire le tabac et la pipe par son médecin. Mais les affaires continuent. Une jeune femme d’à peine 20 ans est retrouvée morte dans un parc. En robe de soirée,  poignardée à cinq reprises. Une inconnue qui n’a pas de papiers d’identité. Maigret va mener l’enquête pour donner un nom à cette morte qui lui rappelle tant cette enfant qu’il a perdu. Il va errer dans les rues de Paris,  posant des questions, écoutant les voisins, retrouvant des connaissances de la morte. 

La fille absente

Un Maigret tellement obsédé par cette jeune morte qu’il va mettre  dans son petit appartement populaire une autre jeune fille perdue, Betty (Jade Labeste), autant pour la protéger que pour l’utiliser comme appât pour piéger les principaux suspects. Une famille de bourgeois, comme souvent dans les romans de Simenon. Une réalisation classique et efficace de Patrice Leconte, expert en reconstitution du Paris historique (les années 50) atténue la maigreur de l’intrigue un peu trop prévisible. 

Reste Depardieu, immense, monumental. Il prouve dès les premières minutes, en trois regards, deux répliques et par la suite avec sa présence totale qu’il est le plus grand comédien de sa génération. Et des suivantes. 

Film de Patrice Leconte avec Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier  



De choses et d’autres - La Lune est-elle virtuelle ?

Dans le panthéon des complotistes, la conquête de la Lune par les Américains serait l’exemple parfait de la manipulation de l’opinion publique. Régulièrement, des « preuves irréfutables » selon eux, ressortent pour expliquer que les fameuses images de Armstrong foulant le sol lunaire ne sont qu’une mise en scène, tournée dans les studios d’Hollywood.

Pourtant, ces faits, irréfutables, datent de plus d’un demi-siècle, mais certains sceptiques continuent à être persuadés qu’il ne s’agit que d’une opération de communication couverte par l’ensemble des gouvernements.

Dans ce contexte, je m’étonne que le CNES, Centre national d’études spatiales, organise le mardi 9 mars à 20 h un jeu de rôle sur Twitch en collaboration avec FranceTV. Baptisé Mission Lune, ce programme, entre divertissement interactif et émission pédagogique, propose aux spectateurs-acteurs de faire « partie d’un équipage en route pour la Lune. » Et de préciser dans la foulée : « Réalité ou fiction ? »

Alors évidemment, si les spécialistes de l’exploration spatiale française eux-mêmes laissent entendre qu’une mission pour la Lune n’est que fiction, comment réussir à convaincre nos tristes complotistes ? Ces fous furieux, persuadés d’avoir toujours raison, vont trouver dans cette Mission Lune des milliards de justifications à leurs certitudes.

Car je ne doute pas qu’avec les nouvelles technologies numériques, l’impression de voyage et d’alunissage seront encore plus réalistes que les images noir et blanc très pixélisée diffusées par toutes les télévisions de Terre durant la nuit du 21 juillet 1969. Et voilà comment on entretient les légendes urbaines en croyant bien faire…

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 22 février 2022

vendredi 25 février 2022

DVD - Les airs de Tralala


Rien que la bande-son de Tralala, comédie musicale des frères Larrieu qui vient de sortir en DVD et blu-ray (Pyramide Vidéo) mérite le détour et l’histoire, si elle est moins corrosive que les films précédents des cinéastes, s’adapte au parcours en rédemption d’un chanteur SDF dans la bonne ville de Lourdes
Tralala (Mathieu Amalric), autant chanteur de rue que clochard, croit voir la vierge à Paris. Il se rend alors à Lourdes et découvre qu’il ressemble à un homme dispru depuis quelques années. Il endosse son identité et tente de satisfaire famille et amis. Les chansons originales sont de plusieurs pointures, de Philippe Katerine à Jeanne Cherhal en passant par Étienne Daho ou Dominique A sans oublier Bertrand Belin qui, en plus, joue (merveilleusement bien) dans le film. 


De choses et d’Autres – Le mini pape de François Boucq, héros d'une bande dessinée

La personnalité du pape est toujours passée au crible, par les évêques, avant son élection. Par contre, dans cet album de BD signé François Boucq, ils ont complètement oublié de prendre en considération sa taille. En plaçant Pie 3,14 à la tête de la Chrétienté, ils ont, en fait, donné les clés du Vatican à un nain qui plus est avec l’esprit d’un enfant de 8 ans.

Sa papamobile est une smart et pour passer incognito dans les rues de Rome, rien de tel qu’une poussette. Ces histoires courtes, parues dans Fluide Glacial, marquent le grand retour de Boucq, dans le registre de l’humour. Dessinateur réaliste du Janitor ou du Bouncer, illustrateur de procès, il revient à ses premières amours, avec une verve et une imagination inépuisable.

Le petit pape Pie 3,14 raconte la vie d’aujourd’hui, avec quelques piques en direction des véritables religieux quand il remercie, depuis le balcon du Vatican, les « croyantes, croyants, transgenres et toutes les autres sortes ». Un pape si disponible qu’il se déclare à l’écoute 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Il suffit de composer le numéro vert 3 14 16…

« Le petit pape Pie 3,14 », Fluide Glacial, 12,90 €  

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 19 février 2022

jeudi 24 février 2022

Série télé - Murderville, enquêteurs stars pris au piège


Les Anglais ont souvent de très bonnes idées de séries télé ou d’émission. Ce sont eux qui ont mis au point le concept de Murderville, série qui vient de débarquer sur Netflix avec Will Arnett dans le rôle principal. On pourrait se croire dans une série policière classique, mais rapidement on comprend qu’en fait il y a des bouts de caméra cachée, voire d’improvisation. Terry Seattle, détective de la cité américain fictive de Murderville, n’a plus de coéquipier. La dernière en date s’est faite abattre. Depuis il tente de découvrir qui est derrière cet assassinat. Mais à chaque épisode, Terry doit se coltiner un ou une coéquipière. 

A chaque fois des comédiens qui jouent leur propre rôle. Leur mission : aller sur les lieux d’un crime, analyser les indices, interroger les suspects et au final dire qui est coupable. C’est le côté improvisation du show, doublé des délires de Will Arnett, excellent dès qu’il faut déstabiliser l’invité. Sur les six premiers épisodes, si certaines vedettes sont peu connues en France, on note cependant la présence de Sharon Stone, qui joue le jeu à 100 %. 

Même quand Will Arnett lui explique qu’elle n’a pas du tout le droit de tomber amoureuse de lui... Une Sharon Stone qui, dès qu’elle a compris le sens de l’émission, apporte toute sa folie et son talent à un épisode qui reste le meilleur des six. 

 


De choses et d’autres - Moins belle la vie

Drame en vue pour le paysage audiovisuel français, le fameux PAF. Selon le Figaro, le feuilleton de France 3, Plus belle la vie, devrait s’arrêter à la fin de l’année.

Lancée à la rentrée 2004, cette production quotidienne racontant la vie d’un quartier imaginaire de Marseille, avait été accueillie avec scepticisme par les professionnels. Sans compter les moqueries d’une certaine intelligentsia parisienne qui se moquait des accents et des intrigues. Pourtant, le côté populaire, simple, proche des gens, a rapidement joué en faveur de Plus belle la vie. Les audiences ont grimpé, au point que le feuilleton est devenu, en une année, le programme phare de France 3.

Chaque soir, plus de 4 millions de Français se passionnaient pour ces Marseillais, autrement plus intéressants que ceux des téléréalités de seconde zone. Un succès qui a fait des envieux. Donc, TF1 a lancé son propre feuilleton quotidien. Et, finalement, France 2 a décidé de lancer une production en concurrence. On se retrouvait, au total, avec quatre séries à suivre durant les deux heures qui précèdent le prime time. Un peu trop pour le public potentiel qui a fondu comme neige au soleil de Marseille.

Alors, même si cet arrêt n’a pas été confirmé par la direction de la chaîne régionale, il se pourrait bien que la vie soit un peu moins belle, dans quelques mois, pour les 2,5 millions de téléspectateurs qui sont restés fidèles aux péripéties qui agitent le Mistral. Mais, ce vide ne sera que virtuel, puisqu’au total il y a plus de 4 500 épisodes de disponibles. De quoi alimenter les plateformes de streaming, existantes ou à venir.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 18 février

mercredi 23 février 2022

Série télé - Jack Reacher, ne croisez pas sa route


Certains héros ont plusieurs vies. Jack Reacher, à la base, est le personnage des romans signés Lee Child. Face au succès en librairie, il devient personnage de cinéma interprété à deux reprises par Tom Cruise. Et finalement il se métamorphose une nouvelle fois pour une série diffusée sur Amazon Prime Vidéo. Par véritablement de doublon car le nouveau Reacher n’a pas grand-chose à voir avec Tom Cruise. Comme dans les romans, le héros est une montagne de muscle, expert en maniement des armes et enquêteur hors pair.  Alan Ritchson personnifie le nouveau Jack Reacher et c’est sans doute tout ce qui fait le succès de ce feuilleton de huit épisodes reprenant fidèlement l’intrigue du premier roman. 

Sanglante vengeance

Après des années à avoir servi l’armée américaine aux quatre coins du monde, Reacher débarque un matin dans la petite ville de Margrave en Georgie. Pas de chance, il est descendu du bus près d’un champ où un cadavre a été découvert. La police locale, qui n’a que peu l’occasion de traiter de crime de sang, trouve que cet étranger au physique hors norme est parfait dans le rôle du suspect. Rapidement disculpé car il a un alibi en béton (il était dans le bus au moment du crime), il va devoir rester à Margrave à la demande de l’inspecteur Finlay (Malcolm Goodwin). Ce dernier, va rapidement comprendre que Reacher est un as de l’investigation. Officieusement il l’embauche pour trouver le coupable. Reacher est réticent, jusqu’à ce qu’il découvre que le cadavre n’est autre que son frère, Joe. D’enquêteur dilettante, Reacher se transforme en soldat en mission vengeance. Dès lors, mieux vaut ne pas essayer de se mettre en travers de son chemin. 

La série, développée par Nick Santora, joue évidemment sur le côté physique de Reacher. Les cascades, combats et scènes d’action rythment les épisodes. 

L’hécatombe des méchants

Mais l’écriture est aussi très aboutie dans les caractères des seconds rôles. Finlay est bourré de contradictions et Roscoe (Willa Fitzgerald), policière de Margrave, pas insensible au charme très viril de Reacher, petite blonde qui doit sans cesse batailler pour s’imposer dans un monde d’hommes dans le Sud des USA, apporte une touche de féminisme assez rare dans les productions américaines. 

Quant aux « méchants », ils sont légion et tombent tous, les uns après les autres, sous les coups ou les balles tirées par un Reacher qui tue au même rythme qu’un candidat à la présidentielle fait des promesses. 


De choses et d’autres - Soutiens introuvables

À moins de 60 jours du premier tour de la présidentielle, il serait temps de savoir qui soutien qui ? Car si depuis quelques semaines la campagne passe essentiellement par des ralliements (Woerth ou Guigou pour Macron, Peltier ou Ravier pour Zemmour…), on ne sait pas encore pour qui voteront les célébrités.

Or c’est un signe important que nombre d’électeurs attendent avec impatience. C’est Giscard en 1974 qui le premier a misé gros sur ces consignes de vote autres que politiques. Son équipe de campagne a publié quantité de listes où les people de l’époque s’engageaient pour le ministre des finances.


C’était très éclectique. On trouvait dans la même publicité Francis Blanche et Johnny Hallyday, Dani et François Nourrissier, Gainsbourg et De Funès. En face, Mitterrand n’avait que les artistes clairement engagés à gauche comme Piccoli, Juliette Gréco ou… Dalida.

Aujourd’hui, les soutiens sont beaucoup moins tranchés. Exactement comme les Français, les artistes ne s’y retrouvent plus entre un Macron qui se revendique autant de la droite que de la gauche, d’une Pécresse qui lorgne vers l’extrême-droite, déjà bien occupée par Zemmour et Le Pen et qui généralement ne remportent que peu de succès en raison de leurs positions clivantes.

Ne parlons même pas de la gauche, là où le cœur de la majorité des people est ancré. Mais comment faire un choix entre la ribambelle de « candidatures utiles », à tel point que pas une seule ne sera au second tour ?

Alors si à 60 jours de la présidentielle vous ne savez toujours pas pour qui vous allez voter, n’attendez pas des consignes de vos stars préférées. Faites-vous votre propre opinion, ça ira plus vite.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 21 février 2022