samedi 19 février 2022

Cinéma - La cavale du “King”

King a tout d’une peluche. King c’est le nom de ce lionceau perdu dans la ville d’Orly après qu’il se soit échappé de la cage qui l’amenait en France. Une adorable peluche qu’on a envie de caresser et de dorloter. Inès (Lou Lambrecht), adolescente mal dans sa peau depuis la mort de sa mère et l’arrivée d’une belle-mère au foyer familial, craque immédiatement en découvrant ce bébé lion dans sa chambre.


Mais il faut se méfier. Selon un vétérinaire (Artus), ce genre de fauve grandit très vite. Dans deux mois il fera deux fois son poids et mangera cinq poulets vivants par repas. Voire autre chose s’il est toujours en liberté…

Mais Inès n’a pas l’intention de garder King. Ce qu’elle veut avant tout c’est le ramener en Afrique, chez lui, et de le confier à une réserve spécialisée dans la réintroduction des fauves nés en captivité.

Ce film de David Moreau, loin d’enjoliver la situation, décrit avec réalisme la triste condition de ces animaux déracinés. King, dont le propos plaira aux plus jeunes, s’apparente à un road trip mouvementé de Troyes à Vulcania, en passant par le Lac du Salagou dans l’Hérault et finalement Sète. C’est aussi une belle histoire de famille. Pour réussir son projet, Inès recevra l’aide de son frère (Léo Lorléach) et surtout de son grand-père (Gérard Darmon), escroc qui se cache sous une fausse identité dans une maison de retraite. Un drôle d’équipage pour sauver le petit King.

Film français de David Moreau avec Gérard Darmon, Lou Lambrecht, Léo Lorléac’h

vendredi 18 février 2022

BD - Le final de Neige


Débutée en 1986, la saga de Neige, série postapocalyptique de Convard et Gine est définitivement refermée avec de 15e album. Alors que le dérèglement climatique n’était pas encore d’actualité à la fin des années 80, les deux auteurs ont imaginé une Europe recouverte de glace


Neige, un adolescent, découvrait les causes de ce froid mortel. La suite l’a vu grandir et dans cet ultime épisode il se retrouve à l’heure des choix. Car il a enfin la clé permettant de mettre fin à ce blizzard soufflant sans cesse. Il lui faut aller en Espagne et relancer une centrale qui permet de gérer la météo. Il découvre également qu’il est un remède contre une maladie qui fait des ravages. Une conclusion brillante et finalement pleine d’espoir.  

« Neige » (tome 15), Glénat, 14,50 €

De choses et d’autres - Redoutable Macarena

D’un côté les flashballs, de l’autre la Macarena. Deux concepts radicalement différents, mais qui, pourtant, peuvent servir en théorie à la même chose : disperser des manifestations anti vaccin. Les premiers sont copieusement utilisés par les policiers français, avec les dégâts physiques qui vont parfois avec. L’autre, c’est l’ultime arme dégainée, ce week-end, par la police de Nouvelle-Zélande.

Dans les faits, la technique française est beaucoup plus efficace. Ce week-end, à Auckland, le Parlement a décidé de ne plus faire appel à la force, les précédentes charges ayant fait plusieurs blessés et renforcé la détermination des opposants. Alors, un responsable a eu l’idée lumineuse de tenter la guerre psychologique. Face aux protestataires, les forces de l’ordre ont déployé d’énormes haut-parleurs et diffusé sans cesse des tubes comme la Macarena ou Baby Shark.

En théorie, tout être normalement constitué prend ses jambes à son cou en entendant plus de deux fois d’affilée ce genre de succès. Mais il en fallait plus pour déloger les antivax. Non seulement ils ont supporté, mais ils ont, eux aussi, en représailles, diffusé des tubes du même acabit. Aux dernières nouvelles, la technique dite de la Macarena est définitivement abandonnée.

En raison de son inefficacité et surtout à la demande des policiers postés sur place et forcés, eux aussi, d’entendre les « armes psychologiques » de la police néo-zélandaise.

À la place de la Macarena, la police d’Auckland aurait peut-être dû taper dans des chansons véritablement détestées par les Néo-Zélandais. Facile à trouver : n’importe quelle chanson en français a un effet dévastateur sur les oreilles kiwis.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le mardi 15 février 2022

jeudi 17 février 2022

Thriller - Charlie Parker fouille dans les bois du Maine

L’alchimie fonctionne toujours aussi bien. Depuis des années, John Connolly mélange dans ses romans le thriller et le fantastique. Des épreuves imposées à son héros, Charlie Parker. Ce privé, désabusé et fataliste, vit dans le Maine. Dans La jeune femme et l’ogre, il va être engagé pour découvrir l’identité d’une femme découverte enterrée au cœur des forêts du Maine. 

Mais avant de se retrouver face à face avec ce cadavre, Parker va s’occuper du moral de ses meilleurs amis, Louis et Angel. Ses deux associés, homosexuels en couple, redoutables gâchettes, tueurs sans pitié, sont au plus mal. Exactement c’est Angel qui souffre d’un cancer. Soigné dans un hôpital, il est très affaibli. Alors Louis, pour oublier sa peine, va aider Parker dans cette quête de vérité. La femme, retrouvée sous un arbre déraciné, est morte en couches. L’image va durablement marquer le détective : « Un corps en position fœtale dans une tombe de terre nue. La main gauche ramenée vers la bouche, comme pour étouffer quelque ultime cri […] Un peu de peau adhérait encore au crâne. » Qui est-elle ? Son enfant a-t-il survécu ? 

Une autre personne se pose des questions sur cette femme. Un Anglais à qui elle aurait dérobé un livre. Ce dénommé Quayle semble distingué : « Ses pommettes étaient hautes, ses yeux bruns profondément enfoncés. Ils étaient en partie dissimulés par les lunettes teintées avec lesquelles il lisait un recueil de poésie. » Parker mettra du temps à le rencontrer. Mais cette entrevue avec l’Ogre risque de longtemps marquer la saga écrite par John Connolly. .

« La jeune femme et l’ogre » de John Connolly, Presses de la Cité, 22 €


De choses et d’autres - WC sur roulettes

Les propriétaires de voitures sont souvent des maniaques de la propreté. Après chaque pluie de sable, ils sont des dizaines à faire la queue pour passer leur belle auto sous les rouleaux afin de la récupérer rutilante.

Le problème, c’est que si la saleté extérieure est visible et donc rapidement à éliminer, la crasse intérieure elle se voit beaucoup moins. Et pourtant elle est beaucoup plus importante. Une étude (britannique), révèle que l’intérieur d’une voiture est plus sale que des toilettes. Cinq voitures récentes ont été analysées de même que deux cuvettes de toilettes.

Résultat il y a beaucoup plus de bactéries fécales dans les véhicules que dans les WC. Le lieu les plus contaminé ? Le coffre, suivi du siège du conducteur.

Si en temps normal les voitures sont donc sales, je préfère ne pas imaginer l’état des véhicules qui ont participé aux « convois de la liberté ». Durant cinq jours, les protestataires ont roulé, mangé et dormi dans leur véhicule chéri. Arrivés à Paris, les forces de l’ordre n’ont pas pris de pincettes pour arrêter et immobiliser ces hypothétiques fauteurs de trouble.

Pourtant, s’ils avaient eu connaissance de cette étude, ils auraient sans doute pris un peu plus de précaution avant de déloger les conducteurs de derrière leur volant.

En fait, le meilleur argument que l’État aurait dû sortir pour stopper le cortège de protestataires, c’est tout simplement de mettre en avant le risque sanitaire. Car en réalité, ces voitures étaient de véritables bombes bactériologiques qui s’ignoraient.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le lundi 14 février 2022

mercredi 16 février 2022

Cinéma - Fuir la “Maison de retraite”

Milann (Kev Adams), doit composer avec les facéties des pensionnaires dont Claudine (Marthe Villalonga). UGC Distribution

Il ne faut surtout pas prendre le titre de cet article au premier degré. Maison de retraite, film de Thomas Gilou avec Kev Adams en vedette n’est pas à fuir. Par contre, pour les pensionnaires de l’établissement en question, c’est un lieu à déserter le plus vite possible. Comme un résumé, avant l’heure, du scandale des Ehpad tenus par des sociétés qui veulent, avant tout, faire des bénéfices au détriment du bien-être des résidents. On se croirait dans un film politique et social, mais en réalité c’est une comédie qui joue intelligemment sur le fossé des générations.

Milann (Kev Adams), éternel ado qui vivote avec un ami d’enfance devenu avocat, multiplie les bêtises. Condamné à des dizaines d’heures de travail d’intérêt général, il découvre, effaré, que c’est dans une maison de retraite. Or Milann a horreur des personnes âgées. Un traumatisme enfantin qu’il va devoir surmonter. D’autant que les pensionnaires ne l’épargnent pas. Parmi eux, on retrouve quelques gloires du cinéma français, de Gérard Depardieu à Mylène Demongeot en passant par Daniel Prévost et une Marthe Villalonga exceptionnelle quand elle imite le déhanché de Shakira ou les poses langoureuses de Monica Bellucci. 

Loin d’être une grosse comédie, Maison de retraite, tout en proposant son lot de gags et de situations hilarantes, permet aussi à Kev Adams de révéler son humanité. Car les pensionnaires, en plus d’être escroqués par le directeur (Antoine Duléry), sont isolés et n’ont aucune possibilité de sortir de ce qui ressemble de plus en plus à un bagne pour vieux. Alors, Milann va se lancer dans son grand projet : organiser l’évasion des anciens et les aider à reprendre leur vie en main. Cette « Grande évasion », version déambulateur, est la bonne idée du film. 

Film français de Thomas Gilou avec Kev Adams, Gérard Depardieu, Daniel Prévost, Marthe Villalonga, Mylène Demongeot, Jean-Luc Bideau, Antoine Duléry




De choses et d’autres - Le chef coco selon Marc Dubuisson

Dans le monde réel, on ne sait pas encore qui sera élu président de la République française en avril prochain (même si beaucoup trouvent que le suspense est assez limité).

Chez Marc Dubuisson, dessinateur humoriste, le président, à la surprise générale, est une noix de coco. Un fruit exotique assez hermétique mais avec une précision importante : avec un nœud papillon.

Le président Noix de Coco l’a emporté dans la dernière ligne droite distançant le « candidat d’extrême-droite pro-armes et climato-sceptique et la candidate néo-libérale qui souhaite interdire la mort avant l’âge de la retraite pour optimiser la productivité nationale. » Alors, évidemment, une noix de coco à la tête de la France, ce n’est finalement pas si mal.

En plus, comme elle ne parle pas, il y a peu de risques de dérapages au cours d’un sommet européen.

Reste les conseillers, éditorialistes, sondeurs et simples votants qui vont se demander, durant tout cet album de 120 pages, quelle est la politique de ce président atypique. Cela donne l’occasion à l’auteur de manier l’absurde et la parabole politique jusqu’à des sommets rarement atteints.

« Le président est une noix de coco », Delcourt, 11,95 €

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le samedi 12 février 2022

mardi 15 février 2022

BD - Bagne aride


Les amateurs de Dune apprécieront ce Hurlevent de Duval et Créty. Sur une planète lointaine à la sauce héroic fantasy, l’Hélios est un continent maudit. C’est dans cet enfer que sont parqués les prisonniers. 


Un bagne redoutable où les condamnés sont obligés de creuser des canaux pour une hypothétique irrigation. Ils cohabitent avec des monstres et des tribus d’orcs. Alceste de Hurlevent, un noble, condamné à tort, est le héros de cette série exceptionnelle dont l’univers a été imaginé par Fred Blanchard.

« Hurlevent » (tome 1), Delcourt, 14,95 € 

De choses et d’autres - Voleurs et écolos

Même les voleurs de voiture voient désormais la vie en vert. Ils abandonnent les diesel pour se rabattre sur les voitures hybrides. Le traditionnel classement des voitures les plus volées l’an dernier, publié par le magazine Auto Plus à partir des chiffres des assureurs, place Toyota Prius en tête des vols de voitures en France, en 2021. Les écolos doivent se réjouir de constater que c’est une voiture un peu plus propre qui domine ce classement. Le diesel n’est plus du tout attrayant, même pour les voleurs ; et l’essence est en train de se faire dépasser par l’hybride.

A ce rythme, la voiture la plus volée dans 5 ans sera une tout électrique.

Il faut cependant tempérer ce résultat. Car, selon la revue spécialisée, si la Toyota Prius attire tant les margoulins, ce n’est pas en raison d’une conversion de ses derniers à la protection de la planète et au combat contre le réchauffement climatique. Plus prosaïquement, c’est en raison de la présence de nombreux métaux rares dans le pot d’échappement catalytique de la Prius qu’elle est si recherchée. Certains se contentent même de démonter le pot et de laisser le reste de la voiture sur place.

Un peu comme à une certaine époque, quand seuls les sièges arrière des Clio étaient volés, uniquement pour alimenter un trafic de voitures de sociétés qui en étaient dépourvues.

Par contre, dans la suite du classement, pas de doute, ce sont les voitures en entier qui sont volées : la luxueuse DS 7 Crossback et la sportive Renault Mégane RS.

Chronique parue en dernière page de l’Indépendant le vendredi 11 février 2022

lundi 14 février 2022

BD - Bibliothécaire de l’Ouest sauvage


La nouvelle héroïne imaginée par Charlot (scénario) et Fourquemin (dessin) se nomme Molly West. Mais ce n’est pas son véritable nom. Cette jeune bibliothécaire itinérante est en réalité originaire de France et se nomme Isabelle Talbot


C’est un orphelin qu’elle a pris sous son aile qui a trouvé sa nouvelle identité, plus en adéquation avec ses activités. Car Molly, dans cet Ouest américain d’après la guerre de Sécession, doit faire face à nombre de malfrats. Un western frais et original avec une héroïne attachante.

« Molly West » (tome 1), Vents d’Ouest, 14,50 €